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3,99

sur 1782 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ouvrage majeur du prix Nobel de littérature 1949 (il figure à la 6ème place dans la liste des cent meilleurs romans de langue anglaise du XXème siècle établie par la Modern Library en 1998), le Bruit et la Fureur n'est pas d'un abord facile. L'auteur construit son roman de façon alambiquée. Découpage chronologique bouleversé, ellipses, confusion des prénoms multiples, usage de pronoms sans antécédent, flashbacks ne rendent pas la lecture aisée. le drame se déroule dans le Mississippi des années 20. La première partie livre les réflexions et sensations d'un attardé mental. La deuxième partie raconte la dernière promenade d'un candidat au suicide. La troisième partie distille les réflexions haineuses d'un oncle envers sa nièce et enfin la quatrième partie met en scène la fuite de celle-ci après avoir volé l'oncle médisant. Mon tout, c'est l'histoire d'une famille profondément meurtrie et tourmentée par l'inconduite de la fille, le suicide du frère, la haine de l'oncle, frère du suicidé, pour la fille de sa soeur et enfin le handicap mental du quatrième enfant, et dans laquelle, comme un juste retour des choses dans ce monde ségrégationniste et en pleine dégénérescence économique, seuls les serviteurs noirs paraissent échapper à ce qui ressemble à une malédiction.
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Le moins que l'on puisse dire est que le Bruit et la fureur n'est pas un roman facile d'accès. Il se fait désirer, et c'est quand l'on croit que l'on n'en viendra pas à bout que le génie de Faulkner s'abat sur vous, vous serre dans ses bras pour vous envoyer valser.

On a d'abord l'impression que l'auteur américain entend nous mener en bateau car on ne comprend goutte au charabia de Benji, l'enfant attardé des Compson. Les phrases sont décousues, les années s'intercalent sans se présenter, les personnages aussi et ils sont nombreux. Pour couronner le tout, plusieurs d'entre eux portent le même prénom : Jason père et fils, Quentin oncle et nièce (quelle drôle d'idée !), Maury oncle et neveu.

Ce phénomène s'améliore dans les chapitres suivants lorsque Quentin est le narrateur, puis lorsque nous sommes amenés à suivre l'esprit haineux de Jason, frère de Quentin. Ça s'améliore, sans cesser toutefois d'être un peu confus. Et pour cause, Faulker a choisit d'écrire son roman en "monologues de la pensée", avec des associations d'idées. Si je trouve que ce choix a du sens, je me suis toutefois souvent sentie perdue. D'ailleurs, en refermant le livre, j'ai la sensation d'avoir loupé certaines choses.

Mais peu importe car ce livre m'a tout de même chamboulée. Les émotions affleurent partout. J'ai été ballottée entre la douceur mélancolique de Quentin, l'effronterie douloureuse et pétillante de Caddy puis de sa fille Quentin, la chaleur de Dilsey la domestique noire des Compson, la cruauté de Jason fils, la faiblesse de Mme Compson, l'affection et l'intelligence du coeur de Benji. Les personnages sont majestueux et attachants, quant bien même leur histoire personnelle nous reste elliptique.

Je comprends pourquoi le Bruit et la fureur est un classique de la littérature. Certes il faut être patient, avoir l'esprit et le coeur bien ouverts et disponibles, mais quelle joie d'y parvenir ! Je ne peux que vous inciter à tenter vous aussi l'aventure et à persévérer au-delà des premières pages de ce roman, qui vous mènera au coeur de l'Amérique du Sud des années 20. Vous m'en direz des nouvelles !
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Difficile de mettre un avis sur ce livre, car on passe par de nombreux sentiments :
-au début, l'incompréhension ...tout se mélange, beaucoup de personnages avec des prénoms communs, des dialogues mixés avec des pensées intérieures et des narrations..
(j'avoue avoir fait ce que je ne fais jamais, lire un résumé et j'ai compris pourquoi ce bazar intérieur chez ce 1er protagoniste)
Je me suis accrochée
- puis, un vrai plaisir de lire, l'écriture est riche, poussée, travaillée tout comme ses personnages.

L'histoire est tout aussi intéressante, celle d'une famille de blancs sudistes qui n'arrive à vivre avec leur temps et voit leur famille périclitée.

