Un jeune américain de 16 ans attire l'attention de Ripley. Son attitude posée et ses bonnes manières suscitent sa curiosité. Il n'est pas long à découvrir que le jeune homme, Frank Pierson alias Billy Rollins ou Benjamin Andrews, est issu d'une famille fortunée, et fugue après la mort de son père. La rencontre n'est pas fortuite. Frank s'est intéressé à la vie de Tom. Il a pris des informations sur son parcours. Il va devenir son satellite le temps du roman.
Ripley se montre tout de suite protecteur et généreux. Il prend son jeune compatriote sous son aile, tout naturellement. Car Ripley possède des qualités altruistes – on a pu le constater notamment dans Ripley's game. Sans doute se reconnait-il aussi dans le jeune meurtrier contrit. Il y a un effet miroir entre les deux personnages, mais une différence fondamentale subsiste : Tom, totalement amoral, est étranger au sentiment de culpabilité. La fibre paternelle s'éveille chez celui qui a choisi par ailleurs de vivre égoïstement avec sa compagne Héloïse, partageant son temps entre l'entretien du jardin et les leçons de clavecin. Il semble attendri et bienveillant, et endosse le rôle d'initiateur aisément.
Quatrième roman de la ripleyade, publié en 1980, The Boy Who Followed Ripley se concentre sur la relation d'amitié profonde entre Frank et Tom. Les deux personnages traversent le récit sans se quitter jamais ( les deux jours de kidnapping mis à part ).
Dans cet opus,
Patricia Highsmith développe certains aspects de la personnalité de Tom, comme son ambiguïté sexuelle. Elle va jusqu'à le travestir. Ses aventures le conduisent dans les quartiers malfamés de Berlin. Et chez Reeves à Hambourg, d'une façon plus apaisée, l'ambivalence est suggérée par la référence à la peinture de
David Hockney.
La musique tient une place importante dans le roman, plus que dans les quatre autres de la série. Classique, quand il s'agit des leçons de clavecin, rock avec
Lou Reed qui semble hanter
Patricia Highsmith tout au long du roman. le pseudo que choisit Tom pour son protégé, Billy Rollins, comporte une connotation musicale plus jazzy. Si la musique est bien un marqueur générationnel, Frank est un enfant de la Pop musique. Il n'est pas anodin que Tom passe sa dernière nuit à New York au Chelsea Hôtel, lieu emblématique de la Pop culture. Il n'y trouve pas de repos. de retour à Belle Ombre, il pourra se recomposer auprès d'Héloïse.