1602 est une série créée par
Neil Gaiman (scénario) et
Andy Kubert (dessin). Elle est parue fin 2003, début 2004 aux Etats-Unis, avant d'être publiée par Marvel France, sous la forme de deux recueils de quatre épisodes. Elle a fait l'objet d'une suite, 1602 : New World, écrite par
Greg Pak et dessinée par
Greg Tocchini. le concept est de placer des personnages phares de la Maison des Idées dans le contexte de l'Europe de 1602, sous le règne d'Elisabeth 1ère, alors que l'exploration du nouveau monde ne fait que commencer.
L'époque est troublée. D'étranges phénomènes climatiques se déchaînent, un peu partout sur le continent, et beaucoup croit à l'imminence de la fin du monde. La reine Elisabeth est vieille et affaiblit par la maladie. Jacques 1er, roi d'Ecosse, se tient en embuscade, prêt à s'emparer du trône d'Angleterre dès le décès de sa souveraine. A cela s'ajoute les manigances incessantes du comte Otto von Fatalis. le contexte est donc difficile pour la reine qui, heureusement, est bien entourée : sir Nicholas Fury, espion et protecteur, s'avère extrêmement compétent, de même que le Dr Stefen Strange, médecin attitré, qui est aussi le lien de la souveraine avec le monde de l'occulte. Ce dernier apprend que le trésor des Templiers est réapparu. Il pourrait, entre de mauvaises mains, devenir une grave menace pour le royaume et le monde. La reine charge donc Fury de le récupérer...
En réalité, la trame narrative est un peu plus complexe que cela puisque nous suivons, au début, trois histoires, qui finissent par n'en faire qu'une seule : la recherche du trésor des Templiers, l'arrivée, en Angleterre de Virginia Dare (et son protecteur indien), la première enfant à être née dans une colonie du nouveau monde et le duel, à distance, entre Carlos Javier et le Grand Inquisiteur pour le contrôle des "prodiges". le scénario est vraiment prenant, l'histoire bien menée et l'univers convoque la surprise tout en étant familier. L'intérêt ne réside donc pas uniquement dans le fait de reconnaître qui est qui mais, indéniablement, ça participe beaucoup au charme de cette série. Sachez que tous les personnages utilisés par
Gaiman le sont toujours dans le respect de ce qui fait leur identité, même s'il s'amuse, pour certains, à les décaler plus ou moins fortement de l'original. Juste deux exemples pour illustrer mon propos, sans gâcher le plaisir de la découverte : Captain America est ici un indien (plutôt costaud), il n'en demeure pas moins le symbole de l'Amérique, sauf qu'il n'en est pas le futur mais le passé, ou, à tout le moins, le présent sur le déclin. Magnéto est ici le Grand Inquisiteur. dans un renversement de situation savoureux il déteste, au nom de sa foi, les "prodiges" (mutants) et cherche officiellement à les détruire. Officieusement, Dieu peut faire des miracles, il s'agit donc de trier le bon grain de l'ivraie satanique pour le mettre au service de ses ambitions. Tout cela à la tête d'une des plus importantes institutions de l'époque lui qui est, normalement, plutôt en marge de la société. Pour finir, le dessin de Kubert est une vraie réussite, très subtil au niveau de l'encrage, qui donne une ambiance de fin de règne et d'incertitude tout à fait appropriée à l'histoire.
Bref, si vous ne connaissez pas encore cette bd n'hésitez surtout pas à vous la procurer. Il est tout de même préférable d'avoir une certaine connaissance des personnages de Marvel, et de leurs origines, pour la savourer pleinement, même s'il n'est pas nécessaire qu'elle soit encyclopédique.