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EAN : 9782290382417
352 pages
J'ai lu (15/02/2023)
3.02/5   32 notes
Résumé :
Les dessous de l'armée secrète de Poutine enfin révélé

" La raison principale de mon épuisement moral, c'était la conscience que mes camarades et moi combattions dans ce pays pour un gouvernement corrompu et détesté par ses propres citoyens, pour un peuple qui avait perdu son droit à la souveraineté, et que nous aidions une armée totalement inapte. J'avais besoin de savoir de quel côté je me battais et quelles valeurs je défendais. "
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Moi, Marat ex-commandant de l'armée Wagner de Marat Gabidulin
« La raison principale de mon épuisement moral, c'était la conscience que mes camarades et moi combattions dans ce pays, pour un gouvernement corrompu et détesté par ses propres citoyens, pour un peuple qui avait perdu son droit à la souveraineté et que nous aidions une armée totalement inapte. J'avais besoin de savoir de quel côté je me battais et quelles valeurs je défendais. » Marat n'est pas un repenti, ni un lanceur d'alerte. Marat c'est un soldat, fier d'avoir fait partie des troupes aéroportées de l'armée régulière de la Russie, fier d'avoir combattu Daech en Syrie notamment lorsqu'il raconte avoir participé à l'opération qui a permis de reprendre Palmyre aux islamistes. Mais qui maintenant alors que l'armée de l'ombre illégale Wagner est sous les projecteurs s'interroge après avoir servi celle-ci, déployée de l'Ukraine à la Syrie, de la Libye à la Centrafrique, désormais au Mali et d'entre d'autres pays comme Madagascar et d'autres, que je vous laisse découvrir si le sujet ô combien d'actualité vous intéresse. Comme il est dit en préface, ne vous attendez pas en lisant ce livre a des confessions coupables. Soldat de fortune, comme l'on appelle les mercenaires, Marat relate dans ce livre cette histoire de l'armée Wagner, « pour fixer des faits, inscrire dans le marbre de l'histoire ces frères d'armes tombées au combat » en absence de toute considération des autorités Russes, puisque cette armée, bien qu'elle soit déployée aux quatre coins du monde suivant les intérêts du régime Russe, « serait selon la version officielle un fantasme de détracteurs, selon le président Poutine « qui a toujours refusé de reconnaitre le recours aux mercenaires dans des zones de conflits, parce que le mercenariat en Russie est une activité officiellement passible en vertu de l'article 348 de leur code pénal, d'une peine d'emprisonnement jusqu'à huit ans ferme ! En outre le président Russe trouve son compte dans ce silence. « Son état peut ainsi économiser les pensions, les salaires qu'ils devraient verser si ces soldats appartenaient à l'armée régulière et également faire état des pertes subies. » Wagner n'ayant pas d'existence juridique, personne n'assume publiquement ni ses actions ni sa direction. Pourtant, comme le relate Marat, « cette organisation a été fondée par le Lieutenant-colonel Dimitri Outkine, nom de guerre Wagner, ancien membre du GRU, qui réunit en 2014 des vétérans des forces spéciales pour créer un groupe d'intervention rapide, pour mener des opérations ciblées dans la région séparatiste du Donbass en Ukraine. » L'autre personnage clé du groupe Wagner s'appelle Evgeni Prigojine qui malgré un passé délinquant sulfureux, je vous laisse le soin de le découvrir, va devenir une figure incontournable dans le cercle du pouvoir gagnant le surnom de « cuisinier de Poutine » et qui maintenant finance et assure les fonctions exécutives de Wagner avec le soutien de hauts gradés de l'armée. Marat Gabidulin a servi Wagner. Il a reçu des médailles internes au groupe mais aussi des décorations officielles de l'Etat Russe pour ses faits