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EAN : 9782823614763
304 pages
Editions de l'Olivier (18/06/2020)
2.91/5   11 notes
Résumé :
Lors d'un été caniculaire marqué par une invasion de mouches, une adolescente connaît ses premiers émois auprès d'un ouvrier australien engagé par son père. Une enseignante explore les vicissitudes des rencontres amoureuses en ligne alors que la fin du monde approche. Un ancien mannequin revient dans sa ville natale pour travailler dans un lieu qui n'a de station-service que le nom...

Les huit nouvelles de Dans la joie et la bonne humeur déroutent et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
" Show them a good time* ", titre de la version originale débute avec la nouvelle qui donne son nom au titre . Vu les éloges lus sur cette jeune écrivaine irlandaise et ce premier livre, un recueil de huit nouvelles, je suis un peu déboussolée. Une station-service qui n'en est pas une, sur une autoroute, une belle jeune femme qui vient d'y être recrutée, et un garçon de dix-neuf ans qui la rejoint. On se croirait chez Ionesco, tout est un peu vague, leur passé, leur présent, leur futur.... et des chaises devant la station pour un usage Inconnu. Je n'ai pas très bien compris où l'auteure voulait en venir.....
La deuxième nouvelle on y voit un tout petit peu plus claire, le désir d'une ado pour l'ouvrier australien de son père, un trentenaire avec qui elle regarde le film "L'Exorciste", un peu étrange quand même , surtout qu'elle pense qu'en lui faisant visionner le film, elle voudrait qu'il comprenne qu'elle ne se ferait pas avoir comme la gamine du film, étrange scène ! À laquelle s'y ajoute celle de la fin, où Ionesco reste trop raffiné par rapport à l'absurde de Flattery 😊......
Mais cette prose assez étrange n'est pourtant pas totalement dénuée de charme, " A 70 ans, aprés avoir souffert de multiples désillusions, la première avec ma mère , la deuxième avec moi, mon père mourût..... À ses funérailles chaque personne me donnait l'impression de quelqu'un que je connaissais....**".C'est la troisième nouvelle du recueil, "Hump", La Bosse, terrible, de plus en plus déroutant....de l'humour triste qui enlève tout espoir.


L'absurde qui rend hilarant l'absurdité même de notre existence littéralement insensée, lutte perpétuelle entre une vie hypocrite imposée pas la société et nos propres désirs, me plait. Une troisième dimension qui sous une loupe grossissante aide à en diminuer l'impact négatif pour finalement en rire. Mais ici l'absurde ne fait pas rire et perd pied dans des histoires de jeunes femmes déboussolées, je dirais même trop déboussolées dans notre monde actuel, urbain et consumériste. Celles-ci ne luttent même pas pour leurs propres désirs ( déjà qu'elles ne savent pas vraiment ce qu'elle désirent), préfèrent souffrir et s'avilir volontairement. Des femmes qui se détruisent, se pourrissent la vie, pour uniquement pouvoir sortir du conformisme, de l'hypothétique perfection exigée socialement. Elles ne sont même pas désespérées, on dirait qu'elles ne sont pas humaines.....bref je n'ai pas saisi l'intérêt de ces récits dépressifs ni le sens du titre français, vu qu'ici on est bien loin de la joie et de la bonne humeur. Être constamment obligée à essayer de saisir le sens de ce que Flattery veut nous raconter, un humour dubitatif, un cynisme extrême envers la vie ( "You are to forget me") , le tout emballé dans un absurde peu consistant, m'a fatiguée.

Bien que la prose (v.o.) soit prometteuse, que les idées ne manquent pas, et que l'ensemble fait très légèrement penser à l'univers beckettien que j'aime beaucoup, ce fût pour moi une lecture pénible, sans plaisir. Mais n'hésitez pas à le lire si ça vous tente, vu le succès de la littérature glauque, mais de préférence dans une de vos périodes roses.


*Montre leur du bon temps .
**At seventy, after suffering several disappointments, the first being my mother, the second being me, my father died..... At the funeral everyone looked like someone I might sort of know.
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Le titre « Dans la joie et la bonne humeur »
Vous n'y serez pas en lisant ce livre !

Ecriture subtile, percutante, humour noir, peu d'illusions et encore moins d'espoir pour ces destins marqués.
Un livre qui interroge.


Huit récits mettant en scène des femmes chahutées par la vie mais qui veulent se libérer de leurs rôles, attribués et éviter “Pôle chômage”

L'histoire de ces jeunes femmes, qui, au bord de la rupture regardent leurs vies, le monde, sans jamais trouver une place.

Elles ne sont pas dupes et portent un regard lucide sur les rapports humains, leurs rôles étriqués de femme, leurs conditions, leurs origines.
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« A l'âge de soixante-dix ans, après avoir essuyé maintes déceptions, - la première étant ma mère - la seconde moi-même, mon père a passé l'arme à gauche”.

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« Tu viens de quel coin ? » ton accent m'est familier.

