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3,79

sur 505 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En 1974, on découvre enterré sur la berge d'une rivière, le cadavre quasi-intact d'une adolescente disparue depuis 20 ans. Quasi car le coeur de la jeune fille a été remplacé par un petit panier d'osier contenant la dépouille d'un serpent se mordant la queue. John Gaines, shérif de Whytesburg, est chargé de l'enquête qui réveille chez lui des souvenirs visiblement plus traumatisants que deux mois de confinement avec belle-maman : Gaines a vécu l'enfer de la guerre du Vietnam. Viêt-Congs comme Américains étaient beaucoup moins avenants que belle-maman si j'en juge par ce que nous en décrit Ellory.
Car voilà ce qui fait la force et la qualité des romans d'Ellory : le savant et intelligent mélange d'une intrigue policière captivante et d'un morceau de l'histoire américaine rarement vue sous son meilleur jour. Gaines a connu le Vietnam, mais d'autres cicatrices balafrent le destin des personnages du roman : les séquelles psychologiques de la seconde Guerre Mondiale, les traditions vaudou de la Louisiane voisine, comme la présence nauséabonde du Klan et de la ségrégation raciale toujours active dans les tréfonds du Mississippi sont autant de points noirs dans le portrait que dresse Ellory d'une Amérique où finalement peu de choses ont changé depuis les années Tom Sawyer qui, plus d'un siècle avant mais dans la même région, cachait sous un masque de petit héros généreux, courageux et libre, un faux rebelle volontiers menteur, voleur et raciste.
Dans "ces neuf cercles", Ellory joue à lever le voile sur ce que dissimulent les apparences et il le fait notamment dans des dialogues magistraux qui sonnent terriblement juste en particulier dans d'intenses et électrisantes scènes de confrontation entre Gaines et les membres de l'intouchable famille Wade. (On y pense rarement mais coup de chapeau à la traduction de Fabrice Pointeau).
En parlant de traduction, petit bémol. "The devil and the river". Tel est le titre original du roman de Ellory et je m'interroge une nouvelle fois sur ce choix de titre français qui, il faut le reconnaître, a moins de lien avec le sujet du roman qu'aurait pu en avoir "Le diable et la rivière", surtout si l'on se réfère à la chanson de Blues Saraceno "The river" dans laquelle "oh mon seigneur, prends cette âme, dépose-moi au fond de la rivière, le diable est venu me ramener à la maison…". J'ignore si la référence est voulue par l'auteur mais la coïncidence est troublante. On devrait laisser un peu tranquilles ces "neuf cercles", références à l'Enfer de Dante et maintes fois évoqués dans les romans noirs contemporains. le roman d'Ellory n'avait pas besoin de ce lieu commun.
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Pour les amateurs de romans noirs et thrillers, dont je fais partie, la sortie d'un titre de RJ. Ellory est toujours un évènement très attendu. Celui-ci ne déroge pas à la règle et remplit parfaitement son objectif : nous entraîner dans un inoubliable voyage au coeur des ténèbres.

« Quand la pluie arriva, elle rencontra le visage de la jeune fille. Juste son visage. C'est du moins ce qu'il sembla au début. Puis ce fut sa main – petite et blanche, aussi délicate que de la porcelaine. Elle remonta jusqu'à la surface de la vase noire et se révéla. Rien que son visage et sa main, le reste de son corps toujours submergé. En baissant les yeux vers la berge, la vision de sa main et de son visage était surréaliste et troublante, et John Gaines – un Louisianais de Lafayette qui était récemment, par hasard ou par défaut, devenu le shérif de Whytesburg, dans le comté de Breed, Mississippi, et qui était avant ça revenu vivant des neuf cercles de l'enfer qu'avait été la guerre du Viêtnam – s'accroupit et observa la scène avec un esprit tranquille et un oeil implacable.«

Dès les premières phrases, nous sommes plongés dans l'ambiance humide et poisseuse des bayous de la Louisiane. le shériff John Gaines, pour faire la lumière sur ce meurtre vieux de vingt ans, va devoir retrouver des personnes qui ont connu la jeune fille. Il est rapidement orienté sur la piste de Michael Webster, un survivant de la 2ème guerre mondiale, qui paraissait proche de la jeune fille. Il reconnaît avoir enlevé le coeur de la jeune fille, mais reste muet sur ses motivations.

Suite à une erreur de procédure commise par John Gaines, Webster peut être libéré sous caution, payée par Matthias Wade, héritier d'une riche famille de la région et qui faisait partie du cercle d'amis de Nancy. Peu après, Michael est découvert mort dans sa cabane incendiée, décapité et une main tranchée. La tête et la main manquante sont retrouvées enterrées dans un champ, face à la maison du shériff.

A partir de ce moment, John Gaines va se sentir personnellement visé, et ce sentiment, venant s'ajouter à la promesse qu'il a faite à la mère de Nancy de découvrir le coupable, va renforcer sa détermination. L'enquête va l'amener à s'intéresser à ce groupe d'amis, parmi lesquels deux frères et deux soeurs de la dynastie des Wade, puissante famille du sud, auxquels s'ajoutent Nancy et son amie Maryanne.

