Teodor, le personnage principal a fuit la Roumanie adolescent, avec ses parents. Et a vécu ensuite un peu par hasard en Suisse, où il a très bien réussi une carrière professionnelle. Mais il décide un jour de faire un voyage en Roumanie, qui a bien changée entre temps. A la recherche d'un je ne sais quoi, de ses souvenirs, de sa vie interrompue, de son amour de jeunesse, Valeria... Il va échouer dans une étrange petite ville thermale, dans laquelle un masseur aveugle, passionné de lecture transforme tous les habitants et ses patients en lecteurs, enregistrant des livres....
Un livre, discursif et mélancolique. Teodor à la recherche de lui même et du sens des choses, les personnages hauts en couleur qu'il croise....Cela se lit très bien, rend un peu triste, un peu joyeux...C'est à la fois très réaliste, et très poétique. L'auteur arrive à concilier des choses contradictoires en apparence.
Toutefois j'avoue avoir été un peu déçue par la fin, mais c'est un petit bémol.
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Les livres proliféraient, débordaient, se multipliaient, grimpaient en haut des murs, s'alignaient en rangs, paressaient, s'appuyaient les uns sur les autres. Des livres munis de modestes couvertures, parfois seulement l'auteur et le titre sur un fond de couleur, mais d'autres avec des dessins et des photos. Certains, qui ne voulaient pas s'imposer par la séduction, étaient sobrement vêtus, d'autres fanfaronnaient et cherchaient à attirer l'attention. Sans attendre qu'on les découvrît, ils se recommandaient eux-mêmes. Ils partaient en guerre contre le risque d'être ignorés. Ils vous sautaient au visage, vous menaient par le bout du nez. Ils criaient : « Prends-moi ! », mais un autre criait encore plus haut : « Non, moi ! Tu n'es que de la graisse, il n'y a rien en dessous ! » « Tu es une maigre pitance », protestait le premier. « Et toi, tu es seulement bouffi », ripostait le second. « Mieux vaut être bouffi qu'à moitié mort de faim », répondait-on. La rivalité des livres ne devaient pas être sous-estimée.
Il y a des livres qui ont leur propre voix, et avec eux on avance. Mais la plupart des livres ne sont que répétition, dans le meilleur des cas une agréable répétition, on ne fait pas de sauts grâce à eux. Ils n'ont pas la voix forte, peu importe que le lecteur soit bon. J'emporterais tout au plus une poignée de livres dans la tombe.
- Et voilà ce que dit l'homme qui fait lire Germinal à des mineurs.
- Pendant longtemps, je n'ai trouvé personne pour m'enregistrer Sade, commença Ion. Un jour, un pope est arrivé pour suivre une cure, et je n'aime pas les popes, mais celui-ci était très convenable. Quand il a dit qu'il voulait enregistrer quelque chose pour moi, je n'ai pas hésité et je lui ai proposé Sade. Il en est resté quasiment sans voix. Il a bredouillé : « Oui, mais il écrit sur des choses tellement spéciales. » « Quelles choses ? » ai-je demandé avec un sourire béat. « Des vilaines », a-t-il répondu. « Mais pas du tout. C'est Dieu qui a voulu Sade, sinon il n'aurait pas trouvé d'éditeur », ai-je dit. Cela le convainquit un peu, il emporta Sade chez lui et me l'enregistra, en dix cassettes.
Le meilleur écrivain n'est rien d'autre qu'un bon spectateur.
Le turbulent destin de Jacob Obertin - Catalin Dorian Florescu - Coup de coeur des libraires Fnac
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