« Je ne sais pas. Je n'en ai aucun souvenir. »

Lucy continua comme si de rien n'était. le pire, c'étaient ces types qui, en sortant de la fac, développaient des concepts financiers, épousaient une fille de leur patelin de richards et lui achetaient une bagnole pour qu'elle la boucle quand ils la trompaient. En l'accusant en prime, d'être Superficielle. Une fois le vernis gratté, une fois le rideau levé, le spectacle était fini.

Comment prendre tout cela au sérieux ? Cet endroit était une vaste blague.
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La station-service encourageait l'apprentissage, l'acquisition de compétences exploitables à des postes plus actuels, plus lucratifs et, dans cet environnement aseptisé, ça fonctionnait.

J'ai gagné une meilleure compréhension de certaines habitudes personnelles que j'aurais pu ignorer pendant des décennies sans que cela Ne me pose problème. Ce détricotage mental s'est produit au ralenti. J'envoyais ma propre vie droit dans le mur, oui mais avec une lenteur stupéfiante.
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« A l'âge de soixante-dix ans, après avoir essuyé maintes déceptions – la première étant ma mère, la seconde moi-même, mon père a passé l'arme à gauche. » (La bosse)

Premier recueil de la jeune irlandaise Nicole Flattery, Dans la joie et la bonne humeur est une sorte de voyage en étrangeté. Les nouvelles qui le composent prennent corps et âme dans un entre-deux nébuleux – voire à la limite de la dystopie, je pense à la première, qui donne son nom au recueil ou à la dernière Pas encore la fin – comme si le monde de Nicole Flattery hoquetait des bulles d'espace-temps autour de ses héroïnes. Ces femmes plus ou moins jeunes sont en décalage subit ou subtil avec le monde ou leur vie, leur environnement, leur famille, leur passé, voire elles-mêmes. « Un horizon limité […] Difficile de déployer ses ailes ». On ne saura pas tout de ces existences dont elles essaient de se dépatouiller. Juste qu'elles sont irlandaises, souvent, plutôt de la campagne. Parfois quasi-amnésiques – L'avortement, une histoire d'amour –, elles tentent ou ont tenté leur chance ailleurs : Paris, New-York, la côte espagnole, des grandes villes. le sursaut d'y voir clair, de se souvenir, se trouver.

« Je pense à tout ce que j'ai oublié de moi-même, tous ces détails personnels laissés de côté, et je tente de me rafraîchir la mémoire » (Le perroquet)

A une exception près – dissonance de la bande audio, la seule nouvelle qui ne m'a pas plu –, l'unité de ton de ce recueil est marquante ; tellement aboutie qu'en le refermant, j'avais l'impression d'avoir lu un roman. C'est très fort pour un premier ouvrage, quand on sait que les huit nouvelles qui le composent ont toutes paru auparavant dans différentes revues.

« Dans les halls d'hôtel j'étais l'anonyme, fac-similé de moi-même » (Tu m'oublieras avant que je t'oublie)

L'une travaille dans une station-service qui n'en est pas une, deux autres sont étudiantes mais ont tendance à oublier où. Une jeune fille est amoureuse de l'ouvrier australien de ses parents, une jeune femme craint de devenir bossue, une autre a peur que sa soeur enceinte ne l'oublie. Il y a une continuité dans les errances, une boucle dans les questionnements. Ces femmes sont les « maillon[s] d'une longue chaîne de femmes invisibles » mais jamais dupes, a qui Nicole Flattery donne de l'espace pour qu'elles puissent donner de la voix et peut-être trouver leur place. Elle interroge le réel, l'image de soi, l'empreinte de l'autre dans le rapport au monde.

Dans la joie et la bonne humeur est un bien étrange recueil. Stylé, drôle d'une manière sombre et grinçante, absurde et improbable. Très agréable à lire, il est difficile à saisir – une fragrance Beckettienne, peut-être ? – en tous cas j'ai été séduite. Et c'est parfois tellement space qu'on se fend vraiment la poire, ce qui ne gâche rien.

