Aaaah, mai 68… Coupez ! Je ne vais certainement pas vous la jouer soixante-huitard nostalgique, chemise à fleurs, love and peace et pétard au coin des lèvres. J'étais certes sur les barricades, mais embarqué à l'insu de mon plein gré par mes parents – j'avais un an. Trop facile de juger à postériori et tel n'est pas l'objet de cette chronique.
Le fait est que le roman de
Jean-Christophe Grangé prend sa source à Paris, dans la tourmente de mai 68. L'auteur restitue parfaitement le contexte de l'époque que ce soit du point de vue étudiant ou ouvrier, mais aussi politique avec l'inflexibilité de
De Gaulle face à la crise.
Il faut dire que son trio colle parfaitement à la période. Jean-Louis Mersch, vétéran de l'Algérie et flic borderline, censé représenter l'autorité mais qui rêve secrètement du « Grand Soir » qui viendrait renverser l'ordre établi. Hervé Jouhandeau, son demi-frère, étudiant en Histoire dégingandé qui se cherche et se laisse porter par les événements. Et
Nicole Bernard, étudiante en Lettres issue de la haute bourgeoisie, rousse incendiaire, pleine d'idéaux dont elle ne saisit pas forcément le véritable sens.
Un trio certes atypique mais pour lequel j'ai eu du mal à éprouver une quelconque empathie, à part peut-être pour
Jean-Louis et son côté électron libre… mais c'est resté en surface.
Exit les révolutionnaires en culotte courte ! Une étudiante, proche amie de Nicole et vague connaissance d'Hervé, est retrouvée morte par ce dernier qui appelle le frangin à la rescousse. La position du corps et les mutilations qu'il a subi font rapidement comprendre à
Jean-Louis que cette affaire va être hors du commun.
L'enquête va mener notre improbable trio de Paris à Calcutta, puis à Bénarès et enfin à Rome. Pas franchement des vacances de rêves, leur périple sera en effet parsemé de cadavres et au fur et, à mesure que le voile se lèvera, les deux frères en apprendront beaucoup sur leur propre histoire.
J'ai beaucoup aimé la partie parisienne de l'intrigue mais elle est relativement courte. le travail documentaire de l'auteur se ressent quand il parle de l'Inde, de ses traditions et de sa culture, mais cela n'empêche pas l'intrigue de traîner parfois en longueur et d'être quelque peu tirée par les cheveux.
La conclusion indienne est des plus abrupte, on en serait presque réduit à se dire « Tout ça pour ça ! ». Et ce n'est pas à Rome que les choses vont s'améliorer, on passe à un niveau supérieur au niveau de l'improbable et de l'expéditif.
Bref, je referme ce bouquin plutôt mitigé, pas franchement déçu mais il est incontestable que j'ai connu
Jean-Christophe Grangé beaucoup plus inspiré.
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