Ce livre est composée de deux parties : une première qui décrit un processus de recherches qui attribue à Mme de Stael
trois nouvelles inédites et une deuxième partie où on découvre ces
trois nouvelles. Cette deuxième partie, très courte, permet de découvrir Mme de Stael si on ne connaît pas cette auteure. La première partie, beaucoup plus longue, se lit facilement. On a affaire à une chercheuse à l'évidence passionnée par Mme de Stael, et qui sait très bien partager cette passion. Ce qui me pose plus problème, ce sont les conclusions et la méthode de recherche de l'auteure-chercheuse. A partir de petites phrases issues de correspondances et de mémoires, elle en a déduit que ces
trois nouvelles sans auteur sont de Mme Stael. Et c'est très problématique de déduire cela à partir de quelques phrases. C'est pour moi de la surinterprétation. Ce n'est pas parce qu'un ami
De Stael revendique une des nouvelles écrite, selon lui, à 4 mains avec une de ses amies proches que c'est forcément Mme de Stael. Plus on lit le raisonnement de la chercheuse, plus on se dit qu'elle a fait en sorte d'interpréter des indices dans le sens de la théorie qu'elle voulait démontrer (biais cognitif très courant en recherche). Par ailleurs, elle prend comme argent comptant tout ce qui écrit dans les mémoires et les correspondances. Or, ayant fait de hautes études en épistémologie, j'y ai appris qu'il faut se méfier des traces : on peut mentir, affabuler, tromper, déguiser la vérité, surtout dans des écrits. C'est la base d'une bonne recherche en sciences humaines. Croiser avec de multiples ressources concordantes pour aboutir à une interprétation, pas aboutir à une interprétation à partir d'une seule source dont la véracité est constestable. Quand Mme de Stael dit que sa mère a été opprimée par son mari, rien ne permet de dire que c'est vrai, c'est peut être l'interprétation d'une ado qui déteste son père et qui se persuade que c'est vrai.
Bref, toute cette recherche et ses conclusions me paraissent bien fragiles. Ce n'est pas comme ça qu'on fait de la recherche. Dommage parce que c'est quand même rudement bien écrit.