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EAN : 9782383610854
304 pages
Globe (05/01/2022)
3.43/5   27 notes
Résumé :
À la cinquantaine, la mère d’Antara déclenche les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer. Tout le monde attend que sa fille unique prenne soin d’elle. Mais la jeune femme renâcle. Car plus le passé déserte l’esprit de sa mère, plus le sien en est envahi. Ma ne l’a ni élevée, ni aimée, ni respectée. Quand Antara avait quatre ans, Ma s’est entichée d’un gourou, a fait fuir son père, l’a entraînée dans la secte d’Osho puis abandonnée aux tortures d’un pensionnat ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Avni Doshi a choisi un thème difficile pour son premier : celui de l'Alzheimer. Elle l'aborde sous l'angle de la maladie d'une mère qui, au fil des jours, a la mémoire qui s'effiloche et pour qui sa fille, Antara, se plie en quatre pour l'aider à garder ses souvenirs.

Ma n'a pas été une mère modèle, bien loin de là : lorsque sa fille avait 4 ans, elle l'a enlevée à son père et est partie vivre dans un ashram, sous le charme d'un gourou, y oubliant même l'existence de son propre enfant. Après plusieurs années où des adeptes l'ont élevée, Ma envoie sa fille dans une pension catholique, l'abandonnant une nouvelle fois à son triste sort.

La vie d'Antara a été une suite d'abandons par cette mère qui ne l'a jamais respectée, dont la tendresse lui a fait cruellement défaut, qui n'a finalement jamais joué son rôle de mère. Mais aussi par Pa, ce père, totalement dépassé par les élucubrations de son épouse. Pourtant, âgée d'une cinquantaine d'années, seule sa fille unique pourrait s'en occuper, comme tout le monde l'attend. Alors que l'une perd ses souvenirs, ceux de sa fille ne font que remonter à la surface.

L'auteure, Avni Doshi, dresse le portrait d'une mère acariâtre, égoïste, dont la gentillesse n'a jamais effleuré sa propre fille. Malgré ce manque d'amour, Antara, fille unique, ne cesse d'essayer de trouver des aménagements à cette mère qui n'a pourtant jamais été tendre envers elle. Malgré les liens de sang les unissant, la toxicité de cette mère pourrait la désunir à jamais de la chair de sa chair.

Traitant de la, ô combien, difficile relation mère-fille dans ce qu'elle a de plus inextricable, on ne peut que s'attacher au personnage d'Antara. Malgré tout, au deux tiers du livre, l'auteure nous livre un subtil détail qui nous fait revoir certaines de nos positions.

Ce livre a été finaliste du Booker Prize 2020. Ne tombant pas dans la facilité, ce roman sur la force de la mémoire ouvre la rentrée littéraire d'hiver avec beaucoup d'élégance et d'émotions.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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Ce que j'ai ressenti:

« J'ai du mal à respirer, je dois sortir. Il faut que je sorte. »

La relation mère-fille est compliquée. Parfois, étouffante, parfois toxique. C'est ainsi. Antara est une jeune femme, empêtrée dans ses ressentiments et son art obsessionnel, pendant que sa mère perd la mémoire, petit à petit. Tout le monde, s'attend à ce que la fille prenne soin de sa mère. Ça fait partie des évidences que la société attend des femmes. Prendre soin. Elles doivent prendre soin d'elles, d'elles-mêmes, de leurs foyers, des autres, et cela, sans contrepartie ou reconnaissance, mais avec une pression considérable et permanente…Sauf que si l'une ne l'a pas fait dans le passé, pourquoi l'autre le ferait, à présent? C'est tout le noeud du problème de ce roman intime et bouleversant qu'on va observer au fil des pages. Une mère négligente peut-elle attendre de sa fille, un dévouement sans faille? Avni Doshi explore toutes les phases de cette relation Sucre Amer, d'une mère et sa fille, quand le verdict de la maladie vient frapper de plein fouet, leurs vies…

« -Difficile de savoir si la mémoire appartient au domaine du réel ou de l'imaginaire. »

Les souvenirs se forment et se déforment, au fil du temps, des conversations, des gestes. Les souvenirs sont précieux mais aussi, très personnels. Une perception, une émotion, un vécu ne sont pas les mêmes pour tous, ils sont propres, à chacun. Mais si les souvenirs se font la malle, quel est le moyen de les retenir? Mais si les souvenirs sont résistants et amers, quelle est la façon de les effacer? Mère et Fille ont ce problème de souvenirs qui transvasent de l'une vers l'autre, comme les grains d'un sablier. Une s'en remplit pendant que l'autre s'en vide…Une va exploser, l'autre imploser, c'est presque inévitable, et les regarder se déchirer ainsi, c'est une douleur qu'on ressent à l'intérieur, très fortement. Il y a des hauts et des bas, de la tendresse et de la rage, c'est ça, les souvenirs qu'il nous faut découvrir, avec ces deux femmes, unies à jamais, par les liens du sang…

