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EAN : 9782702143711
1040 pages
Calmann-Lévy (10/10/2012)
4.49/5   110 notes
Résumé :
De par sa dimension véritablement planétaire, la Seconde Guerre mondiale, le plus grand conflit de l’histoire par ses destructions, le nombre de ses victimes et les bouleversements provoqués dans l’ordonnancement du monde, a dominé le paysage mental de plusieurs générations d’êtres humains.

Malgré l’extraordinaire profusion de livres, de films et de documentaires sur le sujet depuis presque soixante-dix ans, notre connaissance du conflit reste fragmen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Au fil de ses publications Antony Beevor (Stalingrad, Berlin…) a offert au grand public de riches essais sur quelques unes des phases critiques de la seconde guerre mondiale.
Bien que ces ouvrages s'adressent en principe tant aux néophytes qu'aux amateurs plus familiers avec les événements il faut bien reconnaître qu'il faut un gros appétit sur les sujets abordés pour s'engager dans la lecture de ces livres.
Cette caractéristique est encore plus vraie avec cette synthèse générale sur ce conflit tant la densité des faits à l'échelle mondiale a de quoi désorienter le lecteur. Surtout que la bonne compréhension des enjeux et de l'enchaînement des événements requièrent de ne pas rater un épisode. En comparaison le scénario de « Games of Thrones » est d'une simplicité biblique.

Ceci étant dit, on peut s'interroger sur l'intérêt de publier en 2012 un ouvrage de cette nature tant la bibliographie est déjà quantitativement plus qu'imposante. Certes, il est bien indiqué en quatrième de couverture que l'auteur a eu accès à des « archives inédites ». Mais quel ouvrage historique ne revendique pas cette qualité ? Ce qui reste en débat et le restera n'est pas constitué par les faits, qui sont connus, mais par leur lecture et l'option de taire ou de mettre en évidence des phases du conflit.

Or, à et égard le livre de Beevor constitue peut-être, enfin, une avancée dans la réflexion sur la dimension du conflit.
En effet, le chapitre « la guerre éclate » porte sur les mois de juin-août 1939. Chacun sait que l'histoire académique fait commencer le conflit au mois de septembre 1939 qui correspond aux déclarations de guerre de la Grande Bretagne te de la France à l'Allemagne.
L'auteur consacre légitimement un chapitre à ces mois de juin-août 1939 pendant lesquels eut lieu la bataille de Khalkin Gol en Mongolie entre les forces russes et japonaises. Les japonais subirent une défaite cuisante et en définitive ce fut peut-être la bataille la plus importante d'une guerre dont les historiens conventionnels considèrent qu'elle n'existait pas encore. En effet, complètement humiliés et traumatisés les belliqueux chefs militaires japonais décidèrent d'orienter leurs nouvelles conquête vers les colonies françaises, britanniques et néerlandaises du Pacifique Sud, en parallèle avec la poursuite de l'asservissement de la Chine. Dans cette nouvelle stratégie, l'ennemi principal, susceptible de s'opposer à cet impérialisme devenait les USA.
Conséquence de tout ceci, au mois de décembre 1941, alors que les troupes nazies étaient sur le point d'enlever Moscou, les armées sibériennes bien équipées et aguerries aux combats dans des conditions hivernales extrêmes définitivement libérées de la menace nipponne, purent être engagées et réaliser de puissantes contre attaques qui sauvèrent Moscou et sans doute constituèrent un des tournants de la guerre avec Midway, Stalingrad, Koursk et Tunis.

Et si on met en perspective la guerre en URSS où notamment des troupes françaises et anglaises furent discrètement engagées, la sanglante invasion de la Chine par le Japon, la conquête de l'Ethiopie par l'Italie, la guerre d'Espagne, les coups de force de l'Allemagne nazie pour intégrer l'Autriche et la Tchécoslovaquie, « drôle de paix » que cette période 1918-1939. On peut ainsi argumenter pour conclure qu'il y a eu un seul conflit mondial entre 1914 et 1945 ou « au minimun » que s'il y a eu deux guerres la seconde a commencé en 1936 en Espagne. Difficile tout de même de mettre Guernica, Nankin « sous le tapis » et de considérer qu'il ne s'agit pas de drames à dimension planétaire tant sous l'angle humain que militaire qui ne sont pas corrélés avec le brasier qui a été allumé depuis 1914.

