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sur 1271 notes
Je ne peux pas dire que la lecture de Grâce et dénuement fut aisée. Je pense que la plume d'Alice Ferney doit même en dérouter plus d'un, avec son discours indirect libre, ses phrases courtes et percutantes. Mais ce style d'écriture est aussi très intime et quoi de mieux pour être au plus près des personnages ? Pour ma part, malgré la difficulté des premières pages, la plume d'Alice Ferney m'a littéralement emportée.

Je suis tout particulièrement attachée à la communauté des gens du voyage et j'adore découvrir tout ce qui s'y rattache. Je peux donc dire que, même si j'ai relevé une erreur de langue (gadgé est le pluriel, gadjo le masculin et gadji le féminin) et quelques stéréotypes, je me suis vite rendue compte que j'avais entre les mains un récit qui comprend intimement la vie des gitans, ce qu'ils sont, ce qu'ils endurent. Alice Ferney a très bien su retranscrire la part d'humanité qui est en eux.

Grâce et dénuement fait la part belle aux enfants et, à travers eux, aux femmes. On sent que l'auteur aime les femmes, qu'elle comprend l'intimité des couples. La maternité, l'amour des enfants sont aussi très présents dans ce récit.

Il y est également question de livres et plus spécifiquement du plaisir de lire, de la lecture à voix haute. Car l'auteure met en scène Esther, une bibliothécaire mère de famille, qui vient d'elle-même proposer la lecture aux enfants de cette communauté installée en ville. Une fois par semaine, elle fait la lecture aux enfants. Plusieurs extraits de livres sont disséminés dans le récit (à la fin du roman figurent les titres des livres cités). On espère qu'Esther parviendra à ses fins : faire aimer les livres, emmener les enfants sur le chemin de l'école.

Il y a tant à dire sur ce roman ! C'est une ode à la lecture, une invitation à comprendre son prochain, à dépasser les barrières de la culture, à aimer autrui, à donner de soi. Alice Ferney est une éponge, elle est sans doute très observatrice. Sa plume est finesse et sensibilité, introspection et humanisme.

Challenge Multi-défis 2017 : un livre sur la lecture, les livres, bibliothèques...
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C'est grâce à une bibliothécaire qui vient faire la lecture aux enfants d'un camp de gitans que le roman d'Alice Ferney nous introduit au coeur d'un univers mal connu et mal aimé. Celui d'une tribu échouée sur un terrain vague, vivant dans la plus grande précarité parmi les rats et les tessons de bouteilles. Sans papiers et sans travail, les hommes sont oisifs et incroyablement machos. Plutôt que de les aider, ils laissent aux femmes toute la charge des tâches domestiques, même les plus éreintantes. Epuisées, vieilles avant l'âge, totalement soumises, elles possèdent cependant un bien précieux: leurs enfants avec lesquels elles entretiennent un lien privilégié. Après l'amour pour leurs hommes, c'est dans la maternité qu'elles puisent leur bonheur de vivre. Ces enfants ne vont pas à l'école, ils s'ennuient et ce sont eux, avec leur bel appétit de découvrir éveillé par la gadjé, qui insuffleront à la tribu une note d'espoir en l'avenir.
J'aurais mieux apprécié cette lecture si Alice Ferney n'avait jugé nécessaire d'y apporter une malencontreuse touche de sentimentalité sucrée. Le fantasme du beau gitan solitaire aux yeux de braise, secrètement amoureux de l'inaccessible gadjé donne au récit un mauvais petit goût d'Harlequin. On aurait largement pu s'en passer. Mais ceci dit, c'est quand même une belle découverte d'un milieu assez fermé dans lequel on a que très rarement l'occasion de mettre les pieds.
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Alice, pardon, il faut que je te confesse quelque chose...
J'ai fait ta connaissance l'an dernier, avec le règne du vivant, et je garde un souvenir ému de cette rencontre éblouissante. Je me faisais une joie de te retrouver et de m'extasier à nouveau sur ta prose lumineuse, alors je n'ai pas hésité une seconde quand j'ai vu que Grâce et Dénuement, ton troisième roman (primé en 1998) était disponible à la bibliothèque.

