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sur 17437 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Emma Bovary, c'est d'abord et avant tout, la description minutieuse de l'insatisfaction d'une femme qui, d'origine paysanne mais ayant reçu de l'éducation (comme on disait à l'époque), rêve d'une vie aristocratique où le grand amour serait le centre de sa vie alors qu'elle n'est devenue qu'une bourgeoise qui s 'ennuie. La tête pleine de romans d'amour où sont magnifiés les princes charmants et la passion amoureuse, elle cherche sans le trouver ce grand amour et ruine peu à peu son ménage par des dépenses somptuaires.
Finalement adultère, après bien des hésitations, elle aura d'abord un amant qui ne pense qu'à son plaisir et qui, pressé par Emma de tout abandonner pour elle, finit par la laisser tomber. le second amant, plus sincèrement amoureux (et faible) finit aussi par l'abandonner face à ses exigences sans limite.
Considérant son mari, pourtant sincèrement amoureux d'elle, comme un rustre inculte (ce qu'il est de fait), sa propension à s'en sentir supérieur en tout point la pousse au mépris et à l'indifférence et finalement à sa perte.
En réalité, tout le monde en prend pour son grade dans ce roman destructeur : la société patriarcale, les bonnes moeurs, la religion, les hommes, les femmes, les élites, etc. Finalement, il n'y a que le père d'Emma, le paysan, qui soit un tantinet sympathique dans ce cloaque sociétal nauséeux.
Remarquable étude sociologique et psychologique, Madame Bovary est écrit dans une langue admirable qui surprend aujourd'hui par la qualité de ses détails et des ses descriptions. Un travail titanesque de Flaubert, un chef d'oeuvre qui donna le terme de bovarysme pour décrire l'insatisfaction chronique d'une personne coincée entre sa condition, exécrée, et ses rêves irréalisables.
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Une relecture récente de ce roman m'a fait le redécouvrir.
Dès les premières lignes, l'écriture frappe par sa richesse et sa précision. Ce livre est une succession de tableaux minutieusement dépeints avec un foisonnement de mots et de couleurs. le lecteur est en permanence bercé par la poésie des mots et l'enchaînement parfait des phrases et des paragraphes.
Sur le fond, le sous-titre du roman donne d'emblée le ton: "Moeurs de province", celles du milieu du 19ème siècle dans une bourgade normande, celles de la petite bourgeoisie rurale confrontée à la routine de jours ternes marqués, pour les uns, par le surcroit de travail, et, pour les autres, par l'ennui. Emma Bovary est emblématique de ces jeunes femmes romanesques qui acceptent l'idée du mariage parce qu'il est pour elles la projection de leurs rêves. Et quand ceux-ci se heurtent à la réalité, le choc est rude.
Flaubert fait dans ce roman une belle étude sociologique.
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C'est le premier "classique" que j'ai lu de ma propre initiative lorsque j'étais ado et j'avais adoré.
Je l'ai relu récemment et l'histoire m'a semblé bien moins romantique qu'à l'époque. Par contre la plume de Flaubert est toujours aussi savoureuse.
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Quelle histoire que celle d'Emma ! Ce roman pourrait se résumer ainsi : C'est l'histoire d'une femme dépressive à en mourir. Mais Flaubert fait de cette héroïne un personnage fascinant qui nous livre grâce au point de vue interne fort présent ses états d'âme, ses colères, ses folies, son désarroi. C'est ça le plus marquant dans cet ouvrage et qui fait que l'on s'y accroche, c'est la qualité des sentiments des personnages qui en fait transpirer le réalisme. C'est divinement bien écrit.
Lien : http://www.adeuxlignes.fr/?p..
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Un classique qu'une lecture dès le collège ne permet pas vraiment d'apprécier à sa juste valeur. C'est à la suite d'une superbe exposition photo de Magdi Senadji, sur le thème de Madame Bovary, que j'ai eu envie de le relire, et que j'ai retrouvé avec plaisir tout ce qui a fait son succès. Avant d'écrire ces quelques mots je me suis procuré le livre "Bovary", de Magdi Senadji et Pierre Michon. Sa qualité d'édition, avec des photos mates, m'a cependant un peu déçu et je n'y ai pas retrouvé avec la même intensité l'extraordinaire impression d'ennui et de besoin d'échappement des très belles photos, de comices, fêtes et quotidien agricoles, de l'exposition. Je sors un peu de la simple critique du livre, mais celui ci n'en a plus besoin, et j'ai trouvé très intéressant ce projet d'un photographe, d'illustrer l'ambiance d'un roman.
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Comme probablement la plupart des lycéens d'aujourd'hui, j'ai rencontré Emma Bovary dans une salle de classe, juchée sur la première ligne des "lectures obligatoires". C'est en vertu de cet oxymore qui m'était insupportable que je n'ai ouvert cet intimidant ouvrage pour la première fois que quelques années après.
Sans éprouver le moindre regret d'avoir tant attendu, je dois dire que j'ai beaucoup aimé, mais peut-être ferais-je aujourd'hui partie des cohortes de traumatisés maugréant à l'envi contre Flaubert, sa bourgeoise déprimée et ses descriptions de plus de dix lignes, si je m'étais montré plus docile à l'époque. En effet, je m'interroge sur ce qui a valu, à ce livre en particulier, la réputation d'ennui qui colle à sa couverture, et la lecture de quelques avis négatifs sur Babelio ne m'a pas éclairé. Est-ce le manque d'action ? Je lis par blocs de 50 pages par jour et il s'est à chaque fois passé au moins un événement capital. Ne lisez surtout pas Les Chouans de Balzac si vous trouvez le rythme de Madame Bovary trop lent ... le ton général ? Il y en a pour tous les goûts : comique, historique, lyrique, psychologique, sociologique, érotique, ... le décor ? Il est sans importance face au style. Flaubert prend un fait divers de province et le transforme par le pouvoir de la langue en un roman impérissable sur la mort des rêves et les rouages de l'âme. Je pense que la détestation du livre vient en partie du fait que les professeurs qui l'enseignent n'omettent jamais de préciser que Flaubert lui-même n'aimait pas son sujet ; dans une jeune tête, quelle meilleure preuve de la nullité d'une oeuvre que le désaveu de son propre créateur ?
Quoi qu'il en soit, je referme Madame Bovary empli de la conviction, rarement illustrée à ce point, de la grande musicalité dont peut parfois se parer le français, et le souvenir de quelques phrases prononcées à voix haute tant elles m'ont parues superbes.
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Après avoir eu un peu de mal à adhérer aux personnages, tout particulièrement avec Emma, pour laquelle j'ai eu peu d'empathie, la dernière partie du livre a pris le dessus et m'a envoûté jusqu'à la fin. C'est vraiment un grand roman de la littérature française qui ne doit pas se lire comme un simple roman mais comme un regard critique de la société de l'époque.
A noter que la critique de Nastasia-B, est un excellent complément à la lecture de ce livre.
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Madame Bovary, de Gustave Flaubert est à l'origine d'un nom commun : le bovarysme. Il désigne d'après le Larousse le comportement de femmes (?) que l'insatisfaction entraîne dans des rêveries ambitieuses ayant un rôle compensatoire.
Flaubert a ainsi pu déclarer:  « Madame Bovary, c'est moi »; car son perfectionnisme extrême témoigne sans aucun doute d'un sentiment de frustration et d'une inquiétude constantes. Nous savons en effet qu'il était d'un équilibre nerveux délicat ; il souffrait de crises probablement épileptiques.

