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3,99

sur 1771 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Voici un livre très difficile à lire, surtout au début. J'ai fait l'expérience de le lire absolument sans aucun indice, de me perdre, de chercher, de retrouver ma route, de lutter (comme les personnages) mais, très sincèrement, on lâche prise et le livre nous tombe souvent des mains.

C'est vraiment parce que je sentais quelque chose derrière et que j'avais vraiment envie d'aller au bout que je me suis accrochée comme une diablesse en mal de vice, mais quelle lutte ! On peut dire que Faulkner n'a pas eu peur de noyer 90 % de ses lecteurs (pour ne pas dire 99 %) avec une telle entrée en matière !

A priori, c'est dommage car cette oeuvre a des tonnes de mérites, et a en son coeur une indéniable qualité, mais je comprends qu'on puisse ne pas avoir envie de se battre avec sa lecture comme ce fut le cas pour moi. Dommage car le scénario est excellent, dommage car les personnages sont très travaillés.

Je comprends aussi les tenants d'une telle version, avec toute sa complexité, avec l'effort qu'elle requiert, où toutes les pistes sont brouillées, où l'auteur cherche à nous faire vivre de l'intérieur la confusion de ses personnages.

Pourtant, je vais me faire l'avocate du diable en prétendant que Faulkner avait largement les moyens d'écrire un livre accessible en faisant ressentir avec la même force, voire plus encore de force, ce qu'il a voulu exprimer en mélangeant toutes les pièces du puzzle.

Encore une fois dommage car l'oeuvre est tellement intriquée, mélangée, inaccessible que beaucoup de ceux qui l'ont lue en entier sont d'abord passés par la préface qui dévoile toutes les clefs. À quoi bon faire une oeuvre tellement compliquée où l'on est censé lever peu à peu des morceaux du voile, si pour pouvoir la lire correctement on est obligé de lire un mode d'emploi qui donne toutes les réponses ?

C'est un livre tellement abscons à certains moments qu'on gagne à le lire une deuxième fois juste dans la foulée, et lors de cette deuxième lecture on savoure plus, car, alors seulement, les magouilles formelles de Faulkner ne nous embrouillent plus et l'on s'attache à donner plus de sens à ce qu'on lit.

D'aucuns diront, " c'est précisément ce qu'il voulait ". Sans doute, mais un livre parle s'il est lu et non s'il est abandonné en cours de lecture et que sa voix reste coincée entre les pages qu'on a pas eu le courage de tourner.

Si vous voulez tenter l'expérience de découvrir le texte sans le moindre indice, arrêtez de lire maintenant mon commentaire.

Pour les autres, voici de quoi s'y retrouver (un peu) :

Voilà j'espère ne rien avoir dévoilé du scénario mais tout de même avoir aidé ceux qui le désirent à s'y retrouver dans l'imbroglio du départ, notamment quant aux identités de chacun. Seules les deux premières parties sont très décousues, le reste est de facture plus classique et le plaisir va crescendo. Mais tout ceci, une fois encore, n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Difficile de parler de ce livre auquel je n'ai strictement rien compris pendant plusieurs dizaines de pages et qui m'a peu intéressée quand l'écriture est devenue plus claire. Alors, je vais plutôt évoquer cette expérience que l'ouvrage.

Je n'avais pas lu trois pages que, lassée de ne rien saisir, je revenais sur la préface. le livre raconte bien une histoire, mais le premier chapitre est constitué du monologue intérieur d'un idiot.
Bien ! Forte de ce nouveau savoir, j'ai recommencé le premier chapitre. Pas plus clair.
J'ai lu au moins trois fois la préface (ainsi que l'article de Wikipédia) avant de terminer le premier chapitre.

Le deuxième narrateur, étudiant à Harvard, divague tout autant que son frère idiot. Et là, j'ai pris une décision parce que je ne voulais pas abandonner le livre. J'ai donc survolé de grands extraits, souvent incompréhensibles, et lu attentivement les passages plus intelligibles.