Je comprends l'engouement pour l'audace d'écriture et son talent également mais que fut difficile cette lecture...
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N'eût été de la préface du traducteur, j'aurais abandonné dès la première partie du roman si ce n'est dès les premières pages.
« C'est une histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, qui ne signifie rien. » Cette citation tirée d'une oeuvre de Shakespeare donne son titre au roman. Un récit débutant de façon décousue, monologue intérieur d'un simple d'esprit, Benjy, au matin du 7 avril 1928 : c'est du charabia, c'est à n'y rien comprendre. Même cette préface bénie ne peut venir à mon secours. Mais la persévérance finit par payer et ce début confus prend tout son sens au fur et à mesure des pages qui défilent, jusqu'à la toute fin qui offre encore d'autres perspectives de compréhension.
William Faulkner n'écrit pas des histoires faciles et tout comme, Erskine Caldwell ou John Steinbeck, ses récits regorgent de noirceur, de misère humaine et d'accablement. Publié en 1929, le roman reflète bien son époque. L'action se situe dans l'État du Mississippi, où vit la famille Compson, jadis aisée, Jason et Caroline, leurs enfants, Quentin, Candace (Caddy), Jason et Benjamin (Benjy), entourés de leurs domestiques, une famille de noirs dont Dilsey, l'aïeule, est la figure emblématique. Racisme, ségrégation raciale, dépravation des moeurs, superstitions, avarice, tout y est évoqué par ellipses. Déroutant et exigeant, ce roman laisse une impression de lourdeur et de désespoir. Une lecture légère s'impose donc après immersion dans un tel univers.
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Plus qu'un livre, qu'une histoire c'est une oeuvre musicale avec ses tempos lents rapides moyens....une visite intérieure des narrateurs
A relire
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Au début du récit j'ai un peu eu l'impression de me trouver dans un labyrinthe où je devais trouver le chemin , avec de fréquents retours en arrière , de pas sur le côté , ou en train de construire un puzzle ,à la recherche des pièces manquantes … le chemin s'éclaircit, peu à peu ,sans toutefois en connaître toutes les pistes ! J'ai aimé cette description de la folie ,ce qui ne me semble pas aisé pour un bien portant (Faulkner l'était-il ? ) ! la description du vieux Sud des Etats -Unis , sa décadence ,ce Sud qui n'oublie pas pour autant ses heures de gloire . J'ai aimé la description de la nature présente à tout instant et son interaction avec les émotions des personnages . J'ai aimé les portraits de cette famille si complexe qui doit lutter avec son passé ,son présent si lourd ,les portraits des domestiques noirs qui l'observent ,la jugent ,celui de Dilsey qui participe à sa vie et en est l'élément le plus solide et plein de compassion.
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Avec mon envie de découvrir des auteurs emblématiques, je suis partie un peu la fleur au fusil pour lire le bruit et la fureur de William Faulkner, auteur américain emblématique de la première moitié du XXe dont c'est ici le quatrième roman.

Publié en 1929, ce roman n'est pas d'un abord facile. Divisé en quatre parties, Faulkner y utilise notamment la technique du "courant de conscience" où l'on suit les vagabondages de l'esprit avec un enchevêtrement de flashbacks, de digressions, d'errances, de flashforwards et de pièges qui perturbent grandement le lecteur. Ainsi j'ai eu beaucoup de mal à me retrouver dans l'histoire de cette famille du Sud profond dont on suit la vie tragique lors de quatre dates clés :

Le 7 avril 1928 dans la première partie où l'un des fils de la famille, Benjy Compson (un attardé mental) est le narrateur ;
Le 2 juin 1910 dans la deuxième partie où l'on suit cette fois un autre fils : Quentin Compson, étudiant d'Harvard qui a de drôle de pensées concernant sa soeur ;
Le 6 avril 1928 dans la troisième partie où l'on découvre le dernier frère : Jason Compson, qui est détestable ;
et enfin le 8 avril 1928 dans la quatrième et dernière partie centrée sur le personnage de Dilsey, la domestique noire de la famille.

Dans le Bruit et la Fureur, Faulkner a voulu faire un récit du désordre de l'esprit, du bruit et de la fureur des âmes tourmentées. Ce fut complètement le cas de ma lecture. J'ai découvert péniblement au fil des pages la structure de cette famille que je suivais, ainsi que la personnalité tourmentée de ses membres. Je dis péniblement car malgré une plume très abordable, la structure narrative alambiquée a fait qu'il fallait vraiment s'accrocher pour relier tous les éléments entre eux et en faire un tout cohérent et compréhensible. Par exemple, dans la première partie où Benjy est la voix que l'on suit, la narration fait que la lecture est aussi perturbée que peut l'être l'esprit du narrateur. Dans la deuxième qui se passe 18 ans plus tôt, j'ai eu du mal à comprendre qui était ce Quentin homme que l'on me présentait alors qu'on m'avait parlé d'une Quentin femme dans la première partie... Seules les deux dernières parties, qui avaient une narration plus classique, ont été plus simples à suivre et à comprendre. Il m'a donc fallu m'accrocher.

