AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782371776043
112 pages
publienet (25/11/2020)
4.38/5   4 notes
Résumé :
Ça arrivait très très rarement Une fille dans ton appartement « C’est quoi ces poissons dans ta baignoire ? »

Au prisme d’une passion pour la pêche, Christophe Esnault compose un poème dont chaque facette est un souvenir esquissé, un instant miroitant comme ces prises capturées, rejetées ou enfuies. Car ce que ces fréquentations de mares, de rivières et d’étangs font remonter à la... >Voir plus
Que lire après L'enfant poisson-chatVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Apprendre à pêcher / Avant d'apprendre à lire. » Au fil du temps qui passe subrepticement, résistent les images pavloviennes, douces, la campagne en diapason. L'eau cruciale se loge abondante et affamée : de ce poisson-chat.Le summum fédérateur et éducatif, piédestal d'une littérature vivifiante.Le charme opère une fusion vertigineuse avec Christophe Esnault dont l'enfance était, dès les prémices, initiatique. La pêche, l'acte émancipateur, la liberté à plein bras. On devient l'ombre du narrateur, de cet enfant, de cet homme en advenir. On marche dans les feuillages, en équilibre sur les gués, canne à pêche en main, regard altier, la frénésie du jour nourricière et humble. Les heures coudées, franches, ivresse et joie. Les fragments prennent sens, éclatent de poésie d'un réalisme sidérant, perfectionniste. La ruralité devenue la pièce centrale des jeux de l'enfance vénérée. L'ouverture glorieuse des apprentissages. La campagne la cosmopolite verdoyance à perte de vue. « Parfois ce n'est pas ce qu'on sort de l'eau/ Ou ce qu'on ne sort pas de l'eau/ Ou ce que l'on voit à hauteur d'eau/ C'est la couleur d'un renard à vingt mètres/Prise dans notre émerveillement. » « le pêcheur dans sa barque te fait signe de la main/ Ça veut dire bravo mon gars beau poisson/Le sandre fait sept livres. » « L'enfant poisson-chat » pêche les moments de saveurs, poissons symboliques, les anecdotes deviennent des cartographies. Images d'Épinal, seau lourd de poissons, les heures d'abandon à soi-même, l'enfant grandissant dans cet espace de communion. « Tu n'as pas compris seulement/ Trente ans plus tard que cette jeune fille/ Avait été ton plus certain émoi sexuel/ Et que ton éducation et les stéréotypes véhiculés/ t'avaient fait sottement mentir sur ton désir. » On ressent le magnétisme d'une nature dévouée, sereine et solidaire. Corps à corps avec l'enfant, rythme fusionnel, le pont des espérances. Rivières, cours d'eau, sources, fontaines, gouttes d'eau perlées sur le coeur de l'essentialisme. La plénitude d'un Carpe Diem révélé. « Tu étais curieux de la connaissance d'un de tes camarades/ Qui pouvait donner un nom à tous les oiseaux. » « Ça ne servirait vraiment à rien/ D'avoir un compte Facebook/ Si on ne faisait pas un selfie/ Quand on vient de sortir de l'eau un silure. » L'enfant grandit, mutation. Visions d'un ailleurs mystifié. « Tu as réussi toutes les épreuves/En étant défoncé/ En l'étant encore/ Tu arrives à l'heure pour refiler la mob/ Tu achètes un pack/ bien mérité. » « Demande démesurée/ D'attention et d'amour. » Ce recueil de poésie, empreint de sociologie, toile picturale est la trace de la vie-même.De ses petits miracles, ses doutes. Notre contemporanéité d'un XXIème siècle à mille lieux de cette vitalité de vivre à l'air libre, si libre. Ce poème est aussi l'hymne du Vivre-Ensemble, la camaraderie, corde à noeuds. Émouvant, il encercle les questionnements d'un jeune homme devenu qui ne lâchera jamais ses prises paraboliques, envers et contre tout. « L'enfant poisson-chat » est un modèle olympien à reproduire. Laissez vivre les enfants au grand air, reflet dans la mare des expériences ! Christophe Esnault délivre les heures de gloire et d'incertitude aussi quant à son devenir. Se méfier de ce trop plein de plénitude, se risquer de l'autre côté, dans le monde urbain et réaliser qu'un pas de côté peut être salvateur. Ce poème est une leçon de vie. Il fait comprendre l'importance des petits riens qui en fait sont les marqueurs pour un lendemain à bâtir. Magistral. Publié par les majeures Éditions Publie.net.
Commenter  J’apprécie          10
Entre hameçons et poissons nageurs, entre terroirs secrets et rivières banales, entre fritures occasionnelles et remises à l'eau salvatrices, une étonnante et malicieuse bouffée d'oxygène poétique pour nos branchies encrassées.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/07/28/note-de-lecture-lenfant-poisson-chat-christophe-esnault/