Vous qui passez par là et qui êtes un simple lecteur, si vous avez aimé ce livre, pourriez-vous me dire à côté de quoi je suis passée ?
Parce que :
Plaisir : aucun
Prise de tête : 100 %
Est-ce que j'ai appris quelque chose ? Rien de rien
Est-ce que c'est un chef-d'oeuvre ? Un exploit littéraire, sans aucun doute, mais réservé à une certaine élite ?

Ou alors :
Peut-être que cette oeuvre n'est pas à lire, du moins pas comme on l'entend, pas dans l'ordre voulu par l'auteur, au moins pas tout de suite, commencer par la fin, ou par le milieu, grappiller quelques pages, abandonner la lecture, puis y revenir. le relire et le relire encore.

Bref, un livre qui m'a laissée dans le brouillard mais que je relirai sans doute, pour me faire une deuxième idée.

Lien : https://dequoilire.com/le-br..
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« C'est une histoire, contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, qui ne signifie rien » : extrait de Macbeth de William Shakespeare, dont William Faulkner s'est inspiré pour son titre.

Qui est « l'idiot » ? Sans doute, le narrateur de la première partie, Benjy, autrefois appelé Maury comme son oncle, mais dont on changea le nom, car ce n'était pas faire honneur à l'oncle d'appeler comme lui son neveu, déficient mental, accusé d'une tentative de viol, et condamné à la castration. Peut-être également le narrateur de la deuxième partie, son frère, Quentin, qui se suicide alors qu'il est étudiant à Harvard parce qu'il est amoureux de sa soeur, Caddy, et que la situation est inextricable. Peut-être enfin le narrateur de la troisième partie, Jason, le troisième frère, sacrifié pour la réussite de Quentin et par l'attention nécessitée par Benjy, qui en devient aigri et détestable.

Quel est « le bruit » ? Peut-être celui des gémissements permanents de Benjy qui aimerait retrouver sa soeur, Caddy. Peut-être celui de la montre de Quentin, dont le temps est compté et qui ne peut penser qu'à sa soeur Caddy. Peut-être celui des maux de tête de Jason qui ne peut oublier les reproches qu'il fait à Caddy.

Quelle est « la fureur » ? Peut-être celle de Caroline, la grand-mère, issue d'une vieille famille et qui se plaint de tout, tout le temps. Peut-être celle de Caddy, abandonnée enceinte, abandonnée par son mari, abandonnée par son frère préféré. Peut-être enfin celle de Quentin, la nièce qui s'appelle comme son oncle, à qui Jason fait payer tous les malheurs du monde.

Que veut dire « qui ne signifie rien » ? C'est une histoire du sud des Etats-Unis qui se déroule en 1928, en revenant sur des épisodes du début du siècle, dans laquelle une famille se déchire, avec un thème récurrent de sexe et de mort. Il n'y a pas de morale et les personnages sont antipathiques à l'exception de Dilsey, la vieille servante noire, dont le portrait apporte un peu de lumière dans cette folie et cette haine.

J'ai abordé ce roman dans le cadre d'une lecture commune et je voudrais remercier mes compagnons pour plusieurs raisons.

Sans vous, je serais restée au bord de la route, car il faut bien l'avouer, je crois que c'est la lecture la plus exigeante que j'ai entrepris dans les dernières années.

Sans vous, j'aurais sans doute arrêté à mi-parcours, en raison des ellipses, des absences de ponctuation, des failles spatio-temporelles si déstabilisantes.

Sans vous, je n'aurais pas découvert ce livre considéré comme la base des changements de points de vue narratifs en rupture avec le roman du XIXe siècle.

Pour finir et donner le ton à ceux qui voudraient découvrir ce roman, voici ce qu'indique Maurice Edgar Coindreau, le premier traducteur de William Faulkner en France, dans la préface : « La composition de The Sound and the Fury suffirait, à elle seule, à décourager le lecteur paresseux. Et cependant, ce n'est pas la plus grande des difficultés ».

A vous maintenant de vous faire votre propre avis !
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De plus en plus fatigant de lire des romans. Ça faisait longtemps. Je n'ai plus le coeur assez bien accroché. Il me faut une préparation plus solide. Plus grand-chose ne passe excepté Buko. Et quelques autres.