Las, je l'avoue piteusement, ce deuxième rendez-vous a vite douché mon enthousiasme.
Les thèmes que tu as choisis (ceux de la misère, de l'exclusion sociale de l'inégalité des chances), avaient pourtant ce qu'il faut de profondeur et de complexité pour suciter mon intérêt, de même que ton écriture toujours forte et maîtrisée (même si pour dire vrai, je n'y ai pas retrouvé toute la puissance qui m'avait emporté dans le règne du vivant...)
Et pour finir bien sûr, ton message me "parle", ce message plein de tolérance et d'humanité que tu nous adresses par la voix d'Esther, la jeune bibliothècaire devouée corps et âme à la cause d'une famille de gitans installés quelque part en banlieue parisienne, dans la plus grand précarité.

Mais alors pourquoi cette petite déception, pourquoi cet arrière-goût de rendez-vous manqué ?
Sans doute en premier lieu à cause de tes personnages que j'ai trouvés trop caricaturaux. D'un côté la bonne samaritaine immaculée, de l'autre une fratie de tziganes marginaux et violents, que l'on a du mal à différencier et qui semblent se complaire dans leur misère et dans leur ostracisme. Je n'ai trouvé ni chez l'une ni chez les autres suffisamment de nuances et de sincérité pour m'en faire des amis.
Evidemment, l'indigence morale et matèrielle de la vieille Angéline et des siens nous touche, leur fierté et leur résilience nous impressionne, mais quand cette fierté vire à l'arrogance, quand les propositions d'intégration ou d'améliortion de leur condition (notamment celle des enfants) sont systématiquement rejetées, la corde sensible finit malheureusement par céder.

Quant au récit en lui-même, dont le cadre se cantonne à l'espace restreint des caravanes et du terrain vague crasseux, il tourne en boucle indéfiniment autour des visites successives d'Esther sur le camp. J'ai fini par le trouver ennuyeux et répétitif, d'autant que les progrès en termes de dialogue et d'ouverture à l'autre s'avèrent minimes. Les hommes restent des alcooliques machos et agressifs, la condition des femmes est toujours aussi déplorable, les enfants s'éveillent doucement à la lecture mais il n'est toujours pas question de les scolariser et les dernières pages du roman sont au moins aussi moroses que les premières... Chronique d'une impasse, quoi.

Question dénuement, Alice, c'est très réussi. Pour ce qui est de la grâce, je suis désolé de ne pas pouvoir en dire autant.
Tu m'en veux pas trop, hein, Alice ? On reste amis ?
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Chaudement encouragée, conseillée, poussée à lire ce livre par mes amies
blogueuses, je découvre donc cette auteure.

Quel bonheur, mes ami(e)s, cette prose, cette écriture toute en
délicatesse.

L'auteure m'a fait toucher du doigt la grâce et le dénuement des
personnages dont elle nous décrit les vies l'espace de ces quelques pages.

Une vie d'amour, de heurts, de peine et de joies. Et de la lecture,
encore et toujours.

Comme les personnages, j'ai aimé que l'auteur me raconte une si
belle histoire.

Me voilà sous le charme. Et comme les enfants du roman, j'en redemande.

L'image que je retiendrai :

