Vesuvia Adelia Rachel Ortese Aguilar, est médecin diplômé de l'école de Salerne, ce qui reste un cas unique dans l'Europe du 12ème siècle.
Le roi la charge d'une mission à Glastonbury. Elle doit enquêter et prouver que les restes du roi Arthur sont bien inhumés dans le cimetière de cette cité : « Eh bien, il existe une hypothèse tenace selon laquelle Arthur serait seulement endormi, poursuivit Rhys, toujours aussi évasif. Dans une grotte de cristal à Ynis-Witrin, l'île de Verre. Avalon »
« C'est-à-dire Glastonbury, lâcha le roi avec brusquerie. »
Les lecteurs familiers de Ariana Franklin connaissent Adelia Aguilar dont c'est la troisième aventure. Pour ma part, je découvre le personnage, son caractère obstiné, « Mais elle s'appelait Vesuvia Adelia Rachel Ortese Aguilar, medica de l'école de Salerne, et si elle ne s'attachait pas à la découverte de la vérité, alors elle n'était plus rien. » ; son charme et sa familiarité avec le roi Henry Plantagenet : « Elle eut droit à un baiser royal sur la joue et une tape tout aussi royale dans le dos. le scribe Robert fut invité à rédiger un sauf-conduit au bénéfice de « mon bien-aimé seigneur Mansur et son interprète, maîtresse Adelia Aguilar. »
Adelia est l'une des premières médecins légistes : « Certes, il lui faudrait admettre qu'elle découpe les cadavres. Mais grâce à ça, argumenterait-il, elle avait révélé un crime et mené les coupables devant la justice. Vous devez sans doute approuver cela. »
Femme se démenant dans un monde d'hommes, elle n'en parvient pas moins à s'affirmer et malgré les hypocrisie et les faux-semblants des autorités religieuses, à dénouer l'intrigue dont le Roi l'a chargée.
« Le père Geoffrey s'efforça de recouvrir d'un voile le souvenir des explications d'Adelia selon lesquelles un homme castré, bien qu'incapable de procréer, pouvait connaître une érection durable. Pardonnez la franchise de ses paroles, Seigneur, elle ne sait pas s'exprimer autrement. »
Ariana Franklin , un peu à la façon de Ellis Peter avec Frère Cadfael ou (je n'hésite pas) Umberto Eco avec Guillaume de Baskerville, nous guide dans les méandres d'une société médiévale qui ressemble au fond fort à la notre : Autorité peut y rimer avec abus de pouvoir, religion avec peur, humain avec lâcheté.
Un roman bien documenté où l'on apprend beaucoup sur les meurs de l'époque : « Les rues étaient engorgées. Des chariots grillagés continuaient d'amener du fin fond du comté des hommes et des femmes tirés de leurs geôles pour passer en jugement. Les clercs couraient partout, sommations en main. Les inspecteurs officiels allaient d'une porte d'auberge à l'autre, d'un pas un peu titubant, pour goûter la bière et vérifier qu'elle n'était pas trop coupée. Les boulangers patientaient à côté de leur four pendant que l'on contrôlait que les miches d'un sou avaient le poids réglementaire. Partout les bonimenteurs, patente prudemment exhibée, aguichaient le chaland par leurs clameurs. Jongleurs, acrobates et autres conteurs profitaient de l'occasion pour divertir les foules. On négociait les chevaux ; ainsi que les jeunes filles à marier. Nombreux étaient ceux qui étaient venus de loin pour espérer apercevoir leur monarque. »
Enfin, Ariana Franklin rappelle dans ce roman que la geste des Chevaliers de la Table Ronde s'articule aussi autour des relations tumultueuses du trio amoureux Lancelot, Guenièvre, Arthur : « Arthur avait enflammé et enflammait encore l'imaginaire du pays. Ses prouesses mythifiées, ses chevaliers, ses batailles, son mariage avec Guenièvre et l'infidélité de celle-ci étaient contés par les ménestrels amateurs et professionnels dans les châteaux, les manoirs, les marchés et jusqu'au coin de la cheminée. »
Adelia, l'héroïne succombe au charme des histoires de chevalerie qui hante son sommeil perturbé : « Cette nuit-là, Adelia fit un nouveau rêve, un beau rêve élégiaque. Au début. Elle était sur la berge de la Brue en compagnie de chevaliers en armure, juste au-delà de la place du marché. On entendait des voix de femmes, unies dans un chant funèbre. Un des chevaliers leva le bras, brandissant une épée qu'il tint un instant, offrant au clair de lune sa longue lame et les pierres précieuses de sa poignée. Les lamentations enflèrent jusqu'au cri.
« Arturus, Arturus, Rex quondam, rexque futurus. »
Le chevalier lança l'épée qui tournoya dans les airs, éclair noir et argent décrivant un grand arc. Il y eut une gerbe d'eau, puis Excalibur disparut dans les flots. »
C'est en revoyant son rêve qu'elle comprendra que la réalité du pouvoir ne se parera jamais de la magnificence et de la noblesse des valeurs de la chevalerie arthurienne :
« Deviendrez-vous également une légende ? Non, l'Église y veillera. Les générations futures qui vivront avec les lois que vous avez édictées ne verront en vous que l'assassin de Thomas Becket. » pense-t-elle en regardant Henri II Plantagenet.
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