Je m'incline révérencieusement devant l'heureux Maurice Edgar Coindreau, préfacier du roman, qui eut la chance de saisit la beauté, l'originalité et la démesure de ce livre, et qui nous assure qu'il s'agit de l'oeuvre d'un maître tel qu'on n'en croise plus guère – une oeuvre qui ne propose pas d'idées mais qui laisse couler des sensations dans l'écriture.


Alors, des sensations, j'en ai bien perçu quelques-unes dans des phrases étranges dotées d'une force occulte peu commune.


« L'arbre à fleurs, près de la fenêtre du salon, n'était pas noir, mais les arbres épais l'étaient. L'herbe bourdonnait dans le clair de lune où mon ombre marchait sur l'herbe. »


« je m'arrêtai
que me veux-tu
dans les bois les petites grenouilles chantaient sentant la pluie dans l'air on eût dit des petites boîtes à musique dures à tourner et le chèvrefeuille»


Le récit quant à lui m'a échappé. Sa logique, sans doute dissimulée derrière d'épais velours de poésie, d'images et de sensations, s'est faufilée sans trouver son chemin dans mon esprit distrait et volage.


Encore un roman de perdu.
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Diantre ! Quel mal j'ai eu à lire ce livre ! Qualifié de chef-d'oeuvre. DU chef-d'oeuvre de William Faulkner.

L'auteur dont j'ai tant aimé 'Tandis que j'agonise' que j'ai trouvé cocasse, frais et à la fois dur et éprouvant, si bien écrit que la traduction ne s'en ressentait pas.

Alors ici, immersion en apnée, sans lire la préface. C'était évident, j'allais adorer. Et bien, je n'ai rien compris. Strictement rien. Avec cette chronologie qui s'entremêle, ces personnages aux noms identiques, ces phrases qui parlent du présent et du ressenti en même temps. Je me suis alors plongée dans la préface. Quelle complexité !

Pour revenir au texte ... mais le charme était rompu... Je ne lisais plus pour le plaisir, mais pour parvenir au bout. Au bout de ce qui m'apparaissait comme une épreuve, dénuée de logique, et qui, en fin de course, n'a pas rassasié ma soif de lecteur.

Intéressant certes comme oeuvre littéraire. Plus certainement pas.
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Le bruit et la fureur ... Beaucoup de bruit pour rien ?
La topique de la fureur est largement traitée dans le nouveau roman de Faulkner, à la manière d'une tragédie grecque ou d'une tragédie shakespearienne. le père est alcoolique, la mère est toujours malade, les deux sont un peu dégénérés ; ils ne semblent jamais sortir de chez eux et les enfants ... sont les enfants de leurs parents. Ils font beaucoup de bruit et ils sont en colère, surtout Benjy dès qu'il se met à crier. de plus, ils suscitent beaucoup de bruits autour d'eux, des rumeurs, de tout le voisinage. Tout le monde se demande quelle malédiction plane sur eux. La mère est persuadée qu'elle subit un châtiment de Dieu. le destin est le destin ... et la fatalité s'abat sur eux. Certains meurent, d'autres survivent comme ils peuvent et la fin du roman ne parle même pas de leur fin à tous. Non, on ne peut que se l'imaginer à partir des derniers évènements relatés.
Chacun peine à trouver sa place au sein de la fratrie mais tous les fils ont pour centre de gravité leur soeur, leur unique soeur : Caddy.
Faulkner fait d'une scène le centre du roman comme il le dit dans sa première préface : cette scène où Caddy monte à l'arbre pour assister depuis son point de vue à l'enterrement de la grand-mère. Ses frères ne verront de la scène que la culotte boueuse de leur soeur. Faulkner, pourtant, n'offre aucun chapitre à Caddy, ou il les offre tous. En effet, tout commence avec Benjy, obsédé par Caddy, par son odeur d'arbre, l'odeur de Caddy, qui l'aime malgré tout, alors que tous les autres, surtout sa mère, ne voient en lui que l'idiot de la famille. Tout continue avec Quentin, tout aussi obsédé par sa petite soeur et par son odeur de chèvrefeuille. Il s'ébat avec son fantasme. Et puis c'est la voix de Jason qu'on entend, obsédé par Quentin au féminin qu'il considère de la même manière qu'il considère sa mère, comme une putain. Et tout se termine avec la voix de la bonne, Delsey, alors qu'on s'attend à trouver la voix de Caddy, ce qui donnerait la parole aux quatre enfants. La structure d'ensemble du roman fait déjà qu'on s'interroge sur le personnage de Caddy, et sur le personnage de Delsey aussi. Parce que ce chapitre apparait comme une anomalie. Mais le fait est que c'est la voix de Delsey qui clôt le roman, elle qui aura élevé les enfants aux parents distants. Comme si Delsey se devait de porter cette responsabilité familiale, elle qui n'en peut mais. En même temps, Delsey est tellement débordée qu'elle-même confie souvent Benjy à Lester, qui maltraite parfois Benjy. Et ce n'est pas Lester, l'insouciant, qui portera cette responsabilité.

