François Dubet, sociologue français, est le principal contributeur de la très pertinente collection « La République des idées » (aux éditions du Seuil). Ses contributions (au nombre de cinq), depuis «
Les places et les chances. Repenser la justice sociale » (2010), dévoilent à chaque ouvrage une pensée nourrie par une observation fine et profonde de la réalité sociale en continuel changement. Pour suivre la progression intellectuelle de ce sociologue, je conseillerais de commencer par le volume de 2010 (cité ci-dessus), avant de lire le présent ouvrage «
La préférence pour l'inégalité. Comprendre la crise des solidarités. » (2014) Il faudra continuer et compléter avec «
Ce qui nous unit. Discriminations, égalité et reconnaissance » (2016), et finir par «
Le temps des passions tristes. Inégalités et populisme. » (2019)
Dans « La Préférence pour l'inégalité », Dubet souhaite « démontrer que l'accentuation des inégalités procède d'une crise des solidarités, entendues comme l'attachement des liens sociaux qui nous font désirer l'égalité de tous, y compris et surtout l'égalité de ceux que nous ne connaissons pas. »
Après avoir rappelé le creusement des inégalités sociales et le renforcement de la méfiance, du pessimisme des Français depuis une trentaine d'années, et malgré le principe républicain de fraternité (socle de la solidarité), une crise des solidarités a germé en France. Pour lui, c'est l' « affaiblissement de la solidarité » qui a participé à l'élargissement et au creusement des inégalités. Il l'avait déjà démontré il y a déjà presque vingt ans, en partie et sous une autre analyse, dans son livre «
Le déclin de l'institution » (2002)
Or, en cette période de grandes incertitudes, de mondialisation et de fragilité de la souveraineté politique, dans une société française plurielle et riche de sa diversité culturelle, il est urgent de faire appel à une fraternité ouverte afin d'éviter qu'elle ne se transforme en une forme identitaire, belliqueuse et meurtrière. Cette fraternité doit faire l'objet d'un apprentissage qui est insuffisamment inculqué à l'école. Il convient donc de refonder le contrat social qui lie tous les citoyens sur la base d'un projet éducatif reposant sur la transmission des valeurs humanistes.