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sur 17281 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je redoutais beaucoup la lecture de ce monument de la littérature française, car j'ai entendu beaucoup trop d'avis divergents. Mais profitant encore et toujours des vacances, je me suis enfin lancée dans les oeuvres de Flaubert. Et ce fut époustouflant !
Dès les premières lignes, je me suis fait happée par le talent de l'auteur. Il manie sa plume avec une dextérité hors du commun : le décor se crée dans notre imagination sans aucune difficulté ; on a l'impression d'être dans le livre tellement tout paraît proche et réaliste et l'auteur arrive à transmettre les sentiments qui animent chacun des protagonistes.
J'ai beaucoup aimé Emma, peut-être à cause de son tempérament sensible, rêveur et romantique. Bercée par des livres qui idéalisent l'amour et la vie, elle se heurte à une existence commune et ennuyeuse, avec un mari moyen et sans réel talent ni ambition. Elle cherche à fuir cette vie morne, quelconque et insupportable en succombant aux séductions d'autres hommes, en vivant dans le luxe ou en se tournant avidement vers la religion. Mais là encore, la satisfaction tant attendue n'arrive pas. A mes yeux, elle n'était ni égoïste, ni ingrate, juste une malheureuse vivant dans des illusions et incapable de s'adapter à la réalité dure et implacable de la vie.
Je pense que le thème de cet ouvrage reste très contemporain et reflète aussi notre monde actuel, où les illusions deviennent le pain quotidien véhiculé par les médias. Comme Emma, certaines personnes exagèrent leurs talents ou idéalisent leur vie une fois qu'ils seront mariés, ou après avoir eu des enfants ou après avoir obtenu une promotion ou après X ou Y évènement. La réalité est moins idyllique que leurs rêveries et leurs idéaux, et vient ensuite la fuite en avant comme Emma qui, à force de ne plus supporter sa vie, se noie dans l'endettement et finit sa vie d'une manière bien misérable.
On découvre aussi le quotidien morose d'une bourgade de province et les relations amicales qui se nouent entre les voisins. L'auteur raille aussi ses contemporains : les ambitions du pharmacien ainsi que son aversion pour la religion, les magouilles financières d'individus peu scrupuleux, etc.…
La fin m'a bouleversée, et en refermant le livre je n'ai pu que murmurer : « quel chef-d'oeuvre ! ».
Lien : http://leslecturesdehanta.co..
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Je voulais ajouter une citation. Impossible, chaque phrase de ce livre est absolument parfaite. On dit que Flaubert passait parfois plusieurs jours sur une seule phrase. Je peux ouvrir le livre à n'importe quelle page, je me régale toujours. L'écriture avec un E. L'intrigue, basée sur un fait divers, ne doit pas être la raison pour laquelle on décide de lire Madame Bovary, et pourtant, on ne s'ennuie pas une seconde, chaque page se dévore ou se savoure, selon l'humeur du lecteur...
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Découvert au lycée, ce livre me suit depuis des années et je suis même devenue une EmmaBovary du net...
La première lecture, pour le lycée, a ennuyé l'adolescente que j'étais... La deuxième lecture, quelques années après, m'a fait me demander si j'avais vraiment lu ce livre la première fois!
Depuis, j'ai dû le relire deux, peut-être trois fois...L'art littéraire de Flaubert, son attention au monde, au quotidien, tout comme sa description de l'ambition et de la bêtise humaine, me sont à chaque fois apparues de plus en plus justes. Et tellement bien racontés!
L'histoire d'Emma Bovary reste une vraie histoire de femme, prise au piège de sa vanité et de la prétention masculine. Quand je lis le livre, je ne peux m'empêcher d'aimer et de détester tour à tour cette Emma dont Flaubert disait qu'elle était lui. Je lui pique la réplique: EmmaBovary, c'est moi aussi!
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Que peut on ajouter su un tel chef d'heure sans répéter ce qui a précédé?
