La victime ne naît pas victime, elle le devient. Mais peut-elle cesser de l’être ? Dans le rôle que lui assigne la société, la victime « est » mais ne peut pas devenir autre chose. Elle a été baptisée par un acte fondateur qui a déchiré son identité précédente. Sa reconnaissance se borne en quelque sorte à la qualité qui semble la caractériser : la souffrance [...] Pour que la rémission puisse devenir guérison, il faudra que la société accepte que la victime redevienne anonyme. L’incognito sera le signe qu’elle l’a, à nouveau, accueillie pleinement en son sein.
. Les victimes aspirent à recouvrer la plénitude de leur être, à vivre sans diminution non pas en niant leur traumatisme – comment le pourraient-elles ? – mais en le dépassant, en refusant de se laisser enfermer par lui… et peut-être par nous.
Se relever de l’outrage du crime, c’est se fixer de nouvelles normes de vie, parfois supérieures aux anciennes mais jamais identiques ; c’est se fixer la vie comme norme.
Il y a fort à craindre que l’objectif pour la victime de retrouver un état identique à ce qu’elle était avant l’attentat soit inaccessible.
Rencontre avec Denis Salas autour de le déni du viol. Essai de justice narrative paru aux éditions Michalon.
-- avec l'Université Toulouse Capitole
Denis Salas, ancien juge, enseigne à l'École nationale de la magistrature et dirige la revue Les Cahiers de la Justice. Il préside l'Association française pour l'histoire de la justice. Il a publié aux éditions Michalon Albert Camus. La justice révolte, Kafka. le combat avec la loi et, avec Antoine Garapon, Imaginer la loi. le droit dans la littérature.
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02/02/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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