d'armes, « toujours remises en secret. » Manquant d'équipements et d'armements haut de gamme, souvent en première ligne, les troupes de Wagner ont à plusieurs reprises essuyés de lourds revers et connu des pertes humaines importantes. Lui qui a perdu quelques dizaines de bons camarades au combat, lui qui fut blessé à deux reprises sur le front Syrien, le corps toujours criblé d'éclats d'obus quitte Wagner en 2019 désabusé, ne voulant plus accepter d'être de la chair à canon et n'étant plus d'accord avec la politique du secret absolu, alors que cette armée Wagner existe bien. Marat par ce livre « réclame de l'honnêteté, là où il ne peut y en avoir. Il rêve d'une législation du mercenariat en Russie pour que ces combattants n'aient plus à se cacher. » Marat, Ded son surnom (le grand-père, le papi,) donné par ses collègues embauche dans les rangs de Wagner à 48 ans en 2015 faisant partie des 400 premiers engagés matricule M-0346 après une sélection à cette époque rigoureuse. « On était bien payé 950€ par mois pendant la période d'entrainement sur la base puis de 1500 à 1800 pour les premières missions à l'étranger. Certes sans couverture sociale, sans aucune rente pour la famille en cas de décès mais avec des primes pour participation au combat. » Après trois mois de formation il est envoyé pour une première mission « dans le Donbass, territoire considéré comme son pré carré par Poutine ». Après le Donbass, Marat monte en grade, de simple soldat il devient commandant d'une compagnie de reconnaissance et s'embarque pour la Syrie ou il fera quatre séjours soit deux ans de présence, soldat illégal, sans drapeau, déployés au nom des intérêts de la Russie et de son allié Bachar al-Assad. C'est dans cet univers que vous ferez vos premiers pas en suivant le commandant Marat avant de vous retrouver à la fin de ce livre en avril 2022 à Paris. « J'étais tourmenté par un besoin irrépressible de faire comprendre à mes compatriotes que le recours aux mercenaires par la Russie est un fait avéré irrécusable. Chacun choisit son épée et son idée. Moi dit-il « un jour si je devais retourner au combat ce serait uniquement pour tuer la guerre. » le 24 février le président de la Fédération de la Russie a lancé « une opération spéciale » contre ce qu'il appelle « le régime nazi d'Ukraine ». Mais en quelques jours « l'opération spéciale » s'est avérée être une guerre à grande échelle. « A en juger par la quantité d'armes de pointe et de munitions de hautes précisions la Russie a commencé à se préparer à la guerre il y a très longtemps, engloutissant des milliards de dollars, alors que les personnes âgées doivent vivre de retraites d'une modicité humiliante et que les soins médicaux pour les enfants sont financés par des téléthons ! On m'accusera d'être un ennemi du peuple ? c'est le terme utilisé désormais pour désigner toute personne qui ose dire à voix haute ce que les uns préfèrent taire, et les autres ne veulent reconnaitre. Eh bien je suis prêt à vivre avec ce stigmate ! » Je vous invite à lire ce livre brulant d'actualité. Ce récit brut sans concession des horreurs de la guerre et des manipulations de Vladimir Poutine. Bien à vous.
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Voyage dans l'univers des mercenaires de Wagner dont on parle beaucoup en ce moment. Natifs de Russie ou de pays satellites, on les diabolise volontiers mais est-ce si simple ? L'auteur nous confie: "La guerre n'a jamais été pour moi un simple boulot, j'avais besoin de savoir de quel coté je me battais et quelles valeurs je défendais. J'avais besoin de défendre une juste cause. Aider des salauds a écraser d'autres salauds, meme s'ils étaient encore plus cruels et inhumains que les premiers ne me convenait pas. Tout cela me pesait."


