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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un roman touchant, sur une jeune femme, en Corée, qui travaille dans un hôtel et s'intéresse à l'un des résidents, un français auteur de bandes dessinées...
Très simple, joli, touchant sans en faire des tonnes, ce texte a la beauté des paysages d'Asie, mais aussi leur dureté. On sent que cette jeune fille est à un tournant de sa vie, tiraillée entre sa mère, son amoureux égocentrique et mannequin, une société à la fois traditionnaliste et fondée sur les apparences, le tout avec beaucoup d'allusions à la guerre latente entre les Corée. Une belle écriture pour un premier roman, à la brièveté assumée.

Lu dans le cadre du Prix René Fallet 2017.
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« Suintant l'hiver et le poisson, Sokcho attendait. Sokcho ne faisait qu'attendre. Les touristes, les bateaux, les hommes, le retour du printemps. » Amis lecteurs, vous voilà prévenus. Si vous ne voulez pas mourir d'ennui, évitez cette station balnéaire de Corée du Sud, surtout en hiver. Et comme il ne s'y passe rien, ce n'est que par la brillante plume d'Elisa Shua Dusapin que ce roman fascine.
Il met en scène la fille d'une coréenne et d'un Français qui a disparu aussi vite qu'il était venu et qui nous raconte sa rencontre avec Yan Kerrand, un auteur de bandes dessinées venu là pour «être au calme» et chercher l'inspiration pour sa prochaine histoire. En phrases courtes, elle dépeint une atmosphère, nous fait humer les odeurs de la cuisine qu'elle prépare pour les rares clients de la pension où elle travaille et celles du port où travaille sa mère, dépeint les paysages pris par la neige et le froid. Et comme son ami s'intéresse plus à sa carrière de mannequin à Séoul qu'à entretenir sa relation, elle va trouver dans l'observation de ce touriste solitaire une occupation qui va, au fur et à mesure, l'intéresser de plus en plus. Si elle trouve l'humour de l'artiste assez inaccessible, il sent bon. Ce «mélange de gingembre et d'encens» l'attire, tout comme son travail. du reste son petit jeu va vite trouver sa réciproque. Yan l'invite à le guider à la découverte de ce petit très dépaysant. Elle va accepter de l'aider. Ils vont s'observer mutuellement, s'épier tout au long des journées, se chercher et ne jamais vraiment se trouver.
Les dialogues sont à l'aune de leur méfiance réciproque, très succints. du coup, c'est entre les lignes que se construit le roman, sans pouvoir autant manquer d'intensité. À l'image de cette zone démilitarisée qui coupe la Corée coupée en deux, ils vont se rapprocher sans jamais vraiment pouvoir franchir leurs réserves. On imagine que Kerrand à une vie en Normandie ou qu'il ne veut pas s'encombrer d'une histoire impossible, ayant déjà de la peine à créer son album: « Kerrand a fait couler toute l'encre du pot, la femme a titubé, cherché à crier encore, mais le noir s'est glissé entre ses lèvres jusqu'à ce qu'elle disparaisse. »
On imagine aussi que la jeune fille rêve de quitter Sokcho, mais qu'il est hors de question pour elle de quitter sa mère, sa seule famille. Alors, elle rêve par la littérature, elle rêve à travers les oeuvres de Kerrand qu'elle découvre sur internet, elle s'imagine héroïne de bande dessinée…
Ce court roman est une fois de plus une belle découverte, sélectionnée par les fées qui président aux «68 premières fois» et dont on ne dira jamais assez les mérites. Bravo et merci !
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Ce livre m'a transportée des heures durant en Corée du Sud, avec une habitante de Sokcho désabusée, travaillant dans un hôtel défraîchi.

Le roman s'ouvre sur sa rencontre avec un Français, un dessinateur de bandes dessinées venu se reposer loin de l'agitation des villes et bien décidé à trouver l'inspiration pour son prochain opus. Ces deux âmes en peine n'auront de cesse de se croiser, de s'effleurer, sans jamais vraiment réussir à communiquer. Leur approche est touchante, ils s'observent plus qu'ils ne se parlent. Ils apprennent à se connaître par procuration, dans un paysage à la fois saturé d'odeurs et presque lunaire en plein coeur de l'hiver.

Ce livre m'a fortement rappelé l'oeuvre de Marguerite Duras, et je pense qu'il est en effet facile de faire ce parallèle ; une histoire (d'amour ?) presque avortée, le mélange des cultures entre France et Asie, des personnages complexes mais bien peu prolixes, et surtout beaucoup de poésie. J'ai retrouvé beaucoup de L'Amant ou de Hiroshima Mon Amour dans ce texte, et cela n'était pas pour me déplaire.

