Le dernier acte de la sinistre comédie commence et le rideau se lève sur les héritiers de la noble et richissime famille Schoudler, totalement ruinée à la suite du krach subi par le grand-père.
Jean-Noël et Marie-Ange, tous deux incarnation de la jeunesse et de la beauté, ne sont que des intrus dans un monde où ils n'ont pas leur place.
Élevés dans le luxe parmi les nantis de la société, ils sont inaptes, compte tenu de leur déclassement, à se situer dans ce monde de richesse et d'apparences.
La seconde guerre mondiale approche à grands pas. Paris s'étourdit dans les dernières fêtes de cette société au bord du gouffre, et au cours du "Bal des Monstres" organisé par la poétesse Inès Sandoval, superbe séquence de bal masqué, où se croisent les représentants du Tout-Paris, vont apparaître, parmi les invités aux faces démoniaques dessinées par un artiste en vogue, un cerf et une biche, dont la fraîcheur et la chair appétissante vont attiser toutes les convoitises !
Jean-Noël et Marie-Ange n'ont que cela à offrir !
Ils vont donc représenter l'objet idéal de toutes les envies, de toutes les concupiscences ! celles des vieux pédérastes riches et lettrés, des femelles en rut, des douairières richissimes et nymphomanes, des ministres entre deux âges frappés par le coup de foudre ....
Maurice Druon termine en beauté, si l'on peut dire, sa comédie humaine en nous dépeignant ce monde totalement décadent, qui visiblement ne lui inspire que répulsion, et malgré tout un peu de compassion pour certains de ses personnages !
Jean-Noël et Marie-Ange souillés par tous ces corps vieillissants, vont y perdre l'un son âme, l'autre ses illusions et vont accueillir la guerre presque avec soulagement !
"Mais quand Jean-Noël, cet après-midi là, apprit qu'on venait d'afficher sur les murs du village l'ordre de mobilisation, il accueillit cette nouvelle comme une délivrance.
La guerre leur permettrait peut-être, à Marie-Ange et à lui, d'oublier le seul amour pour lequel ils étaient faits.
Il ne doutait point qu'il serait tué, car pour l'instant, il le souhaitait. Il était décidé à demander une affectation périlleuse, et à jouer perdant avec le danger, non point par patriotisme, non point par sentiment de rachat, mais simplement par mépris de vivre. Il se sentait un mort avant d'aller combattre."
Et le dernier mot sera laissé à Simon Lachaume, l'ancien journaliste, puis député et enfin ministre : "vivre avilit, bien sûr; mais pour lui, comme pour l'univers qu'il représentait, c'était encore la seule manière d'exister."