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Jacques Barbéri (Traducteur)
EAN : 9782743617554
461 pages
Payot et Rivages (03/01/2008)
3.79/5   24 notes
Résumé :

1875. Dix ans ont passé depuis la fin de la guerre de Secession. Les jeunes États-Unis sont désormais un territoire à conquérir pour les puissants conglomérats de l'industrie du rail, du charbon et de l'acier.

Entré au service des Molly Maguires, une organisation secrète qui opère au sein des mineurs irlandais de Pennsylvanie, le mercenaire Pantera se retrouve au cœur d'un puzzle complexe.

Ici, les conflits sociaux ne sont... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
1875... Dix ans que la guerre de Sécession a cessé, c'est sûr. Mais les États-Unis sont un territoire à conquérir et tout est encore à faire au niveau du réseau ferroviaire. Pour le moment, c'est le bordel et tout le monde tente de tirer la couverture à lui, surtout les conglomérats du charbon, de l'acier et du chemin de fer.

Sans compter les Irlandais qui font tout péter, assassinent des gens, et ont réalisé une grève de 5 mois. C'est dans ce sac de noeud que va tomber Pantera, mercenaire Mexicain et prêtre vaudou, engagé par Molly, ancienne prostituée Irlandaise.

Sa mission ? (qu'il a accepté) : trouver et exécuter un espion que l'agence Pinkerton a infiltré chez les Irlandais de l'Ancient Order of Hibernians.

Pourquoi ? Parce que c'est sur base du seul témoignage de cet espion que 19 grévistes Irlandais, membres des Hibernians, viennent d'être condamnées à mort.

Motif ? Accusés d'avoir perpétré des actes de violence lors de la grève. Les patrons des mines de charbon en Pennsylvanie ne rigolent pas et la méthode qu'ils utilisent pour saper les associations ouvrières, c'est de les faire infiltrer par des agents de la Pinkerton... Agents qui pourchassent les Molly Maguire, tout en cassant du syndicaliste et du gréviste au passage.

Bref, dans ce roman, ça ne rigole pas ! Mais ça bouge.

Pantera est un personnage assez violent, il ne rigole pas souvent et tue sans états d'âmes. Niveau compétences "infiltration", c'est James Bond avec un six-coups. C'est l'espion qui va au charbon, au sens propre comme au figuré. Il est impitoyable et je l'ai apprécié énormément !

Si je me suis laissée dire que dans les deux tomes précédents, Pantera, le palero (sorcier vaudou) jouait à l'exorciste, ici, les sorts et autres gris-gris sont remisés au placard, même s'il nous parle un peu de son Nganga.

Ici, pas de duel dans la rue, mais une toute autre lutte, qui est sociale et politique. Une lutte des classes : patronat contre ouvriers, Irlandais contre autres nations - surtout contre les Anglais et les Gallois - entre mineurs et manoeuvres, entre freineurs des trains et conducteurs,....

La guerre de Sécession est terminée, une autre guerre est toujours en cours : elle est sournoise, violente et sans merci. Ici, on n'applique pas l'adage "L'union fait la force" : tout les hommes se déchirent entre eux, faisant le bonheur de ceux qui les exploitent. "Diviser pour régner", c'est bien connu.

Le livre m'a surpris, parce que au départ, je ne pensais avoir affaire qu'à l'infiltration de Pantera chez les Pinkerton afin de découvrir le traître chez les Irlandais. Un roman d'espionnage, en somme... Un James Bond sans gadgets, version western, un Colt Frontier enfoncé dans la ceinture.

Sur le cul ! Si l'auteur se sert bien de ce prétexte au départ, ensuite, le tout dépasse tout ce qu'on aurait pu penser : le puzzle est complexe, on patauge dans la corruption, les manipulations, les conflits sociaux et on se rend compte que les marionnettistes sont souvent haut placés...

Le quatrième de couverture ne mentait pas, nous sommes bien en présence d'un roman noir inclassable, mélangeant le western spaghetti - musique de Morricone - avec du social, de la politique et de l'Histoire des États-Unis.

