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(01/01/1900)
3.44/5   17 notes
Résumé :


Le titre oriental renvoie aux origines phéniciennes de Thèbes : Cadmos, l'Etranger venu de l'Orient sémitique, en est en effet le fondateur, comme le rappellent les très beaux chants du chœur, entonnés par quinze jeunes femmes venues de Phénicie.

Cette tragédie plonge donc dans les racines de l'histoire thébaine pour expliquer le présent. Œdipe, Jocaste et leurs enfants se trouvent réunis dans cette pièce foisonnante qui attend un gra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce n'est pas évident à deviner à partir du titre, mais cette pièce est une nouvelle fois consacrée aux Labdacides – cette tragique famille régnante de Thèbes au moins aussi défavorisée par l'attention des dieux que les Atrides.
Cette fois-ci, et même si elle est centrée sur le conflit entre les fils d'Oedipe, Étéocle et Polynice, la pièce balaie l'ensemble des événements qui s'acharnent sur la famille, soit dans le corps du récit, soit contés par le choeur. A peu près tout y passe : la prophétie indiquant à Laïos qu'il n'a pas intérêt à avoir un fils, la naissance d'Oedipe malgré tout et son éloignement immédiat de Thèbes, Oedipe qui tue son père Laïos sans le savoir, sauve Thèbes de la Sphinge et épouse sa mère Jocaste avec laquelle il a deux fils et deux filles, Oedipe qui renonce au trône et se crève les yeux quand ce qu'il a fait est révélé, son fils Polynice banni par Étéocle qui revient assiéger Thèbes avec l'aide des Argiens, la bataille des Sept contre Thèbes et les deux frères qui s'entretuent, Antigone fille d'Oedipe qui s'oppose à ce que Polynice soit privé de sépulture et qui quitte Thèbes en accompagnant son vieux père.
Ouf ! Je reprends mon souffle.

Faire rentrer tout ça dans une seule pièce est une gageure. La pièce en devient surchargée. La préface déclare d'ailleurs que l'hypothèse existe selon laquelle la dernière partie de la pièce – dans laquelle Antigone joue son rôle – a été ajoutée par d'autres qu'Euripide. Certains dialogues bénéficient d'un rythme endiablé, comme ceux mettant Étéocle et Polynice face à face ou la description de la bataille par les messagers. D'autres sont au contraire ennuyeux, comme la litanie décrivant par le menu les Sept et leurs adversaires thébains, personnages oubliés dès que mentionnés.
Euripide a souhaité de plus ajouter ou modifier des événements racontés par ses prédécesseurs : Jocaste ne s'est pas tuée lorsqu'elle a compris l'inceste qu'elle et Oedipe ont perpétré (Sophocle) ; elle tente ici de rabibocher ses deux fils et se tue lorsque ceux-ci ont fini de s'entretuer. On a également un sacrifice, celui Ménécée fils de Créon, exigé par certains dieux pour assurer la victoire des thébains ; un événement à la Iphigénie qui alourdit inutilement la pièce. La pièce synthétique des Labdacides finit par devenir un fourre-tout.

Suite à ma lecture de la Guerre du Péloponnèse de Hanson, je me sens obligé de regarder le texte sous un angle politique. La pièce est donnée peu d'années avant la fin de la guerre, alors qu'Athènes, bien que dans une situation compliquée, n'a pas perdu son combat contre Sparte et, justement, Thèbes. le sacrifice de Ménécée pour sauver sa cité et sa tirade prend un sens selon cet angle, pour revigorer le nationalisme des athéniens. Je suis également tenté de faire un parallèle entre le traitement positif accordé à Polynice – thébain banni qui se tourne contre sa cité tout en cherchant à la libérer de son frère – et Alcibiade, stratège athénien condamné par son peuple suite aux déconvenues de l'expédition de Sicile, passé à Sparte puis cherchant à se rapprocher à nouveau d'Athènes.

