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EAN : 9782130530695
254 pages
Presses Universitaires de France (19/08/2002)
3.89/5   31 notes
Résumé :

Les Études sur l'hystérie de Breuer et Freud, partes en 1895, sont d'un grand intérêt historique pour l'histoire de la psychanalyse. C'est ce travail qui ouvrit la voie à la psychanalyse proprement dite, dont la méthode cathartique constitue pour ainsi dire l'échelon initial. Mlle Anna 0..., le premier cas traité, était une patiente de Breuer, tombée malade après la mort de son père et qu'il soig... >Voir plus
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Oeuvre précurseur, les Etudes sur l'hystérie est un livre important dans l'histoire et l'origine de la psychanalyse (la première édition du livre date de 1895, la naissance de la psychanalyse est fréquemment située en 1900). A ce moment-là, Freud était encore neurologue, et travaillait avec la méthode de traitement de l'hystérie élaborée par le Dr Joseph Breuer : la méthode cathartique.
Ce livre présente une théorie de l'hystérie basée sur l'analyse d'études de cas.

Seule partie co-écrite par les deux médecins, la première partie, intitulée "Le mécanisme psychique des phénomènes hystériques – communication préliminaire", bien que courte, est à mon sens la partie la plus intéressante de l'ouvrage. Dans cette communication, Freud et Breuer situent l'origine des symptômes (hallucinations, épilepsie, etc…) de l'hystérie comme des événements traumatiques oubliés dont l'affect n'aurait pas été déchargé (c'est-à-dire abréagi). Ils avancent le concept de dissociation entre l'élément traumatisant et l'affect qui lui est rattaché. le symptôme devient donc un élément qui dispose d'un rapport direct ou symbolique avec l'événement traumatisant et surtout, qui donne accès, au cours de la cure cathartique (soit lorsque le patient est sous hypnose légère ou au moyen d'associations), à ce traumatisme. L'objectif de la cure cathartique est donc de revenir à la source, au souvenir, pour permettre la verbalisation de l'affect qui n'a pu être vécu (parce que la situation ne le permettait pas ou par refoulement plus ou moins conscient), et permettre ainsi sa décharge émotionnelle.

La seconde partie présente 5 études de cas. Pour chaque cas, les auteurs présentent l'environnement familial de la malade, la chronologie de la maladie, l'historique des symptômes (l'étiologie de la maladie). Ensuite, ils décrivent au jour le jour de l'évolution de la malade et de la maladie au cours du traitement, qui consiste généralement à traiter les symptômes hystériques en plongeant le patient sous hypnose légère de façon à permettre la verbalisation de l'événement à l'origine du symptôme et de l'affect associé, puis, toujours sous hypnose, à effacer ou amoindrir le souvenir de cet événement. Freud et Breuer s'appuient sur les travaux de Charcot pour ce qui concerne l'hystérie, de Bernheim pour l'hypnose, et de Janet pour l'interprétation des cas.

Le premier cas, celui d'Anna O., est le plus connu, et c'est le seul cas présenté par Breuer. Cette présentation met en évidence comment la verbalisation des fantasmes permet une accalmie des symptômes hystériques. le second cas, Mme Emmy von M., est le premier essai de cure cathartique par Freud. Ce cas lui permet de montrer comment des éléments éloignés dans le temps peuvent être associés par l'inconscient (et pose donc les prémices du système de la psyché défini dans sa première topique) et de poser la notion de « conversion » (conversion en symptômes physiques ou psychique de la maladie psychique). le 3ème cas, Miss Lucy R, montre que l'hystérie, en tant qu'incompatibilité entre le moi et la représentation qui le confronte, n'est pas une maladie uniquement héréditaire, mais peut également être acquise. Avec le 4ème cas, celui de Katrina, Freud aborde la notion de "temps d'élaboration psychique" (c'est-à-dire le délai entre l'événement traumatisant et l'apparition des symptôme). Enfin, avec le dernier cas, celui de Miss Elisabeth v. R, Freud décrit comment des symptômes peuvent fusionner (provoquant, a priori, une hystérie mono-symptomatique) et évoque la notion de résistance volontaire du patient contre une représentation insupportable et refoulée.

La troisième partie du livre s'intitule « Considérations théoriques » et a été rédigée par Breuer. C'est à mon sens la partie la plus complexe de l'ouvrage, et qui nécessite, pour être suivie, d'avoir des connaissances en psychologie clinique et pathologique. Dans cette partie, Breuer propose une sorte de modélisation de l'hystérie (comment, et pourquoi l'hystérie), et analyse les contextes favorables à l'émergence de la maladie. Il s'appuie sur les cas présentés dans la partie précédente pour élaborer son argumentation.

Enfin, la dernière partie, écrite par Freud, « Psychothérapie de l'hystérie », se présente comme une sorte de guide à l'usage des médecins qui souhaiteraient traiter leurs patients hystériques avec la méthode cathartique. Freud y pose les bases du diagnostic différentiel. Il décrit également une alternative au traitement par hypnose des patients : les patients allongés sont invités à réaliser des associations libres liés à leurs symptômes et aux images/souvenirs liés ; un contact physique (la main du praticien sur le front du patient) permettrait d'aider à vaincre les résistances.


