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Christophe Claro (Traducteur)
EAN : 9782742769056
811 pages
Actes Sud (29/08/2007)
4.05/5   54 notes
Résumé :
Installé au cœur de l'Histoire du XXᵉ siècle, Central Europe est une colossale machine littéraire qui, au fil d'une trentaine de récits enchevêtrés, procède à l'autopsie des mécanismes totalitaires qui ravagèrent l'Europe d'alors.
En s'attachant à quelques destins singuliers – dont ceux du compositeur Chostakovitch ou du cinéaste Roman Karmen, du général russe Vlassov ou de son homologue allemand Paulus – sur lesquels plane l'ombre à deux têtes du Somna... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Central Europe est une colossale machine littéraire composée d'une trentaine de récits enchevêtrés, une autopsie des mécanismes totalitaires qui ravagèrent l'Europe au siècle dernier. L'auteur raconte, par la voix du narrateur, un agent stalinien, quelques destins singuliers : Käte Kollwitz, une des artistes les plus représentatives de l'expressionisme allemand, le compositeur Chostakovitch dont il raconte les amours, le cinéaste Roman Karmen, le général russe Vlassov et son homologue allemand Paulus pour ne citer qu'eux. Sur tous ces personnages planent l'ombre à deux têtes du Somnambule ( Hitler) et du Réaliste ( Staline ) comme il se plaît à les nommer. Central Europe entraîne le lecteur sur les complexes chemins que durent, sous l'emprise de dictatures adverses, emprunter des hommes et des femmes ; leurs passions, leurs doutes ou leurs aveuglements. Une incroyable traversée de l'Europe des guerres et des pogroms. William T. Vollmann réussit le prodige d'établir une critique éclairée du totalitarisme et développe un florilège de paraboles sur les différents protagonistes de son roman fiction. Central Europe peut se lire comme un traité d'éthique à l'usage de l'Europe que nous habitons.
Le National Book Award a été décerné à Central Europe en 2005.
J'éprouve un profond respect pour l'auteur qui met toujours un point d'honneur à réunir une documentation phénoménale et dont j'apprécie beaucoup l'écriture mais j'avoue avoir moins apprécié cette lecture.
Mon prochain roman de Willam T. Vollmann sera La tunique de glace, roman qui je pense sera plus proche de Les fusils que j'ai adoré.

Challenge Pavés 2015-2016
Challenge Atout Prix 2015-2016
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« Central Europe » est une impressionnante fresque de mille trois cent pages (auxquelles il faut ajouter 300 autres de références) qui mêle avec beaucoup de virtuosité l'Art, l'Intime et l'Histoire du court vingtième siècle. le « National Book Award » – l'un des prix littéraires les plus prestigieux des Etats-Unis – a distingué ce roman en 2005.

Entreprendre cette lecture, c'est littéralement se perdre. Cette oeuvre traite de l'horreur des totalitarismes du XXème siècle, de l'hypersensibilité de l'Art, de la complexité des personnalités et des sentiments amoureux… Elle prend en charge ces différents champs, non pas de façon détachée mais en les faisant interagir continuellement, en les mêlant inextricablement. Ce roman fait naitre en effet, comme seule peut le faire la littérature, l'infinie complexité du monde. L'auteur trouve le souffle et les moyens littéraires nécessaires pour restituer cet âge des extrêmes.

Les hommes dans ce livre sont broyés par les évènements mais pas seulement. Ils suivent le plus souvent leurs dramatiques mouvements, ils s'y opposent parfois mais ils font toujours trace. C'est là leur destin commun qu'ils soient inconnus ou célèbres. Les témoins sont puissants, victimes, artistes, hommes politiques, stratèges ou anonymes. Chostakovitch est un de cela. Tel qu'il est dépeint par William T. Vollmann, il est un grand musicien, un homme riche, complexe, souvent héroïque. Et c'est une véritable prouesse d'écriture qui enchevêtre les images innombrables, les évènements et la musique. Quel bonheur d'être avec le compositeur au travail, dans ce tourbillon de sentiments et d'évènements d'où naissent ses symphonies. William T. Vollmann montre comment, dans ce moment dramatique de l'histoire européenne, les sentiments individuels, loin d'être insignifiants, ont au contraire une importance déterminante. Ils marquent indestructiblement leur temps et perdurent quelque soient les circonstances. Ces marques individuelles, notamment lorsqu'il s'agit d'Art, sont pour l'auteur indélébiles.

