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EAN : 9782258113541
288 pages
Presses de la Cité (23/10/2014)
4.06/5   16 notes
Résumé :
Schlump n'a pas dix-sept ans lorsque la Première Guerre mondiale éclate. Malgré son jeune âge, il se porte volontaire. Envoyé en France dans une petite commune occupée par les Allemands, il est chargé d'administrer la vie de plusieurs villages. Mais la guerre n'a pas seulement besoin de bureaucrates. Schlump doit rejoindre le front. Crasse, maladie, désespoir, déluge de feu... Le jeune soldat découvre l'enfer des tranchées, l'hôpital, puis les séjours plus paisibles... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Quel drôle de roman que ce Schlump. Écrit sous une forme picaresque, il décrit la vie militaire durant la Grande Guerre d'un jeune soldat allemand avec une étonnante légèreté. On est en proie à une étrange sensation d'apesanteur avec ce jeune de dix-sept ans qui traverse la guerre avec une foulée aérienne qui fend l'air vicié des tranchées.
Oui les tranchées du front ouest sont présentes avec leur cortège de bombardements et de morts. Mais l'auteur ne s'y attarde guère préférant porter un regard oblique sur la guerre : des longues journées d'ennui au manque de ravitaillement et de sommeil en passant par les poux... et la vie à l'arrière des lignes de front où le quotidien se révèle si doux à administrer les villages français qu'on oublierait presque qu'il y a une sale guerre qui les oppose alors que la misère frappe la population allemande.

Pas de langue meurtrie ou étranglée par les émotions, une réalité presque anesthésiée, des personnages croisés qui sont comme des silhouettes qui disparaissent aussi rapidement qu'elles sont apparues...le parcours et l'attitude de Schlump sont déconcertants à lire et ne ressemblent en rien aux canons de la littérature de guerre ou du roman d'apprentissage.
Pourtant ce n'est pas une vision hallucinée que délivre Hans Herbert Grimm dans ce roman semi-autobiographique. Sa prose de miniaturiste et la somme des images donnent à lire une dimension humaine, voire trop humaine de la guerre. On peut interpréter les faits neutres alliés au style détaché comme le fruit de l'effort constant d'un esprit qui refuse d'être emporté par le chaos, et se retrouver captif de la volonté de l'auteur, acharné à montrer la guerre telle qu'elle est, déshabillée de ses mythes de gloire et d'héroïsme.
Personne n'est épargné. Pas même Schlump qui regarde ce qui s'offre à lui, côtoie planqués et profiteurs, parvient toujours à retomber sur ses pieds sans être pour autant un homme détestable.
Roman saisissant sur la laideur de la guerre.
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Ce roman de Hans Herbert Grimm est l'un des plus surprenant qu'il m'ait été donné de lire sur la première guerre mondiale. Non qu'il soit plus réaliste ou plus pointu que d'autres mais le ton utilisé par l'auteur le démarque résolument du reste de la production. C'est en effet sur un mode gentiment bonhomme que nous sont racontés les aventures militaires du soldat Schlump.

De ses premiers pas dans la guerre en tant qu'administrateur de villages jusqu'à la débâcle finale, il conservera son optimisme et sa joie de vivre, un peu comme un nouveau Candide déterminé à voir le meilleur dans tout ce qui lui arrive. Les horreurs du front ne lui seront pourtant pas épargnées même si elles se limiteront à une longue attente dans des conditions épouvantables (le froid, la boue, la faim et la peur) et à une attaque des positions adverses qu'il vivra dans un état quasi second. Mais ce seront les seuls épisodes guerriers.

Le plus gros du roman traite en effet de la vie à l'arrière. Certains passages se déroulent en Allemagne à l'occasion de permissions ou de séjours du héros dans un hôpital militaire et la majeure partie du récit a pour cadre les villes françaises et belges administrées par l'armée allemande. C'est dans ces secteurs préservés que Schlump occupera divers postes administratifs qui lui permettront de couler des jours relativement tranquilles.