Celle du potager de la vieille institutrice sur lequel campe la famille,
pleins d'objets coupants et tranchants qui font que le petit Jumbo ne
peut faire ses premiers pas dessus.
Lien : http://motamots.canalblog.co..
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Ce roman évoque la vie des gens du voyage, telle qu'elle était du temps de la grand-mère Angeline, c'est à dire l'époque où la communauté gitane voyageait vraiment avec chevaux et roulottes, ce qui en somme constituait
son identité.
Mais il raconte surtout ce qu'est devenu de nos jours ce mode de vie si particulier, qui est bien souvent une fuite davantage qu'un "voyage". Sans domicile fixe, sans travail, vivant de petits larcins, les gens du voyage ne sont plus considérés que comme des marginaux indésirables.
Ce récit n'est toutefois pas complètement noir. Un rayon de soleil est apparu dans le campement, lorsqu'un mercredi Esther, la jeune bibliothécaire, est venue faire la lecture aux enfants. Dorénavant elle y reviendra chaque semaine pour leur apporter un peu de merveilleux. Par son charme, elle fait rêver les hommes; par sa gentillesse elle gagne la confiance des mères, celles qui, ici comme ailleurs, sont au coeur de la vie.
Esther constitue ainsi le seul lien de la cette petite communauté avec la réalité sociale environnante, et peu à peu, les enfants vont être scolarisés.
Mais, on le perçoit bien, pour quel avenir ?
Ce roman est un hymne à la générosité, mais aussi à l'intégration par les livres.
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Difficile de résister à cette sublime couverture, ce titre et cette photo et la fascination qu'exerce sur moi la culture Tsigane.
Les livres sont faits pour circuler mais celui-ci, il fallait que je le possède.
Je l'ai commandé chez recyclivre et à cause d'une erreur de ma part que je ne m'explique pas, il est resté presque un mois dans une boîte à lettres non attribuée, avant que je puisse le récupérer.

Grâce et dénuement.
La réalité est plus sordide, plus cruelle, impitoyable, hideuse, sale, puante, malheureuse...

mais

... la grâce n'a pas dit son dernier mot.

La photo est du photographe Mathieu Pernot . Autre belle découverte que je vous conseille.

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Esther est une Gadjé - nom donné par les gitans aux personnes qui ne sont pas de leur monde – et ancienne bibliothécaire.

Esther et la Communauté Gitane, vont se rencontrer autour de la lecture.
En effet, doucement, imperceptiblement, délicatement, chaque mercredi, Esther, fréquente le camp de gitans et présente un Livre. Objet magique. Objet qui suscite, auprès des enfants de la communauté, un désir de découverte et une affection pour la lecture.
Découverte qui se prolonge même pendant l'hiver, dans la voiture, où lecture et exiguîté permettent à chacun de se réchauffer, de se dévoiler, de s'attacher les uns les autres.

De fil en aiguille les yeux des adultes Gitans, d'abord inquiets, se métamorphosent, eux aussi, en yeux curieux.
Peu à peu, grâce à ce chemin défriché, ils réalisent, eux aussi, que les mots ont un sens et que grâce à ce sens, un nouvel avenir pourrait se faire jour…

Un livre où, les préjugés de deux mondes se confrontent.

Un livre qui questionne, quant à des valeurs humaines comme : la dignité, l'amitié, le respect, l'ouverture aux autres, la solidarité, la tolérance, la culture….
En bref, de magnifiques relations humaines, dans ce livre.

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Livre envoûtant qui nous transporte dans le monde des gitans. Une justesse dans la description des personnages grâce au style épuré d'Alice Ferney.

Une fois le livre terminé, on continue de penser aux différents personnages. Ce récit ne peut pas nous laisser insensibles, c'est impossible.
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Ce livre m'a beaucoup touchée par le rapport à la lecture qu'il exprime et la mission d'Esther auprès de ces enfants illettrés. Je n'ai pas pu ne pas penser au formidable travail des équipes des Bibliothèques de Rue d'ATD Quart-Monde dont les témoignages rejoignent cette histoire. Je me rappelle un passage du livre où Esther raconte qu'elle a lu ce jour-là comme elle n'avait jamais lu même pour ses propres enfants, sentant que l'enjeu d'accrocher ces petits gitans aux histoires était vital... C'est un livre qu'on ne peut parcourir sans éprouver d'émotion à mon avis.
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J'ai retrouvé dans "Grâce et dénuement" le style d'Alice Ferney qui m'a tellement séduite dans "Cherchez la femme". Une famille de gitans et une amoureuse de livres, une belle rencontre merveilleusement contée. Un livre magnifique.

Un détail qui m'interpelle; dans l'édition d'Actes Sud de 1997 que j'ai empruntée tous les prénoms sont différents, Esther est Sarah, Angéline - Adeline, ses fils s'appellent Angelo, Pupuce, Poussin, Django, Antonio, ses belles-filles: Claudia, Milena, Bélinda, Héléna... bizarre. Une explication?

Lien : http://edytalectures.blogspo..
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