Marat Gabidullin nous raconte sa guerre en Syrie contre l'État Islamique. Sa motivation a écrire le livre est cependant autre, ainsi que le lecteur le découvre progressivement mais surtout dans les derniers chapitres et le postface. D'abord, il exprime son amertume d'avoir été utilisé, lui et ses freres d'armes, pour maintenir au pouvoir en Syrie un régime qu'il juge immoral. Amertume également de ce que, ayant lui et ses compagnons fait pratiquement tout le travail d'écraser l'État Islamique au prix d'appréciables pertes en hommes, les armées syrienne et russe en ont récolté tous les lauriers. Enfin, et cela parait etre le plus important dans l'esprit de l'auteur, amertume de constater que le bien-etre des populations de l'ancienne Union Soviétique fut sacrifié pour construire une armée engagée aujourd'hui dans une invasion de l'Ukraine que Marat Gabidullin ressent comme une guerre contre un peuple frere.


Voici ce qui me parait etre un des passages-clé de ce livre courageux: "Lorsqu'il avait fallu combattre en Syrie, l'armée envoyait les mercenaires faire son travail au sol. Aujourd'hui, elle récolte les fruits de cette victoire artificielle. Hier, l'armée russe luttait sans grande conviction contre l'État islamique, la peste idéologique du XXI. siecle. Désormais, elle sacrifie avec un zele remarquable ses combattants dans une guerre contre un peuple frere." Dont acte.


Attention, ce livre n'est pas une plaidoirie pour les mercenaires de Wagner ou d'ailleurs. L'auteur a conscience de faire partie d'une minorité ayant clairement pris conscience des problemes qu'il dénonce. Dans ses interviews a la presse, il note également que les criteres de recrutement chez Wagner se sont dégradés et, a lire les informations sur la guerre en Ukraine, on se doute de ce que cela implique... La partie du livre consacrée au récit des batailles en Syrie montre bien que le mercenariat n'est pas la carriere revée pour des tueurs psychopathes ni meme pour des individus asociaux. Pour survivre, le mercenaire - "l'ouvrier de la guerre" - ne doit pas etre aveuglé par des penchants pervers et le récit montre également l'importance d'etre un bon camarade - et donc d'avoir un certain sens moral - puisque les "freres d'armes" sont dépendants les uns des autres pour leur survie mais aussi parce que cette camaraderie est, avec le gout du risque et de l'aventure, une importante gratification dans la vie des mercenaires qui, nonobstant, ne furent jamais et probablement ne seront jamais des gens excessivement empathiques.
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Nous sommes prévenus en préambule, ce livre n'est pas le témoignage d'un repenti, la place n'est pas au pardon.
Le témoin, Marat Gabidullin nous livre son vécu en tant que commandant de l''armée Wagner. S'il l'a quittée aujourd'hui, c'est par conviction personnelle et pour le désintérêt du gouvernement russe sur le traitement et la reconnaissance accordés aux soldats de ces lignes.
Ces derniers combattent durement et sont envoyés au front mais ne disposent des mêmes conditions que les soldats officiels de l'armée russe.
Marat Gabidullin a vu des horreurs, en a provoqué aussi. Mais aucun regret dans ses propos. Il est même fier d'avoir combattu dans ces unités.
En s'engageant, il pensait servir la cause du pays, il se rend vite compte qu'il n'est qu'un numéro, un pion que l'on déplace au gré de l'actualité.
Soyons clairs, c'est un témoignage d'un soldat, avec son point de vue. Il raconte ce qu'il affronte et comment il l'a vécu. Une alternance de souffrance et de victoires parfois, des blessures physiques et psychologiques, des luttes sans merci.
A lire comme le journal d'un soldat au front, avec sa vision de l'intérieur, en tant que soldat de l'armée de Wagner. Cela reste instructif, au regard de l'actualité, et permet d'éclairer certains aspects des conflits récents.
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Wagner.
Décidément, ce compositeur séduit les âmes guerrières. Musique fétiche du régime nazi hier, muse d'une compagnie de mercenaires russophones de sinistre réputation aujourd'hui…

Marat Gabidullin est l'un de ces soldats de fortune en quête d'aventure. Ou plutôt, était puisqu'il a quitté la formation en 2017 après la libération de Palmyre des mains de l'Etat Islamique. Il nous livre ici son témoignage. Soldat ou guerrier ? A le lire, en tous cas, il n'a guère de tendresse pour les soldats d'opérette de l'armée russe gangrénée par une corruption systémique à tous les étages et moins encore pour ses alliés syriens aussi inconscients que lâches. Lui, son métier c'est la guerre et pas la course aux médailles. Son adrénaline c'est la fraternité forgée dans l'adversité et pas les honneurs. Son assurance c'est l'entraînement qui épargne le sang et pas le confort qui ramollit.

