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3,89

sur 1133 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je suis une amoureuse, une inconditionnelle des romans de Laurent Gaudé.
Je les guette, les attends, les couve avec une passion presque adolescente.
J'en aime chaque mot, chaque virgule, chaque respiration.
Et celui-ci n'échappe pas à la règle.
Laurent Gaudé a ce pouvoir magistral de nous transporter. Et au delà, de nous secouer.
Il aborde l'humain et l'humanité. L'histoire que certains effacent au crayon de sang. Et les histoires qui se mêlent et s'entrechoquent.
En bref, lisez-le, aimez-le et questionnons-nous…
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Après L'insouciance de Karine Tuil qui déjà nous offrait une réflexion sur les conflits actuels et sur le choc que peut représenter pour un combattant le passage du champ de bataille au luxe insolent étalé dans les grandes métropoles occidentales, voilà un roman tout aussi fort, éblouissant et déstabilisant sur cette amnésie coupable qui semble nous habiter encore aujourd'hui.
Comment croire au progrès, comment comprendre qu'au fil des ans l'homme n'a rien appris des conflits passés, comment peut-on commettre aujourd'hui encore des actes aussi barbares que ceux perpétrés par l'armée islamique, s'attaquant non seulement aux populations, mais aussi aux monuments historiques, aux vestiges culturels millénaires.
En ouvrant son roman sur la rencontre à Zurich dans un grand hôtel entre un baroudeur et une archéologue, Laurent Gaudé livre la clé de son propos. L'amour éphémère, la liaison qui sera sans lendemain entre Assem et Mariam est symbolique des combats qu'ils livrent chacun à leur manière et qui ne finiront jamais.
Après l'Afghanistan, la Lybie, Assem doit partir à Beyrouth sur les traces d'un Américain, tête brûlée qui se livre à des trafics variés. Mariam, après Alexandrie et Bagdad où elle a oeuvré pour la restitution des objets volés et la réouverture du musée, prend la direction de la Syrie afin de tenter de sauver ce qui peut l'être de la folie destructrice de daesh. Mais leur combat n'est-il pas perdu d'avance ?
C'est pour répondre à cette interrogation que l'auteur convoque quelques combats emblématiques de notre Histoire. Celui d'Hannibal contre Rome, celui d'Ulysse Grant durant la Guerre de Sécession, celui de Hailé Sélassié contre le colonisateur italien. Durant tout le roman, le lecteur est invité à les suivre sur le terrain et à partager ce déferlement de violence. Jusqu'à ce point qui donne raison à Gertrude Stein quand elle explique que «La guerre n'est jamais fatale, mais elle est toujours perdue.»
Avec maestria, l'auteur fait s'entrecroiser les récits, parvient à les mettre en résonnance et nous démontre – sans jamais porter de jugement – qu'on ne sort jamais indemne de telles campagnes. Car au conflit ouvert succède le conflit intérieur. À la justification morale d'un engagement succède l'horreur et la barbarie. En nous montrant que personne, à aucun moment, ne peut sortir indemne d'un tel déferlement de violence, que le temps ne fait rien à l'affaire, l'auteur de la Mort du Roi Tsongor et du Soleil des Scorta nous place en témoins privilégiés des tourments du monde. En empilant les strates de ses différents récits, il parvient aisément à nous éclairer sur l'erreur de jugement majeure que nous faisons en retraçant ces «épopées». Il suffit de changer de point de vue, d'écouter les défaites, pour comprendre la lucidité d'un Jean Jaurès. Non, «on ne fait pas la guerre pour se débarrasser de la guerre.»
Ce roman est un viatique pour notre début de XXIe siècle.

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" On ne peut pas partir au combat avec l'espoir de revenir intact. " Il n'y a aucune victoire pleine et entière car pour que la victoire en soit une il faut que les vaincus se considèrent comme tels.

Hannibal triomphant à Trasimène et Cannes n'écrase pas Rome et perd à Zama. « Le boucher », Ulysses S. Grant, s'interroge sur ses victorieuses et sanglantes batailles sur les confédérés. Avec la victoire de Mussolini, Hailé Sélassié perd son royaume, mais résiste au fascisme.