Le roman, sur ses 451 pages, nous entrainera dans l'histoire des débuts de l'industrialisation des États-Unis, on assistera aux premiers pas, balbutiants et chancelants, du syndicalisme et du socialisme, on découvrira la lutte inégale entre le tout puissant chemin de fer et les "petits" propriétaires terriens.

Quant aux légendes de l'Ouest (les frères James ou Billy The Kid), elles sont manipulées, elles aussi, par plus fort qu'elles.

Les relations entre les immigrants sont tendues : la rivalité règne en maître car ils ont emporté avec eux, dans leurs maigres bagages, les haines européennes (on retrouve les Irlandais à la botte des Anglais).

Pour le reste, on passera en revue les conditions de vie atroces des ouvriers américains en cette fin de XIXème siècle, enfants compris, le tout gangréné par le racisme et la xénophobie (face à leur racisme, on est des petits joueurs, dans les années 2000 !).

Le roman aborde aussi l'histoire d'un certain nombre de société secrètes… le tout sur un ton assez cynique, avec une écriture trempée dans le vitriol, sans concession.

Bref, on a pour son argent dans ce roman noir qui explore beaucoup de choses très noires de l'âme humaine.

Un bémol tout de même : la profusion de personnages.

Il vaut mieux être bien concentré lors de sa lecture et avoir le temps de lire des pans entier, comme je l'ai fait, sinon, vous risquez de ne plus vous y retrouver. Parce que entre les O'Donnel, les O'Connel, les O'Molavplublan, les McEusdresse, les McCarron, les McDo et autre McEugène, j'y ai perdu mon latin ! Ah, ces Irlandais... Ils sont tous haut en couleurs !

Un roman aussi noir que l'anthracite que l'on a extrait, à la sueur du front et à coup de morts, des mines sordides de Pennsylvanie... Une pépite noire qui ne vous salira pas les mains mais qui ne se prive pas de brosser un portrait fort noir et au vitriol de l'Histoire sanglante des États-Unis...

Allez, Enio, balance la musique...

Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Une épopée ambiguë dans la Pennsylvanie de 1875 et des barons-voleurs presque triomphants...

Après les nouvelles de "Métal Hurlant" et le roman "Black Flag", qui prenait place pendant la guerre de Sécession, Evangelisti nous offrait en 2003 ce tome final des aventures de Pantera, tueur à gages et prêtre vaudou mexicain, plongé maintenant, en 1875, dans les troubles d'une ville minière de Pennsylvanie, au moment de "l'envol" des Etats-Unis.

Autant "Black Flag", quoique saisissant, restait relativement confus et quasi-onirique, parmi les errances apparemment déboussolées des hordes de mercenaires confédérés, autant "Anthracite" s'installe comme une véritable (petite) épopée, rude à souhait, déployant pleinement le charme du personnage, plus qu'ambigu comme souvent avec Evangelisti...

Un (bref) extrait des réflexions du personnage, vers le milieu du livre, pour situer ce qui se passe, sans rien dévoiler de l'intrigue si possible, est joint en citation.

Un excellent Evangelisti !
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1875 aux États-Unis : les patrons des mines d'anthracite de Pennsylvanie viennent de réprimer dans le sang une grève au cours de laquelle des Irlandais, membres de l'« Ordre ancien des Hyberniens », ont été accusés d'actes de violence sur le seul témoignage d'un enquêteur infiltré parmi les mineurs. 19 personnes sont condamnées à mort et exécutées.
Tel est le cadre de l'action du roman d'Evangelisti. Les rois de la mine et du rail ont organisé l'agence Pinkerton pour infiltrer et détruire les associations ouvrières. Les Molly Maguires, société secrète de mineurs irlandais, recrutent de leur côté Pantera, un mercenaire mexicain qui dans son pays a participé à la guerre contre Maximilien, puis fait partie de la bande des frères James (sudistes reconvertis au banditisme) ; il est recherché au Texas et gagne l'Est. Ce qui donne un roman mi policier, mi western, dans un contexte de guerre de classes intense. Mais le terrorisme et l'action individuelle ne sont guère efficaces et n'ont qu'un temps alors que le patronat ne recule pas, lui, devant le bain de sang. Notre héros évolue lui aussi, d'autant que le mouvement ouvrier se développe et se construit sur des bases plus solides en cette fin de 19ème siècle. La Première Internationale et les socialistes font leur apparition avec des immigrés allemands qui organisent des cheminots. le roman s'achève sur une rapide évocation de la grande grève des chemins de fer de 1877 et de la Commune impulsée à Saint Louis par les socialistes.
Un roman d'aventure et d'action, avec, ce qui ne gâte rien, un fond social d'autant plus intéressant qu'il est peu connu ici, rappelant les débuts du mouvement ouvrier américain.
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Plusieurs années après la guerre de sécession , Pantera le mexicain et Molly l'irlandaise partent en Pennsylvanie ou il y a des problèmes de grèves dans les mines de charbon .Guerre des clans entre les propriétaires et les grévistes irlandais qui vivent dans la misère .
Mais Pantera est aussi un tueur à gages et transporte avec lui son " grigri" ...
La violence est partout et aussi le charbon qui détruit hommes et animaux .