Alors, soyons clairs, ce livre n'est pas une grande oeuvre. Il s'agit juste d'un témoignage à hauteur d'homme. C'est l'histoire dramatique d'un homme en quête de sens, d'engagement et d'honneur qui ne trouve pas sa place dans le monde actuel. C'est l'histoire d'un homme qui s'expose, au service d'un idéal, et qui petit à petit va faire l'expérience de n'être qu'un pion, agité par des personnes cyniques et intéressées.

Ce récit est à rapprocher de tous les témoignages d'anciens soldats, quelque soit l'époque. La parole d'un guerrier de 1940, des campagnes d'Indochine ou d'Algérie se ressemble. Il y a dans les lignes de Marat Gabidullin la même flamme et la même fêlure. Quand il a la mort pour compagne au quotidien, il faut croire que l'homme cherche plus grand…

On ne peut pas aimer un tel écrit. On le reçoit avec gravité, avec compassion et en espérant pour l'auteur que ses mots lui aient permis d'exorciser les souvenirs les plus douloureux. Sur le plan de l'actualité, cet écrit illustre en creux ce qu'est devenue la compagnie Wagner aujourd'hui et permet de mieux comprendre les abus et les faiblesses de ses troupes en Ukraine. Il éclaire aussi les liens troubles avec le locataire du Kremlin.

Un livre à lire mais sans doute pas pour tout le monde. La guerre n'est jamais belle…
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Marat nous narre sa vie de militaire, puis son engagement dans le mercenariat incluant son engagement en Syrie via la compagnie Wagner. La 4e de couverture est prometteuse : il prétend dénoncer les mensonges du gouvernement russe, entre autre. L'auteur y parle beaucoup et longuement de la lâcheté des soldats syriens avec lesquels il a du coopérer, de l'incompétence et du manque de discipline des mercenaires. Il ajoute que ce sont pourtant bien ses frères d'armes, ceux avec qui il fait la guerre, ceux avec qui il partage un repas, son quotidien. Certains ont l'âme militaire, sont dévoués.. D'autres non.

Ces difficultés relationnelles et organisationnelles (les mercenaires n'ont pas la formation militaire d'un soldat lambda) rendent les combats plus difficiles, d'autant que les moyens matériels alloués semblent insuffisants. Et je veux bien le croire.

Il évoque aussi le climat qui impact les préparations, mais aussi le moral des troupes. Un climat chaud, humide. Marat parle de ses valeurs, de ses combats personnels et professionnels. Il parle de ce qu'il fait ou aurait fait à la place d'un tel, rend des éloges sur l'un, critique un autre. Cet autre qui fuit les combats ou n'accompagne pas ses hommes sur le terrain, cette corruption interne qui ne rend finalement pas service au peuple.

En bref il nous livre son témoignage. Est-ce vrai est-ce faux ? c'est un avis subjectif, à prendre avec des pincettes. On ne peut se risquer à juger de la véracité des propos quand on ne se trouve pas au coeur des combats. La seule chose dont on peut être sûr, c'est que la violence du terrain est telle qu'elle l'aura marqué pour toujours, lui ce soldat pourtant dévoué.
C'est un témoignage qui parlera certainement aux soldat et à tous ceux sensibles à ce genre de confession. J'y ai appris de nombreuses choses notamment sur la reprise de Palmyre, mais dans l'ensemble c'est assez redondant à lire, trop militaire pour moi mais non moins instructif.
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