Plus près de nous, l'archéologue irakienne, Mariam, tente de soustraire à la barbarie des terroristes des œuvres millénaires. Elle rencontre et aime Assem, agent des renseignements français, qui à l'occasion de sa dernière mission, remet en cause les éliminations perpétrées au nom de son pays.

Hannibal, Ulysses S. Grant, Mussolini, Daesh, Assem, leurs victoires ne sont-elles pas plutôt des défaites devant la capacité d'empathie et d'amour des hommes, la supériorité des mots et de la pensée sur l'action guerrière, la survivance et la permanence de l'art et la beauté ?

Sur un ton en apparence sombre et pessimiste, Laurent Gaudé a écrit, avec Écoutez nos défaites, une magnifique leçon de vie et un formidable roman d'amour, profond, intelligent et émouvant.
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Laurent Gaudé se livre à une biopsie des guerres sur différentes périodes de l'Histoire. Il situe son analyse surtout sur les horreurs commises et vécues par les hommes.
L'enchaînement de chapitres courts et acerbes et les sauts dans L Histoire alimentent jusqu'à la nausée le lexique très imagé de la guerre et de ses abominations. Une guerre c'est toujours sale et effrayant.

En parallèle il vante le courage de ceux qui luttent pour sauver le patrimoine culturel, sauvagement rasé et pillé au passage des guerres barbares effaçant petit à petit l'âme d'une civilisation.

D'une plume acérée et documentée il nous offre un condensé glaçant de massacres et carnages où la conclusion pleine de bon sens c'est la certitude que le monde n'est jamais le même après une guerre et que celui qui en revient n'en sort jamais intact et se verra toujours amputé d'une part de soi.

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J'apprécie énormément Laurent Gaudé, et une fois de plus je ne suis pas déçue par la qualité de son écriture, ni son honnêteté d'écrivain. Cependant, j'ai été gênée par la structure du roman, ou des périodes de l'Histoire mondiale se télescopent, où l'on retrouve en dehors de toute chronologie, Hannibal marchant contre l'Empire Romain, Grant livrant bataille aux armées sudistes, Halié Sélassié, roi des rois, tentant de sauver l'Ethiopie face à l'armée de Mussolini, et qui bien des années plus tard sera haï par son peuple, et puis l'époque contemporaine avec ses luttes contre la barbarie et l'obscurantisme. Un livre très intéressant, très documenté, très riche, mais que j'ai trouvé parfois un peu confus par sa présentation, et donc pas si aisé que cela à lire. Un bon roman, mais pas un coup de coeur.
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Laurent Gaudé, c'est définitivement ma came. Sans doute, avant tout, pour son style, qui me fait définitivement planer !

Laurent Gaudé possède, depuis son premier roman La mort du roi Tsongor, il y a maintenant quinze ans, le plus beau style de la littérature française contemporaine. Si vous me répondez que ce n'est pas difficile, je vous répondrais que je vous trouve vraiment méchant !...

Prenez le temps de lire les deux premières phrases d'Ecoutez nos défaites, celles qui composent la première page de ce roman d'une tristesse éprouvante (comme souvent chez l'auteur).

Lire la suite de la critique sur le site le Tourne Page
Lien : http://www.letournepage.com/..
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Mariam et Assem se rencontrent au bar d'un hôtel. Corps à corps amoureux pour lui qui connait surtout les corps à corps meurtriers en tant que militaire de la DGSE, pour elle, archéologue irakienne, meurtrie dans sa chair par des cellules cancéreuses ; repos des guerriers, purge salvatrice de l'âme où Assem déclame un poème et où Mariam l'envoûte avec des récits mythologiques. Unique rencontre à la fois renaissance et testament amoureux.
Elle repartira en essayant de sauver les trésors archéologiques irakiens aux mains de DAESH.
Il partira à Beyrouth pour évaluer, voire neutraliser un ex de la CIA soupçonné de trafic.

