Des éclairs

J'ai moins aimé "des éclairs" que "courir", mais sans doute est-ce du à la personnalité décrite comme antipathique de Gregor, ce solitaire génie mégalomane, et le fait que sa vie, à part une courte parenthèse de gloire, ne semble être qu'une pente descendant vers une déchéance programmée, comme une histoire de l'échec d'une vie, alors que "courir" me semblait bien moins noir et tourmenté; Emile a en commun avec Gregor une certaine solitude (malgré son mariage), des foules versatiles dans leur adoration et une vie pas facile non plus, mais d'un caractère nettement plus accommodant pour lequel on se prend naturellement de sympathie.
Enfin, dans la mesure où l'écriture d'Echenoz en laisse le temps; difficile de ressentir une véritable empathie pour une personne dont la vie est à ce point résumée, avec cette distance amusée, dilettante, moqueuse. Et plus encore d'avoir de la sympathie pour un type donc qui dès le départ est annoncé comme hyperintelligent, prétentieux, phobique des microbes, asocial, et qui a la manie de tout compter, sauf évidemment l'argent, ce qui ne sera pas très bon pour ses finances une fois la disgrâce publique venue ( il a pour seuls points positifs cet amour des oiseaux, et le projet jamais réalisé d'une énergie libre et gratuite pour tous). La relation de la campagne d'Edison visant à discréditer Westinghouse et Tesla, répugnante oeuvre d'électrocution d'animaux, allant jusqu'à la création de la chaise électrique ne fait rien non plus pour laisser du livre une bonne impression...
Mais tout est très bien raconté, d'une écriture légère, agréable, facile à lire, rapide, invitation à s'intéresser de plus près à la vie de Tesla, ou à ses découvertes... Donc mitigée sur ce livre, tout en reconnaissant que je ne me suis pas ennuyée une seconde.

Comme d'habitude, Jean Echenoz, avec son style clair et fluide, ses phrases courtes et précises, nous emporte dans son histoire. Cependant, après Ravel et Courir que j'ai passionnément adoré, je suis un peu déçu par Des éclairs. le livre est tout de même formidable, mais pas à la hauteur, à mon sens, des deux autres de sa série des biographies romancées d'hommes talentueux.

Avec "Des éclairs" Jean Echenoz clôt sa trilogie de biographies consacrées à des personnages bien réels (Maurice Ravel puis Emil Zátopek). À la suite d'autres écrivains ou cinéastes il s'empare de la figure fascinante de Nikola Tesla (1856 - 1943), cet ingénieur surdoué qui fut entre autres choses l'inventeur du courant alternatif. Considéré aujourd'hui comme l'un des ingénieurs les plus créatifs de la fin du 20è siècle il termina sa vie dans la misère et la solitude.
Dandy, narcissique, génial, séducteur, nul en affaires voici quelques qualificatifs qu'on lui attribue. Sa vie est auréolée de mystères et de légendes et c'est sous le nom de Gregor qu'il ressuscite une nouvelle fois sous la plume magnifique d'Echenoz, ce Nikola Tesla dont on dit qu'il était né au pays des vampires (en Europe Centrale) ce qui pour certains influença grandement sa destinée !
À vous de juger.
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