Lorsqu'il ne compose pas des vidéos, musiques et chansons aussi barrées que réjouissantes avec son compère Lionel Fondeville (dont je vous parlerai très prochainement sur ce blog de « La péremption ») au sein du Manque (on parlera sans doute bientôt aussi, ici, de leur « Mollo sur la win » récemment écrit en commun), Christophe Esnault nous offre depuis plusieurs années une poésie exploratoire qui parcourt régulièrement de nouveaux univers alternant plongées affolantes et fausses pistes élégantes, de la tentative de résolution d'une équation amoureuse de « Isabelle à m'en disloquer » (2011) aux courriers enflammés de « Correspondance avec l'ennemi » (2015), des insensés hommages surréalistes de « Mythologie personnelle » (2016) aux chevauchées d'antilopes urbaines de « Ville ou jouir » (2020), en passant par les rusées introspections de « Poète né » (2020) ou l'hommage absolu au ratage multiformes, sous le signe de Georges Hyvernaud, de l'ample « Mordre l'essentiel » (2018).

Et puis il y a ce « L'enfant poisson-chat », paru chez publie.net en novembre 2020 : l'apprentissage précoce, familial et garnementesque de la pêche, sous ses formes réputées (presque) nobles comme sous ses formes les plus arrachées et braconnantes, transformé en une petite et dense saga poétique, intime, sportive, naturelle et sans effets ajoutés.

Marquée du sceau secret d'une célèbre marque finlandaise de poissons nageurs et autres leurres, qui ne sera jamais citée (on sait par d'autres travaux que les noms commerciaux de la société de consommation, quels que soient leurs terrains d'évolution, ont valeur de chiffon rouge potentiel pour l'auteur : « Heureusement il y a Findus !'), cette guerre des boutons intérieure et à plus d'un titre larvée se joue dans les mares, les étangs, les ruisseaux, les rivières et les réservoirs d'une France liquide – qui n'est pas celle pourtant de Pierre Patrolin ou de Michel Jullien – dissimulée sous les surfaces. Quelques excursions carrément plus lointaines seront incidemment au programme, mais le décor général, entre enfance, adolescence et bouffées plus rares d'âge adulte, est bien celui d'un pays rural ou largement péri-urbain, avec un air dominant de Mayenne et de Maine-et-Loire, de Sarthe et d'Eure-et-Loir. le terroir est ainsi sans doute moins prestigieux en apparence que le Montana, les techniques utilisées ne s'inclinent pas, loin s'en faut, devant la reine pêche à la mouche désormais popularisée par trois générations de nature writing et de nature filming nord-américaines (au milieu desquelles on notera non pas une rivière mais une malicieuse contribution autrichienne, celle de Paulus Hochgatterer en 2003), mais l'élan vital, technique et joueur, véhiculé par ces successions ramassées de brefs vers libres, ne cède rien à quiconque.

Du coup de filet maladroit d'enfants opérant naturellement en douce aux seaux tombant des porte-bagages, des chats à deux jambes dérobant les réserves de vifs aux cuillères accrochées aux branches qu'il est hors de question d'abandonner, de l'asticot suspect dans la salade du curé à la canne cassée d'un décrochage trop sec du poignet, chaque étape technique ou non d'un parcours souvent initiatique et potentiellement sans fin, chaque anecdote savoureuse, chaque émoi ressenti (parce que s'il y a la pêche, toujours et partout, il y aussi l'envie qui taraude de découvrir les filles et les femmes, de les embrasser et plus si affinités), chaque complicité établie vers des azimuts improbables est matière à récit et à poésie.