Emma Rouault est issue d'une famille paysanne riche. Elle est sensible, rêveuse, « romantique », vaniteuse. Elle espère une ascension sociale rapide et brillante. Elle épouse Charles Bovary, bon bougre un peu lourdaud, médecin ou plus exactement officier de santé. Ils auront une fille, Berthe.
Mais toujours absent et médiocre, il ne peut que décevoir sa femme.
Charles pourtant réussit plutôt bien en début de carrière. L'exercice de son métier assure à la famille une honnête aisance. Mais Emma rêve d'une vie trépidante de fêtes et de plaisirs. Elle veut fréquenter noblesse et haute bourgeoisie. Elle pousse son mari à déménager pour créer un cabinet prospère. Elle se met à dépenser sans compter. le couple tombe sous la coupe d'un apothicaire, Monsieur Homais, infatué, qui tient à se faire une réputation de scientifique. Il écrit dans les gazettes. Il se targue du titre de pharmacien. Il incite le faible « docteur » Bovary à effectuer des actes qui dépassent sa compétence ; il lui fait exécuter une opération chirurgicale audacieuse pour l'époque, et quelque peu inutile, un pied bot, qui laissera le patient infirme, sauvé de justesse par l'intervention d'un confrère.
Cet échec lamentable ruine la réputation de Bovary et sa carrière. Ses anciens malades le fuient. Pendant ce temps, Emma le trompe et engage de folles dépenses. Harcelée par ses créanciers elle vole chez le pharmacien Homais une dose d'arsenic qu'elle absorbe et meurt empoisonnée. Bovary accablé de chagrin succombe bientôt et leur fille orpheline et pauvre deviendra ouvrière dans une filature.
L'assez ignoble M. Homais avait entre-temps reçu la croix d'honneur.


