Mac et Henry, accompagnés de Viola, sont en cavale : ils n'ont pas le choix, s'ils veulent trouver qui tente de faire couler Mac. Et après la cabane au bord du lac de la famille McGuinness, rien de mieux que la ferme familiale, ou Henry va faire la connaissance des parents de Mac, pas vraiment une présentation idéale aux parents de son petit ami. Encore aurait-il fallu que ce soit son petit ami mais bon, c'est compliqué...
Et là, pendant une petite pause hors du temps, Henry va toucher du doigt ce qu'il aurait pu avoir si les dés n'avaient pas été pipés dans sa vie dès le départ : des parents aimants, farouchement protecteurs, tolérants, qui l'accueillent lui et sa soeur sans jugement, sans peur, sans préjugés. Et il se dit qu'il pourrait avoir ça aussi, avec Mac, mais pour ça, il faut qu'il arrête de courir, qu'il arrête de mentir, qu'il arrête cette course au jour le jour qui a fait sa vie jusqu'à présent... en aura-t'il la force ?
Sans compter que pour ça, il faut déjà qu'ils restent en vie, ce que ceux qui sont à leurs trousses semblent être déterminés à leur refuser.
Dans ce grand jeu de dupes, où le passé va se rappeler à leur mémoire de façon plutôt violente, où une perte va entrainer Henry à faire ce qu'il fait de mieux : fuir, où Viola et la jeune nièce de 9 ans de Mac vont devoir faire preuve d'un courage héroïque, où les deux hommes devront déterminer à qui faire confiance, c'est la partie de leur vie qui va se jouer là où tout à commencé, à Altona.
Après un début en demi-teinte, un tome intermédiaire bien meilleur, cette trilogie se finit en fanfare sur une heureuse surprise. Même si j'avais deviné les tenants et les aboutissants de la machination, j'ai été embarquée par le tempo qu'ont impulsé les auteurs, ça cavale dans tous les sens, c'est punchy tout en laissant la place aux introspections d'Henry face à son passé (et on peut le comprendre, encore que les auteurs nous ont épargné certains des détails les plus sordides), et la fin est plus que convenable telle qu'elle est, laissant la part belle à l'imagination (après tout, continuer sur d'autres aventures pourrait sembler finalement un peu répétitif dû aux personnalités des deux héros).
Bref, je suis contente d'avoir persisté après le premier tome (en même temps, vu comment il se finissait, je n'avais pas trop le choix), je suis contente d'avoir lu cette trilogie (qui aurait pu être regroupée dans un seul tome d'ailleurs, vu que chaque tome fait environ 190 pages sur ma liseuse), qui m'a fait passer un bon moment avec un escroc plus profond qu'il n'en a l'air et un agent (sosie de Vin Diesel) plus tendre qu'il n'en a l'air.
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Si Mac veut arriver à se blanchir des accusations qui l'accablent il n'a d'autre solution que de prendre la fuite pour se terrer chez ses parents dans la cambrousse avec Henry et Viola, sa soeur diminuée mentalement depuis l'agression subie à l'adolescence. Il va falloir découvrir qui a monté ce traquenard le forçant à fuir ses collègues du F.B.I. et la police des polices et qui commence à semer les cadavres de manière un peu trop désinvolte. Altona c'est là où tout a commencé, il ne faudrait pas que cela devienne leur fin …
Dans ce tome qui clôture la trilogie l'atmosphère est bien plus sombre et intimiste, Henry est enseveli sous les doutes et ne sait comment se retrouver après des années à mentir et à jouer des rôles afin de survivre, son passé dramatique refait surface, et la présence de sa jumelle le force à confronter ce passé. Et comment Mac pourrait-il l'aimer, lui le délinquant qui ne sait même plus qui il est vraiment ?
Le récit est parsemé de nombreuses introspections et réminiscences, et ce n'est pas une scène de meurtre dramatique qui va arranger les choses, il faudra attendre la fin du livre pour que l'action et la révélation inattendue du coupable ne fasse passer la narration au démultiplié. Heureusement que l'humour parfois grinçant d'Henri allège l'ambiance délétère ! …
L'écriture est fluide et la lecture facile et agréable pour le dernier tome de cette trilogie, plus profond qu'il n'y parait de prime abord, où malgré le sérieux des problèmes abordés une certaine légèreté est préservée grâce à quelques réparties humoristiques fournissant un contrepoint bienvenu. Si vous avez lu les tomes précédents vous ne pourrez éviter celui-ci …
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_ Cela ne me dérange pas que tu utilises mon rasoir, avait-il précisé. La seul chose, c'est que tu dois demander la permission avant d'emprunter quelque chose à quelqu'un.
Henry avait semblé pensif, puis il lui avait demandé :
_ Mac, est-ce que je peux emprunter ton rasoir ?
_ Bien sûr, Henry. Tu peux l'utiliser quand tu veux.
