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EAN : 9782246858300
395 pages
Grasset (15/02/2017)
4/5   2 notes
Résumé :
Au milieu de la Havel qui coule à l'ouest de Berlin, se dresse l'île aux Paons où l'on peut croiser Marie, la demoiselle du château, née à l'aube du XIXeme siècle. Les années passent mais ni Marie ni son frère grandissent ; dans l'ombre des hauts fonctionnaires et du jardinier de la Cour, ces deux nains vivent au rythme des évènements qui secouent le royaume de Prusse.
Les guerres napoléoniennes se terminent, l'île aux Paons est resplendissante. On y cultive ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il s'agit d'une île située sur la Havel, une rivière du nord de l'Allemagne, et qui passe par Berlin. Cette île a été achetée et aménagée à la fin du 18e siècle par le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume II. Son fils, Frédéric-Guillaume III modifie grandement les aménagements de son père, de nouvelles constructions apparaissent, une ménagerie d'animaux de tous les pays du monde est installée, des serres, une somptueuses roseraie… Puis l'île retourne à un état plus sauvage, le palmarium (serre des palmiers) est détruit par un incendie en 1880.

Le roman de Thomas Hettche nous raconte l'histoire de l'île, de ses constructions, de ses jardins, plantes, animaux, du tout début du 19e siècle, jusqu'à l'incendie de 1880. le personnage qui nous guide dans cette histoire, et au passage nous fait découvrir la sienne, celle d'une naine, est Marie, nommée demoiselle du château de l'île aux paons. Elle vit là son enfance, entre son frère Christian, nain lui aussi, et la famille du jardinier en chef, Ferdinand Fintelmann, qui a recueilli sa belle-soeur et ses trois garçons. D'autres personnes viendront dans l'île au gré des besoins de l'aménagement de l'île, ou des caprices royaux. Et bien sûr les visiteurs, dont en premier lieu la famille royale, dont l'île est un des lieux de villégiature préféré.

Nous suivons le personnages de Marie et de ses proches, mais aussi l'histoire de l'île, qui résume aussi d'une certaine façon celle de l'Europe de l'époque. Les événements historiques : les guerres napoléoniennes, les révolutions et autres, même s'ils parviennent dans ce lieu d'une façon lointaine et assourdie. Mais aussi, et c'est sans doute le plus important, la façon de voir, de considérer le monde, les mentalités et représentations, la façon d'envisager l'autre, l'ailleurs. Nous voyons évoluer la conception de la nature, du beau. Entre le jardin un peu sauvage, le goût des ruines, puis un aménagement moderne, à la point de la technique, d'une maîtrise absolue de l'environnement par l'homme, avant de revenir à une forme d'abandon, la nature n'étant plus réellement à l'ordre du jour. Sont évoqué aussi la façon dont les époques envisagent l'altérité, la différence, l'étrange, l'ailleurs. L'histoire de l'île est celle des mentalités, autant que des personnes qui la peuplent. Des savants, botanistes, zoologistes et des philosophes, viennent sur l'île ou sont évoqués, de même que des architectes ou concepteurs de jardins.

Lieu hors du temps et de l'espace, décor de théâtre, conçu comme une image du jardin d'Eden, de paradis terrestre, presque irréel, il change avec les mentalités et les goûts. Il constitue aussi une sorte de prison, pour les animaux venus des antipodes, mais aussi pour certains de ses habitants, comme Marie, dont la différence lui interdit de vivre une vie ordinaire. Enchantée ou maudite, l'île est un endroit à part.

L'écriture est somptueuse, l'érudition de l'auteur semble immense, et j'ai été véritablement enchantée par la lecture de ce roman. Certes il ne faut pas s'attendre à un roman à l'action palpitante, il y a une lenteur, comme celle qui est nécessaire aux plantes pour croître ; plus que des événements le livre propose des ambiances, des sensations, et aussi beaucoup d'informations, sur la façon dont les jardins ont été conçus, par exemple. Mais c'est d'une intelligence rare, tout en restant très sensible, très émouvant, très charnel.

