1942 : Le jour se lève

Troisième tome de la série Une histoire de la deuxième guerre mondiale, qui reprend la présentation choisie par Gallo : mois par mois, date par date, présenter les débats, les décisions, les événements et les batailles de la seconde guerre mondiale vus du coté de chacun des intervenants, en variant ainsi les points de vue et en introduisant quelques témoignages pour replacer l'histoire dans son contexte. le procédé atteint dans ce tome ses limites : certains paragraphes sont quasi intégralement repris d'un chapitre à l'autre, côté Vichy et côté De Gaulle à Londres.
L'histoire a retenu de l'année 1942 le basculement de la seconde guerre mondiale qu'a constitué Stalingrad, l'encerclement de l'armée de Paulus avec pour la première fois une armée allemande complète prise au piège. 1942 c'est aussi l'année des succès de Rommel en Afrique du Nord qui avec peu de moyens et sans aucun renfort parvient à moins de 100 kilomètres d'Alexandrie avant d'être arrêté à El Alamein et d'être repoussé jusqu'en Libye. Sur la façade atlantique de l'Afrique du Nord, ce sont les américains qui débarquent avec l'opération Torch. Darlan, second de Pétain, opportunément présent à Alger lors du débarquement, louvoie et se trouve en position d'interlocuteur pour les américains, qui marginalisent ainsi le général De Gaulle. 1942, c'est aussi la multiplication des actes des différentes organisations de la résistance, des représailles allemandes, de la rafle du Vel d'Hiv, et de la livraison par le régime de Vichy des juifs étrangers présents sur son territoire, avant que la zone sud ne soit envahie.

Max Gallo, académicien, grand admirateur de Charles de Gaulle et Napoléon 1er a eu beaucoup d'influence sur certains projets historiques et politiques jalonnant sa vie, son côté instituteur autoritaire nous interpelle dans sa vision de l'histoire de France. Son omnipotence sans appel a placé dans l'embarras quelques éminents historiens de l'époque encore pas si lointaine...
Soulignons au passage qu'en 1942 Charles de Gaulle entreprend d'unifier sous sa coupe la résistance intérieure, mission qu'il confie au préfet Jean Moulin.Pour le Général, il s'agit de prouver ainsi la profondeur de sa légitimité à des alliés très réticents. Pourtant les obstacles ne manquent pas, la faiblesse de la France libre est évidente. La Grande-Bretagne l'a soutenu lorsque la France libre était seule dans la lutte et recherchait un appui.
Avec les américains, les relations furent encore plus mauvaises, parcequ'ils l'a considéraient perdue, et De Gaulle comme un apprenti dictateur mégalomane. Aussi les américains s'employèrent-ils à soutenir des autorités locales françaises qu'ils dressaient devant De Gaulle. Après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord en novembre 1942. Les américains prétendirent installer en France une administration militaire.

La force de Max Gallo était son sens de la narration que l'on retrouve dans son écriture.
On entre dans cette série en livre de poche, comme dans une série d'un documentaire dont aucun des rouages clés n'échappent au narrateur pour expliquer comment le monde est devenu fou, telle une mécanique infernale mais immuable avant de se ressaisir et de retrouver le goût de la liberté mais sans perdre de vue l'intérêt des nouvelles puissances en devenir, les États-Unis et l'URSS, arbitré par un premier ministre britannique Winston Churchill qui ne lâchera rien.
Le temps de la résistance organisée et élargie arrive, et les premières victoires alliées renversent la vapeur. Les batailles d'Afrique du nord et de Russie stoppent les divisions de panzer qui n'arrivent plus à progresser.
L'extermination dans les camps d'Europe et d'Asie se développe pour devenir ce qui deviendra la plus grand crime de masse jamais perpétré.
Le vent tourne et l'on espère de nouveaux débarquements alliés pour reconquérir ces terres v(i)olées.

J'avais depuis longtemps envie de découvrir cette série parce que j'avais entendu Max Gallo en parler à la radio. J'ai choisi 1942 car il me semblait que c'était l'année-charnière de la guerre.
J'ai été très surprise par la forme. Je m'attendais à un livre ardu, difficile, savant. 1942 se lit comme un roman : chapitres courts, style enlevé, un certain suspense même quand l'auteur nous ballade de Londres à Stalingrad, à Vichy, à El-Alamain ou à Lyon.
J'ai aimé les sources personnelles aux principaux acteurs sur lesquelles s'appuie l'auteur : les lettres de Rommel à sa femme, les confidences incroyables de Laval à propos de de Gaulle.
Et j'ai pris conscience de l'énormité de la honte représentée par Vichy. Il faut dire que j'ai 40 ans et qu'on ne m'en avait jamais parlé quand j'étais au lycée... Je me doutais bien sûr mais pas à ce point. Deux jours après avoir fini le livre, j'ai vu le film "La Rafle". Enfonçage de clou !
Sûr, je vais acheter la série, même si j'ai déjà lu de meilleurs livres historiques.

Le titre de ce troisième tome paraît porteur d'espérance; pourtant 1942 est encore une année très noire, notamment pour la France : collaboration, déportation des juifs, semblant d'apogée pour le gouvernement fantoche de Pétain et de ses sbires. Comment avons-nous pu tomber aussi bas? Heureusement, apparaissent les premières lueurs de l'organisation de la résistance et donc l'espoir incarné par quelques héros, tels Jean Moulin qui vont s'illustrer, trop souvent dans l'horreur qu'ils subissent avec courage et en défendant ce qui peut subsister encore de l'honneur de la France. Max Gallo en conteur habile nous fait entrevoir cette levée du jour, encore bien lointaine.