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Annie Saumont (Traducteur)
EAN : 9782226057129
207 pages
Albin Michel (30/01/1992)
3.88/5   24 notes
Résumé :
La famille Smales, le père, architecte, la mère, Maureen, et leurs trois jeunes enfants ont fui leur belle villa, quittant Johannesbourg en proie au émeutes, incendies, violence. La population noire a pris possession d'une partie du pays, des avions ont été abattus, bref, c'est le chaos. Où aller? Leur domestique depuis quinze ans, July, propose des les emmener dans son village de brousse, à des centaines de kilomètres, où la case de sa propre mère leur sera prêtée... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
"Elle et sa famille était nourris par ceux de la famille de July, secourus par eux, protégés par eux."

Maureen et Bam, couple de Blancs bourgeois aux idées plutôt ouvertes, ont fui Johannesburg à feu et à sang, épouvantés, avec leurs enfants et leur domestique noir, Bam, qui les conduit à se réfugier dans son village dans le veld. Pour tous les autres villageois, la famille blanche devient "Ceux de July", autrement dit (sous-entendu) : les maîtres de July, même si le couple n'a jamais pensé sa place en ces termes.

Au sein de l'univers monotone du quotidien de la communauté villageoise se révèlent au sein de relations retournées, des tensions sous-jacentes. Alors que les enfants s'adpatent mervielleusement à leur nouvel environnement, pour Maureen et Bam il revêt des couleurs ambiguës, entre protection et danger, à la fois rassurant et inquiétant, dans l'ombre de July, leur ancien serviteur, pourvoyeur bienveillant dont le rôle central les placent dans une dépendance bien inconfortable, dont ils prennent progressivement conscience.

La conservation des clefs de la voiture qui a amené les Blancs devient ainsi un enjeu de pouvoir entre July et ses patrons, entre les Noirs et les Blancs : "Le bakkie lui appartenait, il n'en doutait pas. Il y avait dans son regard, dans son attitude, l'orgueil et la tranquille assurance de celui qui possède ; il ne savait plus que s'il possédait, d'autres avaient été dépouillés."

Avec Ceux de July, Nadine Gordimer tient un discours fin et puissant sur la fin de la suprématie des Blancs en Afrique du Sud, et donne à voir, dans la tragédie de l'intime, le naufrage d'un couple et d'un monde. A petites touches subtiles, où l'essentiel du propos réside dans des détails apparemment insignifiants, elle délivre le portrait d'une société sclérosée et anachronique, fondée sur des jeux de domination pervers.

Un roman clairement politique (on connaît l'engagement anti-apartheid de Gordimer), où, au sens strict, il ne se passe rien, mais d'une puissance assez sidérante et fascinante dans le propos.

"N'était-ce pas là des fantaisies inventées par ceux qui, dans leur situation sans issue, voulaient encore se bercer d'illusions ?"
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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À propos de Ceux de July (Albin Michel), paru en 1983, Nadine Gordimer déclarait à La Croix : « le racisme pourrait être le péché originel, l'inévitable tache qui marque tout être humain, de quelque race qu'il soit. Il faut savoir qu'il est là, en chacun de nous, comme le virus de la peste.

Parlons de l'histoire:
La famille Smales, le père, architecte, la mère, Maureen, et leurs trois jeunes enfants ont fui leur belle villa, quittant Johannesbourg en proie au émeutes, incendies, violence. La population noire a pris possession d'une partie du pays, des avions ont été abattus, bref, c'est le chaos. Où aller? Leur domestique depuis quinze ans, July, propose des les emmener dans son village de brousse, à des centaines de kilomètres, où la case de sa propre mère leur sera prêtée. le roman va juste raconter quelques semaines de leur séjour. La fin est assez ouverte.

Paru en Afrique du sud en 1981, bien avant la fin de l'Apartheid que l'on connaît, ce roman imagine donc une rébellion armée de la population noire, la mort, la résistance ou la fuite de la population blanche, mais les événements resteront en arrière plan. Nadine Gordimer scrute l'évolution des rapports entre ses personnages. le couple Smales, avec le mari désormais sans pouvoir et dépendant du bon vouloir de son ex-domestique, lequel décide d'apprendre à conduire et récupère les clés de leur véhicule. Difficile pour le couple de passer d'une immense villa à une simple case, sans intimité réelle (et ni eau ni électricité bien sûr). Cahin caha ils s'adaptent, Maureen essaie de travailler avec les femmes. C'est finalement leur plus jeune fille qui s'intègre le mieux au village.

Mais les moments les plus forts, à mon avis, sont ceux des échanges entre Maureen et July, où l'on retient sa respiration tellement la tension est palpable. Les Smales n'étaient pas de mauvais employeurs selon leurs critères, ils essayaient de respecter July et lui offrir de bonnes conditions de travail, mais pourtant jamais il ne fut leur égal. Maureen commence à réaliser qu'elle ne comprenait pas July.