Flaubert s'est inspiré d'une histoire réelle. Mais l'intérêt du livre réside surtout dans sa manière de conter, son style admirable et varié. Les descriptions ont une grande puissance évocatrice, les personnages sont d'une justesse psychologique parfaite. L'auteur est également un précieux témoin des moeurs de son siècle. Il nous donne à connaître la société provinciale du XIXe siècle en Normandie.
Mais le sujet du roman va effaroucher l'hypocrisie bourgeoise puritaine. Flaubert sera traduit en justice. Il se défendra contre l'accusation d'immoralité en prétendant au contraire vouloir inciter ses lecteurs à la vertu en brossant le tableau de la déchéance et les malheurs séquelles du vice. Il ne sera finalement pas condamné. L'argument est un peu tiré par les cheveux, car ce qui intéresse l'auteur qui se reconnaît dans le personnage d'Emma, c'est d'écrire et de décrire, sans juger, plaider ou requérir.
Lien : https://livre.fnac.com/a1172..
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Madame Bovary est l'un des livres qui m'a fait le plus aimer les livres, une oeuvre fondatrice de mon goût pour la lecture. On juge finalement toute oeuvre à l'aune de quelques ouvrages, qui sont pour nous la perfection en littérature.



Très haut dans mon petit panthéon personnel, il y a ce classique parmi les classiques, ce grand livre finalement tout simple, aussi beau, profond, et triste qu'accessible à tous, autant de son temps qu'intemporel et universel.

Emma Bovary ou le drame terrible de trop rêver sa vie, de se vouer au malheur en y emportant les siens parce que l'existence ne peut être que seulement cela, cette succession banale, commune de jours, ce manque terrible des grandes exaltations qui font palpiter les coeurs. Emma Bovary est cette grande amoureuse, cette femme en quête d'absolu, éprise de sublime et de beauté, coincée dans la vie banale d'une petite ville de province. Son mari est un homme gentil, attentionné, doux, amoureux d'elle, mais tellement insuffisant à ses yeux, tellement petit et étriqué, tellement loin de ses désirs. Elle rêvait tant d'autres choses, elle voulait tant connaître les folles passions, les emportements du coeur, le tourbillon des fêtes, les excès de la grande ville, l'intensité de l'existence telle qu'elle la lisait dans les livres, qu'elle les rêvait adolescente… La confrontation avec ce qu'est sa vie simple, quotidienne était devenue insupportable pour elle. Alors, elle s'est perdue.



Madame Bovary, c'est l'histoire de tout un chacun, une confrontation avec nous-mêmes : comment accepter que la vie ne soit pas comme nos rêves, comment confronter nos aspirations à notre destinée?

Ce sujet merveilleux et essentiel est proposé dans le cadre d'un roman naturaliste, qui décrit la vie de province d'une petite ville (Yonville en Normandie) avec ses haines et ses amitiés, ses conflits de clocher et ses petites avancées vers la modernité, un peu moquée par le grand écrivain. L'oeil y est acéré, toujours juste.



Egalement, il y a quelque chose comme un miracle dans ce récit où aucun mot ne semble en trop, où la précision quasi clinique des états d'âme, des paysages, des tenues, des lieux s'enchevêtrent merveilleusement avec le fil de l'histoire tragique et pathétique qui avance sous nos yeux vers sa terrible conclusion avec une efficacité prodigieuse.



Surtout, il y a cette langue, qui parfois confine au sublime. Ces passages de prose, plus beaux que les plus beaux poèmes. Simples encore, mais tellement profonds, tellement vrais et à la musicalité si merveilleuse. Certains des plus beaux aphorismes du monde sont dans Madame Bovary, comme les plus belles mélodies.

Je ne résiste pas en guise de conclusion à proposer deux courts extraits qui symbolisent la perfection à laquelle j'ai tenté de rendre hommage dans ces quelques lignes.