« Ayant grandi avec des mères qui dégustaient, la mine austère, leur verre de vin annuel, on levait toutes le coude comme nos pères. le grand bond en avant de notre génération. » (Dans la joie et la bonne humeur)
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
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Qu'elles soient aux États-Unis, en Irlande, ou exilées volontairement en France, les héroïnes de Nicole Flattery n'ont pas été épargnées par la vie ,sans pour autant tomber dans l'aigreur.
Elles trimballent leur propre vision du monde, mâtinée d'humour noir et de lucidité, se cognent contre des vitres, au sens propre ou au figuré, mais avancent néanmoins, quitte à se laisser glisser hors des rôles sociaux où les hommes voudraient les cantonner.
Dès la première nouvelle, on est happé par l'écriture surprenante de ce premier recueil de nouvelles, très métaphorique et où se glisse parfois une touche de fantastique. L'émotion vous cueille sans prévenir, comme dans cette nouvelle où "la deuxième femme" établit, mine de rien, un lien avec son jeune beau-fils perturbé.
On est bien loin ici de la littérature pour "poulettes" et on ne cesse de souligner des formules étonnantes  de justesse, neuves et percutantes .
Un premier recueil qui place la barre très haut et file directement sur l'étagère des indispensables. 304 pages addictives.
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critiques presse (1)
LeMonde
26 juin 2020
Séduite par l’humour noir et l’irrévérence de la jeune nouvelliste irlandaise Nicole Flattery, notre feuilletoniste salue son style sec et brillant.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Lucy et Natasha s'étaient rapprochées au cours des semaines précédentes, au point qu'elles semblaient avoir fusionné et engendré un animal, véloce et vicieux. Natasha mémorisa les répliques de Lucy ; Lucy mémorisa celles de Natasha. L'une savait précisément à quel moment l'autre allait changer de place ; elles pouvaient le deviner et elles se déplaçaient du même pas. Aucun faux départ. A la tombée de la nuit, quand le chêne devenait lisse et luisant sous la pluie, elles restaient à l'intérieur et se racontaient leur enfance de fillettes privées de lumières : la vie sur les routes de campagne, les vacances au bord de places de cailloux sous un ciel plombé, leur maison qui était pour elles une geôle. Elles ne taisent rien, ni l'abject, ni l'immonde, ni l'inavouable. Elles dépecèrent leur existence. Elles y puisèrent de la beauté ; et cette beauté, elles la mirent dans la pièce. Et elles en rirent. Elles braquèrent la lumière dessus et elles en rirent.
(L'avortement, une histoire d'amour)
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Elle voulait vivre les mêmes week-ends que les autres, dans des sous-sols, sous-alimentée et soûle à en perdre connaissance, éternellement surprise par sa jeunesse et sa beauté, mais elle ne s'y autorisait pas. Au cours de son cursus universitaire, elle ne s'amusa pas une seule fois et elle en tira une immense fierté. Le plaisir lui était interdit. Elle risquait d'y prendre un peu trop goût et de sombrer dans une quête perpétuelle. Elle avait du charme au moins, c'est déjà beaucoup, voilà comment elle se rassurait. Hélas, le charme ne compensait qu'en partie la terreur constante qui la taraudait. (L'avortement, une histoire d'amour)
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Environ deux fois par mois, ses parents lui téléphonaient depuis le trou noir d'où elle avait jailli. Ils parlaient d'une voix synthétique, distante. Elle ignorait la provenance de son argent, c'était le cadet de ses soucis. Le monde, dans toute sa tristesse morne et impénétrable, était tout simplement un non-phénomène. A ses nouveaux amis qui l'interrogeaient sur son enfance passée à la campagne, elle répondait : "J'ai vécu des tas d'expériences authentiques. Vu des rivières. Des arbres.
- Oh ", murmuraient-ils à l'unisson, sans insister.
(L'avortement, une histoire d'amour)
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Lorsqu'elle réfléchissait au concept de "l'autre femme" - et elle y avait réfléchi, vaguement, plus jeune ; au fait que sa vie puisse y être totalement chamboulée par une inconnue -, cela déclenchait en elle un amusement malsain. Et lorsqu'elle tenait des propos scabreux - des remarques un peu limites sur sa situation actuelle, avec ce ton pince-sans-rire qui faisait fuir tout le monde en dehors de ses amis-, il lui fallait reconnaître, ou du moins se l'avouer elle-même, qu'il ne lui aurait jamais traversé l'esprit que l'autre femme, ce serait elle. (Le perroquet)
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Chacun traînait en solitaire sa propre douleur, ses propres malheurs, intimes et indélébiles, mais il n’y en avait pas un pour regarder son voisin dans le blanc des yeux et lui demander qui il était vraiment. (L'avortement, une histoire d'amour)
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Videos de Nicole Flattery (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicole Flattery
En ce début d'année sont parues les traductions de Caisse 19 de Claire-Louise Bennett et Assemblage de Natasha Brown, deux autrices britanniques dont les romans se sont imposés outre-Manche comme des révélations. Il s'agit là de deux livres singuliers, à l'écriture puissante, déployant chacun une grande originalité formelle et narrative. C'est aussi l'acuité de leur regard qui autorise le rapprochement, quant à ce que ces textes disent de l'expérience d'être une femme dans un monde patriarcal – et une femme noire dans le cas d'Assemblage – et quant à la relation de leurs narratrices au monde du travail. Caisse 19 et Assemblage peuvent en outre être lus comme les récits d'une révolution personnelle, laquelle en passe par la littérature.
Claire-Louise Bennett est une écrivaine britannique, elle vit en Irlande depuis une vingtaine d'années. En l'espace de deux livres, L'Étang (trad. Thierry Decottignies, L'Olivier, 2018) et Caisse 19, elle est devenue l'une des figures de proue de la nouvelle littérature outre-Manche, au même titre que Sally Rooney ou Nicole Flattery, entre autres.
Natasha Brown a suivi des études de mathématiques à Cambridge University, puis travaillé une dizaine d'années dans le secteur bancaire. Son premier roman, Assemblage, a été encensé par la critique et les libraires du Royaume-Uni, et traduit dans le monde entier. Elle est considérée comme l'un des grands espoirs des lettres britanniques.
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