Le contraste entre ce calme relatif et l'enfer des tranchées contribue à démontrer l'absolu inanité de cette guerre ignoble et absurde. L'horreur des combats est telle que ceux qui ne les ont pas vécus ne peuvent pas la concevoir et que les autres préfèrent l'oublier. A l'arrière, la guerre est perçue comme un cauchemar lointain, une espèce d'ogre affamé qui dévore les hommes par milliers. Elle perd un peu de sa réalité et de sa crudité pour ne plus exister que dans les récits des soldats et dans le lointain grondement des canons (« De l'ouest, par beau temps, on entendait retentir les coups de canons du front et cela leur rappelait que des milliers de jeunes gens mouraient là-bas de la plus cruelle des façon»). Et c'est heureux, car serait-il possible autrement de vivre normalement alors qu'à quelques kilomètres des hommes se battent dans des conditions inhumaines ? Pourrait-on accepter une telle abomination sans se révolter ?

Schlump lui, ne se pose plus de questions. Ses velléités d'héroïsme ont rapidement fait place à l'envie de rester en vie. Il côtoie les simulateurs, les profiteurs et les planqués. Il se livre même à quelques trafics sur le dos des soldats et des civils chassés de chez eux par la guerre. Bref un anti héros qui prouvera que la débrouillardise vaut mieux que l'héroïsme.

Sorti en 1928, "Schlump" fut, parait-il, éclipsé par le célèbre roman de Remarque. Il n'en est pas moins plus corrosif et plus violemment antimilitariste que "A l'ouest rien de nouveau". L'absurdité de la guerre y est plus évidente et les critiques - des stratèges, des gradés, des patriotes - bien plus virulentes. Il n'est que de lire cette violente diatribe du héros pour s'en convaincre : « De toute façon, dit-il, la guerre est cruelle, c'est une abjecte boucherie, et une humanité qui supporte une chose pareille ou qui en est témoin pendant des années ne mérite aucun respect. Quant à celui qui a créé les êtres humains, qu'Il rampe de honte, car son oeuvre est une infamie ! »

Un dernier mot pour signaler la beauté des dessins qui accompagnent le récit ainsi que la superbe couverture tirée d'une oeuvre d'Emil Preetorius, un artiste que j'ai bien envie de découvrir plus avant.
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Ce livre marque un tournant dans la representation populaire et fidele des témoignages de guerre.Rien a voir avec les habituels recits de guerre plus ou moins secs.Ce livre est different ,c'est un conte auquel la verite donne de l'emphase,un genre de document-conte.
Une tres belle decouverte qui aurait fait plaisir a cet auteur qui a tenu a rester secret et qui est mort dans l'anonymat
A lire,car different de tout ce qui a ete ecrit;c'est la guerre sous un autre jour,sous le jour du conte(unpeu moral quant a l'absurdite de cette terrible guerre!!!)
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Emil Schulz, dit Schlump, a seize ans lorsqu'il s'engage volontaire en 1914 dans l'armée allemande. Non par patriotisme, mais pour le bel uniforme vert-gris et le regard des filles. Sur son séjour en France et dans les tranchées, Schlump portera un regard d'adolescent, plein de naïveté et d'incrédulité parfois, mais aussi de réalisme et de philosophie.
Drôle de destin que celui de ce titre, entre sa publication anonyme en 1928, éclipsée par le succès de A l'Ouest rien de nouveau, puis sa destruction par les Nationals-Socialistes, avant son oubli. Pourtant l'ouvrage de Hans Herbert Grimm n'a rien à envier à celui d'Erich Maria Remarque, et son propos a tout autant de poids et d'impact.
Parce que Schlump est jeune, un peu fanfaron et légèrement benêt, son récit de guerre prend des tournures de conte, entre « La Vie est belle » et « Candide » : les délires de la souffrances deviennent poétiques, les filles à soldats des amours éternelles, les camarades de tranchées des amis pour la vie... la guerre elle-même en deviendrait presqu'un jeu si elle ne tuait pas pour de vrai...
Derrière ce ton naïf, se laisse à lire, évidement, toute l'horreur de cet conflit, les membres arrachés, le gaz, la chair à canons laissée à l'agonie, les bases arrières incompétentes, les services sanitaires aux ordres... Que Schlump même s'en tire vivant fait aussi parti du conte. Car que cet être si peu taillé pour survivre en milieu hostile sorte (presque) indemne de ces années de guerre est un miracle. A moins qu'en fait, l'aberration, ce ne soit la guerre elle-même.
C'est, je crois, le message de fond de Schlump : la guerre c'est l'horreur, la douleur, l'atrocité, mais en premier lieu, c'est une aberration Car comment peut-on haïr quelqu'un jusqu'à vouloir le tuer, alors que l'on ne le connaît pas ?
L'ouvrage de Hans Herbert Grimm n'est pas un livre de gare, que l'on peut lire aisément dans les transports ou dans une salle d'attente. « Shlump » demande du temps et de l'attention, car l'ouvrage a presque 90 ans et donc un style ancien, mais aussi car son sujet nécessite que l'on prenne le temps d'y penser et d'y réfléchir.
Une lecture nécessaire.
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Si vous n'avez jamais lu de livre ou de roman sur la guerre de 14-18 en ce centenaire vous n'aurez aucune excuse car M. Hans Herbert Grimm nous fait un cadeau avec ce livre plein de retenue et d'intelligence. Ce n'est pas un roman guerrier c'est un livre sur la vie des populations en temps de guerre. Humaniste, oui mais pas que…

