AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,97

sur 150 notes
5
24 avis
4
17 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Un livre qui démarre comme une histoire de réfugié en Angleterre, mais qui se construit progressivement autour de deux hommes et de leur histoire familiale, quelque part près de la mer, dans la Tanzanie decolonisée d'après guerre.
L'intrigue nous emmène sur quelques dizaines d'années dans ces deux vies où l'argent, les affaires, les coups tordus, mais aussi des amitiés et des histoires d'amour à peine effleurées, se télescopent dans une ambiance à la fois nonchalante et violente.
L'écriture est subtile, la psychologie très juste, il y a de l'humour (la description d'un intérieur anglais étriqué et crasseux est savoureuse) et le choc des cultures (de)colonisés / européens est toujours en toile de fond.
Un très beau livre, qui prend son temps, sans jamais cesser de nous intéresser à toutes les détours de ces deux vies presque ordinaires.
Commenter  J’apprécie          140
Voici ma première rencontre avec Abdulrazak Gurnah, récipiendaire du prix Nobel de littérature 2021, mais cela ne sera probablement pas la dernière tant la puissance de son écriture et la finesse de ses personnages m'ont subjuguée.
Saleh Omar, soixante-cinq ans, débarque à l'aéroport de Londres en provenance de Zanzibar et réclame le statut de réfugié en usurpant l'identité d'un autre, Rajab Shaaban. Placé dans une petite ville côtière par un service d'aide aux réfugiés, il s'adapte tant bien que mal à sa nouvelle vie. Mais les circonstances le mettent en contact avec le fils de Shaaban, Ismaïl Mahmud, dit Latif. le destin de ces deux hommes, ancré dans un passé mêlant injustices, mensonges et non-dits, les conduit à se revoir et à engager une conversation pour dissiper les ombres qui entourent les drames vécus.
On peut attribuer tous les qualificatifs en vogue au roman de Gurnah : littérature postcoloniale, de l'immigration, écriture migrante ou diasporique. Mais ce que j'ai lu est, avant tout, un formidable roman d'aventures. Empruntant la forme du récit au recueil des Mille et Une Nuits et le thème du voyage au conte de Sinbad le marin, chacun des protagonistes va raconter à l'autre ses errances. le lecteur est alors embarqué dans les voyages des marchands poussés par les vents de mousson, les pérégrinations liées aux études, l'itinérance hébétée des prisonniers ou la fuite vers un asile. Saleh et Latif retracent leurs périples en explorant leur propre paysage intérieur pour sonder leurs remords et leurs colères, et débusquer les faux-semblants d'une mémoire lacunaire.
La singularité du style de Gurnah provient de sa langue poétique qui sculpte la phrase sans que la ciselure ne devienne trop précieuse, artificielle. L'érudition de l'écrivain, habile connaisseur de la littérature occidentale, sert le texte avec une ironie distanciée (ainsi le leitmotiv de Bartleby).
J'ai subi un véritable enchantement avec ce livre, celui qui soumet l'auditoire au conteur avant de succomber à la magie des belles histoires.
Commenter  J’apprécie          132
Ce qui frappe d'abord, c'est un ton, un phrasé élégant, à la fois simple et sophistiqué qui dit les choses comme elles sont tout en prenant le soin d'aller chercher la complexité des choses derrière les apparences. E ce ton emmène le lecteur à pénétrer peu à peu l'envers du décor, les réalités cachées.
Derrière le personnage du narrateur, arrivant à soixante cinq ans au service d'immigration du Royaume-Uni avec une simple valise en main, une demande d'asile et la retenue d'un Bartleby qui "préférerait ne pas", et notamment ne pas parler anglais, c'est la figure de tous les réfugiés que dessine l'auteur, et toute la part néantisée d'eux par ceux qui les accueillent.

En choisissant une trame narrative débutant par la description minutieuse et saisissante de cette arrivée, les services d'immigration, le premier accueil, Gurnah réussit en faisant garder le silence à son personnage à nous faire pleinement entrer dans son intimité.
Alors peut-il dérouler son existence passée, montrer ce qui n'est pas perceptible par celui qui reçoit car toujours trop complexe et trop éloigné culturellement, jamais manichéen, toujours désespéré.

Un roman intelligent et bouleversant d'un auteur récemment nobelisé que je compte bien croiser de nouveau.