Maryanne, dont les souvenirs personnels font l'objet de chapitres insérés au long du récit, et nous permettent de commencer à cerner la personnalité des différents personnages, et des sentiments qui les animaient.

Les deux personnages principaux, Michael Webster « l'homme le plus chanceux de la terre » et John Gaines, vétérans de deux guerres différentes à 25 ans d'intervalle, en sont revenus marqués à tout jamais, marqués par l'horreur des combats, et le souvenir des souffrances infligées et endurées. Ils ont le sentiment qu'une part d'eux-mêmes est morte là-bas, et ce traumatisme du survivant renforce leur sentiment de culpabilité. John Gaines a traversé (je ferai à l'auteur le petit reproche de nous le répéter trop souvent) les « neuf cercles de l'enfer » que fut la guerre du Vietnam, dont il est revenu, mais où il a laissé une part de son âme. Il n'a aucune vie sociale en dehors du travail, il se consacre uniquement à sa mère, chez laquelle il vit et qui se meurt doucement d'un cancer.

« Nous avons vu des choses que les autres ne pourraient jamais imaginer, shérif. Pas même dans leurs cauchemars les plus fous. Et pire encore. Les hommes ne devraient pas voir de telles choses, mais ce sont eux qui les ont créées, alors pourquoi seraient-ils épargnés ? On ne peut pas supporter un tel fardeau en menant une vie ordinaire. Nous avons survécu, peut-être. Nous ne sommes pas morts, mais nous aurions tout aussi bien fait de mourir. Les personnes que nous étions quand nous sommes partis au front n'étaient pas celles que nous étions à notre retour. »….. » « Nous ne serons jamais normaux. Nous serons toujours des étrangers. Nous n'aurons plus jamais notre place. »

Les autres acteurs de ce roman sont tous très bien dessinés, chacun d'eux a sa part d'ombre et de lumière, de blessures secrètes et trouve aisément sa place dans le puzzle d'une redoutable précision que représente cette enquête, passionnante et complexe. L'amitié, la politique, l'argent, le pouvoir, la corruption et le racisme, sont autant de thèmes qui sont évoqués au long de ce récit, et autant de leviers qui motivent les actions des personnages.

L'ambiance du sud est très bien rendue, ces petites villes ou chacun connaît tout le monde, où dans les années 70 le ségrégationnisme est toujours d'actualité, et même le vaudou, héritage des anciens esclaves, encore très présent.

Les sentiments et les situations sont décrits avec beaucoup de finesse. La narration est menée d'une plume très efficace, nous ménageant bon nombre de rebondissements et de cadavres tout au long de l'histoire, jusqu'à un final inattendu et flamboyant, où le shériff Gaines fait encore preuve de sa grande humanité. Gaines est un héros extrêmement attachant, son ambivalence entre force et fragilité, son empathie avec les victimes nous le rendent particulièrement sympathique et je suis sûr que beaucoup (dont moi…) aimeraient le retrouver dans une autre histoire.

Petit clin d'oeil : Étant un grand fan de James Lee Burke, Je me suis retrouvé ici en terrain connu, des bayous au bord de la rivière Atchafalaya, jusqu'à la Nouvelle-Ibérie ou New Iberia ou officie un certain Dave Robicheaux.

Pour ce qui me concerne, je dirai que cet opus de R.J. Ellory est une indéniable réussite, alternant entre le plus sublime et le plus sordide. Une très belle lecture qui figurera à coup sûr dans mon Top 5 pour 2014.
Lien : http://thebigblowdown.wordpr..
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IMMERSIF

Quel bonheur de se replonger dans un roman du grand R.J. Ellory !

C'est non seulement bien écrit, bien structuré et l'atmosphère des
années 70 est magnifiquement bien décrite pour une immersion totale !!

On part ici à la rencontre de John Gaines, survivant de la guerre du
Vietnam qui est de retour à Whitesburg dans le comté de Breed en
qualité de shérif.
Le corps d'une fillette disparue il y a 20 ans a été retrouvé près
d'une rivière, la dépouille d'un serpent à la place du coeur...

RJ Ellory dresse ici avec talent le portrait d'un homme brisé, hanté
par ses terribles souvenirs de guerre et qui va mener avec le plus
grand entêtement cette enquête macabre.
Cette intrigue est rondement bien menée, l'auteur nous balade en nous
faisant emprunter de multiples hypothèses.
Sur plus de 700 pages qui se lisent vite, l'auteur ne manque pas de
décrire avec finesse et justesse la psychologie des différents
personnages.
C'est très addictif et prenant.
En effet, l'auteur n'a pas son pareil pour nous plonger dans le Sud
Américain à cette époque de post guerre du Vietnam.

Un roman noir comme je les aime avec en bonus une plume acérée...pfff
ca fait un bien fou !!!
Merci monsieur Ellory pour cette lecture immersive... un joli coup de coeur !