« La jeunesse est légère, elle vit au paradis et ne voit pas le bonheur lorsqu'il croise son chemin », Cette phrase pourrait être le fil conducteur de ce roman.
Issu d'une famille modeste, Emil Schulz a 17 ans. Il a une vision « romantique » de la guerre et de l'armée, malheureusement comme beaucoup en ces années noires des deux cotés du Rhin.
Un de ses sujets de prédilection : les filles mais cela est beaucoup moins dangereux et plus de son âge…

Fin des cours, au bal de fin d'année il rencontre Johanna, une belle blonde aux yeux clairs mais cela n'empêche pas que... le 1er août 1915, il s'engage dans l'infanterie, prépare sa malle et rejoint la caserne, laissant derrière lui des parents désemparés.
Les premiers mois il est affecté à des taches administratives où il y découvre les français dans le village de « Loffrande », il noue des relations bon enfant avec la famille Doby et avec Céline, Jeanne, Marianne, Suzanne, Marie… le bruit des canons reste lointain et on oublie facilement la guerre.
Puis arrive l'ordre d'une nouvelle affectation, les tranchées après un entrainement qui les prépare à la mort.

Les images sont toujours les mêmes lorsque l'on raconte cette période dans les tranchées avec les massacres, la déshumanisation des belligérants, la faim, la soif, la boue, les gaz…Comment ont-ils pu supporter cela sans se révolter ? La peur de déplaire à ses parents dit Schlump
Au bout de l'épuisement, abruti par le manque de sommeil, les corvées, la bêtise… 20 jours en première ligne, ignoble, autour de lui que du sang, les barbelés, les bombes, les flammes, les hurlements… blessé à l'épaule, il fuit cette furie et s'écroule en chemin.
Il se réveille sur la table d'opération et là un grand moment d'écriture de M. Hans Herbert Grimm la description que je qualifierai de psychédélique de cette scène où Schlump flotte entre la vie et la mort.

« …Nous sommes maintenant dans la vallée de la beauté, où nos âmes s'emploient à anoblir leur corps…le bien, la beauté et la connaissance, parvenir à l'harmonie… ».
Il peut enfin dormir, dormir sainement de l'heureux sommeil de la jeunesse.
En convalescence, il retrouve ses parents et…à l'arrière…c'est la faim et la misère aussi.
Il rejoint un régiment de réserve à cause de sa blessure qui l'empêche de bouger son bras normalement.

Il va rencontrer des déserteurs, des blessés, prendre conscience des grèves à l'arrière, les magouilles des profiteurs, recevoir une leçon de vie avec le caporal Schabkow et se souvenir de son professeur d'allemand : « ….Le bien être et le malheur du peuple dépendent du mode de vie de ses guides…malheur au peuple dont les guides se refusent à faire de plus grands sacrifices que les hommes du rang…. ».