Peut être contextualiser ma lecture: découverte tardive, j'ai dévoré le roman sur une plage de Rhodes il y'a quelques années puis lu la préface critique De Montherlant. Ce dernier critiquait la lenteur de Flaubert, le côté perfectionniste, quasi tacheron de l'écrivain qui tend à se lire, se relire et encore se relire pour arriver à la formule, au mot précis. C'est précisément ce qui rend la lecture de Madame Bovary inoubliable et une expérience unique et celle De Montherlant sans doute beaucoup moins (avis très personnel: je ne goûte guère cet auteur que je trouve aigri). Aigrie ou plutôt insatisfaite par sa vie, par son couple, E.Bovary réalise, une des premières héroine du roman moderne que sa vie n'est pas celle dont elle rêvait, pire, celle à laquelle elle pense pouvoir prétendre. Finement et avec la précision d'un enthomologue, Flaubert décrit ses états d'âmes et sa transformation progressive. Sans doute est-il l'un des premiers romanciers à s'interesser ainsi à la psychologie féminine sans rester du côté habituellement masculin de ses prédécesseurs. La puissance de la description, quasi clinique de cette descente aux enfers psychologique, de cette quasi dépression rend le roman passionnant à lire. Ce fût un "page turner" en ce qui me concerna et sa lecture, une révélation, fait partie des grands événements qui ont marqué mon goût pour la lecture et le roman en particulier. Guère surprenant que le grand Léon Tolstoi l'ai apprécié...On trouve un peu de Emma Bovary chez Anna Karénine ou Natacha Rostov...
En bref, un véritable chef-d'oeuvre à côté duquel il serait dommage de passer.
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Pendant les derniers mois de l'année 2015, il a été beaucoup question de relecture, j'ai mis sur ma liseuse tous les classiques que je veux relire. J'ai choisi de relire « Madame Bovary » (que vous connaissez tous et toutes) car j'ai été passionnée par un débat sur France Culture, animé par Alain Finkielkraut, lors de son émission « Répliques » du 28 novembre 2015. Étaient invités : Suzanne Julliard qui vient de publier une anthologie de la prose française ordonnée par genres ( des orateurs aux critiques) et le comédien Fabrice Luchini.

Suzanne Julliard affirmait que, si la langue de Flaubert était travaillée à la perfection, elle n'était en aucun cas poétique. Ma relecture très attentive me place dans son camp. Pourtant Luchini et Finkielkraut étaient tellement passionnés que j'aurais aimé qu'il en soit autrement. J'ai lu « Madame Bovary » plusieurs fois, mais toujours dans des cadres scolaires puis universitaires. Je me souviens combien, au lycée, j'avais été agacée par cette Emma qui me ressemblait si peu, toujours à rêver sa vie au lieu de la vivre.

Et puis, sont parvenus jusqu'à moi, sans pour autant que je relise cette oeuvre, les débats menés par les féministes de notre époque accusant Flaubert, d'avoir fait une héroïne avec des yeux de « mâle dominant » occidental. Je trouvais ce débat stérile, et je ne voulais pas m'y intéresser. J'ai repris ce roman avec des préjugés favorables pour ce qui est considéré, à juste titre, comme un monument incontournable de la littérature française. Et de nouveau, Emma m'a prodigieusement énervée, mais je ne comprends absolument pas les propos des critiques féministes, car les hommes sont d'une nullité crasse, seul Charles grâce à son amour sans faille pour sa trop jolie femme, a une présence plus sympathique que l'ensemble des personnages.

C'est un livre désespérant, car personne n'est habité par un sentiment positif pour ce qui fait le sel de la vie, les joies intellectuelles ou les satisfactions physiques. Emma les rêvait dans la réalisation d'un amour passionné, et finalement, étant donné le cadre monotone de sa vie qui peut lui donner tort? Elle vit à travers ses romans, mais nous blogueuses et plus rares blogueurs, ce sont pour nous aussi de moments délicieux que ceux passés parmi nos lectures. Je vais sans doute résumer le drame d'Emma a bien peu de choses, mais si elle s'était réalisée dans la société autrement que comme la femme de Charles Bovary, Flaubert n'aurait eu à se mettre sous la dent que la série de portraits d'hommes aussi peu reluisants que, Homais, le pharmacien qui se croit savant alors qu'il est tout juste scientiste borné, Rodolphe, le jouisseur, L'heureux l'usurier escroc, Léon le pâle amoureux arriviste et j'en passe.

