Toujours à l'affût du dernier
Ellory, c'était avec la plus grande des envies que j'ai attaqué «
Les Neuf cercles ». Des vacances, du temps… Les conditions idéales étaient réunies pour une nouvelle plongée en Amérique, que cet auteur sait si bien décrire et décrypter à mon goût.
Whytesburg, Mississipi, 1974. John Gaines, vétéran de la guerre du Vietnam, est devenu le shérif de cette petite ville paisible. Une tranquillité mise à mal lorsque est découvert le corps d'une jeune fille, morte vingt ans plus tôt, enterrée sur les berges de la rivière. Ce meurtre va venir dévoiler les secrets des uns, les faiblesses des autres ; mais aussi le combat de Gaines, contre cette inertie concertée coercitive, contre ses propres démons.
C'est bien là un polar étonnant où plusieurs sujets sont développés en parallèle : les traumatismes des soldats américains de retour du « bourbier vietnamien » ; le portrait d'une Amérique meurtrie et dans le trouble avec la démission imminente de Nixon suite au Watergate ; les mentalités des petites villes où règnent encore le ségrégationisme, les « bonnes » familles riches et influentes ; les rites vaudou…
Une écriture toujours aussi efficace nous vaut des passages sublimes, comme ceux consacrés aux mères (celle de la victime mais aussi du shérif) capturées dans leurs espoirs, leurs souffrances. Cependant, la plongée dans l'esprit même de Gaines m'a menée à une lecture volontairement fragmentée, chapitre après chapitre. Me voilà à reprocher à
Ellory d'être trop performant, un comble ! Là où réside son talent de conteur qui me touche tant d'ordinaire, c'en était trop. Il me fallait reprendre ma respiration hors de ce climat lourd, glauque et lent. J'ai ressenti l'enquête comme un prétexte pour
Ellory à explorer (plus loin encore que sur ces précédents romans) l'âme humaine, dans ses traumatismes et ses douleurs, dans sa noirceur…
Un livre à classer dans la liste de ceux qui vous marquent. A lire.