Cependant, j'ai vraiment aimé cette lecture. le cadre très âpre imaginé par Faulkner est excellent. La tension dramatique est omniprésente. le portrait de l'Amérique profonde est saisissant. On y retrouve le destin d'une famille lambda qui subit les chaos de la vie, entre un père alcoolique, une mère un brin hypocondriaque et fragile mentalement, un fil handicapé, une fille un peu trop libérée pour l'époque, un fils aîné fragile et perturbé qui a tout de l'artiste maudit et qui aime un peu trop sa soeur, et enfin le benjamin qui devient terriblement cynique et sadique après tout ça. C'est une famille qui n'est pas facile à aimer au premier abord et que pourtant on se découvre peu à peu à plaindre. J'ai beaucoup aimé la soeur, Caddy, qui est en avance sur son temps. J'ai trouvé la mère bien plus forte que son portrait ne veut nous le faire croire. J'ai été extrêmement touchée par Benjy, ce jeune handicapé qui n'arrive pas à s'exprimer et ne peut que crier face à toute la détresse qu'il vit. Même les deux autres frères qui ont des traits assez détestables ont fini pour m'émouvoir à un moment où un autre tant ils sont coincés dans cette vie pourrie qu'ils subissent.

Faulkner fut aussi doué pour nous dépeindre cette famille que le cadre dans lequel ils vivent. Son portrait des États du sud est assez fidèle à l'image que je m'en fais, même s'il place son histoire dans la région imaginaire de Yoknapatawpha. Il présente bien les changements qui se sont produits à vitesse grand V entre la fin de la Guerre de Sécession et la fin des années 1920. Je l'ai aussi trouvé assez en avance sur son temps dans sa façon de parler de la population noire même si bien sûr on ne peut éviter certains écueil dus au fait que c'est un homme blanc du début XXe. J'ai beaucoup aimé son personnage de domestique noire (Dilsey) qui est au coeur de la dernière partie où elle montre tout son dévouement pour cette famille dysfonctionnelle.

Le bruit et la fureur fut donc une lecture difficile lors de laquelle j'ai dû m'accrocher pour suivre et comprendre, mais cette exigence fut récompensée par le plaisir que j'ai pris dans le portrait fait de cette famille si âpre et tourmentée par la vie. C'est un roman marquant aussi bien dans sa forme que dans son propos. Je suis ravie d'avoir découvert l'écriture de Faulkner avec lui et j'ai très envie de voir le film de Martin Ritt qui l'a porté à l'écran en 1959 avec Yul Brynner, Joanne Woodward, Margaret Leighton, Jack Warden ou encore Françoise Rosay.
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Il faut bien tenir la lecture et rester concentré !
Surtout pour moi qui ai un souci de concentration,
et là ce roman, c'est du lourd, mais dans les 2 sens grande littérature, mais complexe. le 1er chapitre est assez difficile à lire la fin plus agréable.
J'ai tenté ce classique plus par défi, curiosité, mais aussi parce qu'il fait parti de : "les 100 meilleurs livres de tous les temps selon le Cercle norvégien du livre" néanmoins, je ne pense pas avoir assez de maturité littéraire pour l'avoir bien saisi.
Peut-être le relirais-je plus tard.
Je mettrai dans le même genre niveau complexité : "Au-dessous du volcan" de Malcolm Lowry.
Absalon ! Absalon ! de William Faulkner est-il aussi difficile à lire?
Je recommande cette histoire pour les lecteurs aguerris.
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Il faut parfois s'accrocher, surtout au début lorsque Benjy fait son monologue. Mais grâce à l'écriture de Faulkner, on n'a pas besoin de tout comprendre, on perçoit les choses. Des personnages révoltés, en guerre perpétuelle les uns contre les autres - sauf peut-être Dilsey, la gouvernante qui n'est qu'amour. Une famille se déchire, se hait et s'adore sur plusieurs générations. Cassy est un beau personnage, trop effleuré peut-être, de jeune fille intrépide, Benjy est finalement très lumineux quand on comprend son mode de pensée. Et Quentin (le frère) est remarquable dans sa détestation du monde et de son hypocrisie qui l'empêche de posséder celle qu'il aime.
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Vous connaissez les baïnes, ces petites mers résiduelles des côtes landaises où des courants vous emportent traitreusement vers le large. Une fois pris, le mieux est de se laisser porter sans chercher à s'opposer au courant qui vous ramènera vers le rivage quelques centaines de mètres plus loin. Certes un peu secoué, mais vivant. Je fais de même avec Faulkner. Je me laisse dériver et imprégner des mots, sans chercher à résister au flux du texte en tentant de rationaliser le récit. L'essentiel n'est pas de comprendre mais de ressentir. Et laisser libre cours aux émotions et sensations provoquées. Je le trouve ainsi infiniment plus lisible et passionnant qu'un Joyce ou un Musil. Et l'on découvre alors un univers unique, brut, presque animal, loin de tout ce qui a été écrit ailleurs. Ce roman-ci est un drame familial façon Mauriac, mais un Mauriac bien imbibé de bourbon, qui aurait sniffé un rail de coke, tant le récit est déstructuré (la première partie est exceptionnelle). le procédé pourrait paraitre artificiel s'il n'était au service de cette atmosphère glauque et sauvage (les personnages ont tous une tare plus ou moins marquée) telle que l'a voulue Faulkner. A découvrir, équipé d'une bouée de sauvetage pour être sûr de ne pas s'y noyer.
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