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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est étrange de penser qu'avant de commencer ce livre, les avis aient été plutôt dissuasifs : dur, impitoyable... On me décrivait Faulkner comme une étape traumatisante. C'est pourtant bien ici le talent de l'auteur qui l'emporte.

Lumière d'août est une analyse de la maltraitance des hommes par les hommes, il me semble, un vibrant plaidoyer qui montre la haine de la bonté faisant suite aux maltraitances faites à nos semblables, aux enfants. Mais c'est surtout un roman du réel. Jamais Faulkner ne dépasse la note, ne devient effrayant. Ce qu'il décrit est un constat humain: triste, dur, mais vivant avant tout.

On peut par ailleurs faire bien d'autres lectures de ce livre. On peut se focaliser sur la jeune femme comme figure virginale traversant le monde des hommes. On peut aussi, je pense, lire ce roman comme une épopée. J'ai trouvé les traits communs marquants, et il est alors criant qu'ici, et à la différence d'Homère, les dieux sont muets. Ou bien les hommes leur sont aveugles (et la figure de la jeune femme pourrait prendre une place intéressante ici). Les uns après les autres, c'est cette absence de message donnant un sens, ou cet aveuglement au monde qui les rend fous, si on observe le petit monde de Lumière d'Août par ce prisme.
On peut voir un plaidoyer contre le racisme, bien sûr, on peut voir aussi un témoignage des Etats Unis, continent brut, tel qu'il est...
On peut voir tellement de chose qu'on pourrait s'y attarder bien plus qu'en une lecture unique. Il ne faut pas avoir peur de lire Faulkner, je ne pense pas, ni trop s'attarder aux préfaces ou aux commentaires (même sur Babelio). Mais il faut le lire.
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Petit coup de coeur pour ce texte de Faulkner, après avoir été éblouie il y a quelques années par le bruit et la fureur. Ici, mon enthousiasme est légèrement moindre : si j'ai accroché immédiatement au début, j'ai eu un coup de mou vers le milieu du roman, à cause des circonvolutions que l'auteur prend pour nous amener au dénouement, qui est finalement assez satisfaisant !

Nous suivons les pérégrinations de Lena, enceinte des oeuvres d'un certain Lucas, qui a disparu peu après l'avoir séduite. Ayant entendu qu'il serait du coup de la ville de Jefferson, elle décide de s'y rendre pour le ramener à la raison. A son arrivée, elle apprend qu'un incendie vient de se déclencher et qu'un meurtre a été commis, impliquant un certain Christmas et un complice, dont la description semble correspondre fortement à celle de son Lucas …

Ce qui est déstabilisant dans cette histoire, c'est qu'on a l'impression que le personnage principal est Lena. Or Faulkner revient sur l'histoire de chacun des personnages qu'il croise, pour aboutir au moment où ils se retrouvent à Jefferson. Au point de me perdre quelquefois … Néanmoins la véracité de ses analyses, la finesse psychologique de ses personnages et la modernité de sa plume en font un roman brillant, également plein de bruit et de fureur : la solitude et le racisme sont les personnages principaux de ce roman très américain, mais surtout très humain …

A lire absolument !
Lien : https://missbouquinaix.com/2..
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L'humilité est-elle nécessairement de mise quand un critique décide de critiquer un géant de la littérature ? Plutôt que de critique, il faudrait parler «d'avis» ou «d'appréciation». Faulkner, comme Joyce, est de lecture difficile, sa trame romanesque peut paraître embrouillée, chaotique, compliquée par une écriture parfois obscure, énigmatique, Mais ses romans vous happent comme une déferlante, s'éclairent à la progression de l'intrigue, et vous illuminent, façon apothéose.

Lumière d'août est l'entrecroisement de trois histoires : Lena Grove est une très jeune fille, originaire de l'Alabama, enceinte et dont la grossesse est très avancée : elle a marché un mois pour atteindre Jefferson dans le Mississipi, où elle espère retrouver Lucas Burch, celui qui l'a engrossée et qui avait promis de venir la retrouver, sa situation faite. Elle découvrira qu'il est effectivement à Jefferson, mais qu'il se cache sous un autre nom. Cet être sans consistance est un sot qui s'envolera dès qu'il prendra conscience de ses responsabilités. Quand à Léna qui ouvre le roman, se présente comme un personnage simple, crédule, elle le ferme également, son bébé dans les bras, sereine, dégageant une certaine lumière, un chevalier servant à ses pieds, dont elle se fout un peu, montrant qu'elle sait ce qu'elle veut. La deuxième histoire, la plus importante, gravite autour de Christmas : conçu par un homme supposé métis, abandonné par sa mère qui le conduit dans un orphelinat pour enfants blancs, il vit une expérience traumatisante quand il assiste à six ans à une relation sexuelle entre un jeune médecin et la diététicienne de l'hospice, qui n'aura de cesse de se débarrasser de celui qui pourrait la dénoncer, même s'il n'a rien compris à ce qui se passait. Il «tombe» dans une famille d'accueil rigide, le père puritain sévère, la mère soumise, culpabilisée, que Christmas déteste. Jeune adulte fugueur, il laisse son père adoptif pour mort après une rixe dans une salle de bal. Il s'enfuit, vagabonde, puis s'installe à Jefferson, travaille à la scierie, séduit Miss Joanna Custen, une bourgeoise solitaire qui s'occupe à secourir la communauté noire de Memphis. Quand, après sa phase érotomane, elle fait appel à la religion pour le convaincre de s'engager avec elle, il la tue. Il s'enfuit, mais sera repris et exécuté. La troisième histoire, pathétique, est celle du pasteur Hightower, petit fils d'un soldat confédéré, esclavagiste, auquel il s'identifie, et qu'il glorifie avec verve dans ses prêches. Cette attitude démentielle lui vaut d'être excommunié. Auparavant, sa femme qui le trompait, s'était suicidée. Hightower est l'ombre de lui-même. Il ne reçoit pas de visite, en dehors de celle de Byron Bunch. Personnage moins brillant, ce dernier est une sorte de ciment entre les autres protagonistes. Transparent, sans malice, il tombe amoureux de Lena et et se veut son protecteur, à défaut de réciprocité. de même il veut sauver Christmas, mais ce sera en vain.