Commenter  J’apprécie          320
Un vieil homme de 65 ans, arrive à l'aéroport de Gatwick en provenance de Zanzibar. Les seuls mots anglais qu'il prononcent sont pour demander l'asile politique.

Il est envoyé dans un centre d'hébergement le temps de trouver un traducteur qui permette de le comprendre .

L'assistante sociale qui s'occupe de lui, Rachel, lui trouve une place dans une maison, puis rapidement un logement pour lui seul, dans une petite ville près de la mer.

Il lui avoue alors parler anglais et, quand elle lui donne le nom du traducteur, il lui dit le connaitre.

Après cette brève première partie, le roman se poursuit dans la narration de la vie de cet homme de son enfance, dans une île alors colonisée par les anglais, dans les relations entre colons et africains, dans une ville portuaire où, antiquaire, il récupérait de vieux et beaux objets pour les vendre aux touristes ... 

Quand la parole passe à son traducteur, fils d'une de ses connaissances tanzaniennes, on découvres les tours et détours de leurs vies respectives, les arnaques, vols et détournements et les ressentiments ... 

Mais ce n'est pas l'histoire qui fait le charme de ce roman , mais la langue, l'écriture, le récit hypnotique ou les énoncés d'une partie sont réécrits à la lumière u vécu de l'autre protagoniste qui vient s'opposer au récit déjà lu.

Un roman sur l'exil, le colonialisme, la décolonisation, l'appartenace (ou la difficulté de s'insérer) dans un nouveau pays.

Belle découverte que ce roman du Nobel 2021.

 



 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
Commenter  J’apprécie          120
un livre qui vous tient. le récit de deux réfugiés qui se retrouvent en Angleterre et évoquent leur parcours. L'histoire de l'un est mêlée à celle de l'autre. Les personnages sont si proches et tellement éloignés de part leurs perceptions des événements passés.
Commenter  J’apprécie          00
C'est l'histoire d'un migrant, Saleh Omar, qui, à soixante-cinq ans, arrive en Angleterre et demande l'asile politique. Il fuit Zanzibar et, bien qu'il parle et comprenne l'anglais, il feint ne rien comprendre. Il faut alors trouver un traducteur connaissant la langue utilisée à Zanzibar.
Dans ce roman, Abdulrazak Gurnah nous raconte la rencontre improbable de deux hommes liés par une même histoire. Un histoire de famille marquée par la jalousie et la cupidité lorsque vient le moment de l'héritage. Il raconte aussi comment un citoyen se retrouve dans les aléas d'une république qui vient d'obtenir son indépendance et où les tenants du pouvoir gouvernent par la force, favorisent leur clique et remplissent les prisons.
Abdulrazak Gurnah prend son temps pour avancer dans son récit, avec des allers et retours fréquents, des personnages qui se parlent sans aller droit au but. J'ai parfois eu l'impression qu'il ne se passait rien. Mais comme je voulais savoir pourquoi Saleh Omar était arrivé en Angleterre après avoir si bien commencé sa vie à Zanzibar, j'ai poursuivi ma lecture. Cela valait la peine même si je reste un peu sur ma faim.
Commenter  J’apprécie          10
Voici un roman qui m'a perdu. C'est délicat de dire cela quand il s'agit d'un écrivain qui a reçu en 2021 le Prix Nobel. et pourtant je n'ai pas accroché au récit d' Abdulrazak Gurnah.
Je suis resté surs les bords de ce livre. A aucun moment je n'ai réussi à m'inscrire dans le récit qui est proposé.
Pourtant ce récit devait être intéressant et attachant. Intéressant par la dénonciation du colonialisme britannique en Afrique de l'Est. Abdulrazak Garnah est tanzanien, né à Zanzibar et c'est dans ces pays et en Angleterre que se déroule l'action de son roman.
Roman écrit en 2001.
Un jour de 1994 Saleh Omar débarque à Londres afin de demander l'asile. Pour des raisons que l'on apprendra plus tard il se présente à la douane avec un faux passeport au nom de Mahmud.
Par un concours de circonstance le fils du vrai Mahmud va apprendre que quelqu'un a profité de l'identité de son père.
Ils vont se rencontrer et se raconter leurs vraies histoires.
Rien de bien compliqué dans le "scénario " et pourtant je me suis perdu entre les personnages , les lieux.
Impossible de me raccrocher. Un sentiment de confusion dans l'écriture et les personnages.
Le Times dit pourtant en quatrième de couverture : "On ose à peine respirer en lisant ce livre, de peur de briser la magie. "
Je n'ai malheureusement trouvé aucune magie dans la lecture du roman. J'étais plutôt perdu dans un labyrinthe .
Lien : https://auventdesmots.wordpr..
Commenter  J’apprécie          291
Le nom de l'île ne sera jamais dévoilé, mais au fil du texte, nous devinons qu'il s'agit de Zanzibar, autrefois anglaise puis devenu indépendante, en face de la Tanzanie.
J'ai aimé découvrir ce vieil homme qui atterrit à Londres sans visa et qui demande l'asile politique que permet l'ancien pays colonisateur.
J'ai aimé la seconde partie où nous suivons la vie de Latif, jeune homme de Zanzibar, ancien voisin du vieil homme avec qui sa famille a eu des démêlés ; son exil en RDA pour faire des études supérieures, sa fuite en Angleterre où il a pris un autre nom.
J'ai aimé Rachel, même si on la voit peu, qui se démène pour que le vieil homme Rajab Shaaban trouve ses marques dans son nouveau pays.
Les deux hommes se rencontrent et se racontent, levant les voiles d'incompréhensions qui pesaient sur leurs rapports et éteignant la colère.
J'ai aimé les leitmotivs : Bartelby qui préférerai ne pas ; le jeune Latif qualifié de moricaud hilare ; les citations empruntés aux classiques anglais ; le besoin de propreté comme une névrose.
Un roman qui berce, même si certaines actions ne sont pas très belles moralement.
Un récit qui montre qu'il faut savoir se détacher de certains objets, des êtres chers, pour continuer d'avancer vers les belles rencontres.
Une écriture magnifique que je découvre avec ravissement.
Les images que je retiendrai
Celle du coffret de ud-al-qamari et ses senteurs de gomme parfumée que le douanier lui retire à l'aéroport et qu'il ne retrouvera jamais.
Disparait aussi le petite table d'ébène sujet de la discorde entre les deux familles.
Lien : https://alexmotamots.fr/pres..
Commenter  J’apprécie          40
L'évocation de ce livre entré dans le panthéon des prix Nobel de Littérature, ne peux être commenté que par son écriture et ses propos abordés.
Les commentaires sont multiples, seule la découverte personnelle de sa lecture est la meilleure approche possible.