J'ai toujours un peu de mal quand on met en exergue le côté un peu « prodigieux » de la « guérison » psychanalytique. On a parfois l'impression, en lisant ce livre, que pif paf, une passe hypnotique et deux suggestions plus tard, la malade se porte bien. Bien entendu, les auteurs promeuvent la cure cathartique dans le traitement de l'hystérie, et à aucun moment ils ne nous parlent de « miracles », mais plus d'un siècle après l'écriture de l'essai, la psychanalyse ayant connu sa période de gloire et étant implantée dans notre culture, je ne peux m'empêcher de tiquer à la lecture de certains passages. Ceci dit, quand on lit la description des symptômes d'Anna O. par exemple (hallucinations multiples, incapacité à parler sa langue maternelle, incapacité à boire et à manger, etc), force est de constater de le traitement des symptômes , s'il n'a pas apporté une « guérison » définitive comme nous l'a appris l'histoire, ne pouvait qu'apporter une amélioration de la vie de cette femme, et lui a permis en tout cas de s'investir dans une activité sociale.
Je suis d'autre part admirative de la capacité de théorisation et de conceptualisation d'une maladie et d'un système psychique. Quelles que soient les avancées, les rectifications, les « nouvelles » théories qui se sont développées par la suite, il me semble que la thèse défendue par Joseph Breuer reste en partie d'actualité.
Enfin, concernant l'histoire de la psychanalyse, la dernière partie de l'ouvrage me semble vraiment incontournable. On y voit déjà les prémices de ce qui fait la psychanalyse encore aujourd'hui : l'origine sexuelle de la névrose, les « chaines d'associations », les difficultés liés aux résistances des patients, le rôle moteur du transfert, etc...
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Etudes sur ľ hysterie
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Ma surprise fut très grande la première fois que je vis disparaître un trouble déjà ancien. Nous traversions cet été-là une période caniculaire et la patiente souffrait beaucoup de la chaleur; tout à coup, sans qu'elle put donner d'explication, il lui fut impossible de boire. Elle prit dans la main le verre d'eau dont elle avait envie, mais, dès qu'il toucha ses lèvres, elle le repoussa, à la manière d'une hydrophobique. Elle se trouvait évidemment, pendant ces quelques secondes, dans un état d’absence. Pour calmer sa soif ardente, elle ne prenait que des fruits, des melons, etc. Au bout de six semaines environ, elle se mit un beau jour à me parler, pendant l'hypnose, de sa dame de compagnie anglaise qu'elle n'aimait pas et raconta avec tous les signes du dégoût qu'étant entrée dans la chambre de cette personne, elle la vit faisant boire son petit chien, une sale bête, dans un verre. Par politesse, Anna n'avait rien dit. Après m'avoir énergiquement exprimé sa colère rentrée, elle demanda à boire, avala sans peine une grande quantité d'eau et sortit de son état hypnotique, le verre aux lèvres; après quoi le symptôme ne se manifesta jamais plus.
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Une observation fortuite nous a amenés à rechercher depuis quelques années déjà, dans les formes et les symptômes les plus divers de l’hystérie, la cause, l’incident, qui a, pour la première fois et souvent très loin dans le passé, provoqué le phénomène en question. Dans la plupart des cas, un simple examen clinique, si poussé soit-il, ne réussit pas à établir cette genèse, en partie d’abord parce qu’il s’agit souvent d’un événement dont les malades n’aiment pas parler et surtout parce qu’ils en ont réellement perdu le souvenir et qu’ils ne soupçonnent nullement le rapport de cause à effet entre l’incident motivant et le phénomène. Il est généralement nécessaire d’hypnotiser les malades et d’éveiller ensuite, pendant l’hypnose, les souvenirs de l’époque où le symptôme fit sa première apparition. C’est ensuite seulement que l’on réussit à établir de la façon la plus nette et la plus convaincante le rapport en question.
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Si la découverte du mécanisme psychique des phénomènes hystériques a pu nous faire faire un pas de plus dans la voie où s’est d’abord, avant tant de succès, engagé Charcot, lorsqu’il a expliqué et reproduit expérimentalement les paralysies hystéro-traumatiques, nous ne nous dissimulons pas, pour cela, le fait que seul le mécanisme du symptôme hystérique nous apparaît plus compréhensible. La cause interne de l’hystérie reste encore à découvrir. Nous n’avons fait qu’effleurer l’étiologie de l’hystérie, jeter quelque lumière sur la causation des formes ac-quises et mettre en valeur le facteur accidentel des névroses.
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A notre très grande surprise, nous découvrîmes, en effet, que chacun des symptômes hystériques disparaissait immédiatement et sans retour quand on réussissait à mettre en pleine lumière le souvenir de l'incident déclenchant, à éveiller l'affect lié à ce dernier et quand, ensuite, le malade décrivait ce qui lui était arrivé de façon fort détaillée et en donnant à son émotion une expression verbale.
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