Le déplacement du curseur est tout sauf neutre, il oblige de s'interroger sur les stratégies, l'idéologie qui ont présidé aux actions des démocraties occidentales pendant cette période.
Beevor nous offre du Beevor, riche, pédagogique, des développements chronologiques par théâtres d'opération, des premières batailles de 1939 jusqu'à l'apocalypse de Nagasaki et Hiroshima. On n'oublie trop souvent que la guerre ne s'est pas arrêtée le 08 mai 1945 mais au mois de septembre 1945 avec la capitulation du Japon sur le cuirassé Missouri. Entre la capitulation allemande et la fin du conflit il y a eu Okinawa et le feu nucléaire, encore des milliers de victimes, des tragédies indicibles.

L'auteur ne se contente pas d'un diaporama strictement militaire mais évoque régulièrement le calvaire des prisonniers, atrocités commises sur les populations civiles.

Je me hasarderai à formuler deux réserves.

Une première très ponctuelle concernant la stratégie prêtée à Staline en 1945 au sujet de la France. L'auteur semble convaincu qu'il existât un plan d'insurrection communiste. Cette affirmation, au demeurant fort peu documentée, est très décalée avec les événements. En 1944-45 le parti communiste français porté par le prestige des succès de l 'armée rouge et son implication dans la résistance bénéficiait d'un capital sympathie unique. Surtout, il disposait de combattants armés (FTP) qui contrôlaient de facto de larges portions du territoire comme dans le Sud Ouest. S'il y a avait eu un véritable plan révolutionnaire il aurait pu y avoir au moins un début d'exécution. Or, il n'y a pas eu le début de mise en place d'actions dans ce sens ; évidemment si c'était l'armée rouge qui eut délivré la France et fut présente sur le territoire et non pas celle des Etats-Unis les paramètres auraient été différents. L'histoire ne fut pas celle-ci.

Une seconde critique tient à l'absence de véritable conclusion au terme de ce livre de 1 266 pages.

Soixante millions de morts, l'équivalent de la population actuelle de la France, et le nombre est régulièrement revu à la hausse, sacrifiés, martyrisés, en application d'idéologies intolérantes, racistes elles mêmes dynamisées par une crise économique mondiale.
Les survivants et les responsables au pouvoir en 1945 dans leur sagesse et leur traumatisme ont mis en place des gardes fous pour « plus jamais cela ».
Que reste-t-il de ces initiatives ? Quelle est la signification des jugements de Nuremberg ? Qui sont les responsables de cet holocauste ? L'homme est-il condamné à la banalité du mal selon le concept d'Hannah Arendt ?

Le lecteur aurait apprécié une conclusion pour se rassurer ; lire que ces milliers de jeunes hommes, au supplice dans l'enfer tropical de Guadalcanal, sibérien de Stalingrad, brûles dans l'apocalypse de Koursk, étrillés dans le bocage normand, que Jean Moulin et le terrible cortège de ceux morts dans les caves et des files de nuit et brouillard au seuil du Panthéon, selon les mots de Malraux, n'ont pas été massacrés en vain ; lire que les hommes d'aujourd'hui par respect pour ces sacrifices construisent chaque jour un monde plus fraternel où l'intolérance et le fanatisme de toute nature ont été bannis à tout jamais.

