L'héritage des Tombarelli ne s'est pas perdu puisque Suzanne qui, du haut de ses dix-sept ans de fille privilégiée et protégée, se découvre cette vocation de parfumeuse qui pourra l'émanciper également et la faire vibrer au rythme de son époque. Les changements dans la société sont multiples, au sein des familles par exemple. Les séparations des couples en berne d'amour ne sont plus des tabous.
Nous sommes aux "années Folles" ! Une époque de libertés, de créativités débridées qui s'installent avec l'arrivée de l'automobile, le jazz et une foule d'artistes d'un nouveau genre, provocants pour leur époque.
L'envie de se griser de nouvelles sensations, de vitesse, de s'enivrer d'Arts de rêves presque surréalistes, de naviguer au delà de la réalité afin de se consoler des pertes de la guerre est omniprésent. L'aventure sous toutes ses formes capture les mentalités pétries de convenances, desserre les cols de cravates, raccourcit le bas des robes et fait un jolie pied de nez aux jours tristes.
Cela nous le comprenons au fil de la
correspondance entre notre nouvelle héroïne, Suzanne Maurier, fille de parfumeur, et sa meilleure amie Edith.
de Grasse à Londres puis Paris, d'une lettre à un télégramme, nous découvrons cette époque de folie où ces deux jeunes adolescentes de dix-sept ans vont en essuyer les conséquences ou profiter des grands changements pour leurs vies futures.
Suzanne découvre sa précieuse lignée et se lance dans la confection d'un nouveau parfum afin de prouver à son glacial de père qu'elle peut être digne de travailler comme parfumeuse dans le laboratoire de sa fabrique.
Nous faisons un grand bond dans le monde des cosmétiques et des senteurs. Nous parlons chimie et ici s'ouvre l'ère industrielle, la fabrication en série dans les usines. Suzanne s'inspire des oeuvres de Douceline et de Jeanne pour inventer son eau bleue mais l'air du temps est aux senteurs synthétiques qui évoque des émotions, des souvenirs comme des « madeleine de
Proust ».
Cette nouvelle façon de penser se retrouvera aussi dans les rencontres particulières qu'elle fera lors de soirées tendances et incontournables du moment, avec « le lunaire »
Jean Cocteau et l'extraordinaire Gabrielle « Coco » Chanel, nouveau style de femme revendiquant son indépendance.
Ce dernier volet de la trilogie d' « Un parfum d'Histoire » clôt richement cette aventure. Sans doute, celui-ci impressionnera davantage une catégorie d'adolescente plus âgée, tant les références culturelles sont nombreuses. Toutefois, la forme épistolaire choisie pour nous raconter cette histoire est un style très apprécié des jeunes adolescentes- à l'identique du journal intime- et suffira à convaincre les régulières amatrices de la série de poursuivre l'aventure tout du long.
Béatrice Egemar présente donc un nouveau destin de femme- deux d'ailleurs, en prime-. Suzanne est beaucoup plus tourmentée que ses aïeules. le changement s'opère réellement dans la condition féminine qui s'autorise à décider de sa propre voie, de ne pas se marier si elle le souhaite, de fumer, de conduire et de s'imposer professionnellement, d'où les nombreux questionnements. La majorité est encore à 21 ans et tout ce mouvement de libertés préfigure une émancipation importante prochaine chez les jeunes filles.
Une bonne série!