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3,76

sur 600 notes
Dostoïevski nous plonge d'une façon pittoresque et empreinte d'une certaine ironie dans les abîmes de la psychose. Les soliloques de notre héros et ses nombreuses déambulations nous entraînent dans le labyrinthe complexe qu'est le cerveau humain.

Goliadkine petit fonctionnaire, incapable de se comporter correctement en société, moqué de tous par ses extravagances et ses nombreuses bévues. Expulsé d'une réunion à laquelle il n'a pas été convié, notre héros va se retrouver à errer dans la nuit noire de Petersbourg jusqu'à cette rencontre fatidique avec son double.

Omniprésent, le jumeau de Goliadkine va, petit à petit, s'insinuer dans la vie de l'aîné, jusqu'à attirer le monopole de l'attention.

C'est sans rappeler cette dualité que l'on retrouve dans l'étrange cas du docteur Jekyll et Mr Hyde, une confrontation avec un autre, mais qui pourtant et bel est bien soi. Ici, le personnage principal va se perdre complètement, nous amenant à nous questionner sur la réelle nature de ce double, est-ce une apparition surnaturelle ou une embardée profonde dans la folie ?
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"Le Double" ( Двойник). C'est une oeuvre de jeunesse de Dostoïevski, écrit lorsqu'il avait 25 ans ; une oeuvre qui a rencontré l'échec.
Un projet trop ambitieux pour l'époque ? le roman nous fait descendre dans les méandres du psychisme de Goliadkine, fonctionnaire dans un ministère à Saint Petersbourg.
Son quotidien qui se partage entre son appartement pétersbourgeois de la rue des Six-Boutiques et le ministère où il travaille, est brutalement bouleversé lorsqu'un « double » apparaît dans sa vie, événement qui va le conduire progressivement à la folie.
Goliadkine, dont le nom vient de la racine russe « Gol » qui veut dire « dépouillé », « nu » « pauvre » se sent poursuivi par une réplique identique de sa personne, qui a le même nom que lui, qui est né au même endroit que lui et qui va le suivre chez lui, sur son lieu de travail, occasionnant des quiproquos et des situations détestables.
Un récit étrange où se lisent déjà les obsessions de Dostoïevski ; c'est un modèle de récit fantastique.
Mais la lecture est difficile car nous devons pénétrer le cerveau du héros ; tant les phrases sont souvent des retranscriptions des pensées intimes du héros, préfigurant ainsi en quelque sorte le « stream of consciousness » cher à certains auteurs américains.
Difficile de faire la part de la folie du héros ou de la bizarrerie du réel.
Un roman intéressant, à la limite du roman social et du roman fantastique.

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Étrange écriture qui est pourtant parfaitement adapté au thème du livre..folie intérieure, descente aux enfers hallucinée, paranoïa, visions, et cette voix intérieure qui se cogne contre les murs étroits du cerveau de "notre héros" (!)
C est kafkaïen, et Dostoïevski distille à merveille l horreur de la situation..vertige et angoisse, l auteur a dû passer par ce genre d épreuves pour le rendre aussi palpable au lecteur que je suis.
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Bizarre ? Vous avez dit bizarre ?

Si le premier roman de Dostoïevski, Les pauvres gens, reçut un accueil chaleureux, son second roman, le double, fut étrillé par la critique.

Il faut dire que ce roman ne peut que laisser perplexe le lecteur. L'on y suit Iakov Goliadkine, un homme pauvre, étrange qui s'embarque pour une drôle de pérégrination dans les rues de St Petersbourg.

C'est à cette occasion qu'il rencontre une personne, mystérieuse, son double.

Un jumeau parfait et, pour couronner le tout, ce sosie physique porte le même nom que notre héros et va travailler dans le même bureau que lui.

Horrifié au début, puis désireux d'être charitable face à ce miracle de la nature, notre Goliadkine se retrouve vite face à une grande souffrance morale : ce double semble lui en vouloir et cerise sur le gâteau, réussir, partout où lui échoue.

Ce roman heurte par son intrigue dont on ne saura jamais si elle résulte de l'imagination d'un fou ou si elle frôle avec le fantastique.

Son protagoniste principal n'a rien d'un héros, il s'agit plutôt d'un homme au flot de paroles intarissable, lâche et peu doué pour les relations sociales.

Le style reprend cette confusion en étant lourd à dessein, avec des répétitions.