Le lecteur aurait rêvé d'une conclusion de cette nature...
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Après Berlin, Stalingrad et le Débarquement de Normandie, Antony Beevor nous replonge dans la Seconde Guerre Mondiale, mais cette fois-ci dans sa totalité. Là encore, le style de l'auteur aide à la lecture en mélangeant l'histoire à côté des simples soldats, des civils et des grands chefs de guerre. En effet, l'auteur s'appuie sur les archives d'état récemment déclassifiées, sur les journaux des personnages publiques et sur les journaux intimes des gens qui, au "ras des pâquerettes", ont vécu et subi ce déferlement de violence. La chronologie est globalement respectée et les chapitres nous emmènent successivement aux quatre coins du monde, en Europe, en Afrique, en Amérique, en Asie continentale et dans le Pacifique.
Comme toujours, l'histoire est écrite par les vainqueurs et s'intéresse essentiellement à eux. Les crimes des vaincus sont dénoncés avec véhémence, mais Antony Beevor n'oublie pas de prendre du recul. Il n'épargne pas les armées alliées, responsables d'erreurs de jugement qui coûtèrent la vie à des milliers de personnes et coupables de divers crimes de guerre passés sous silence par leurs chefs littéralement machiavéliques. Sont également bien rendues les tensions politiques entre les états belligérants, aussi bien du côté de l'Axe que du côté des Alliés, les alliances étant en général de simple circonstance ou carrément contre nature. On citera l'incompétence de Montgomery, la vanité des généraux ambitieux qui veulent être les premiers à franchir le Rhin ou à entrer dans Berlin, les rivalités entre les armées terre/air/mer, la brutalité des négociations territoriales avec l'URSS, etc. Cependant, certains aspects auraient sans doute mérité un peu plus de place dans le livre, je pense notamment aux populations civiles en Afrique du Nord, sur les îles du Pacifique ou au Japon.
Alors bien sûr, c'est dense, très dense même. Et on se perd : on se perd entre les noms des villes du fin fond de la Brimanie ou d'Ukraine, entre les personnages politiques et militaires, entre les unités armées en présence dans une bataille. Les quelques cartes incluses ne suffisent malheureusement pas, et j'aurais aimé en voir plus régulièrement avec divers niveaux de détail. On pourrait presque regretter un format numérique et multimédia pour ce livre.
Il n'empêche que cette somme monumentale (950 pages) sur la Seconde Guerre Mondiale est d'un grand intérêt, on y apprendra énormément de choses sur ce sujet si difficile et qu'on croit toujours connaître. Un sujet qu'on se doit de connaître.
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Ce livre met fin à de nombreuses idées reçues sur la seconde Guerre mondiale. En effet, Antony Beevor nous explique que si les Américains ont bien débarqué en Normandie, c'est l'Armée Rouge qui a libéré la plus grande partie de l'Europe.
L'auteur nous parle aussi de la guerre en Asie-Pacifique, passage souvent oublié.
Outre les descriptions de combats, Antony Beevor écrit au sujet des civils, qui eux aussi ont beaucoup souffert de la guerre.
J'ai particulièrement apprécié les anecdotes, comme par exemple sur la "rivalité" entre les généraux alliés, Clark se prenant pour un empereur romain, Montgomery pour une star de cinéma.
Les cartes légendées qui apportent des précisions à propos des projets militaires étant détaillées, j'ai regretté qu'elles ne soient pas présentes en plus grand nombre.

Je conseille ce livre aux lecteurs qui veulent en savoir plus sur la seconde Guerre mondiale, car l'auteur en fait un récit clair, et qui n'est pas adressé à des spécialistes (vous allez en devenir :-)).
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Sur ce sujet là il peut paraitre difficile de faire un livre qui apporte un nouveau regard , et pourtant celui-ci y parvient trés bien . Avec un réel souci pédagogique et en évitant le didactisme trop souvent présent dans les ouvrages de ce type , l'auteur parvient a fidéliser son lecteur et cela pendant les 1000 pages de cette oeuvre . Pari risqué , audacieux , et pourtant relever haut la main . Pour cela le tout s'avére trés bien expliqué , remarquablement renseigné , d'une précision d'orfévre sur le plan de la reconstitution historique . L' on a pas ici un cours d'histoire , ce qui aurait était un peu lassant , mais une véritable fresque que Beevor fait vivre au gré des batailles et autres campagnes millitaires. Il parvient a entrainer le lecteur au coeur de l'action , le faisant voyager dans le monde entier , ce qui permet de voir ce conflit sous son vrai visage , celui d'un monde devenu fou , ou des hommes faisaient tout leur possible pour parvenir à la destruction de leurs adversaires . Ici l'étre humain est un pion que des gens manipulent dans tout les endroits du globe. La force de ce livre c'est qu'il ne juge personne , il rend compte avec un souci du plus grand réalisme remarquable des différentes actions , que ce soit au Japon , en Chine , ou en Afrique , et bien sur en Europe . Cela avec le souci de ne jamais étre dans une logique d'enseignement . Beevor entraine le lecteur dans un gigantesque livre dont il fait découvrir toutes les pages , avec une passion réelle et une volonté de partager cette passion avec le lecteur. Celui - ci déambule hagard dans ces paysages de ruines , au millieu de ces hommes dont le destin se joue dans une partie de dés infernale entre les généraux , dont Beevor fait bien ressortir la folie. Une telle érudition mise au service de la communication d'une passion qui retrace notre passé , et en grande partie notre présent du fait des conséquences encore visibles aujourd'hui de ce conflit majeur qui entraina un monde tout entier dans la folie meurtriére d'une guerre... Toutes les guerres sont des horreurs , et Beevor se propose juste de faire découvrir de maniére remarquable tel qu'il l'avait déja fait dans ces ouvrages préalables , jusqu'ou l'homme peut aller dans son désir de dominer son prochain. Une vraie page d'histoire dans le cadre d'une oeuvre extraordinaire .
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Antony Beevor est bien connu des amateurs d'Histoire de la Seconde Guerre mondiale. Déjà l'auteur de livres sur les grandes batailles du conflit tel que Stalingrad, la bataille des Ardennes, le jour J. Avec ce livre, il tente de résumer, ce qui semble à première vue, impossible de résumer - au prix de 1266 pages tout de même !