Un beau voyage dans un lieu unique, splendide et en même temps cruel, plein de nostalgie pour ce qui a été et ce qui n'est plus, et aussi pour ce qui aurait pu être.
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Quel étrange roman! L'île aux paons est un de ces livres qu'on n'oublie pas mais où on se demande un peu où l'auteur voulait en venir.
Notre héroïne et son frère sont arrivés très jeunes sur l'île aux paons, une petite île pourvue d'un minuscule château que les rois de Prusse utilisent comme villégiature. Nains tous les deux, ils y font un peu parti du décor, de la même façon que le nouveau souverain y installe une ménagerie!
Vu le thème autant vous dire que ça ne remonte pas l'estime que le lecteur pourrait avoir pour le genre humain!
Dans ce roman, j'ai beaucoup aimé toutes les descriptions de jardins, à travers les transformations de l'île aux paons aux travers des décennies de la vie des personnages, l'auteur a un certain talent pour le sujet. Par contre, sans doute pour racoler son lecteur, il a éprouvé le besoin d'y rajouter des scènes de sexe complètement surréalistes, qui débarquent comme un cheveu sur la soupe, sans qu'on comprenne bien le rapport avec ce qu'il y a avant, après, avec le développement des personnages? Il ne pensait peut-être pas retenir l'attention du lecteur sans elles, mais en fait elles cassent méchamment le rythme de l'histoire.
Un bon roman, mais peut-être un peu étrange.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Tous les paons de l'île semblaient s'être rassemblés ici ce jour-là, sous le soleil d'été, les longues plumes de leur queue effleuraient la terre nue et mouillée, et les mâles laissaient ainsi derrière eux les tendres traces de leur éventail, tandis que les femelles déposaient les empreintes pointues de leurs griffes nues. Le bleu des paons avait à la lumière du jour une lueur nettement dorée et verte, chaque plume bordée de cuivre et dessinée comme un coquillage, le milieu de leur dos était d'un bleu profond, le dessous noir, et leur traîne verte tachetée de splendides yeux faisait plus d'un mètre de long.
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Pauvre chose, se dit la première dame d'honneur, qui éprouvait non pas du dégoût pour la fillette, mais de la pitié. Elle lui rappelait l'époque où les personnages comme cette naine n'était pas du tout rares à la cour, au contraire, on en faisait étalage. Mais de nos jours? Qu'est-ce que le jeune roi voulait faire de cette enfant?
Tandis qu'elle se posait la question, la comtesse prit conscience de tout ce qui avait changé dans sa vie depuis l'époque du dernier roi et de celui d'avant, et la pensée de tout de ce qui avait disparu et était déjà presque oublié lui fit mal, comme toujours lorsqu'elle y songeait, cependant son regard ne quittait pas la jeune créature qui se tenait devant elle, aussi solitaire que si elle représentait le dernier spécimen d'une espèce qui en réalité n'existait plus. Exactement comme moi, songea la comtesse avec amertume.
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Jours alcyoniens : les Anciens nommaient ainsi la semaine de décembre pendant laquelle la mer était absolument calme. Le martin-pêcheur dont on supposait qu'il ne venait jamais à terre construisait son nid durant cette période, disait-on, sur les vagues dormantes.
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Fintelmann avait parfois l'impression que la mort résidait ostensiblement en tout, au point que seule la suprême beauté, comme un parfum opulent, était en mesure de la recouvrir. Cela était possible grâce aux tours de passe-passe de l'époque moderne, mais justement ce n'était que des tours de passe-passe. A la différence de Lenné, il ne considérait pas le jardiner comme un peintre ou un poète, car son art se substituait toujours à autre chose. A chaque fois qu'il créait une chose, il en détruisait une autre. Cela méritait réflexion. La terre n'était pas infinie.
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Une reine ? Qu'est-ce que c'est ? Un personnage de conte, pensons-nous, et pourtant la vie palpitait dans la gorge de celle-ci, frémissant sur ses joues, ici, dans la chaleur moite du bois qui enserrait la jeune femme aussi étroitement que ce terme qui la désignait. Dès qu'on le prononce, on dirait que la personne se dissout en lui comme sa silhouette dans l'ombre obscure de ce bosquet. Pourtant, c'est nous qui l'embuons de tout ce que ce mot nous évoque tandis que nous la regardons en le murmurant silencieusement dans notre barbe. Une reine, une reine.
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