Ce roman est court, mais il n'empêche que j'ai voulu le finir quasiment d'une traite. Sans vraiment comprendre pourquoi, j'ai été obnubilée par ces personnages et par leur sensibilité. Elisa Shua Dusapin maîtrise sans aucun doute l'art du détail. Elle m'a transportée quelques heures le long du port de Sokcho, je sentais presque l'odeur fétide du poisson que l'on vide à mains nues, et j'entendais distinctement la plume qui glisse sur le papier. Autour de ce duo d'étrangers assez mal à l'aise, les autres personnages m'ont semblé être comme des monstres, ils faisaient presque peur avec ces descriptions physiques à n'en plus finir. L'auteur met ainsi habilement l'accent sur l'intérêt coréen pour la chirurgie esthétique – attrait qui rend fortement mal à l'aise.

C'était une lecture puissante, bien écrite, qui m'a prise de court. Un voyage inattendu vers un port gelé, où les corps et les âmes transis ne savent comment se réchauffer. Un moment de poésie douce sous couvert de mélancolie, l'histoire d'une rencontre bien peu ordinaire.

Voilà typiquement le genre de lecture qui me rappelle pourquoi j'aime tant la rentrée littéraire après un été fait de légèreté… Parce qu'elle nous offre toujours son lot de découvertes si bien écrites et sur lesquelles je ne me serais pas forcément retournée autrement !
Lien : http://laroussebouquine.fr/i..
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Nous entrons avec ce court roman dans une histoire d'amour auréolée de mystère.
Elle est sud coréenne par sa mère et française par son père, elle travaille dans une pension de famille miteuse à Sokcho à la frontière de la Corée du Nord au bord de la mer du Japon. Les clients se font rares en hiver à Sokcho. Il y a un alpiniste japonais, une jeune fille échappée de Séoul qui se remet d'une opération chirurgicale du visage puis il y a le drôle de français aux yeux sombres qui demande s'il peut rester quelques jours, le temps de trouver autre chose. Il s'appelle Yan Kerrand et vient de Granville en Normandie. C'est un dessinateur de BD et il cherche désespérément un lieu inspirant pour sa prochaine histoire. Il passe son temps à faire des esquisses de femmes puis il les barbouille d'encre noire.
D'elle on ne sait pas grand chose, l'auteure ne la nomme pas mais au fil des pages elle sent, elle ressent, ses désirs et ses impressions se mêlent et se dévoilent. Elle est assez jolie mais pas trop, elle semble être une personne rondelette car il lui arrive de trop manger, gavée par une mère qui la trouve belle lorsqu'elle mange.
Entre ces deux êtres (la jeune fille et le dessinateur), le récit ne fait que toucher les sentiments ou les faits du bout des doigts sans les dire vraiment et sans jamais donner d'explication. L'attirance obsédante qu'elle a pour Yan est impalpable, elle tient plus en douceur diffuse qu'en mots ou gestes précis. L'auteure laisse une grande place à l'imaginaire. J'ai bien aimé la façon de procéder d'Elisa Shua Dusapin où tout est suggéré. Par son écriture légère et poétique, les désirs, les sensations et les mots s'octroient un mutuel appui et j'ai fini par rapprocher la douceur de ce court récit à la douceur de la « soie » d'Alessandro Barrico.

Lien : https://leschroniquesdecoco2..
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Fin et délicat, comme les murs de papier d'une pension déserte au milieu de l'hiver en Corée du Sud. La rencontre entre Kerrand, dessinateur de bande dessinée en mal d'inspiration et la jeune employée de l'hôtel.