Beevor offre un postulat inédit, en faisant débuter le conflit non-pas le 1er septembre 1939 avec l'invasion de la Pologne, mais quelques mois plus tôt. Aux alentours de mai/juin de la même année, lors de la « bataille de Khalkin Khol » en Mongolie, opposant les forces de l'Union Soviétique à l'Empire du Japon.
L'autre nouveauté, c'est que l'auteur aborde tous les théâtres d'opérations. Et n'exclût pas, comme c'est généralement le cas, le conflit sino-japonais. Avec la résistance chinoise incarnée par les nationalistes de Tchang Kaï-chek et les communistes de Mao Zedong.

Évidemment ce qui caractérise ce conflit, et ce qui fait qu'il marque durablement les esprits, plus de 80 ans après son déclenchement, c'est l'ignominieuse barbarie qui s'y est déchaînée. le programme génocidaire nazi, les persécutions des populations, les viols systématiques des femmes des peuples vaincus ; les famines liées aux bombardements des villes assiégées et pénuries alimentaires déclenchants de nombreux cas de cannibalisme (voir nécrophagie) que ce soit sur le front de l'Est ou dans les îles du pacifique.
Les mésententes et querelles d'ego des hauts gradés, ayant pour conséquences de faire perdurer une guerre, déjà fort coûteuse en vie humaine. Il aura fallu le déluge nucléaire pour mettre un terme à six années de combats et des dizaines de millions de morts.

Petit bémol, de mon point de vue franco-français, l'auteur ne semble ne pas avoir pris en compte les nouvelles données et informations sur la débâcle de 1940. Beevor continuant de propager l'idée d'une armée française composée de couards, se rendant à l'ennemi sans se battre. Largement démenti depuis.

En dépit de sa longueur et de la lourdeur de sa thématique. C'est un livre que j'encourage de lire.
En attendant la prochaine…
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critiques presse (1)
Liberation
19 novembre 2012
Volontiers provocateur, [Beevor] aime à rappeler que «l’histoire est une branche de la littérature et non pas des sciences, comme le prétendent les Allemands». Cela explique l’immense succès - mérité - de ses livres. Celui-ci est du très grand Beevor.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Le 10 juin, le Duce déclara la guerre à la Grande-Bretagne et à la France. Dans son discours pompeux depuis le balcon du Palazzo Venezia, il proclama, le torse bombé, que les "jeunes nations fertiles" allaient écraser les démocraties fatiguées. Il fut acclamé par la foule de ses fidèles Chemises noires, mais la plupart des Italiens étaient loin d'être enthousiastes.
La tentative de Mussolini de profiter de la gloire de la Wehrmacht n'impressionna guère les Allemands. Le secrétariat d'État de la Wilhelmstrasse compara l'allié italien "au clown d'un cirque qui remballe le tapis après le numéro de l'acrobate et qui prétend que les applaudissements sont pour lui". Ils étaient encore plus nombreux à assimiler la déclaration de guerre du dirigeant fasciste à la France aux agissements d'un "chacal" cherchant à dérober un morceau de la proie tuée par un lion. C'était en effet faire preuve d'un opportunisme éhonté, qui dissimulait quelque chose de plus grave. Mussolini avait enchaîné son pays, en avait fait le captif et la victime de ses propres ambitions. Il comprenait qu'il ne pouvait éviter une alliance avec Hitler, alors au sommet de la vague, mais continuait à se bercer d'illusions et à croire que l'Italie pouvait mener une politique d'expansion coloniale indépendante pendant que le reste de l'Europe sombrait dans un conflit beaucoup plus meurtrier. La faiblesse de l'Italie serait synonyme de terribles désastres et constituerait un véritable talon d'Achille pour l'Allemagne.
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Après Dunkerque et la capitulation française, les Britanniques se trouvaient dans un état de choc semblable à celui d'un soldat blessé qui ne ressent aucune douleur. Ils savaient que la situation était désespérée, pour ne pas dire catastrophique, l'armée ayant abandonné la presque totalité de ses armes et de ses véhicules sur l'autre rive de la Manche. Et pourtant, grâce aux déclarations de Churchill, ils en vinrent presque à apprécier leur sort dans ce qu'il avait de brutal et d'incontournable. Ils se rassurèrent en se répétant que, si les Britanniques se débrouillaient toujours mal au début des conflits, ils finiraient par "remporter la bataille finale", même si personne ne savait fichtrement comment s'y prendre. Beaucoup, dont le roi, s'avouaient soulagés que les Français ne soient plus leurs alliés. Le maréchal de l'Air Dowding raconta plus tard que, en apprenant la capitulation française, il s'était agenouillé et avait remercié Dieu de ne plus avoir à risquer un seul chasseur de l'autre côté de la Manche.
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Derrière les lignes alliées la Belgique traversait une crise grave.
La joie de la libération en septembre avait vite viré à l 'aigre en automne, laissant la place à une atmosphère d'amertume et de ressentiment. Le gouvernement en exil dirigé par Hubert Pierlot était rentré en Belgique et se révélait incapable de faire face aux problèmes du pays. (...)