« Central Europe » est un livre impeccablement construit et écrit. Non sans rappeler quelques célèbres films où partant du simple combiné on suit le cheminement du signal électrique qui porte les voix, serpente et s'accélère dans un dédale de câbles et de connexions, l'ouvrage débute par des conversations téléphoniques. Froide, impersonnelle, technique, étendue, cette hyper communication des premières pages est la métaphore brillante du monde inhumain dans lequel l'auteur nous entraine. Ce livre est composé d'une succession d'histoires courtes (quelques pages) ou longues (plusieurs chapitres) savamment agencées : un général de l'Armée Rouge, un Waffen SS, Chostakovitch, Hitler, Vlassov, Berlin, Leningrad, Stalingrad, Roman Karmen, Elena Konstantinovskaya … C'est aussi une symphonie polyphonique : rumeurs, bruits de bottes, grincements de chenilles, explosions accompagnent les armées en train d'écraser l'Europe. Et ce sont les intériorités des personnages concordantes, divergentes, complémentaires qui dessinent si étonnamment ce chaos. L'écriture de William T. Vollmann lyrique est absolument originale. L'auteur pour dire cette époque emprunte ainsi, dans des parallèles vertigineux, à la Kabbale, aux opéras de Wagner, au cinéma, à la peinture … Les narrateurs de ce roman sont multiples, leurs points de vue dissonants ; c'est la voix de l'agent stalinien, omniscient et niant toute intimité qui à tout moment impose son récit, dicte aux personnages sa volonté et qui tour à tour, méprise et admire ceux qu'il espionne ; mais ce sont aussi les voix libres, amoureuses, créatives des artistes.
A lire de toute urgence.

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Vollmann est américain, Vollmann écrit un livre monde sur les débuts du vingtième siècle, Vollmann écrit sur la guerre, Vollmann écrit un livre sur la musique, Vollmann écrit un livre sur Staline, Vollmann écrit un livre sur von Paulus, Vollmann écrit un livre sur Chostakovitch, Vollmann écrit un livre sur l'amour, Vollmann écrit un livre sur Käthe Kollwitz, Vollmann écrit un livre sur Stalingrad, Vollmann écrit un livre sur un général de l'armée rouge, Vollmann écrit la petite et la grande histoire, Vollmann écrit Central Europe.
Il y a mille livres sur l'histoire de cette période, il y a mille récits de personnage traversant cette époque. Central Europe décrit les hommes dans la grande page d'histoire dont ils font le courant et dont elle est le fleuve, Vollmann décrit l'eau telle qu'on la reconnait et telle qu'elle est au plus profond d'elle-même, l'alchimie précise de l'hydrogène et de l'oxygène, celle des hommes et le destin du monde. Mais comment parler du flux et des atomes sans changer d'optique, mêler la petite et la grande histoire comme les fibres inséparable d'un serpent cosmique et dans la perspective, dans l'immense désastre de la seconde guerre mondiale, voire plus qu'une zone politique, le choc et l'onde crépusculaire de notre monde moderne.
Il ne nous parvient des guerres du passé que des témoignages épars, des oeuvres d'art, des monuments ; même un évènement planétaire aussi proche de nous que la WWII ressemble à une nuée de symboles culturelles dont les clichés édités en masses servent aujourd'hui la bio de vieilles stars hollywoodiennes. Mais après Central Europe, j'ai su une chose, avec certitude : il restera au moins de cette période troublée une oeuvre profane, inspirée et lucide et puis une autre aussi, avec autant de conviction : Vollmann devrait servir d'étalon à tous ceux qui comme lui, voudront signer le Grand Oeuvre. Voilà le prodige de cet homme, insuffler le destin, l'aventure dans cette compétition croissante entre les hommes et le regard que le monde porte sur eux.
La lecture de Central Europe est une morsure narcotique qui produit 1300 pages d'un voyage dans le temps puissant et rigoureux. Est-il possible qu'un homme seul, assis à sa table, ait pu traduire la structure ADN de l'Europe avec le langage dont il userait pour nous parler d'une histoire d'amour entre un grand musicien et une jeune russe, de la beauté des oeuvres de Käthe Kollwitz, de la puissance de Wagner, du Somnambule (Hitler) et du Réaliste (Staline) ? Oui, bien sûr, c'est possible, et cet homme, William T. Vollmann, fait chanter toutes ces voix sur la nappe majeure de l'Histoire.
Un très très grand livre, pour un écrivain très loin devant les autres, peut-être trop loin pour que ses contemporains le rattrapent un jour.