Ce n'est clairement pas le Dostoïevski que je préfère et probablement celui que j'ai le moins apprécié néanmoins j'ai aimé être déboussolée au fil des pages par le talent de cet auteur génial.
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Un roman qu'on pourrait qualifier de thriller psychologique. Son héros, un cadre modeste d'une administration, est en prise avec des « ennemis » commanditaires et exécuteurs d'une sorte de machination à son encontre. Les circonstances sont assez confuses et il est difficile de déterminer jusqu'à quel point ses accusations sont fondées. Toujours est-il que ce personnage, qui va de déconvenues en déconvenues, va se retrouver confronté à son double ; une situation déroutante qui laisse peu de choix en dehors de l'acceptation de sa folie et du déni... Comme j'avais pu trouver certains passages de « Crimes et châtiments » vraiment d'une grande tension, c'est le cas également dans cette oeuvre impressionnante. le seul point négatif selon moi concerne l'édition qui contient une préface qui dévoile absolument toutes les clés du livre, jusqu'à son dénouement ! À quoi sert une postface ?
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Un peu déçue par ce Double, dont j'espérais plus, après m'être passionnée pour les "Frères Karamazov", "Crime et châtiment", "L'Adolescent"... Je n'y ai pas retrouvé la "patte" de Dostoïevsky, mais plutôt un "double", si je puis dire, de Gogol ("le journal d'un fou"). L'aspect "aux frontières du réel" est intéressant, la description du fonctionnement interne du "héros" aussi, mais je n'ai pas été remuée plus que cela... Autre petit bémol, plus sur la forme, je n'ai pas adhéré à cette manière de traduire. Pour les russophones, la traduction reste trop proche du texte, elle manque de naturel, on "sent" les expressions du texte original, et du coup il s'avère plus difficile de "rentrer" dans l'histoire, on reste à la surface linguistique / stylistique ... Je n'avais pas eu du tout cette sensation lors de mes précédentes lectures traduites de l'original. Mais peut-être que les lecteurs ne connaissant pas le russe ne ressentent pas cette gêne.
Bref, ce "Double" n'est pas au sommet de l'immense talent de Dostoïevsky comme le sont tant de ses romans postérieurs, mais il demeure néanmoins une lecture intéressante, en tout cas selon moi!
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Nouveau Dostoievski et pas des moindres. Les 100 premières pages sont terribles, les descriptions soporifiques et les monologues interminables n'aident pas à rentrer dans l'histoire. Heureusement, le beau temps vient après la pluie, et quel beau temps ! le double apparaît et le récit nous prend et nous m'amène finalement avec lui sans jamais nous lâcher. Notre héros, comme dit dans le roman, n'a rien d'un héros ni même d'un protagoniste. En effet, M. Goliadkine est pathétique, commun, détesté par la plupart de collègues tout le contraire de son rival. Petit à petit du roman, le héros sombre plus profondément dans la folie et nous suivons ça avec passion et intérêt. Cette dualité imaginaire est bouleversante et se finit merveilleusement.
Je conseille
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Un roman extrêmement troublant, car je suis resté incapable de déterminer si jamais le double était réel ou seulement le fruit de l'imagination délirante du héros. L'ambiguïté est sans doute ce qui fait la force du roman, jamais réponse n'est fournie.

On alors deux visions possibles du récit toute deux tragique pour le héros: une machination abominable ou une sorte de paranoïa schizophrénique.

L'un dans l'autre la plume est vraiment très prenante, la tension s'installe doucement jusqu'à atteindre des proportions presque stressante pour la lecteur, tout les cheminements de pensée avec leur incertitudes et balancement étant merveilleusement bien rendu.

Bref une bonne découverte avec une lecture pas forcément réjouissante mais très intéressante.
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Двойник
Traduction & notes : Gustave Aucouturier
Préface : André Green

ISBN : 9782070372270

Second roman de Dostoievski qui, tout heureux du succès insigne remporté par ses "Pauvres Gens", s'attendait là encore, étant donné l'ambition du thème traité, à un accueil des plus favorables, "Le Double", l'un de ses ouvrages pourtant les plus modernes, fit un "flop" lamentable. le lecteur le bouda et, pire, les critiques n'y comprirent rien - ou pas grand chose. A la décharge de tout ce monde, il faut dire que, avec une prescience authentiquement visionnaire, Dostoievski nous offre, en 1846, date de parution du livre, une pré-définition de la théorie du "Moi", du "Ca" et du "Surmoi" que Freud sera le premier à faire admettre. Or, Sigmund Freud ne devait naître que dix ans après la parution du "Double", roman qu'il lut d'ailleurs dit-on avec intérêt - ce qui se comprend.