Faulkner ne facilite pas la lecture car il efface les barrières logiques traditionnelles entre les personnages pour les rapprocher -il n'est sans doute pas anodin que Caddy appelle sa fille comme son frère, par exemple- et en même temps il les sépare d'autant plus sévèrement (rupture entre Quentin et sa soeur, rupture entre Maury et Maury surnommé Benjy comme si son handicap était une offense faite à son oncle), au final ça nourrit toute une thématique familiale où chacun n'est plus ce qu'il était, où l'identité est bafouée au bénéfice des lois familiales, et la famille est éclatée avec toutes ses identités qui peinent à se démarquer. Jason se prend même pour Jason dans le chapitre qui lui est consacré, c'est pour dire ! Et pour pimenter le tout, Benjy, dans le premier chapitre, semble confondre, dans son esprit, certains personnages (si je ne me trompe ?) ce qui jette d'autant plus la confusion dans l'esprit du lecteur, ce qui déstabilise d'emblée, ce qui engendre un réel inconfort de lecture, mais cela, en même temps, entretient la curiosité du lecteur. Un inconfort de lecture déjà ressenti pour ma part, la première fois, avec la Jalousie de Robbe-Grillet. Un sentiment que je redécouvre ici.

Ceci est donc un roman qui réinvente le roman à lire pour tous ceux qui aiment le nouveau roman. Pour ma part, je ne me réconcilierai jamais tout à fait avec le nouveau roman. Mais il paraît qu'il ne faut jamais dire jamais ?
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Une prouesse d'écriture, un chef d'oeuvre … sans doute puisque tout le monde le dit. En ce qui me concerne, heureusement que j'avais lu la préface en introduction de l'édition Folio. Parce que la prouesse d'écriture semble être de perdre le lecteur: la première partie est racontée par un idiot de 33 ans dépourvu de repère logique et de notion du temps, plusieurs personnages ont le même prénom, et les époques et générations se mélangent. Et la deuxième partie est de la même veine. J'ai donc renoncé à tout comprendre pour me laisser porter par mes impressions avec ma préface comme seul guide. Est-ce ce qu'il fallait faire ? Je n'en sais rien. J'ai bien senti une ambiance alternant enfantillages, cris de Benjy, tensions, obsessions, drames, jalousie, et divagations diverses, sans doute le bruit et la fureur du titre, mais n'ai guère réussi à m'extirper de ces phrases mouvantes. Heureusement, à partir de la troisième partie le texte devient plus compréhensible et l'histoire se dévoile. Reste que la première moitié du livre m'a un peu brouillé avec le grand Faulkner. Il faudrait relire le début mais je n'en ai guère envie. Ce style, qui me rappelle mes tentatives de lire Joyce, trop intellectuel et si peu convivial n'est tout simplement pas fait pour moi.
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Voici un livre bien difficile à lire. Pour être honnête, je n'ai rien compris aux deux premières parties (il n'y en a que quatre) et j'ai du m'aider du résumé sur Wikipédia pour comprendre quelque chose à l'ensemble.
J'ai donc eu le même ressenti qu'avec Ulysse de Joyce, celui de lire un roman fait pour des lecteurs plus aboutis, intelligents et analytiques que moi. Certainement un grand roman, puisque de grands littéraires le pensent, mais je ne suis pas à la hauteur.
