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EAN : 9782260016915
144 pages
Julliard (01/03/2005)
3.53/5   16 notes
Résumé :
A l'origine de l'écriture, il y a tout ce de quoi nous sommes faits, nos années d'enfance, ceux qui nous ont aimés et ceux qui nous ont haï. Cet héritage marque profondément le regard que nous portons sur la vie - il a profondément influencé tous mes livres, aussi bien les romans que les documents. Et brusquement, j'ai cessé d'écrire, je me suis interrompu, et même immobilisé, comme pour essayer de comprendre ce qui me pousse depuis tant d'années à écrire. A écrire ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Une évocation rapide du « Pourquoi « de cette relecture. ..

J'avais noté le dernier ouvrage de Lionel Duroy , « L'Homme qui tremble » tout en hésitant, ayant déjà lu avec grand intérêt plusieurs de ses écrits…Peur de retrouver les mêmes thématiques, remises en cause de douleurs familiales, l'écriture vitale pour ne pas mourir des chocs de l'enfance, premier livre « », ayant fait éclater sa « fratrie », puis d'autres, ses vies »amoureuses »…etc.

J'opposais donc quelques résistances jusqu'à ce que je lise les « ressentis » très enthousiastes et affinés des amis Cancie et Fandol…remettant donc ce dernier livre, à nouveau dans « ma pile » à LIRE…

C'est alors que je me souvins subitement que je découvris la toute première fois cet écrivain grâce à une amie qui m'offrit avec bonheur, au vu de mon métier dans les livres, et de mon « besoin » constant de l'écriture , un court texte de Lionel Duroy, « Ecrire ». Texte qui m'avait fortement interpellée et « accrochée »…Ce cadeau-souvenir date de plus de 15 années [2005]

Vérifiant derechef dans la base, je suis restée fort désappointée de ne voir aucune critique de ce texte…Ainsi, j'ai été rependre ce livre sur mes étagères. Pour dire qu'il est resté fortement dans mon esprit, car dans mes rayonnages surchargés…j'ai été directement le « dénicher » !!

Ce texte se présente comme une Lettre fictive, à l'attention de son premier éditeur [Bernard Barrault ***qui l'est toujours aujourd'hui !], devenu pour lui plus qu'un ami, l'ayant publié pour la première fois, encouragé, suivi, conseillé…jamais lâché...

Il réfléchit, se raconte, se questionne sur les bienfaits comme sur les méfaits de l'ECRITURE, ses doutes, son besoin vital d'écrire, de transcrire son vécu, ses chagrins d'enfant et d'homme pour transfigurer le réel… et se comprendre…tout en constatant que cette « fichue écriture » fait du mal autour de lui, le fait le détester jusqu'aux personnes qu'il chérit…

Je me permets de transcrire un long passage expliquant fort bien la totale ambivalence du travail de l'écrivain :

“Travaillant sur le personnage de mon ami écrivain, j'avais procédé de la même façon, en moins caricaturale : je m'étais emparé de ce que je savais de lui, cependant , en grossissant les traits qui me touchaient au détriment d'autres qui ne me disaient rien, je l'avais attiré dans mon univers, le distordant au point que, tout en se reconnaissant, il ne s'était pas aimé. Un peu comme si je lui avais imposé de porter mes propres vêtements pour se contempler dans une glace. Maintenant, je comprenais mieux ce qu'il avait voulu dire quand il avait évoqué -ce mélange un peu pervers de fiction et de réalité.
(...) Ces réflexions m'inspirèrent un nouveau roman sur le danger que représentent les écrivains dans une société qui ne se méfient pas d'eux. J'inventai un immeuble parisien habité par des gens de toutes sortes, et j'installai au deuxième étage gauche un romancier qui entendait faire de ces innocents les victimes de son prochain livre. le lecteur découvre en alternance les carnets de ce voyeur où ne sont consignés que des faits patents, observés, et les chapitres du roman qu'il en tire aussitôt. Cela me permet de montrer qu'on peut bien noter des tas de détails du monde réel, il n'en reste pas moins qu'au moment d'écrire on ne retient que ceux qui ont éveillé un écho particulier en nous. (p. 128)”

Ce texte de réflexion a le grand mérite de l'honnêteté , des questionnements sincères qui taraudent notre auteur, quant à tout ce que peut contenir l'ECRITURE, et surtout POURQUOI ce besoin de « mettre noir sur blanc » son vécu, sa vie, ses rencontres, son passé, ses failles, ses faiblesses, ses défauts, ses manques ? Peut-être pour GUERIR, aller de l'avant, progresser en étant plus lucide...mais comme tout acte créatif, rien n'est jamais anodin, ni dénué d'ambivalence et de contradictions !
L'ECRITURE touchant à l'intime de l'Etre...elle reste un acte complexe et mystérieux selon le vécu, le passé digéré ou non des "écrivants" !

L'UNIVERSEL humain: Les émotions, les colères…les gens aimés ou détestés., le besoin de REPARER ou de se réparer (ou les deux), un outil d'espoir et de résilience, l'échappée par la fiction…le rêve, l'imagination, un outil analytique, thérapeutique (parfois), la construction de soi et de ses rapports aux autres, les engagements sociétaux, etc.

Lionel Duroy se met en cause, fustige, exprime ses colères, chagrins, exaspérations, dont certaines dirigées vers son métier initial de « Journaliste »…sur cette fameuse « objectivité' qu'il conteste. Chaque journaliste a « son regard » construit inévitablement avec son propre « vécu »…ses conditionnements premiers multiples, son éducation....