Lien : http://souslevolcan.over-blo..
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Installé au centre de la scène de l'Histoire du XXe siècle telle qu'elle s'est en partie jouée entre l'Allemagne et l'Union soviétique, Central Europe est une colossale machine littéraire qui.
en faisant entrer en résonance une trentaine de récits enchevêtrés procède à l'autopsie des mécanismes totalitaires qui ravagèrent l'Europe au siècle dernier. En s'attachant à quelques destins singuliers - dont celui du compositeur Chostakovitch ou du cinéaste Roman Karmen, du général russe Vlassov ou de son homologue allemand Paulus- sur lesquels planent l'ombre à deux têtes du Somnambule ( Hitler) et du Réaliste ( Staline ), le livre entraîne le lecteur sur les complexes chemins que durent, sous l'emprise de dictatures adverses, emprunter des hommes et des femmes dont il fait partager les passions, les doutes ou les aveuglements.
Et c'est en choisissant d'interpréter, à la lumière de l'histoire la plus intime comme de l'Histoire collective, le parcours du geste artistique aussi bien que celui de l'action guerrière que Vollmann dévoile l'horizon éthique dont chacun eut, dans ces décennies de fer et de sang, tant de fois à se détourner, afin de poursuivre sa mission ou sa vocation propres... Cette incroyable traversée de l'Europe des guerres et des pogroms.
qui brûle de l'éternelle déchirure où s'abîment, à l'heure des choix, des pans entiers de l'humanité, se voit transformée par les puissances de la fiction en un creuset d'où surgit la sidérante cacophonie de l'individu dans toutes les " vérités " qui le fondent. Et c'est pourquoi, si Central Europe réussit, au fil d'une impeccable orchestration, le prodige de se constituer tout ensemble comme une critique éclairée du totalitarisme, comme un surprenant portrait de Chostakovitch et une analyse de la gestation des ?uvres d'un compositeur, ou encore comme une implacable radiographie de la conscience créatrice, ces pages peuvent sans conteste également se lire comme un traité d'éthique à l'usage de l'Europe que nous habitons aujourd'hui.
Dédié à la mémoire de Danilo Kis et de son Tombeau pour Boris Davidovitch - Central Europe obtenu. en 2005. le National Book Award, la plus haute distinction littéraire aux Etats-Unis.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La plupart des critiques littéraires s'accordent pour dire que la fiction ne peut être réduite au simple mensonge. Des protagonistes peints avec art prennent vie, la pornographie provoque des orgasmes, et l'illusion que la vie est comme nous voulons qu'elle soit peut fort bien conduire à l'état désiré.
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Or la parabole n'est-elle pas supérieure en intégrité, en vertu, pourrions-nous presque dire, à toute autre forme littéraire ? Ses nombreuses conventions tissent un contrat sacré entre le lecteur, qui obtient la mystification qu'il désire sous la forme d'un gros bonbon, et l'écrivain, rendu divin par sa propre absence.
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Ce scherzo était comme un coup d'œil jeté à l'enfer. La puanteur du chagrin s'élevait de sa terre grise et inerte. Les notes de Chostakovitch gémirent, l'immense salle de concert parut tellement se refroidir qu'elle n'aurait pas été surprise de voir des glaçons au plafond.
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Dans les temps reculés, les guerres étaient menées par des héros qui s'admiraient mutuellement mais se trouvaient contraints par le sort ou la vengeance du sang de se faire du mal. A notre époque, nous combattons au profit d'ogres odieux contre d'autres ogres tout aussi odieux. D'un point de vue pratique, ne peut-on avancer que rien n'a changé ?
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Il les conduisit jusqu'à l'une de nos automobiles russes noires à toit plat dont les coffres s'inclinaient doublement par-dessus les roues, à la manière des mandibules jointes des mantes religieuses ; ...
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Videos de William T. Vollmann (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William T. Vollmann
"Le Monde n'existe pas", un polar publié chez Gallimard où fiction et réalité se rejoignent. Fabrice Humbert, son auteur, nous en parle. Après "Autoportraits en noir et blanc" (Plon, 2001), "Avant la chute" (Passage, 2012) ou encore "Eden Utopie" (Gallimard, coll. "Blanche", 2015), ce troisième roman se situant entièrement ou en partie aux États Unis. le journaliste Adam Vollmann voit s'afficher un soir sur les écrans de Times Square le portrait d'un homme recherché qu'il reconnaît : il s'agit d'Ethan Shaw, le bel Ethan, celui-là même qui, qui vingt ans auparavant, était la star du lycée, et son seul ami. Il est désormais accusé d'avoir violé et tué une jeune Mexicaine. Refusant de croire à sa culpabilité, Adam retourne à Drysden, où ils se sont connus, pour mener l'enquête. Un polar, forme à laquelle l'auteur est très attaché, qui aborde la thématique de l'identité, la question des vies possibles, des choix déterminants de l'existence, du bien et du mal... autant de thèmes que l'on retrouve tout au long de son oeuvre.
La Grande table Culture d'Olivia Gesbert – émission du 23 janvier 2020 À retrouver ici : https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-1ere-partie/saison-26-08-2019-29-06-2020
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