Et Johanna alors ? Lisez, lisez, lisez et lisez que du bonheur.
M. Hans Herbert Grimm n'en a écrit qu'un roman mais c'est une très belle réussite et un message pour l'avenir. Malheureusement,
« Les guerres, ce sont des gens qui ne se connaissent pas et qui s'entre-tuent parce que d'autres gens qui se connaissent très bien ne parviennent pas à se mettre d'accord ». Paul Valéry

Une postface, c'est assez rare pour être noté, clôture ce roman. Elle est émouvante et très bien écrite par M. Volker Weidermann. Il site de très bons ouvrages comme « à l'ouest rien de nouveau » et d'autres qui sont également des références sur la guerre 14/18.
Je me permets donc, pour ceux qui voudront lire des livres sur le thème de la vie des soldats Allemands en 1939, également d'un auteur compatriote à H. H. Grimm, les aventures sous forme de plusieurs chroniques du « Caporal ASCH ; 8/15 » de M. Hans Hellmut Kirst (L'auteur de « La nuit des généraux », une pointure aussi). Vous y découvrirez l'esprit « Prussien » des encadrants que devait supporter la troupe.

Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Extrait de la lettre de Hans Herbert Grimm à son frère, Franck
Cher Franck, si on veut mener une vie avec grâce et sérieux – et ce doit être la forme la plus prospère de ce grand art –, il faut être généreux et laisser d'abord aux autres leur point de vue, les écouter et ne les contredire que le lendemain quand on est sûr qu'ils ne savent plus trop précisément ce qu'ils pensaient. S'ils s'en souviennent encore précisément, alors il faut s'en tenir là, mais agir exactement suivant sa conviction.
Car il n'est tout simplement pas possible que deux êtres convergent parfaitement (et fondamentalement). […] Au bout du compte, nous sommes tous solitaires, enfermés dans une coquille sans ouverture. Et chacun vit sa vie, plus ou poins abruti, plus ou moins conscient et éveillé. C'est un point de vue salutaire, qui rend la vie plus légère et épargne les échecs. C'est pourquoi elle est aussi joyeuse, aussi riche et variée, merveilleuse et émouvante. Il ne faut pas se laisser gâcher la joie qu’offrent à chaque pas sa richesse, son insaisissable beauté, mais la ressentir toujours et partout avec reconnaissance – et savoir qu'elle est le flot inépuisable d'une harmonie secrète qui traverse tout. Et il faut trouver à se relier à cette réalité secrète, à cette harmonie de l'univers que tu trouves dans le plus petit et le plus grand, alors elle s'écoulera en toi, t'emplira et te traversera, rayonnera de tout ton corps et te procurera des alliés secrets qui raffermiront ton âme de leur force et te rendront mince et flexible lorsque la vie tempêtera et qu'elle abattra les troncs massifs.
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Le rythme d'acier des roues se tut, le dernier sifflement s'effilocha derrière le château fort. Les chevaux piaffaient de leurs petits sabots contre le sol dur. Compagnie, halte ! Les chevaux s'ébrouèrent. Des soldats étaient couchés sur la route, dans les fossés, les pas résonnaient. Plus loin ! En avant ! En avant ! Le soleil brûlait de ses flèches incandescentes. Les soldats marchaient, voûtés, crispés. L'air poisseux bouillonnait et menaçait de les étouffer. Les montagnes à gauche retenaient leur souffle. Un seul nuage à l'horizon ! Obscure menace de la nature. La compagnie bivouaquait dans de misérables tentes plates sur le haut plateau. Le ciel s'obscurcit. Inquiétant silence. De secrètes braises sortaient en gros remous et encerclaient les soldats : là, les arbres se ployaient à l'horizon flamboyant, se ployaient, les cimes fouettaient le sol, pas un bruit... Soudain ça tonna et résonné, la tempête ! Les tentes s'envolèrent dans le ciel noir, les gouttes crépitèrent comme des balles, la foudre, le tonnerre, la grêle, blanc, noir, blanc, noir, les soldats furent balayés, lambeaux de feuilles dans la boue. Quel vacarme, quelle tourmente !