Avec son verbe élancé et argenté, dansant et virevoltant, sachant même être boueux ou huileux lorsque nécessaire, Christophe Esnault nous prouve en souriant que chaque point d'eau, même bien loin des montagnes sauvages, secrète sa propre « Indian Creek » pour qui le veut et le rêve – et nous fait le cadeau rare, dans un milieu ô combien inattendu, d'affirmer discrètement que nous ne sommes peut-être pas toujours voués, malgré tout, à consommer et à être des truites d'élevage nourries aux granulés.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          10
D'Ernest Hemingway à Pierre Bergounioux, nombre d'écrivains ont écrit sur la pêche. Co-parolier du groupe « le manque », acteur occasionnel, auteur de plusieurs recueils, le Chartrain Christophe Esnault parle de son jeune âge au prisme du passe-temps, racontant avec justesse ses parties de canne à travers une série de vers libres, merveilleusement lisibles, limpides comme l'eau claire. le poème est d'abord géographique, visuel. Comme Gracq, C. Esnault décrit les lieux avec la simplicité, la dextérité d'un amateur chevronné. Retombant délicieusement en enfance, nous l'accompagnons ainsi dans ses excursions braconnières, au milieu des champs, sur les ponts, en bord de Loire lorsqu'il attrape différentes espèces de poissons, du méchant silure, catastrophe écologique, aux "petites perches arc-en-ciel" sautillantes (p. 16). Car sous la plume se dessine, au fil des textes, un récit initiatique, marqué par la naissance du sentiment amoureux, des premiers émois sexuels, déclinés en souvenirs extrêmement précis, quand "des livres pornos échangés à la sortie de la messe" (p. 28), on en vient à la réalisation concrète, et ce après de nombreuses tentatives infructueuses. Prendre des poissons, oui, mais aussi prendre des filles, si on peut dire sans choquer la gent féminine. Nulle misogynie, puisque C. Esnault se fait alors lyrique, passionné : "Elle avance dans la rivière en remontant sa robe/Vous avez dormi dans le camion la porte ouverte/L'ombre du petit pont de pierres/Tombe sur le ruissellement/Un tissu féérique sur ta pupille/Éblouit par les reflets" (p. 103). Ainsi s'achève ce petit livre, aussi sensible que vrai. Une légère mélancolie, un parfum de nostalgie, baigne le tout. Très présents, les souvenirs semblent également lointains, perdus dans la brume des canaux. Omniprésent, l'humour, le sens de la dérision, de l'autodérision, ouvrent à une sortie vers le rire, ou plutôt le sourire. L'intéressé n'hésite pas ainsi à nous raconter des épisodes peu glorieux, mais drôles, tels de petites saynètes tragi-comiques : "Quand ton père a invité le curé/Et qu'il y a un asticot dans la salade/Plus précisément dans l'assiette de l'invité/Tu es injustement suspecté/Toi et tes boîtes à appâts/Et ta mère va mourir de honte/Par ta faute" (p.50).
Édité chez publie.net, orné d'une belle couverture créée par la poétesse Aurélia Bécuwe, "L'enfant poisson-chat", qui porte un titre programmatique, n'est pas sans rappeler "Auberge de la tête noire", lorsque P. Sanda se raconte, à travers une série de textes en vers narratifs.

(Critique d'Etienne Ruhaud parue dans "Diérèse").
Lien : https://pagepaysage.wordpres..
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Quand le poisson casse la ligne…



Quand le poisson casse la ligne
Cette frustration terrible de ne même pas l’avoir entraperçu

              Comme si voir le poisson était la plus grande des fêtes
Dérober le filet
Monter sur les vélos
Sept ou huit kilomètres
Tendre le filet et puis vite
Descendre la rivière avec
Pratiques désordonnées
Technique prohibée
En slip dans la flotte
Le massacre ludique
Piéger rotengles, chevesnes et perches

              Sortir les poissons de là
              Laborieusement
              Et comme un gougnafier
              Tenter de démêler le filet
              Mailles et fil de plomb
              Écailler vider
              Jeter à peu près
              Toute la pêche

p.11
Commenter  J’apprécie          10
Apprendre à pêcher…



Apprendre à pêcher
Avant d’apprendre à lire
Bien avant de savoir
Embrasser une fille
Sonder le fond
Faire coulisser le flotteur
Puis, piquer le vers
Sans l’abîmer
Laisser dépasser
L’ardillon
Poser la ligne
Et avoir des Yeux Gros

                                            On notera quelque part
                                            Au cas où cela puisse servir
                                            Que l’on apprend mieux
                                            Dans le plaisir et dans la joie
                                            Et que les excès de l’un et de l’autre
                                            Ne sont pas dommageables aux
                                            Méthodes d’apprentissage

p.7
Commenter  J’apprécie          00
Le long de la maison …



Le long de la maison mon père a creusé
Un tombeau peu profond
Trop rectiligne pour ne pas m’évoquer
La haine enfantine de la géométrie
Une bâche noire et un tuyau d’arrosage
On y renverse une trentaine de gardons
L’eau chlorée va-t-elle les tuer ?

                                            Deux jours plus tard furtif et roux
                                            La patte dans l’eau
                                            Délicatement
                                            Léger mouvement
                                            Le poisson est curieux
                                            Et bientôt sur l’herbe

p.8
Commenter  J’apprécie          00
Dans la mare…



Dans la mare
Les gros poissons rouges
Et blancs
Fil de laine
Objets de perles pour appât
Tomber plus que pêcher
Le fond vaseux
S’enfoncer
S’enfoncer
La tête bientôt sous l’eau
L’ami nous tend une branche
À laquelle s’agripper



                                            Marcher jusqu’au lotissement
                                            Couvert de vase
                                            L’attraction grelottante du jour
                                            L’eau noire dans la baignoire

p.9
Commenter  J’apprécie          00
Demain ouverture de la pêche…



Demain ouverture de la pêche
Trop excité pour parvenir à dormir

                Maintenant les périodes de fermeture sont courtes
                Autrefois on laissait le poisson en paix de longs mois
                En juin, l’Ouverture, cela pouvait être
                Le Grand Tout dans le corps impatient
                D’un gamin

p.10
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Christophe Esnault (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christophe Esnault
Nietzsche m'a tout piqué, un clip et une chanson du Manque, avec Christophe Esnault
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1226 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}