Au départ, un réfugié, un demandeur d'asile débarque à l'aéroport de
Gatwick en Angleterre.
C'est un homme âgé de 65 ans qui ne correspond pas aux normes de l'immigration.
Ce sont les jeunes pleins d'espoir d'une autre vie, d'une autre reconstruction qui habitent les files interminables aux abords des accueils de réfugiés.
Que vient faire Saleh Omar dans cette galère ?
Et c'est le récit de ce vieil homme, celui de son vécu et celui de ses ancêtres qui vont construire ce livre.
Et tout un monde apparaît, celui des traditions, celui des parfums d'une civilisation construite dans le négoce de denrées rares acheminées vers un occident avide de senteurs, de richesses et d'inconnus.
On revisite le temps des colonies, des puissances qui s'approprient tout, les hommes et les marchandises.
On ne peux en finir avec cette histoire.

Alors laissez A.Gurnah vous la raconter, il va en profondeur sonder les âmes humaines dans un récit proche des contes, ceux qui réunissent des peuples malgré leurs différences et leurs différents.
C'est une histoire universelle à partager, souvent malgré nous.
Quels que soient les territoires, nous sommes unis.
L'Histoire ne se termine jamais.



Commenter  J’apprécie          10
L'auteur a, apparemment, pour habitude de décrire les différends entre les réfugiés qui fuient leur pays et leurs traditions, et les us et coutumes des pays destinataires. Et ce livre ne fait pas exception : nos deux héros quittent leur pays en plutôt mauvais terme, mais le hasard les fera se rencontrer en Angleterre sous d'autres identités. Après tant d'années, ils vont devoir s'expliquer sur leurs attitudes passées. Écriture d'une grande fluidité grâce à laquelle, en plus, on en apprend sur le colonialisme britannique en Afrique noire. Écriture efficace qui d'ailleurs vaudra à A. Gurnah de se voir décerner le Prix Nobel de Littérature 2021.
Commenter  J’apprécie          350




Lecteurs (400) Voir plus




{* *}