Au final, si cette pièce synthétise l'aventure des Labdacides et est intéressante à lire pour cela, elle est loin d'égaler Oedipe-roi, Antigone ou Les Sept Contre Thèbes en terme d'art théâtral. C'est en tout cas mon ressenti.
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Si on a conservé de Sophocle plusieurs tragédies pour narrer la malédiction des Labdacides, Euripide a composé une somme en une seule et unique pièce. le prologue est comme un condensé narré par la vieille Jocaste (qui, dans cette version, ne s'est pas donnée la mort, du moins pas encore...) du récit oedipien, de l'oracle déclaré à Laïos jusqu'à la folie d'Oedipe se crevant les yeux et maudissant ses fils après les révélations sur son parricide et son union incestueuse. du coup, Euripide rejoue à sa manière la pièce ďEschyle Les Sept contre Thèbes du combat fratricide de Polynice et Étéocle pour le pouvoir thébain. Il y a un très beau passage où le devin Tirésias annonce à Créon un oracle exigeant le sacrifice de son jeune fils Ménécée pour assurer la victoire de Thèbes. Moment d'une grande tension où l'amour filial prend le dessus et où la question du sacrifice pour la patrie est posée de manière éclatante avec le dévouement inattendu de Ménécée.
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- LES PHÉNICIENNES -

Je conseille de lire les phénicienne pour la suite de Oedipe et pour une sorte de prologue pour Antigone de Sophocle.
Ce qui ont lit Antigone et qui vont étudier Antigone, cela permet de mieux comprendre la pièce car même si ce n'est pas du même auteurs, Sénèque à compris le monde de Antigone de Sophocle. Comme si Antigone et les Phéniciennes à était écrit par le même auteurs. Je décide pour la fin de faire un petit résumée :

Après les révélations, le royaume de Oedipe est en guerres par ses deux fils qui veulent tout les deux le trône. Antigone suppliera son père devenu aveugle de régler le conflit avant qu'ils s'entretuât. Mais Oedipe accablée par ces erreur n'est pas sûr d'y arriver.

Carlaine
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On apprend quand on découvre Antigone d'Anouilh (tarte à la crème des classes de 3ème) sans s'en montrer très surpris, qu'Etéocle et Polynice se sont entretués parce qu'Etéocle n'avait pas voulu respecter la convention de régner un an à tour de rôle avec son frère Polynice. le prologue de Jocaste (Tiens, elle ne s'était pas tuée finalement ? - Ben non !) nous explique le fin mot de l'histoire ; les deux frères avaient ainsi cherché à contourner la malédiction de leur père Oedipe, qui affirmait que se retrouver côte à côté causerait leur mort. Enfin ! voilà quelques années que je relis une à une toutes les tragédies antiques et il n'y a qu'ici que je trouve enfin des explications sur cette curieuse convention.

Mais ce n'est pas tout à fait la question.

Sous les yeux atterrés de Thèbes, son roi Etéocle et son challengier Polynice meurent en combat singulier, entretués. La chorégraphie sanglante qui les mène vers leur double mort est relatée de manière très crédible et graduée. Créon, qui a perdu son fils Ménécée, égorgé dans la grotte de leur ancêtre le dragon, reconnaît que cet Oedipe porte malheur à Thèbes et l'exile ; Antigone quitte la ville avec lui, renonçant à son mariage avec Hémon, mais pas à enterrer dignement Polynice, comme elle le marmotte en emboitant le pas à son père.