Tout cela, pour nous, lecteurs des siècles suivants, est aussi évident que le nez au milieu du visage. Mais pour ceux des années 1840, en Russie comme ailleurs, "Le Double" ne pouvait que dérouter, déstabiliser, voire causer un profond malaise. Pas seulement parce que la psychanalyse n'était même pas encore dans ses langes mais parce que, dans l'idéal littéraire romantique (et pré-romantique, d'ailleurs) international, en particulier dans celui des pays du Nord de l'Europe, l'idée du double est dominée, à l'époque, par l'empreinte fantastique, celle du doppelgänger allemand, de l'ombre, bien décidée à vivre "sa" vie, qui se fait la belle chez le Danois Andersen et de diverses entités de la même trempe dans telle ou telle nouvelle de divers auteurs. Quand il s'engagea dans la rédaction de son "Double" personnel, Dostoievski pensait certes au "Manteau" et au "Portrait" de Gogol mais il n'en reste pas moins vrai que, pour tenter une approche nouvelle et quasi inédite du thème, il n'entendait pas vraiment se limiter au fantastique pur. Avant de se mettre au travail, il avait d'ailleurs, signalons-le, rencontré un aliéniste et pris une foule de notes, ce qui donne à son texte une logique et une modernité plus proches de nous qu'elles ne pouvaient l'être des hommes du début du XIXème siècle.

Voilà pourquoi, à nos yeux en tout cas, "Le Double" reste l'un des romans les plus importants, sinon les meilleurs du jeune auteur moscovite. Et voilà aussi pourquoi vous retrouvez sa "fiche" dans notre rubrique "Littérature russe" et non pas "Littérature fantastique." Un détail de poids, si j'ose dire, nous révèle qu'il n'est pas question ici d'épouvante : non seulement le narrateur (qui pourrait, selon la préface, correspondre à un "Moi" assez neutre d'autant qu'il s'exprime à la troisième personne) mais encore les personnages qui entourent le malheureux M. Goliadkine n'ont aucune difficulté à voir Goliadkine et son double tous les deux ensemble, jusque dans le même bureau de fonctionnaires d'où, peu à peu, le double ("Goliadkine cadet" comme l'appelle le plus souvent l'auteur) finit par l'évincer comme il l'évince au final de toute vie sociale, allant jusqu'à le remplacer dans sa vie personnelle. Les deux hommes sont donc physiquement, matériellement, sur le même plan, pour tout le monde, y compris pour le lecteur qui est bien obligé de s'en tenir à ce que lui raconte le narrateur.

Or, dans la filière fantastique proprement dite, pareil phénomène demeure impensable (sauf peut-être dans une "chute" de nouvelle) : jamais vous ne verrez l'un près de l'autre le Dr Jekyll et son "double" infernal, l'horrible Mr Hyde (autre version, superbe mais plus tardive et dans un tout autre registre, de la théorie du Moi-etc ... Lisez les nouvelles de Montagu R. James et, là non plus, s'il y est question de double, vous ne verrez celui-ci se manifester à côté de son "original" Dans celles de Walter Scott, non plus. C'est l'usage : nous sommes dans le fantastique, l'épouvante, l'horreur et l'irréalité, ce qui fait souvent passer le héros du texte ... pour fou, alors qu'il ne l'est pas, paradoxe qui crée la tragédie qui le frappe.

"Le Double" de Dostoievski, lui, adopte la démarche inverse : d'un homme - Jacob Goliadkine - que l'on voit, dès le début de l'histoire, consulter un aliéniste, lequel (le détail a son importance par rapport aux dernières lignes du texte) est russe et n'adopte un terrible accent germanique qu'à la fin de la visite ; d'un homme que l'on suspecte déjà de souffrir de paranoïa (et une manie de la persécution vraiment aiguë), donc ; d'un homme que les autorités psychiatriques de notre époque classeraient parmi les schizophrènes mais parviendraient sans doute à soigner à condition que le patient suivît régulièrement un traitement particulièrement lourd, il fait le héros d'un texte étrange, renversant où, malgré l'astuce de la narration à la troisième personne, nous nous trouvons exclusivement toujours "dans" l'esprit, on ne peut plus torturé, d'un homme que nous voyons - non sans horreur, c'est vrai - dégringoler dans la maladie mentale pure et dure.