C'est donc un roman désespéré et je suis vraiment contente de n'avoir pas à l'expliquer à la jeune génération. À la relecture, je me disais sans cesse combien je préfère la lecture De Maupassant autrement plus humain que ce Flaubert qui s'est si bien corseté pour écrire son chef d'oeuvre, qu'il ne laisse aucune chance à la vie pour se faufiler à travers les interstices de nos rêves et nos délicieux fantasmes.
Lien : http://luocine.fr/?p=5280
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Ah, ma pauvre Emma !
Je me suis résolu à écrire ce petit billet après avoir lu sur le site et ailleurs des critiques qui l'accablent : mauvaise mère, mauvaise épouse, frivole, peu intelligente, égoïste, dont certaines auraient pu être rédigées par le substitut Pinard.
Et pourtant...
Elle a lu de mauvais romans ? Mais quoi d'autre aurait-elle pu lire ? Une jeune fille appartenant à a petite bourgeoisie aurait-elle pu lire sans scandale, aurait-elle même été autorisée à lire autre chose sans scandale ? Aurait-elle pu lire Balzac, Hugo, Zola, Maupassant, ou Flaubert aussi d'ailleurs ?
Et d'ailleurs une femme devrait-elle lire tout court ? Les soins du ménage, l'éducation des enfants, que sais-je, devraient suffire à l'occuper. Encore, à la rigueur, quelques bonnes lectures conseillées par Monsieur le Curé...
Elle a sans doute eu tort d'épouser le pauvre Charles, de l'épouser par défaut et sans amour ; mais le mariage était la seule issue, le seul espoir d'évasion, pour une femme de son époque et de sa classe.
N'est pas George Sand qui veut.
Et Charles, après tout..un médecin, il a fait quelques études, il y avait de l'espoir, et d'ailleurs elle le connaissait à peine. Peut-être que...Hélas, Charles n'était que Charles. Un brave homme, un homme estimable d'ailleurs, qui aimait sa femme, il a fait ce qu'il a pu.
C'est vrai qu'elle l'a bien mal traité, et il ne le méritait pas. Elle n'aurait certes pas du le tromper, c'est toujours un tort, et qui plus est avec des hommes indignes. Mais enfin n'aurait-il pu voir ce qui se passait, réagir, voir le milieu effrayant où il l'avait plongé.
Oui, le milieu effrayant, parce qu'Yonville explique, excuse beaucoup de choses. Yonville, Mesdames qui la condamnez, j'aurais voulu vous y voir ! Qui y-a-t-elle trouvé ?
On pense à Homais, bien sûr, mais Homais, malgré sa bêtise révoltante, n'est pas encore le pire.
Il y a ce salaud de Rodolphe, qui n'a pensé qu'à profiter d'elle, de son romantisme niais (niais, bien sûr, la pauvre Emma n'est pas un parangon d'intelligence, et sur le romantisme il y aurait beaucoup à dire) qu'il a bien su utiliser pour parvenir à ses fins, et qui l'a abandonné avec une lâcheté sans nom.
Il y a ce petit crétin de Léon, qui était peut-être sincère quand il lui parlait de son amour, mais pensait sûrement surtout à obtenir ce qu'il a obtenu, et qui, même s'il ne pouvait évidemment l'aider de la façon qu'elle demandait, n'a pas cherché à l'aider du tout.
Il y a bien sûr l'usurier, qui l'a laissé sciemment s'endetter au-delà de ses possibilités, lui a proposé un moyen de remboursement ignoble, qu'elle a refusé non sans noblesse et dignité.
Il y a le tapissier, qui la poussait à la dépense. Bon, encore, lui..c'était un commerçant, il a fait son métier de vendre, sans trop de scrupules certes, mais sans doute aurait-ce été trop lui demander d'en avoir.
Il y a quelqu'un à qui on pense rarement, c'est le bon abbé Bournizien, aussi bête, plus peut-être, qu'Homais. Lorsqu'Emma essaie de lui faire part de son désespoir, qui va bien au-delà du matériel, il ne comprend pas, il ne comprend rien, il la laisse à sa dépression. Parce que,et c'est une des clefs du personnage, Emma est profondément déprimée, le mot n'existait pas encore, mais la chose existait déjà, on l'appelait mélancolie, et quel autre milieu qu'Yonville eût été plus propre à nourrir cette maladie ? C'est bien à cause de cette dépression d'ailleurs que Flaubert, qui souffrait de la même maladie, s'est exclamé « Madame Bovary,c'est moi ! ».