*****************
Roman assez inclassable , western politique sur la lutte sociale des classes , avec un personnage hors du commun , genre de sorcier tueur , mais malgré tout très attachant .
L'industrialisation est à son apogée , les migrants se battent entre eux pour survivre et les patrons profitent de la situation .
Roman passionnant et efficace , même si avec le nombre impressionnant de personnages , on s'y perd parfois .

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Western, intrigue, avec une pointe de surnaturel.

Que des éléments qui m'ont plu, du début à la fin de cette lecture.

Le premier d'un longue série des romans de V.Evangelisti que j'ai dévoré, et jamais déçu.
(plus d'avis sur PP)
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
- C'est quoi le communisme ? Les journaux en parlent de temps en temps.
- C'est un truc français et allemand, répondit Bob avec assurance, tandis que les deux jeunes plongeaient leur nez dans la bière. Slave aussi. Des gens qui veulent tout mettre en commun, y compris les femmes. Ils sont nombreux à l'Est, d'après ce que j'ai compris. Dans le Colorado, on en a jamais vu.
Un des cowboys acquiesça.
- Ni même ici, dans le Kansas. Même si l'idée de mettre les femmes en commun est plutôt intéressante.
La patronne revint à ce moment-là avec quelques billets à la main.
- Tais-toi cochon.
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Les vigilantes déclaraient se battre pour rétablir l'ordre et la loi. Ils maquillaient donc leurs comportements derrière une hypocrisie intolérable. En cela, pensa Pantera, les Américains qui détenaient le pouvoir étaient des maîtres.

Ils étaient diaboliquement doués pour affubler leurs abus de pouvoir de nobles motivations, même lorsque leur véritable but ne recelait qu'une infime parcelle de morale. Les Mexicains en savaient quelque chose, tout comme les Peaux-Rouges ou les pauvres légalistes anglais condamnés, longtemps auparavant, à une terrible agonie après avoir été recouverts de goudron et de plumes afin que leur pores ne puissent plus respirer.
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- Cinq minutes me suffiront. Je veux vous faire un cadeau. Parce que vous me plaisez.
- Ce n'est pas le moment. Je ne suis pas excité.
- Attendez pour juger. [...]
Sa main était chaude et avait trouvé le bon rythme. Elle avait les ongles longs et sales, et elle le griffa un peu. [...]
- Mon Dieu ! Tu en as fait un paquet ! Ça doit faire longtemps que tu n'as pas été avec une femme !
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- Viens. Je vais te prendre dans ma bouche. C'est ce que je fais le mieux. Les hommes du coin aiment beaucoup ça.
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Le train traversait une lande brûlée et grisâtre. Pantera interrompit sa contemplation du paysage. Il lança un coup d’œil à Molly, assise en face de lui. Elle dormait la bouche ouverte, sa tête encadrée de longs cheveux roux dodelinant sur le côté.

Lorsqu’elle s’abandonnait ainsi, son visage terne et recouvert de taches de rousseur paraissait presque beau. Aucune femme bien élevée n’aurait laissé ainsi ses cheveux défaits. Mais bien plus qu’un rappel de son passé de prostituée, cette coiffure indiquait que leur voyage n’avait pas été de tout repos.
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