« Nous nous dissolvons dans des questions. »

Je tenais absolument à découvrir ce roman, parce que je savais que les thèmes allaient venir me chambouler. Je me pose de multiples questions sur la maternité, la relation du corps et de l'esprit, la transmission, les incidences du patriarcat dans les relations familiales. Mais ce livre, c'est tellement plus que cela. C'est d'abord, un voyage vers l'Inde, avec ces couleurs, ces senteurs, ces goûts… C'est aussi une émotion vive, avec de la douleur et de l'amour, malgré tout. C'est de l'art, qui se dessine ou se devine dans les détails, des mots qui viennent construire et déconstruire les incertitudes dans son ensemble. C'est une histoire fracassante et belle. Je n'en reviens pas tout à fait indemne, puisque fille et mère, et les questions et les peurs que l'autrice soulève, sont aussi les miennes…Je sais que j'ai le sucre et l'amer. Mais vous, est-ce que vous allez aimer Sucre Amer? Pour moi, c'est un coup de coeur, mais plus comme ça💔

Remerciements:

Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Globe de leur confiance et l'envoi de ce livre.
Lien : https://fairystelphique.word..
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L'une de mes résolutions pour 2022 est d'accentuer mon exploration de la littérature étrangère, alors autant commencer par un finaliste de Booker Prize (2020). Attention, le voyage n'a rien de léger, on a plutôt intérêt à oublier tous ses fantasmes sur l'Inde avant d'ouvrir ce roman dont la lecture s'apparente à une expérience assez âpre. C'est aussi ce qui en fait la singularité et la profondeur, tous ces sentiments par lesquels on passe sur une gamme qui alterne les couleurs et les extrêmes. Mais ce qui distingue ce roman c'est la façon subtile dont l'autrice mêle dans sa construction le point de vue de la femme et celui de l'artiste, ouvrant ainsi des voies de réflexion insoupçonnées.

Antara est une jeune artiste trentenaire de la classe moyenne indienne installée à Pune avec son mari, cadre dans une grande entreprise. Elle est soudain confrontée aux pertes de mémoire de sa mère dont le comportement devient vite incontrôlable. Voilà Antara tenue de prendre soin d'elle, un inversement des rôles de plus en plus fréquent de nos jours sauf que... cette mère n'a pas vraiment pris soin de sa fille jusqu'à présent. L'enfance d'Antara refait surface dans son esprit, dans le sillage d'une mère qui a franchi toutes les limites pour vivre la vie qu'elle souhaitait dans une société indienne patriarcale et corsetée. Ce qui les a conduites dans la secte d'Osho, expérience qui a à jamais marqué la jeune femme d'autant que la suite ne s'est pas révélée plus rassurante. Cette nouvelle cohabitation avec cette mère au comportement hostile et éloigné de toute tendresse a sur Antara un effet dévastateur, sous les yeux de son entourage pas toujours au fait des réalités de cette relation aussi toxique qu'explosive. Surtout lorsque à son tour elle se retrouve enceinte...

"Le passé se revêt d'une force dont le présent est dépourvu"

L'expérience à laquelle nous convie l'autrice est assez fascinante dans son alternance de crudité et de conceptuel. Il est beaucoup question des corps et de leurs fluides, marqueurs de l'intimité forcée vécue à plusieurs reprises par Antara, une proximité imposée qui se caractérise par ses effluves et dont la réalité explose ainsi à la tête du lecteur. le thème exploré est aussi celui de la mémoire, pas uniquement du côté de ceux qui la perdent, mais de celle que nous nous fabriquons chaque jour en ne puisant pas toujours dans la réalité. Une question qui devient conceptuelle dès lors qu'elle interroge le travail de l'artiste. A ce titre, le travail d'Avni Doshi emprunte à toutes les facettes de la perception affective, jusqu'à orchestrer la perte de repères qui menace d'engloutir sa jeune héroïne dans un tourbillon qui laisse le lecteur hébété. Je vous avais prévenu, l'expérience n'est pas de tout repos, mais elle est incroyablement puissante et marquante dans ce qu'elle met à jour d'une relation mère-fille parfois impossible.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Antara n'aime pas sa mère. Ma n'a cessé de la rabrouer, de l'abandonner, de l'insulter. Et pourtant, Antara aime sa mère. Une sorte de paradoxe qui empoisonne sa vie.

Les choses se compliquent encore davantage lorsque les premiers signes d'une maladie neuro-dégénérative se déclarent chez Ma. Elle oublie que certaines de ses amies sont mortes, se retrouve perdue, désorientée.