"De là, elle voyait la brousse. Elle se mit à lire. Mais le dépaysement qu'offre un roman, l'impression illusoire et pourtant profonde de se trouver transportée dans un autre temps, un autre lieu, une autre vie, qui fait tout le plaisir de la lecture, elle ne l'éprouvait plus. Dans un autre temps, un autre lieu, une autre vie? Elle y était déjà. Et cet exil l'oppressait. Ce changement dans son existence, ce dépaysement involontaire occupaient toute sa pensée comme l'air qu'on souffle dans un ballon le remplit et lui donne sa forme. Déjà, elle n'était pas ce qu'elle était. Aucune fiction ne pouvait rivaliser avec ce qu'elle découvrait à présent et qu'elle n'aurait jamais pu imaginer.
Ces gens ne possédaient rien.
Dans leurs maisons, il n'y avait rien. du moins à première vue."

Un très beau roman, qu'on ne peut oublier.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Je ne connaissais pas cette auteure. Ce roman est passionnant. Une sorte de huis-clos psychologique intense dans un village sud-africain éloigné de tout, où s'est réfugié la famille Smales (les parents et leurs trois jeunes enfants), fuyant les violences de la capitale, grâce à leur domestique July dont c'est le village d'origine. Au début, les enfants restent un peu hautains mais sont finalement les premiers à apprécier leur nouvel environnement et leurs nouveaux camarades, les parents font d'abord face à l'adversité puis s'accusent mutuellement d'avoir manqué de clairvoyance, Maureen Smales pense faire des progrès dans ses relations avec les femmes du village, malgré le barrage de la langue, mais elle ne se doute pas du ressentiment des femmes qui ont du laisser la case de la plus âgée d'entre elles pour loger la famille des Blancs, à la demande de July. Les femmes ne comprennent pas le choix de July. Vis-à-vis de leur ancien domestique, les Smales oscillent tour à tour entre reconnaissance et méfiance. L'auteur aborde avec subtilité les rapports entre Blancs et Noirs d'Afrique du Sud, sur fond d'Apartheid et de soulèvement violent. le huis-clos prend définitivement un tournant sans retour quand le révolver de Smales disparaît. On devine le drame qui se prépare. Ce roman m'a tenue en haleine jusqu'à l'avant-dernière page, mais j'ai été déçue par la fin que je n'ai pas comprise; rien n'est résolu, l'auteur nous laisse littéralement en plan avec ses personnages.
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Voilà un roman surprenant. J'ai été surprise par le style. Comme il s'agit d'un auteur ayant reçu un prix Nobel, je m'attendais à un style beaucoup plus difficile à lire.
Une famille est sauvée par son boy à la suite d'émeutes dans leur ville et d'une véritable guerre civile. Les voici (les parents et leurs trois enfants) logés chez la mère (à sa place) de leur homme à tout faire, dans la savane. Ils logent dans une hutte sans mobilier et qui prend l'eau. Beaucoup de considérations sur le couple, la vie de famille, l'égalité entre tous et le confort matériel. Tout est à réapprendre et il n'y a plus de conscience du temps.
De grosses questions soulevées et un livre assez difficile à lire quant à la mise à nu de cette famille.
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Immense oeuvre, presque aussi bonne qu'un roman de Coetzee
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Maureen partageait la conviction générale (estimant comme tout le monde que cette conviction se fonde sur une réalité incontestable) selon laquelle il n'y a pas de différence essentielle dans les rapports intimes entre les êtres : des rapports qui obéissent, toujours et partout, à une sorte de loi absolue. Si les gens ne ressentaient pas tous de la même manière les satisfactions ou les privations affectives, comment pourrait-on proclamer l'égalité des besoins?
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Chef, voici le Maître. (Combien de fois, là-bas, Maureen et Bam avaient-ils essayé de lui faire abandonner la formule servile ? Mais July semblait en être incapable, c'était comme s'il n'y avait aucun terme pour la remplacer, aucun qui exprimât exactement le caractère de ses rapports avec Bam.
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Le bakkie lui appartenait, il n'en doutait pas. Il y avait dans son regard, dans son attitude, l'orgueil et la tranquille assurance de celui qui possède ; il ne savait plus que s'il possédait, d'autres avaient été dépouillés.
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But the transport of a novel, the false awareness of being within another time, place and life that was the pleasure of reading, for her, was not possible. She *was* in another time, place, consciousness; it pressed in upon her and filled her as someone's breath fills a balloon's shape. She was already not what she was. No fiction could compete with what she was finding she did not know, could not have imagined or discovered through imagination.
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Ils avaient fui les batailles des rues, ils avaient arraché leurs enfants au danger, ils s'étaient soustrait à l'obligation de défendre leurs vies au nom d'un idéal qu'ils ne partagent pas, dans une société blanche sur le déclin en laquelle ils ne croyaient plus.
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Video de Nadine Gordimer (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nadine Gordimer
Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
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