Parallèlement, nous suivons le destin d'HANNIBAL, roi carthaginois, qui marchera jusqu'à Rome pour tenter de briser l'hégémonie latine, la guerre meurtrière du général GRANT qui, au nom de l'abolition de l'esclavage massacrera l'armée des confédérés pendant la guerre de sécession, la résistance héroïque mais désespéré de l'empereur d' Ethiopie contre les forces italiennes de Mussolini, son exil forcé en Angleterre et son discours tonitruant face à la SDN.

Ce roman prend la forme d' une mélopée mélancolique qui chante la détresse des vaincus et des vainqueurs, pleure les millions de morts engendrés par ces guerres.
"Ecoutez les défaites " oppose la nécessite de combattre pour défendre une cause juste, pour briser ses chaînes, ou tout simplement pour survivre à la vacuité de la victoire.
" Ce qui ne te tue pas te rend plus fort" disait Nietzsche. Non, répond Gaudé, tout combat laisse des cicatrices qui suppurent à tel point que nous ne savons plus s'il faut rire ou pleurer.

Roman puissant, au thème original, ambitieux dans sa forme mais aussi dans les nombreuses réflexions qu'il suscite chez le lecteur.

Mais ce n'est que mon humble avis
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A travers le récit de cinq personnages, dont trois figures emblématiques qui ont marqué L Histoire : Hannibal, Général Carthaginois qui a marché sur Rome avec ses éléphants ; Hailé Sélassié, le dernier Empereur d'Ethiopie ; le Général Grant, qui a mené ses troupes lors de la guerre de Sécession ; Assem, un agent des services de renseignements français en proie à une grande lassitude et chargé de retrouver un ancien membre des commandos d'élite américains et Mariam, l'archéologue irakienne qui assiste avec horreur à la destruction du patrimoine historique de l'humanité dans un monde ou le terrorisme fait rage. Chacun de ces personnages est confronté à ses doutes et à ses peurs, élaborant des stratégies afin d'obtenir la victoire.

Mais, quand peut - on parler de victoires ? de défaites ? Gagner ne signifie-t-il pas que nous avons finalement perdu lorsque l'on réfléchit au coût - en vies humaines notamment - de la victoire ? Ne nous sommes-nous pas perdus nous - mêmes ? Quel prix sommes-nous prêts à payer ? Seule l'humanité et la beauté, finalement, valent le coup que l'on se batte et meure pour elles !

La lecture de ce roman fut, au départ, assez difficile. La structure du texte est telle qu'elle exige concentration et d'éviter toute distractions ou nuisances sonores alentours. Il m'a parfois fallu lire à voix haute quelques passage mais quelle force dans ce texte qui m'a littéralement laissé sur le derrière ! Laurent Gaudé nous transporte et lie avec justesse le passé et le présent au travers d'événements très actuels comme la lutte contre le terrorisme et la destruction de sites historiques comme Palmyre. Un très grand et beau roman, à lire d'urgence !
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Toujours une superbe écriture qui nous emporte à la façon des lames de fond ...Juste un bémol il m'a manqué un petit supplément d'âme ...
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Voilà le premier roman de Laurent Gaudé que je lis.
D'abord les points négatifs: je n'ai pas trop aimé la façon d'écrire de l'auteur. Je ne parle que de la syntaxe. Je ne parle ni des mots ni du fond. Mais cette forme de phrases tour à tour courtes ou sans verbe ou longues avec une foule de virgules, de propositions juxtaposées, avec une foule d'énumérations de compléments du nom, ou d'épithètes, cela a eu le don de m'énerver. C'est clairement ce que nos professeurs traquaient dans nos copies de français. Si on ajoute quelques fautes de français ("de par", ou "inatteignables" par exemple)....

Mais une fois ceci abordé, je ne peux être qu'éloges. J'ai été subjuguée par le choix des mots. J'ai été conquise par la poésie qui se dégage de ces quelques pages.

J'ai vraiment été happée par ces personnages et leurs constats amères sur la guerre. J'ai aimé rentrer dans la grande histoire par des petites histoires. Côtoyer ces grands hommes a été une expérience très... humaine.

Si je déplore le peu d'espérance de ce livre, la beauté, l'humanité et la compassion sont bien réelles. A nous de les transcender.

Sublime.
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