La question la plus controversée fut l'arrestation et le châtiment des collaborateurs et des traitres. (....) Les autorités militaires alliées estimaient que quelque 400 000 personnes avaient collaboré mais 60 000 seulement furent arrêtées.
Beaucoup d'entre elles furent libérées et celles qui furent traduites en justice se virent infligées des peines remarquablement clémentes.
Eisenhower s'efforça de rétablir le calme. (...)

Les malheurs des civils belges étaient cependant loin d'être terminés.
Les frappes de V1 et de V2 sur Liège et surtout sur Anvers en tuèrent beaucoup. (...) lors de la bataille des Ardennes très peu d'entre eux avaient fui leur foyers dans les principales zones de combat (...)

. Le Kampfgruppe Peiper de la 1ere division blindée SS n'exécuta pas que des prisonniers américains. Il se vengea aussi sur les Belges (...) Dans la matinée après le massacre près de Malmédy, les troupes de Peiper abattirent 9 civils. (...) Au cours des jours suivants quelque 130 hommes, femmes et même des enfants furent abattus, par familles et groupes entiers. (...)
Les troupes allemandes pillaient sans vergogne, mais les troupes alliées ne valaient guère mieux...
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En mars 1936, des troupes allemandes réoccupèrent la Rhénanie. Ce camouflet pour les Français qui, près de dix ans plus tôt, avaient occupé la région, valut au Führer d'être adulé par la majorité des habitants de son pays, même parmi ceux qui n'avaient pas voté pour lui. Leur soutien et la réaction timide de Londres et de Paris incitèrent Hitler à poursuivre dans cette voie. À lui seul, Hitler avait redonné sa fierté à l'Allemagne, tandis que le réarmement, bien plus que ses grands travaux tant vantés, avait mis un coup d'arrêt au chômage. Pour la plupart des Allemands, la brutalité des nazis et la perte de leurs libertés étaient un modeste prix à payer.
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Certaines personnes se plaignent du fait que la Seconde Guerre mondiale exerce une influence dominante près de soixante-dix ans après son terme, comme le montre le nombre disproportionné de livres, de films et de pièces à son sujet, et que nombre de musées entretiennent une industrie du souvenir. Ce phénomène n'est guère étonnant, ne serait-ce que parce que la nature du mal semble être la source d'une fascination sans fin. Le choix moral est l'élément fondamental dans le drame humain, parce qu'il se situe au coeur même de l'humanité.
Aucune autre période dans l'histoire n'offre de source plus riche pour l'étude des dilemmes, de la tragédie individuelle et collective, de la corruption du pouvoir politique, de l'hypocrisie idéologique, de l'égocentrisme des commandants, de la trahison, de la perversité, du sacrifice de soi, du sadisme incroyable et de la compassion inattendue. En bref, la Seconde Guerre mondiale défie la généralisation, ainsi que la catégorisation des êtres humains que Grossman rejetait si passionnément.
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Videos de Antony Beevor (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Antony Beevor
Extrait de "D-Day et la bataille de Normandie" de Antony Beevor. Parution numérique le 25 novembre 2020.
https://www.audiolib.fr/livre-audio/d-day-et-la-bataille-de-normandie
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