Comme des non-dits en points de suspension, gracieux et aériens.
Lien : http://noid.ch/hiver-a-sokcho/
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Retour aux éditions Zoé avec "Hiver à Sokcho" et deuxième lecture d'Elisa Shua Dusapin pour moi. Ce livre est son premier roman. Il a gagné de nombreux prix et c'est facile de comprendre pourquoi. L'écriture est puissante et sobre. Elle nous plonge dans l'hiver rude d'une petite ville coréenne. Perdue aux abords de la frontière avec la Corée du Nord, la vie y est traditionnelle et présentée comme morne, endormie avec l'hiver. L'histoire raconte la rencontre improbable entre un dessinateur et la jeune fille responsable de la pension où il réside. A contrario de son roman "les billes du Pachinko", j'ai vraiment ressenti dans son écriture la culture coréenne: les relations entre les personnages, les dialogues, les habitudes de vies et les non dits. Ils sont partie prenante de cette culture et le livre, en toute simplicité, les exprime à merveille. Il n'y a pas de superflu dans ce roman. Juste l'essentiel. Merci aux éditions Zoé d'éditer des romans originaux et vrais.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Ce court roman nous dévoile quelques jours dans la vie d'une jeune franco-coréenne dont on ne connaît pas le nom et qui cuisine dans une vieille pension de Sokcho. Lorsque Yan Ferrand, dessinateur de bande-dessinée, arrive dans son beau manteau de laine, c'est le début d'un trouble qui ne sera jamais nommé.
A travers le regard intransigeant de cette jeune femme, on effleure l'intimité des rares pensionnaires, on explore leurs poubelles, on visite leurs regards, on traque leurs gestes et leurs demandes comme elle fouille le fugu, ce poisson au poison mortel. Et quelle tristesse autour de cette jeune femme, quel silence criard, quel vide, uniquement troublés par les apparitions de cet homme énigmatique qui porte en lui les décors de sa Normandie et de la musique de sa plume crissant sur le papier.
Dans cette histoire dont les paragraphes semblent raccourcir au fil des jours jusqu'à n'être plus que des souffles, ressort une froideur agressive et fière. C'est un texte épuré, fragile comme du papier de riz, qui sent la neige, la solitude, la mer, l'encre et l'espoir d'un matin plus intense. Par certains aspects, ce roman m'a rappelé le "Soie" d'Alessandro Baricco.
Chez Elisa Shua Dusapin, ça se frôle, ça hésite, ça fantasme, mais ça ne se rencontre jamais vraiment. Tout n'est que sous-entendus, mirages et rêveries qui jamais ne prennent corps. Aussi éphémère que l'encre qui se dilue ou qu'un flocon avalé par la mer, leur seul lien possible restera cette cicatrice qui sillonne la peau de la jeune femme…
Mais "Hiver à Sokcho" est aussi un texte dur et lucide qui nous parle des visages opérés de la Corée dans une recherche de perfection absolue, la guerre qui dure et la difficulté de l'artiste confronté à ses démons intérieurs. Les paroles sont rares, les décors assourdis et brumeux à l'image de ce Monet qu'évoque l'héroïne, dans cette pension où le temps semble s'être suspendu, retenant son souffle, espérant un éclat qui viendrait fendiller l'uniformité des jours.
C'est une voix très étrange que celle d'Elisa Shua Dusapin, distante mais minutieuse, entre froideur et pétillement, pudique mais parfois violente dans son regard sur la ville, l'hiver si froid qu'il en est douloureux, le corps que notre héroïne a tant de mal à peupler et tout ce qu'elle se refuse d'exprimer quotidiennement. C'est une écriture soignée qui s'économise, n'offrant que l'essentiel, comme ces deux êtres qui ne s'exprimeront ni ne se dévoileront jamais pleinement. C'est poétique tout en étant rêche, un flottement incessant entre rudesse et fragilité. Certaines phrases possèdent même l'impertinence et la beauté aérienne de vers libres.
Au final, c'est un petit livre qui ressemble à un haïku : fugace, dépouillé, gracile. Un grand merci aux éditions Folio pour ce joli roman tout en grâce et humilité que j'ai presque regretté de n'avoir pas lu en plein hiver, avec le froid craquant sur les joues et l'odeur des arbres enlisés par le gel.
Lien : https://luxandherbooks.wordp..
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J'ai découvert par ce roman, la plume délicate, poétique et incisive d Élisa Shua Dusapin. Une écriture kinesthesique convoquant odorat, frimas, papilles, observation et émotions dans un court récit silencieux. de très nombreux thèmes de société rayonnent autour de chaque tableau : les relations homme / femme, la pression de la chirurgie esthétique, les liens entre Corée du Sud et du Nord, la tension permanente d'un pays gelé dans un conflit tue puis évoqué au detour d'une phrase. Il y fait froid, seuls les plats cuisinés et les descriptions dessinées réchauffent le lecteur. C'est très bien.
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On suit un hiver au sein d'une station balnéaire coréenne proche de la frontière entre les deux Corée. Tout est ralenti, tout est en hibernation et c'est dans cette ville en pause que la narratrice, une jeune franco-coréenne, rencontre un dessinateur français de bandes dessinées. Leurs instants partagés donnent vie à cette ville immobile. L'écriture est poétique et très épurée. Les descriptions, bien que limitées à quelques petites touches, sont très visuelles. Il n'y a rien de superflu, on n'a l'essentiel et comprends le reste qui n'est que suggéré. L'ambiance est la force de ce roman qui nous emporte dans un paysage et un mode de vie dépaysant.
Une jolie lecture qui permet une pause dépaysante.
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Lu en 2021. Un roman d'atmosphère, qui décrit soigneusement les paysages, les personnages et les sentiments. L'auteure avait su particulièrement me toucher.
Selon moi, la force du récit réside essentiellement dans la sensorialité de l'héroïne, sa propension à l'observation, à l'affût de ses ressentis et de ses désirs. Une plume fluide, sans fioritures, que j'avais trouvée à la fois très cinématographique et introspective, réaliste et poétique également.
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