Cf. URL de mon blog pour trouver l'image réelle de la couverture et la fin de ma note de lecture.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
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Version du mythe d'Antigone qui reprend aussi des éléments du mythe d'Oedipe, cette pièce est tout à fait honorable mais fait assez pâle figure à côté des trois pièces de Sophocle. Il est quand même très intéressant de la lire si on s'intéresse à l'histoire d'Oedipe.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
POLYNICE:
Les hommes de garde ont déverrouillé la porte pour me faire entrer, j'ai eu toutes facilités pour m’introduire dans les murs... C'est justement ce qui me fait craindre de tomber dans un panneau d'où l'on ne me laissera pas sortir sans m'avoir entaillé la peau. Il me faut porter le regard de-ci de-là, loin et près: gare au guet-apens ! Mais je suis armé; avec cette lame au poing, j'ai de quoi rendre confiance à ma témérité. Hé ! Qui va là ?... Quoi ? je tremble pour un bruit ?... C'est que tout paraît effrayant, quand on s'aventure à aller mettre le pied en territoire ennemi.
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TIRÉSIAS:
Ah! la pratique de la divination est bien décevante! Si l'on révèle des vérités qui blessent, on s'attire la rancune de ceux pour le compte de qui l'on tire des présages. Et si l'on ment aux consultants par pitié pour eux, c'est un péché contre les dieux
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JOCASTE: Mais où trouvais-tu ton pain, avant de te l'être assuré en te mariant?

POLYNICE: Cela dépend; il m'arrivait d'être muni pour la journée - et le lendemain démuni.

JOCASTE: Mais ceux qui étaient liés d'amitié et d'hospitalité avec ton père? Ils ne t'aidaient pas?

POLYNICE: La règle, avec les amis, c'est: Sois heureux! Si le mauvais sort t'atteint, plus personne!
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Pourquoi, mon enfant, accorder ton cœur à la plus malfaisante démone, l'Ambition ? Ne fais pas cela. Elle est tout injustice. Elle visite des maisons et des villes heureuses pour y laisser la ruine derrière elle. C'est elle qui t'égare. Bien plus digne d'honneur est l’Égalité qui lie à jamais les amis aux amis, les cités aux cités, les alliés aux alliés. L’Égalité pour l'homme est une haute loi ; mais contre Plus, Moins toujours part en guerre et donne le signal des jours de haine. L’Égalité gouverne les mesures, les poids et les nombres, qu'elle divise en leurs parties exactes. (...) La Royauté, qui est injuste avec bonne conscience, pourquoi tant l'honorer et la mettre si haut ? Attirer les regards ? à quoi cela sert-il ? Vanité pure. Qui possède beaucoup a beaucoup de soucis. C'est cela que tu veux ? Avoir plus, qu'est-ce donc ? Rien qu'un mot. Le sage se contente de ce qu'il faut pour vivre. (...) Quelle opulence est stable ? Toutes sont éphémères. (Premier épisode, Jocaste)
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Si tous les hommes s'accordaient naturellement sur la beauté et la sagesse, il n'y aurait pas de malentendus et de discordes entre eux ; mais en fait l'identité ou l'égalité ne sont chez les humains que des mots ; dans la réalité elles n'existent pas.
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Videos de Euripide (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Euripide
Par Chloé Delaume accompagnée de Benoist Esté Bouvot
Chloé Delaume poursuit son exploration des grandes figures mythologiques féminines en se penchant cette fois sur celle de Médée. Elle revisite ce personnage de la mythologie afin d'en convoquer toute la puissance pour faire écho aux problématiques féministes contemporaines. Médée, magicienne, amoureuse, dont le nom semble depuis toujours synonyme d'infanticide. Pourtant, celle, sans qui Jason ne serait rien, n'a pas toujours été la meurtrière de ses enfants : avant Euripide, Médée commet bien des crimes, mais pas celui-là. Ce soir elle raconte son histoire et interroge la véritable nature de sa culpabilité, elle qui durant tant de siècles ne fut écrite que par des hommes.
Dans le cadre du colloque international « Chloé Delaume : une oeuvre intermédiale » et de la résidence Lilith & Cie.
« le souci quand on est personnage de fiction, c'est qu'un tas de gens, sans cesse, vient vous écrire dessus. On se voit transformé sans le moindre recours. Quelqu'un m'a noirci l'âme, depuis je fais avec. » Chloé Delaume, « Médée avant Médée »
À lire – Chloé Delaume, Pauvre folle, Seuil, 2023.
Son : François Turpin Lumière : Iris Feix Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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