Iran, les rives du sang

Que ce soit clair, j'aime bien ce que fait Fariba Hachtroudi et j'apprécie le fait qu'elle écrive car elle a des choses à dire. En revanche, je suis parfois dérangé par son style. Un brin décousu, la plume est rageuse, parfois colérique, le verbe est cru alors que cela pourrait parfois être évitable (les hommes ont trop vite tendance à "éjaculer" leurs paroles). En lisant ses écrits, il me semble parfois entendre ses doigts s'emballer sur le clavier ou sa plume agresser le papier. L'ennui, c'est que parfois, c'est moi qui me sent agressé par tant de fougue.

Dans "Iran, les rives du sang", les personnages sont très bien élaborés et leur évolution psychologique est excellemment bien décrite. La tante bavarde est l'un des personnages les plus charismatiques que j'ai pu rencontrer dans ma faible expérience de la littérature policière. L'enquête est bien "ficelée" et très crédible. Mais l'ambiance globale du livre, grise et pesante, emplie de non dits et de mensonges, donne une tonalité négative au livre, ce qui ne donne pas forcément envie de s'y plonger corps et âmes. La superposition des évènements et la multitude de protagonistes n'est pas pour aider à y voir plus clair.

C'est donc une impression en demie-teinte qui me reste de cette enquête policière, entre qualité de l'intrigue et des personnages et exubérance de noirceur ou désorganisation du récit.

Ce roman est un cri : cri de révolte des femmes iraniennes et des femmes musulmanes du monde entier réduites à l'état de bas-ventres propices à enfanter des mâles soldats, cri de douleur de ces fillettes de 8 ans mariées de force à des hommes plus âgés, obsédés sexuels et violeurs. Critique virulente de la société iranienne gouvernée par des dictateurs qui assouvissent leur machisme au nom de la religion. Un roman construit comme un roman policier à travers l'enquête d'un inspecteur de police qui décide de ré-ouvrir une enquête sur un "suicide" suspect. Au fil de son enquête, il verra sa vision de la société dans laquelle il vit transformée. On ne sort pas indemne de cette lecture, on a parfois envie de lâcher ce livre parfois insoutenable mais il vaut vraiment la peine d'être lu. Un roman de combat et de révolte qui est plus que jamais d'actualité.

Iran, années 90. Une vielle dame meurt chez elle dans d'étranges circonstances. Sa fille, Fari, alors exilée à Paris depuis la révolution de 1989 veut savoir la vérité. Elle fait parvenir à Tadjik, inspecteur à Téhéran, un livre dans lequel elle relate les souvenirs de sa mère et aussi sa mort et le deuil qui s'ensuit et où elle le somme de reprendre l'enquête. Tadjik est alors entrainé malgré lui dans un tourbillon infernal mêlant, la souffrance des femmes iraniennes, le souvenir des années précédant la révolution islamique, la mort mais aussi les poèmes de Hafez et l'amour. Véritable plaidoyer contre la république islamique, ce témoignage de la souffrance des femmes iraniennes est une ode à la vie.

Histoire curieuse qui nous promène dans Téhéran et dans une tranche de la société haute bourgeoisie…

L 'écriture est vraiment "folle et angoissante". Ellr laisse une odeur de terreur. Politique car il oblige à réfléchir et à comprendre .