Je vous recommande ce roman à 1000 % et cet auteur si ce n'est pas déjà fait.
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Excellent polar sur fond d'Amérique post guerre du Vietnam ! Emprunté sans réelle conviction, ce livre s'est révélé être une excellente surprise : commencé cet après midi je n'ai pu le lacher qu'une fois terminé.
L'intrigue, captivante certes, se démarque surtout des productions du meme genre par la qualité de l'écriture de l'auteur. Son style fluide et précis rend admirablement compte de l'atmosphère de cette époque ainsi que des mentalités. Les personnages sont crédibles, certains attachants, d'autres détestables, quelques uns suscitent la compassion mais aucun ne laisse indifférent. L'intrigue est bien maîtrisée et ce n'est vraiment qu'à la fin du récit que l'on decouvre le vrai coupable. Seul bémol, j'aurai aimé que l'auteur s'attarde plus sur ses motivations. Bref je recommande ce livre sans aucune réserve.
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Toujours l'ambiance sombre, incomparable des romans de Ellory. John Gaines, shérif est face à un meurtre remontant à 20 ans,et pourtant, le cadavre de la victime - la jeune, jolie et joyeuse Nancy Denton, est tel qu'il était lors de sa mort. Elle a toujours l'apparence d'une adolescente. le principal suspect de Gaines, Michael Webster, est un homme traumatisé par la guerre; il se croit encore soldat. Gaines lui-même est hanté par son passage par cette guerre au Vietnam. le Mal, les choses mauvaises, les gens mauvais: existent ils ? Est-ce inné ? Ou, tel un serpent, sans bruit, en rampant, le mal s'insinue-t il en chacun de nous ?
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Les Neuf Cercles de RJ Ellory . 📚📚📚.
Confirmation du talent de mon auteur préféré avec les problèmes psychologiques après Vietnam de certains protagonistes mais pas que... le cadavre d'une jeune fille disparue depuis 20 ans gisant sous la vase...des relents de racisme dans ce sud près de la Louisiane. ..
Comme toujours cet auteur m'a transportée avec sa prose et ses écrits m'émeuvent à chaque fois.😍😍😍
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« On perdait une partie de son humanité à la guerre, et on ne la récupérait jamais.»

Certains en revenaient et sombraient à petit feu ; d'autres par on ne sait quel miracle, parvenaient, non pas à se reconstruire, mais à reprendre pied. Gaines est de ceux-là ; de retour du Vietnam où il connut l'enfer, à l'ombre de sa mère malade, et de son uniforme de shérif, tente de se laver de ce qu'il a vu, vécu au coeur du conflit.

Il occupe ses fonctions dans une petite ville du Mississipi, sans se douter qu'un jour, le ciel lui tombait, à nouveau, sur la tête .Cet homme blessé, rongé par la culpabilité d'avoir survécu, seul, hanté par des cauchemars se jette avec l'énergie du désespoir dans une enquête sans le moindre indice, mais accablé, chaque jour un peu plus, par les horreurs qui s'accumulent.

« Mieux vaut ne pas penser. Mieux vaut observer, voir ce qu'il y a à voir, et essayer de comprendre. ».

Ici, sans doute mieux que dans ses autres ouvrages, Ellory décrypte, dissèque, l'âme de ses personnages. Son écriture addictive, et alerte, prend le temps de sonder chacun, chaque geste, de décrire avec précision chaque situation.
Il prend le temps de construire son intrigue, se semer ici et là ses indices, ou faux-indices. Il ne nous rien d'emblée. C'est avec lui, qu'il faut cheminer, selon son bon vouloir, dans cet univers macabre dont personne ne sortira indemne.
De temps à autre, une autre voix nous guide à sa façon, nous montre les choses, et les personnes sous un autre angle. Cette voix est peu présente, mais a son importance.

Ellory est un maître du roman noir .Il le prouve encore ici, en livrant, à mon sens un de ses meilleurs opus avec seul le silence pour lequel j'ai une tendre toute particulière.


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Rien à jeter ! je découvre Ellory et ses guerriers sur le retour. 574 pages de plaisir. Et je signe pour rempiler.
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Depuis son premier roman, "Seul le silence", je n'ai pas raté une seule sortie d'un bouquin de RJ Ellory.
Et pourtant, je dois avouer qu'après avoir tourné la dernière page de chacun de ses bouquins, je restais un peu sur ma faim, n'ayant jamais réussi à retrouver ce qui faisait la force de la première oeuvre de Ellory : cette noirceur, ces personnages a l'âme abîmée, ce désespoir derrière chaque situation quotidienne.
Mais cette fois-ci, j'ai pleinement retrouvé ce que j'attendais dans ces neuf cercles : le héros (qui n'en n'est pas un) n'est qu'un homme ordinaire confronté à l'horreur de ses souvenirs et de son retour à la civilisation après la guerre du Vietnam dont il est revenu vivant mais pas trop, l'Amérique sombre et diablement bien décrite tout en nuance de gris et de noir, une enquête à rebondissements mais sans invraisemblance et un coupable finalement bien ordinaire, bien loin des clichés que certains auteurs ont pris l'habitude de nous servir.
Du grand, du très grand Ellory, le meilleur pour moi après l'inoubliable "Seul le silence" .
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