Un texte court , à la fois très dense, que j'ai d'ailleurs abondamment souligné, car Lionel Duroy met à plat , reformule ses motivations toutes personnelles quant à cette impulsion « viscérale », d'ECRIRE… il y a moult raisons, mais la centrale est de REPARER une enfance « massacrée » avec des traumatismes d'une violence inouïe: tant au sein de la famille que par les humiliations écrasantes imposées par la société, à cause de leur pauvreté… qui les [lui, ses frères et soeurs, ses parents,] mettait au rebut…littéralement.

« Ce roman était bien plus que le meurtre prémédité de ma mère, mais, comme l'arbre cache la forêt, mes frères et soeurs n'ont vu que ce meurtre. Je crois avoir tenté de leur expliquer que ce livre marquait en réalité notre retour dans le monde des hommes, notre retour du front, devrais-je dire, la fin de notre exclusion, nous qui avions passé notre enfance à être chassés de partout comme des pouilleux, seulement dans tout ce drame je n'ai jamais su trouver les mots pour les convaincre. Et moi aussi, en plein désarroi, j'ai fini par croire que mon roman se résumait à nous débarrasser de notre mère.
Mais non, vous le savez bien, vous ,Curtis, combien ce livre est plus riche, plus perspicace. Mon émotion, le jour où je l'ai vu pour la première fois dans la vitrine d'une librairie ! C'était comme si je rentrais de captivité. je l'ai regardé, regardé, j'avais les larmes aux yeux, je n'en revenais pas d'avoir réussi. On nous avait jetés à la rue par la porte, et je venais de rentrer par la fenêtre pour nous réinstaller dans la vie. A une place dont personne n'oserait jamais nous expulser : une librairie ! (p. 134)”


**** Lien
https://www.psychologies.com/Moi/Se-connaitre/Comportement/Articles-et-Dossiers/Comment-cesser-de-ruminer/Lionel-Duroy-Ecrire-pour-creuser-encore

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Ce roman était bien plus que le meurtre prémédité de ma mère, mais, comme l'arbre cache la forêt, mes frères et soeurs n'ont vu que ce meurtre. Je crois avoir tenté de leur expliquer que ce livre marquait en réalité notre retour dans le monde des hommes, notre retour du front, devrais-je dire, la fin de notre exclusion, nous qui avions passé notre enfance à être chassés de partout comme des pouilleux, seulement dans tout ce drame je n'ai jamais su trouver les mots pour les convaincre. Et moi aussi, en plein désarroi, j'ai fini par croire que mon roman se résumait à nous débarasser de notre mère.
Mais non, vous le savez bien, vous ,Curtis, combien ce livre est plus riche, plus perspicace. Mon émotion, le jour où je l'ai vu pour la première fois dans la vitrine d'une librairie ! C'était comme si je rentrais de captivité. je l'ai regardé, regardé, j'avais les larmes aux yeux, je n'en revenais pas d'avoir réussi. On nous avait jetés à la rue par la porte, et je venais de rentrer par la fenêtre pour nous réinstaller dans la vie. A une place dont personne n'oserait jamais nous expulser : une librairie ! (p. 134)
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Une autobiographie ? Un état des lieux ? ça n'a pas d'importance, le nom. Je voudrais que mon récit rende compte de l'imperfection, de tout ce qui demeure inachevé, irrésolu en nous. (...) Car j'aimerais parvenir à montrer combien nous sommes faits des autres, ceux qu'on ne choisit pas, au début, puis qu'on décide de garder, ou de quitter; ceux qu'on choisit, plus tard, et aussi ceux que le hasard place en travers de notre chemin. (p.15)
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Travaillant sur le personnage de mon ami écrivain, j'avais procédé de la même façon, en moins caricaturale : je m'étais emparé de ce que je savais de lui, cependant , en grossissant les traits qui me touchaient au détriment d'autres qui ne me disaient rien, je l'avais attiré dans mon univers, le distordant au point que, tout en se reconnaissant, il ne s'était pas aimé. Un peu comme si je lui avais imposé de porter mes propres vêtements pour se contempler dans une glace. Maintenant, je comprenais mieux ce qu'il avait voulu dire quand il avait évoqué -ce mélange un peu pervers de fiction et de réalité.
(...) Ces réflexions m'inspirèrent un nouveau roman sur le danger que représentent les écrivains dans une société qui ne se méfient pas d'eux. J'inventai un immeuble parisien habité par des gens de toutes sortes, et j'installai au deuxième étage gauche un romancier qui entendait faire de ces innocents les victimes de son prochain livre. Le lecteur découvre en alternance les carnets de ce voyeur où ne sont consignés que des faits patents, observés, et les chapitres du roman qu'il en tire aussitôt. Cela me permet de montrer qu'on peut bien noter des tas de détails du monde réel, il n'en reste pas moins qu'au moment d'écrire on ne retient que ceux qui ont éveillé un écho particulier en nous. (p. 128)
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Je réalisai pour la première fois que, bien que frères et sœurs nés de mêmes parents, nous n'avions pas la même histoire. J'avais pensé qu'en écrivant mon premier roman je sauvai de l'oubli notre histoire commune, or je ne sauvai que ma propre histoire en laquelle aucun de mes frères et sœurs ne se reconnut. (p.111)
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Curtis,

(...) Je n'écris toujours pas, et la question qui me préoccupe est de savoir pourquoi cette soudaine stérilité me plonge dans un tel désarroi. Comme si je cessais progressivement d'exister, comme si je m'éteignais petit à petit. (p. 9)
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Vidéo de Lionel Duroy
À l'occasion de la 45ème édition du festival "Le livre sur la place" à Nancy, Lionel Duroy vous présente son ouvrage "Mes pas dans leurs ombres" aux éditions Mialet-Barrault. Rentrée littéraire automne 2023.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2885772/lionel-duroy-mes-pas-dans-leurs-ombres
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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