“Emma ressemblait à toutes les maîtresses ; et le charme de la nouveauté, peu à peu tombant comme un vêtement, laissait voir à nu l'éternelle monotonie de la passion, qui a toujours les mêmes formes et le même langage. Il ne distinguait pas, cet homme si plein de pratique, la dissemblance des sentiments sous la parité des expressions. Parce que des lèvres libertines ou vénales lui avaient murmuré des phrases pareilles, il ne croyait que faiblement à la candeur de celles-là ; on en devait rabattre, pensait-il, les discours exagérés cachant les affections médiocres ; – comme si la plénitude de l'âme ne débordait pas quelquefois par les métaphores les plus vides, puisque personne, jamais, ne peut donner l'exacte mesure de ses besoins, ni de ses conceptions, ni de ses douleurs, et que la parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles.”



‘'D'ailleurs, il allait devenir premier clerc ; c'était le moment d'être sérieux. Aussi renonçait-il à la flûte, aux sentiments exaltés, à l'imagination ; – car tout bourgeois, dans l'échauffement de sa jeunesse, ne fût-ce qu'un jour, une minute, s'est cru capable d'immenses passions, de hautes entreprises. le plus médiocre libertin a rêvé des sultanes ; chaque notaire porte en soi les débris d'un poète. Il s'ennuyait maintenant lorsque Emma, tout à coup, sanglotait sur sa poitrine ; et son coeur, comme les gens qui ne peuvent endurer qu'une certaine dose de musique, s'assoupissait d'indifférence au vacarme d'un amour dont il ne distinguait plus les délicatesses. Ils se connaissaient trop pour avoir ces ébahissements de la possession qui en centuplent la joie.''

Tom la Patate

PS: pour les fans absolus de ce grand texte, je conseille de visiter le site www.bovary.fr qui recense les différentes versions du manuscrit de Flaubert, avec ses corrections petit à petit pour arriver au chef-d'oeuvre que nous connaissons. Passionnant.



Complément de Jo la Frite sur cet ouvrage:

C'est également le plus beau roman que je n'ai jamais lu, tant dans l'écriture que dans la justesse des comportements humains. Il manque à mon sens un point important dans la critique de Tom la patate, c'est toute la vanité des personnages – excepté du mari – vanité qui nous pend tous au nez en tant qu'êtres sociaux. Cette idée de croire qu'il faut aimer de telle sorte, vivre telle vie, sortir à tel endroit, pour exister, pour vivre. Et la difficulté à certains moments de notre vie de sortir de ces schémas pour trouver sa vraie place. A mon sens, c'est cela qu'a réussi Flaubert, nous faire comprendre que se créer un idéal de vie est la pire de façon de passer à côté des belles choses qui nous entourent.




Lien : http://coincescheznous.unblo..
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Imaginez une femme qui aurait fait un mariage qu'elle croyait d'amour mais dans lequel finalement elle s'ennuie. La faute à qui ? Peut être parce qu'elle a lu trop de romans d'amour, parce qu'elle a une bien haute idée d'elle-même, parce que finalement elle n'a aucune idée de ce que la passion peut avoir de dangereux ? Il y a son mari, un petit docteur de province qui l'aime mais dont le plus grand tort est de prendre la vie comme elle vient sans jamais trop se poser de questions. Tout ça dans une petite ville de province avec des notables qui voudraient bien concurrencer la grande ville d'à côté mais qui sont tous finalement assez médiocres et satisfaits d'eux-mêmes. Arrive alors Rodolphe, qui lui sait parler aux femmes. Vous avez toutes croisé un jour cet homme : on sait que c'est plutôt le modèle « salaud », qu'il va nous raconter ce qu'on veut entendre sans aucune sincérité, mais on tombe dans le panneau parce qu'il a ce quelque chose qui nous fait frissonner… Si on est bien dans ses bottes on résiste mais là, la pauvre Emma tombe dans le panneau. Et Rodolphe ne sera pas son seul amant ! Et comme ça on voit la pauvre Emma sombrer toujours un peu plus jusqu'à la fin qui est vraiment vraiment tragique. La fatalité aux portes de la Normandie…
Une héroïne agaçante et des personnages décrits avec une telle justesse. .. On se plonge je trouve facilement dans cette lecture et parfois j'avais l'impression d'entendre l'Hirondelle arriver avec le son du clocher.
Non seulement c'est une histoire d'amour pathétique, mais c'est aussi une critique de la petite bourgeoisie, conformiste, et d'un ennui… Pour moi un livre à lire, à découvrir ou redécouvrir !

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