Et comment peut-on ne pas avoir avoir au moins pitié d'elle dans les terribles jours qui précèdent son suicide, lorsqu'elle cherche partout un secours qui lui sera refusé ?
On le lui reproche, d'ailleurs, son suicide. N'aurait-elle pas du vivre, pour son mari, au moins pour son enfant ? Evidemment, son enfant. Elle n'était pas faite pour être mère, elle n'est pas la seule, et beaucoup font bien pire à leur enfant que de l'abandonner en mourant.
Alors, ayons au moins une pensée émue pour elle
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Plutôt qu'une critique forcément très insuffisante de ce classique ultra-étudié, j'exposerai quelques arguments pour convaincre ceux qui ne l'ont pas encore lu que Madame Bovary vaut largement le détour : pour sa peinture sociale, et notamment la peinture acerbe des expériences médicales (lesquelles nous rappellent l'ignorance phénoménale qui régnait en ce temps là et la sévère sélection naturelle), ou encore les batailles entre les curés et les libre-penseurs ; pour l'histoire intemporelle d'une femme qui rêve de se marier à un homme qu'elle trouve merveilleux et auprès duquel elle va très vite déchanter ; pour le style littéraire qui nous laisse pantois ; pour le voyage historique dans cette France de province du XIXeme siècle, et éventuellement pour la voix de Victoria si vous l'écoutez en version audio.
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Il s'y passe toute une vie, mais il ne s'y passe rien.
On s'ennuie de cette absence d'évènements. Les actions sont fades, vraiment, il n'y a rien.
Rien en surface, certes, mais tout dans le fond.
On ne tourne pas les pages d'un roman de Flaubert pour ses suspens... Mais bien pour son style…
Oui, tout réside dans l'écriture de Flaubert. Quelle fluidité, quelle malléabilité des mots ! Les phrases s'enchaînent, elles coulent, doucement… Les comparaisons sont pleines de critiques, d'une ironie piquante et je ne me lasse pas de lire et relire les pages de ce roman, qui plus qu'un incontournable est un miroir sur une époque, sur des moeurs, sur des caractères...
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Oui, j'ai rerererelu le chef-d'oeuvre de Flaubert. Avoir entre les mains la belle édition rehaussée des illustrations d'Yves Saint-Laurent était une occasion toute trouvée. le créateur de mode était fasciné – et je le comprends ! – par le roman de l'auteur normand. « le costume, qu'il s'agisse des robes d'Emma Bovary ou de celles de sa mère, est pour lui la peinture d'un caractère : la littérature lui fait voir la panoplie des humeurs et l'uniforme de la convention. » (p. 46) L'encre noire et les touches de gouache font de ses dessins des oeuvres éminemment dignes de figurer en introduction du roman qui n'en finit pas de me hanter.

Et sinon, l'histoire de Madame Bovary, faut-il la rappeler ? La belle Emma, dont l'esprit est pétri de rêves grandioses et de fantasmes fous, s'ennuie à périr à côté de son tranquille époux, Charles, médecin médiocre et compagnon aux ambitions plates. Dans la petite ville normande d'Yonville, Emme se dessèche d'insatisfaction et d'amertume. Et c'est en se jetant dans deux relations adultères et dans des dépenses somptuaires qu'elle pense éteindre enfin sa frustration, en vain, jusqu'à l'issue fatale.
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J'ai bien aimé ce livre. Je ne suis pas une grande fan de Flaubert, bien que je lui reconnaisse un talent indéniable, disons que ça ne prend pas jusqu'à l'adoration chez moi. Pourtant, ce livre est certainement mon préféré de cet auteur, tant par l'histoire que par le caractère d'Emma.
Petit à petit, on apprend à avoir moins d'indulgence pour la jeune femme et en même temps à la plaindre, par sa recherche constante de nouveaux plaisirs et sans qu'elle réussisse à se satisfaire de rien. Je trouve que son caractère est très représentatif de notre époque malgré la date à laquelle le roman a été écrit, et que le récit continue de se placer en critique de la société et des personnalités contemporaines malgré cette distance temporelle. Pour ces raisons, j'ai beaucoup aimé ce livre et l'ai trouvé à la fois divertissant et enrichissant à lire. Je le conseille fortement!
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