Heureusement, le Bruit et la Fureur est plus court qu'Ulysse et j'ai pu me forcer à aller au bout, et même à lire l'appendice. Peut-être faudrait il lire celui là avant le roman, pour avoir les clefs. Dans cet appendice de 20 pages, Faulkner dresse le portrait de ses personnages et et de leurs origines. On comprend alors la lourdeur du Sud et l'on mesure mieux ce que cachent les trois monologues des trois premières parties. Peut-être me faudrait il reprendre le livre depuis le début, maintenant que j'ai le trousseau de clefs, mais, ça sera pour une autre fois...
Le Bruit et la Fureur, c'est l'histoire de la déchéance d'une famille blanche, qui fut riche le temps d'une génération. A travers quatre personnages, dont trois sont narrateurs des trois premières parties, on plonge dans leurs obsessions et leurs ressentis, sans que les événements soient réellement centraux.
En conclusion, un roman rendu très difficile à lire et à comprendre par sa structure, un roman que j'aurais détesté sans son appendice, et que je trouverai peut-être extrêmement puissant si je le relis!
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« La vie n'est qu'une ombre errante ; un pauvre acteur
Qui se pavane et s'agite une heure sur la scène
Et qu'ensuite on n'entend plus ; c'est une histoire
Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien. »

Le titre du roman de William Faulkner s'inspire de cette tirade de MacBeth. le premier narrateur de ce roman est en effet un idiot, comme on disait alors. Faire un résumé de ce livre est très complexe. L'auteur propose un roman déconstruit : quatre chapitres avec quatre narrateurs différents, des flash-backs, des styles narratifs différents, des variations typographiques. Tout est là pour perdre le lecteur, les monologues intérieurs s'enchaînent, des personnages partagent le même prénom.

L'histoire se déroule dans le sud des États-Unis dans les années 1920. L'auteur nous présente la famille Compson : le père Jason, la mère Caroline et les enfants, Quentin, Candace (dite Caddy), Jason et Maury. Maury est attardé mental. Il porte le même nom que son oncle, le frère de Caroline. Pour ne pas porter préjudice à son oncle, on le surnomme Benjamin (ou Ben ou Benjy). le personnage principal du roman n'est aucun des quatre narrateurs successifs. La discrète Candace porte sur ses épaules la chute de sa famille. La jeune fille tombe enceinte d'un amant de passage. Pour arranger la situation, on lui trouve un mari. Ce mariage va être à l'origine de nombreux drames au sein de la famille Compson.


Benjamin est le narrateur de la première partie, la plus difficile d'accès. Il faut donc s'accrocher pour poursuivre la lecture. le lecteur est invité à suivre ses pensées confuses qui s'enchaînent par associations d'idées et de sensations. Dans cette partie nébuleuse, les thèmes du roman apparaissent déjà : l'ivrognerie du père, la violence de Jason, le pouvoir d'attraction de Caddy.

La deuxième partie a pour narrateur Quentin, le frère de Benjamin et Candace. le lecteur est plongé dans le monologue intérieur de ce personnage intrigant, extrêmement jaloux et brisé par l'obsession et l'amour incestueux à l'égard de sa soeur Caddy. Dans cette partie, c'est l'absence de ponctuation qui trouble le lecteur, tout en reflétant parfaitement le mal-être et la confusion du personnage.

Jason, le troisième frère, est le narrateur de la troisième partie. C'est un personnage imbuvable. Il est devenu le chef de famille à la mort du père et traite tout le monde avec mépris, en particulier sa nièce, Quentin, fille de Caddy. C'est également dans cette partie que l'on apprend davantage à connaître les domestiques de la famille Compson : Disley, Roskus, Frony, T.P., Versh et Luster. Ils sont les témoins de la chute de la famille. Ils permettent de maintenir le peu de stabilité qui reste.