Mac avait était si fier de lui, car il avait le sentiment de contribuer au fait qu'Henry puisse un jour devenir un membre à part entière de la société. Et puis il avait déchanté quand Henry avait passé le reste de la journée à lui demander la permission pour tout. "Mac, je peux utiliser tes couverts ? Allumer la télé ? Prendre une douche ? Manger ? (A chaque bouchée ! Car techniquement, la nourriture n'était pas à Henry.) Entre dans la pièce ? Sortir de la pièce ? M'asseoir sur le canapé ? Ouvrir la porte du poulailler ?" Le fait que Mac se soit permis de rappeler à Henry qu'il avait un passif plutôt lourd dans le domaine de l'"emprunt" avait entrainé une succession de "Mac est-ce que je peux... ?" jusqu'à ce qu'il en arrive à lui demander s'il pouvait emprunter ses pilules de connard condescendant.
Parfois, cela l’agaçait d’être capable de se rappeler pareilles tirades, mais d’être incapable de faire certaines des choses simples qu’elle faisait avant l’accident. Une fois, elle avait demandé à Sebby en quoi la Viola d’aujourd’hui était différente de celle d’avant. Elle avait confiance en lui : il lui dirait la vérité. Il avait répondu que son cerveau fonctionnait différemment à présent. Elle était toujours la même personne – bonne, gentille et drôle –, mais elle avait du mal à se concentrer et, de temps en temps, elle peinait à contrôler ses émotions.
— Mais ça nous arrive à tous, lui avait-il précisé.
Il ne lui avait pas dit qu’elle était plus bête, toutefois elle savait que c’était le cas. Une fois, elle était tombée sur ses cahiers de cours dans leur vieil appartement : les exercices, les dissertations étaient à son nom, cependant elle était incapable de comprendre les mots qu’elle avait écrits. Même l’écriture n’avait pas été identique : sur les copies, elle était fluide, gracieuse, alors que maintenant elle n’arrivait à faire que des gribouillis.
Mac n’avait cessé d’envahir ses pensées. Il se serait cru dans une série Z où Mac serait le chef d’une horde d’extraterrestres capables de s’introduire dans son esprit, et lui était infoutu de mettre la main sur l’un de ces fichus chapeaux de protection en papier aluminium. Paradoxalement, il était fâché contre Mac. De quel droit ce dernier se permettait-il de chambouler son équilibre en le faisant s’inquiéter pour lui ? Comme le ferait une personne normale et pas le sociopathe qu’il s’était convaincu d’être !
Car à partir du moment où il avait cessé de souffrir, où il avait été incapable de pleurer, c’est ce qu’il s’était dit. Quand il avait commencé à mentir, à tricher, à escroquer : il n’avait alors plus que prétendu avoir des sentiments humains. Il ne les ressentait plus.
Encore des mensonges.
Car si tout cela avait été vrai, il n’aurait pas eu besoin de Stacy ou de Remy. Il ne se serait pas inquiété pour Vi. Il n’aurait pas eu Mac dans la peau.
Il n’avait jamais été un sociopathe ; il avait été simplement anesthésié de la vie.
Remy ne bougeait pas : il fixait le plafond sans ciller. Un trou noir au milieu du front ; un autre au niveau de la poitrine.
— Hé, Rem, murmura-t-il, peinant à parler tant sa gorge était serrée. Hé.
Il posa brièvement la main sur le bras de Remy : il était gelé, pourtant il eut l’impression de se brûler. Son champ de vision se rétrécit et, soudain, il n’eut plus suffisamment d’air dans les poumons.
Il essaya d’appeler Mac, mais aucun son ne sortait. Il finit par hoqueter, un bruit étranglé, désespéré, et baissa la tête, les yeux fermés. Quand Vi avait eu son accident, il y avait eu tellement de sang qu’il avait été sûr qu’elle était morte – mais elle était vivante. Il avait pu sentir son souffle contre sa joue lorsqu’il s’était penché au-dessus d’elle. Il devait faire pareil pour Remy.
Pourtant, ses paupières restaient obstinément closes. Peut-être que s’il les gardait fermées suffisamment longtemps, il pourrait chasser l’image des yeux vitreux de Remy et du trou au milieu de son front.
Il hoqueta à nouveau.
Quand il avait huit ans, Mac avait attrapé un chat errant. L’animal s’était montré particulièrement agressif, c’est pourquoi il l’avait gardé enfermé dans la vieille maison pendant trois jours, avec suffisamment d’eau et de nourriture pour le remplumer sans prendre de risques. Il était impossible d’approcher un animal sauvage et effrayé. Il fallait attendre patiemment que la frayeur se tasse pour ne serait-ce que tenter de l’apprivoiser. Cela avait frôlé la « mission impossible », une tâche ardue, surtout pour un gosse ; ça avait été la toute première véritable leçon de persévérance pour Mac. Mais ses efforts avaient payé : le chat sauvage était devenu le meilleur compagnon qu’il ait jamais eu !
Mac n’était pas certain que la même stratégie offrirait les mêmes résultats avec Henry, mais il était prêt à remettre le couvert. Putain ! Il n’aurait jamais dû le laisser partir. Henry était en état de panique, il avait tout aussi bien pu finir sous les roues d’une voiture !