Ce qu'il y a d'hallucinant dans ce texte, ce n'est pas tant les très belles évocations d'un Pétersbourg le plus souvent nocturne et enneigé, tout replié sous un froid et un gel implacables, ou les regards en coin qu'échangent entre eux les autres témoins de la déchéance de Goliadkine, mais la rigueur impitoyable et, n'hésitons pas à le répéter, visionnaire avec laquelle Dostoievski nous dépeint la descente bien réelle, dans les abîmes d'une folie tout aussi réelle, d'un personnage estimable et même estimé chez qui, pourtant, si on prend la peine de relire les premières pages, tout commence à débloquer - pour utiliser une formule certes un tantinet triviale mais admirablement parlante.

Des indices de la marche résolue de Goliadkine vers la démence, Dostoievski nous en donne énormément. Encore nous reste-t-il à les interpréter et la difficulté réside dans les face-à-face, devant témoins, des deux Goliadkine, le "vrai" et le "faux." Viennent alors des moments où nous nous égarons nous-mêmes sur la voie du fantastique et force est de reconnaître que l'histoire imaginée par l'auteur pour expliquer la co-habitation bien visible de ses Goliadkine - une lointaine parenté, expliquant entre autres leur exceptionnelle ressemblance physique (parenté dans laquelle l'entourage suspecte surtout le résultat d'une quelconque fredaine du père de M. Goliadkine) - nous semble toujours un peu faible. Disons plutôt qu'elle est mal présentée par un auteur ambitieux et qui, non seulement se cherche mais cherche une nouvelle littérature russe, et nous serons plus proches de la vérité. Elle demeure cependant possible et, même si elle les gêne, c'est à elle que se raccrochent tous ceux qui, dans le livre, approchent Goliadkine.

Evidemment, le lecteur peut imaginer que Goliadkine voit et comprend mal, que son entourage est peut-être aussi gravement choqué par la façon dont l'insupportable Goliadkine cadet manifeste parfois en public à son "aîné" une ironique et brutale affection (cf. ces baisers sur la bouche qui, bien qu'inscrits dans les usages russes, éveillent souvent ici la question du thème de l'homosexualité, latente ou affichée, dans l'oeuvre dostoievskienne). A moins que les effarants changements d'humeur d'un Goliadkine déjà bien engagé sur la voie de la schizophrénie ne désorientent tellement la société qu'il fréquente qu'elle préfère détourner la tête et ne pas en parler jusqu'à ce que le phénomène ne devienne dangereux pour ses membres les plus représentatifs.

Dans de telles conditions, "Le Double" n'est pas, on s'en doute, le roman de Dostoievski que l'on conseillerait à un néophyte de lire en premier. Mais pour ceux qui connaissent la suite de l'éclatante carrière de l'écrivain, il ne saurait, à notre humble avis, poser problème. Fable ou conte ou encore nouvelle des plus réalistes dans laquelle l'auteur s'amuse à semer un doute permanent dans l'imagination de son lecteur ; étude quasi clinique, genre alors peu pratiqué à l'époque sauf dans les milieux scientifiques ; hommage indiscutable à Gogol mais hommage qui cherche en même temps à surpasser le créateur des "Âmes Mortes" ; description enfin, très classiquement et très finement rapportée, d'une vision que ne saisit pas lui-même parfaitement son auteur tout en sentant instinctivement que s'y love une parcelle de vérité, celle-ci fût-elle encore incroyable à son époque, "Le Double", bien loin d'être négligeable dans l'oeuvre du grand écrivain russe, est à placer au premier rang sur l'étagère qui lui est consacrée dans votre bibliothèque.

D'autant que, ne l'oublions pas, c'est Dostoievski qui a déclaré : "Nous sortons tous du "Manteau" de Gogol."

A lire absolument. ;o)
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Oser "faire" une critique sur le grand Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski.... oui j'écris bien son nom en entier Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski (le réduire à "Dosto" comme j'ai pu le lire ici ou là me semble irrespectueux, c'est comme réduire ce grand homme à une pub pour lessive ou le comparer à un homme politique grossier.)
Enfin bref, comme d'habitude avec moi pas de critique, encore moins avec un tel auteur que je viens de redécouvrir après trente années de lecture sans le visiter une seule fois !
Et c'est un maître que je redécouvre.
Maître des émotions, des mots, de la psychologie et d'un je ne sais quoi qui nous lie intimement au héros malmené du "double" durant toute notre plongée dans un monde ,une société pourtant disparue depuis bien longtemps !
Je vais y retourner d'ici peu je pense, le temps de digérer gentiment cette oeuvre magistrale.
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