Dans la dernière partie, l'auteur reprend la parole. Il n'y a plus de narrateur interne. Jason se lance à la poursuite de Quentin (sa nièce) qui lui a volé son argent.



L'édition française comporte une préface qui présente l'intrigue et les différents narrateurs. Je ne l'ai pas lu avant de me lancer dans le roman, mais je pense que cette lecture aurait pu s'avérer utile pour entrer plus rapidement dans l'intrigue. J'ai accepté très vite le fait d'être perdue par l'auteur. On comprend que cela fait partie de son talent et donne toute sa force à cette oeuvre. Malgré la complexité de l'écriture, on est séduit par le rythme tourmenté et oppressant et par un style puissant et dense, qui s'adapte aux caractères et aux monologues intérieurs de chaque personnage.

Ce roman est un véritable puzzle d'une grande complexité. Il faut pourtant s'accrocher, car l'intrigue vaut le coup, et qu'au détour de passages flous, on est saisi par la beauté et la maîtrise du style de Faulkner.
Lien : https://cafeantidote.wordpre..
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Je viens de finir ce "monument" de Faulkner au titre très attractif, et il m'aura fallu pas moins d'un mois pour en venir à bout, ce qui en ce qui me concerne, est en général très mauvais signe... J'ai dû m'arrêter à plusieurs reprises, éviter de lire juste avant le coucher (car le style de Faulkner me faisait l'effet d'un somnifère), faire abstraction de certains passages dont je ne garde aucun souvenir... J'ajouterai que je n'ai de base aucun attrait pour les énigmes et les devinettes, et par conséquent cette lecture a été pour moi une véritable épreuve.


Je garde une impression très mitigée de ce livre qui s'apparente pour moi à une oeuvre d'art contemporain, inaccessible et incompréhensible sans le carton explicatif, voire sans la lecture d'une thèse de recherche ayant pour ambition de la décortiquer et de mettre de la clarté là où il n'y a que chaos. C'est d'ailleurs la raison d'être de la préface de ce livre qui est en réalité un mode d'emploi pour appréhender l'oeuvre de Faulkner et une synthèse de chaque chapitre. Sans elle, en toute honnêteté, je n'aurais pas compris la moitié de cet ouvrage.


Je ne comprends pas très bien quelle peut être la portée d'un livre qui demeure si opaque et impénétrable. Selon moi à force de vouloir brouiller les repères, complexifier la forme, faire de ce livre "une symphonie" littéraire pour reprendre les termes de Courbeau, Faulkner noie littéralement le lecteur qui finit par en oublier le fond et l'histoire (pourtant à priori passionnante) et l'amène à se concentrer uniquement sur la résolution d'un puzzle formel et de l'énigme que représente la structure littéraire de l'oeuvre. On passe tellement de temps à comprendre qui est qui, ce qui se passe, quand, pourquoi, et de quel point de vue s'élabore la narration, qu'il est très facile de passer complètement à côté.


Dans sa préface, Courbeau désigne le lecteur que je suis, qui n'a ni la patience, ni l'ambition de travailler des heures à la compréhension de l'oeuvre, de "paresseux", avide de "plaisirs faciles". Non mais !


Je pense que c'est le droit le plus strict du lecteur d'attendre d'un auteur que son oeuvre reflète un désir de partage et d'ouverture sur le monde. Si le but est d'écrire pour une petite élite érudite et élitiste, à quoi bon écrire et se faire publier ? C'est le sentiment que m'a laissé "Le Bruit et la fureur", un exercice de style, une performance esthétique très auto-centrée. Un roman à l'intrigue très forte complètement noyée dans une ambition stylistique démesurée. Je pense que "Le Bruit et la fureur" mérite une seconde lecture, surtout si la première a été difficile et caillouteuse, mais une seule question demeure au bout du compte : en aurais-je un jour le courage?
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