La narration est faulknérienne, elle ne suit aucun ordre, le temps est éclaté, évolue en boucle, le passé et le présent s'emmêlent, les points de vue sont multiples, s'enchevêtrent, sont l'objet de répétitions quand les protagonistes changent. le texte ne respecte pas le lecteur, vite largué devant ces phrases où les propositions relatives se multiplient, tout comme les négations et les doubles négations, les interrogations, les contradictions dans l'énoncé de multiples adjectifs qualificatifs. mais passons, tout en ayant une pensée pour le traducteur, un fidèle de Faulkner. On ne se lance dans l'oeuvre de cet auteur, si on ignore les obstacles de lecture qui nous attendent.

Attardons nous plutôt sur les thèmes qui traversent l'ouvrage. L'action se déroule dans le Sud, le Mississippi reste marqué par la guerre de Sécession - comment en témoigne le Révérend Hightower, fasciné par la charge de confédérés à laquelle participa son grand-père -, il n'y a plus d'esclavage, mais la ségrégation est là, et même si Christmas a la peau claire, un type méditerranéen, dès qu'on sait qu'il a du sang noir, la relation change, et parfois les insultes racistes fusent. Même quand il est accepté, Christmas est hanté par son ascendance qu'il vit comme une malédiction corrompant ses actions, ses amours, sa destinée. Cela étant, Faulkner s'étend sur l'antiracisme de ceux qu'on traite de Nordistes, des abolitionnistes, à l'exemple de Miss Custen et de sa famille. La religion est omniprésente mais se manifeste plus fortement sous la forme du puritanisme du père adoptif de Christmas, de la bigoterie de certaines femmes. La misogynie de Faukner mérite d'être disputée, et peut-être intégrée dans une misanthropie plus générale, et une approche de la sexualité complexe. L'ivresse et la violence des hommes entre eux, des hommes avec les femmes, la capacité de ces dernières à se jouer des hommes, à les manipuler, la capacité des hommes à exercer sur les femmes une brutalité parfois fatale. Lena, elle, appartient à un autre monde : cette jeune fille en apparence douce, simple, est une figure de l'innocence et de la fécondité, même si sa grossesse puis son enfant lui servent de masque, de bouclier. Elle cherche son géniteur, mais n'appartient à personne, c'est sa force !

Une question subsiste : la lecture Faulkner nous saisit, nous questionne aussi. On croit qu'en écrivant sur lui, on peut mieux le comprendre. Mais est-ce le cas ?

Lien : https://lireecrireediter.ove..
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Un roman flamboyant, où les héros sont toujours d'actualité, même s' ils ont de nos jours un téléphone portable, la misère passe les siècles,
c'est le premier Faulkner que je lis, trouvé chez le bouquiniste du marché, ça fait du bien la bonne littérature, un régal, rien à voir avec les Goncourts et autres fadaises actuelles truffées de clichés, syntaxe pauvre et vocabulaire basique,
revenons aux écrivains historiques, ça revigore le cerveau!
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Un roman de Faulkner qui se lit aisément et dans lequel on ne se perd pas. L'histoire est magnifique, la construction du récit magistrale.
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Qui peut lire encore du Faulkner?
Les amoureux de la littérature exigente certainement!
C'est prodigieux, lent, lourd et puissant.
Ce n'est assurèment pas moderne, et il ets extrèmemement probable que ça passe de plus en plus dans les oubliettes de l'oubli. Mais heureusement que Faulkner existe. Il est comme Homère et Maugham, Shopenhauer (je parle de l'écriture) et de Goethe. Il se prenait pour un Dieu et quelque part certaines de ses créations sont vriament divines. Ce livre est le moins"indigeste" de ce qu'il a fait. Il aura plus de chance d'être luque le bruit et la fureur par exemple.
Est-ce que je recommande? ça dépend du type de lecteur
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