Antara va donc devoir veiller sur cette mère. Mais ce lien si dysfonctionnel, sème également le chaos dans sa vie de femme mariée et d'artiste…

Ce roman est un vrai coup de coeur ! 

Il parle de la maternité, sujet tant de fois évoqué, mais le fait d'une manière tout à fait singulière.

En racontant le présent d'Antara mais aussi son enfance, Avni Doshi met en parallèle la souffrance de Ma, alors jeune maman, incapable d'aimer sa fille sans la détruire. Créant ainsi une souffrance, un gouffre dans l'âme de sa fille qui continue à la ronger, une fois adulte elle-même.

Antara, ressent la même déchirure que sa mère. La même incapacité à s'aimer et à aimer. Emprisonnées toutes deux dans des carcans, celui du mariage, de la bienséance, des relations sociales. 

Ce roman offre aussi un panorama de la société indienne, celle des classes moyennes, qui peut à la fois s'enfiler de la drogue en soirée mais où la belle-mère continue à régenter le foyer. 

C'est un roman plein de couleurs et de d'odeurs, d'expériences. de souvenirs et finalement, de peu de rêve. Ce roman interroge, et hante même lorsqu'il est refermé. 

Encore une très belle découverte grâce aux éditions du Globe.
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Sucre amer est un roman dense, où j'ai dû faire quelques pauses tant la manière de traiter le sujet est dure et intense.
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Notre narratrice s'occupe de sa mère qui commence à avoir des signes d'Alzheimer. Son quotidien s'en trouve chamboulé mais surtout la présence de cette mère qui devient une enfant, qui mélange des faits passés et présents, la bouleverse, remue de terribles souvenirs en elle. Elle revient sur son passé, sur cette mère qui l'a arraché à son foyer pour aller vivre dans un ashram auprès d'un gourou, où sa mère l'a laissée seule pour vivre son histoire avec lui. Puis le retour dans un foyer qui semble inconnu et l'envoi dans une école catholique où les sévices corporels et psychologiques étaient de rigueur. Ce père devenu inconnu, qui refait sa vie sans sa fille, ses grands-parents qui font figure de piliers. Et cette mère dans l'inconstance, la rancoeur et la jalousie, qui éprouve une forme d'amour malsain.
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La narratrice est artiste, elle dessine et peint le visage d'un homme jour après jour, et c'est ce processus d'éternel recommencement qui constitue son oeuvre. Sa mère dénigre son travail. Elle en vient à désirer que sa mère disparaisse mais ne peut en même temps s'empêcher de chercher ce qui pourrait la faire aller mieux, diminuer les symptômes. Quand Antara tombe enceinte, cette dernière craint de devenir comme sa mère, de blesser son enfant.
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Ce roman est assez éprouvant car il décrit très bien la psychologie des personnages. On sent les tourments d'Antara, sa peur d'être comme sa mère, sa volonté de s'échapper d'elle et ce désir de trouver en elle une maman, ses nombreuses souffrances liées à son enfance. Tout tourbillonne et crée un flot d'émotions brutes qui déferlent sur nous. Les dernières pages sont particulièrement intenses.
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Citations et extraits (49) Voir plus Ajouter une citation
Si nos conversations étaient des itinéraires, elles nous montreraient que nous revenons toujours à ce cul-de-sac, ce vide auquel on est incapables d’échapper.
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-Tu devrais t’occuper de ta propre folie plutôt que de la mienne. 
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Ma ne sait rien de tout ça. Je ne lui ai jamais dit que, dans mon enfance, pendant une longue période, j'avais eu faim, et que depuis j'avais toujours cherché à être rassasiée. Se parler n'a jamais été facile. S'écouter non plus. Quelque part, il y a eu un malentendu sur ce que nous étions l'une pour l'autre, un vrai marché de dupes. Peut-être le problème est-il que nous nous sommes retrouvées coincées du même côté, à contempler le vide. Peut-être sommes-nous à la recherche des mêmes choses, et à deux nous avons doublé la mise. A moins que ce ne soit un manque essentiel, une calamité dont nous ne nous remettrons jamais.
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I wish India allowed for assisted suicide like the Netherlands. Not just for the dignity of the patient, but for everyone involved.
I should be sad instead of angry.
Sometimes I cry when no one else is around - I am grieving, but it's too early to burn the body.
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En vérité, dessiner, c’était tout ce que je savais faire. C’était automatique, quelque chose que je faisais dans mon sommeil. Même aujourd’hui, j’ai du mal à percevoir les couleurs dans leur complexité et leur humidité. Où que je regarde, je vois des traits.
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Video de Avni Doshi (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Avni Doshi
La candidate au Booker Prize, Avni Doshi, présente son merveilleux roman, Burnt Sugar, qui examine la relation tendue entre une mère et sa fille dans le contexte de la vie avec la maladie d'Alzheimer. Sous-titres français
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