L’île était un paradis. Les compagnons d’Ulysse, qui depuis quatre jours n’avaient mangé ni bu, y découvrirent plusieurs sources, dont l’une d’eau pétillante, tous les fruits, plus une baie acidulée, énorme, qui fondait délicieusement avec son noyau dans la bouche, et toutes les espèces de gibier plus le lubard jaune rayé de noir, qu’ils découpaient par tranches transversales. En somme le bonheur : c’est-à-dire tous vos vœux exaucés, plus celui qu’un dieu seul peut former pour vous. Toutes les ombres d’arbres, plus une parfumée qui se modelait sur le dormeur et lui évitait des camarades de sommeil, et il y avait pour les couples d’amis des ombres jumelles…
Nous avons les versets, repartit Ulysse… Certes l’attaque régulière de la rime, et l’absence de toute relation entre le rythme et la pensée, qualités maîtresses des vers, les rendent plus redoutables pour le physique des hommes, mais les versets épousent les mouvements même de la passion. (p16)
Par aimer, j’entends frissonner d’un feu qui glace, étouffer d’une ombre aride, j’entends écrire mon nom à la hache sur l’écorce des chênes, et dans la mer avec des quartiers de roche habile-ment posés. (p15)
Quand une amante mord son amant au cœur au lieu de le mordre à l’épaule, c’est qu’elle n’est pas sûre de ses dents, pas sûre de sa réalité, c’est qu’elle est édentée ou n’existe pas. (p100/101)
quelle leçon de modestie nous donne l’étranger ! Jusqu’à ce jour la modestie se confinait aux qualités morales. La voilà qui, grâce à notre hôte, va gagner les talents physiques. (p106)
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature
Louis Chevaillier
Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. »
Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
+ Lire la suite