Etre immigrée , être une immigrée Iranienne , être une jeune femme qui fuit sa famille , être une immigrée qui dénonce le port du voile , être à la recherche d'une nouvelle identité , c'est être Donya et sans aucun doute
Chahdortt Djavann écrivaine qui ne parlait que le Farsi en arrivant à Paris .
Cette écrivaine de langue française “je serai écrivain en français ; apprends déjà à parler ! pour les livres on verra après“ , nous raconte pas à pas sa longue reconquête d'elle même , “je commence à douter de ce que j'ai vraiment sous les yeux “ , il faut du temps , de la patience , se raconter encore et encore pour que sorte l'innomable , pour “ne pas sombrer dans la folie “ .
Le récit à la troisième personne donne du recul à ses souvenirs , mais très vite le je est là , sous jacent, à la lumière du vous “vous devez vous plier “ , car cette jeune iranienne rêve de bonheur , de liberté , malgré l'emprise des mollahs car la vie s'organise aussi pour déjouer les comités de surveillance , allant même s'habiller en homme !
Des incompréhensions , des frustrations qui s'accumulent , va naitre un sentiment de vengeance puis une révolte contre la condition faite aux femmes “vous devez tout voiler “ c'est à dire tout cacher , et renoncer à tout .
Une société se dévoile ne laissant pas les hommes indemnes , une société qui crée des frustations ,une société de misères sexuelles , pour laquelle elle prononcera des mots crus ...visant directement les mollahs , pourvoyeur et organisateur de la prostitution .
La révolte , les enfermements , la prison , les humiliations dessinent le long parcours de Donya vers sa liberté .
Son exil en France n'était pas gagné , les mots viendront l'aider à franchir les derniers pas “ il y a une jouissance gaie quand un mot est apprivoisé” et hier soir dans mon rêve mon père me parlait en français !!!
Il faut franchir nous aussi lecteur ces mots pour goûter à un peu de sa liberté .