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Schlump avait des poux. Depuis longtemps. Il les avait chopés lorsqu’il creusait les tranchées et dormait avec les Polacks. Mais ce n’étaient alors que les gros poux blancs avec la croix de fer sur le dos. Voilà qu’il avait maintenant les petits rouges en plus, qui se planquaient dans les coutures des chemises. C’étaient les pires. Et lorsqu’il faisait le guet, il empoignait sa veste et s’écorchait la poitrine à force de frotter. Mais c’était surtout dans les abris, quand on voulait dormir, qu’ils étaient le plus féroces, la chaleur les déchaînait.
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Vois-tu, disait-il à Schlump, il faut faire la différence entre le grand point de vue et le petit point de vue. Du petit point de vue, la guerre n'apporte rien d'autre que le chagrin, le deuil, et d'indicibles souffrances, et aussi la ruine, l'infamie et la pourriture. Du grand point de vue, en revanche, tu arrives à un autre résultat. Pense à la quantité de gens qui sont déjà morts au cours des millénaires. Que sont ces quelques millions ? Même pas une poignée dans la mer infinie de l'éternité. Crois-tu qu'un être humain compte ? L'homme seul n'est rien, il n'a en soi aucune valeur, il est une partie d'un tout immense, un peuple. L'homme pris isolément n'a pas d'âme, le peuple a une âme. Et chacun n'a de valeur que tant qu'il sert son peuple. Crois-tu que les Grecs, que nous admirons, auraient réalisé de tels chefs-d’œuvre et auraient eu de si puissantes pensées si le peuple avait été bon à rien, s'il ne s'était trouvé que deux ou trois êtres doués dans une masse de médiocrité ? Non, le peuple entier a travaillé, de génération en génération pour finalement accumuler sur eux tous les talents, comme Platon, Phidias ou Homère. C'est pourquoi il n'est pas juste de louer ces hommes de nous avoir légué tant d’œuvres, il faut plutôt louer le peuple qui a engendré de tels hommes. Oui, il vaudrait mieux oublier complètement leurs noms. Voilà pourquoi il n'est pas absurde qu’une telle guerre éclate. Il faut qu’il y ait beaucoup de morts, il faut que le peuple souffre affreusement. Mais sache que la grandeur ne naît que de la souffrance ! Est-ce que les Grecs n'ont pas souffert par exemple ? Et y a-t-il plus grande souffrance que la guerre ? Nous devons tous souffrir à présent, et notre peuple est heureux de pouvoir être celui qui souffre le plus parmi tous les peuples impliqués dans la guerre. Cette souffrance est le prix que nous devons payer pour que des êtres humains sortent de nos rangs et nous dépassent tous, ils seront l’honneur et la renommé de notre peuple pour les temps à venir. C'est pour cela qu'une seule chose compte, mon ami, songe que tu n'es rien, mais que l’honneur de ton peuple et sa grandeurs sont tout.
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Le ciel cependant avait gardé toutes les couleurs automnales, un air doux et frais les caressait, Schlump arrêta de chanter et se mit à rêver. Il pensa à la façon dont la guerre avait éclaté, à cette douce nuit d'été où il avait pu embrasser Johanna. Il pensa à cet affreux hiver dans les tranchées, au pauvre Michel, au rossignol qui l'avait envoûté, à son long rêve étrange. Il avait le sentiment d'être à présent autorisé à poursuivre ce rêve, comme si Michel marchait à ses côtés, invisible avec sa femme, comme s'il désignait les collines bleues que Schlump avait vues en rêve et vers lesquelles ils allaient à présent. Une merveilleuse félicité le parcourut. Il croyait avec une superbe certitude que tout se terminerait, il pensait à sainte Jeanne dans l'église de Bohain, c'était bien la même que sa Johanna au pays, qu'il pourrait peut-être prendre bientôt dans ses bras. Il voyait le monde et l'avenir rayonner de mille couleurs merveilleuses. Il travaillerait comme Michel le bienheureux, il voulait arriver à quelque chose, il fallait bien que la paix revienne, maintenant, bientôt, la paix ! La paix et la respectabilité, comme la vie devait être belle ! Quel âge d'or cela avait dû être!Et il se mit soudain à rire de joie, ce qui intrigua le cocher, qui se retourna. Schlump retrouva toute sa gaieté et reprit son chant haut et clair.
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