Les fans se réjouiront et les autres pourront enfin s'y plonger et découvrir la série de l'auteur anglais pour la jeunesse Anthony Horowtiz.
De son titre original " Groosham Gange", du nom de l'école mystérieuse de l'aventure, " L'île au crâne" (1988) deviendra finalement une aventure avec une suite, environ 10 ans plus tard, " Sacré Graal" (1997).
Un classique souvent proposé à présent en lecture au Collège.
Les sixième auront peut-être déja connu étant plus jeunes
Clément Lefèvre sur de l'album jeunesse.
Mais sur ce registre de l'adaption de romans Jeunesse chez l'éditeur "Jungle!", Maxe L'Herminier ne sera pas un inconnu, après "
L'enfant océan" de JC Moulevat, " La rivière à l'envers" aussi de
Mourlevat, "
La ferme des animaux" de
George Orwell, "
le faucon déniché" de
Jean Côme Noguès, "
Fils de sorcières" de
Pierre Bottero et encore bien d'autres.
L'île au crâne ou Groosham Grange.
Nous le noterons de notre côté, avant même le succès de l'excellent roman fantastique du regretté aujourd'hui
Joseph Delaney, "L'Epouvanteur" (
Bayard Jeunesse), l'auteur
Anthony Horowitz frayait avant lui avec l'obscur et le détail troublant, mystique qui marquait à la naissance des sorciers et sorcières : les 7èmes fils des 7èmes fils.
Max L'Herminier s'associera à
Clément Lefèvre pour en proposer une version en Bande dessinée, ce qui permettra de grossir les rangs des adorateurs du roman jeunesse culte.
Attention, tremblez, jeunes gens...
L'école de Groosham Gange.
Il fallait bien s'y attendre, toute cette affaire n'avait rien de très catholique : cette convocation à la nouvelle école et son pensionnat, arrivée comme tombée du ciel, tandis que le père du jeune David se plaignait du nouveau renvoi scolaire de son fils.
La même proposition, pour ces nouveaux amis de galère la rebelle Jill et le rond et fragile Jeffrey (autres victimes du système car on le distinguera assez clairement, ces trois-là n'auront pas réussi à trouver leur place parmi un personnel ou un des élèves un peu brutaux ou tyranniques. Les parents de David donneront l'impression d'être sculpté du même bois d'éducation rigide, comme si l'Angleterre d'Horowitz était soumise au filtre malfaisant d'une puissance qui ferait tourner le monde à l'envers).
Bienvenue à Groosham Gange.
Qui est le 1er directeur, pourquoi ne le rencontre-t-on pas ?
Monsieur Killgraw, le directeur adjoint, vous savez celui aux pratiques peu orthodoxes (la signature d'une inscription à l'encre de sang), se montrera très accueillant vous le reconnaitrez, n'est-ce pas?
Mais la fiction appuiera l'idée qu'il y aura du monstre là dessous. Les jeunes lecteurs ne pourront s'empêcher de suspecter le vampire derrière ces bonnes manières.
Et les noms. Horowitz imaginera des noms très évocateurs qui feront l'effet d'un néon géant pour les jeunes héros : Attention, danger ! ("Killgraw" ou kill grow: que l'on pourrait entendre vite fait comme "poussée meurtrière" ou bien le professeur Monsieur Leloup, absent les veilles de Pleine Lune, voyez ?).
Quels sont les intentions du directeur et de son école ?
C'est toute l'idée de ce premier tome : tout transpirera la malfaisance, prendra ses atours ou ses pratiques et pourtant l'école fera preuve d'une hospitalité, d'un bienveillance incongrüe, d'un respect dans les règles.
Avant de réaliser qu'il est inutile de s'échapper de Groosham Grange, David sentira un vrai dilemme lui monter dans l'épine dorsale.
Continuer de venir à cette école ou non? : on lui laissera le libre choix de rester ou de partir par la grande porte.
Comme c'est étrange...
L'intrigue est bien amenée par Max L'Herminier sous cette adaptation BD, nous n'aurons pas l'impression de précipitations dans le rythme de l'histoire, d'usage de maladroits raccourcis pour respecter le programme déja prévu avec le roman, comme cela peut être parfois le cas avec d'autres adaptations de romans jeunesse en BD.
L'ambiance avec l'illustrateur
Clément Lefèvre sera humoristiquement décalée, le corps enseignant aura quelque chose d'à la fois d'enchanteur et aussi de vraiment vraiment inquiétant.
Les personnages seront souvent couronnés de cheveux cotonneux et volumineux comme de la ouate ou hirsutes comme des trolls. Les contrastes tout en tons chauds et froids sur du dessin aux formes rondes, c'est du Lefèvre et on aime bien.
Le volume généreux et doux est toujours rendu tout en vapeur par des ombres omniprésentes.
Le lieu de l'école nous plongera dans une atmosphère aussi cossue que lugubre, avec son architecture de manoir gothique anglais et aristocrate. C'est bien plus qu'un manoir d'ailleurs vu d'extérieur, c'est presque un château tout entier.
Sans quelques aspects du programme scolaire un peu exotique (confection de poupées vaudou par exemple), nous serions dans un ancien pensionnat anglais tout ce qu'il y a de plus classique (à la façon de Poudlard, avec les uniformes noirs, la plume pour écrire et les pupitres en bois. Mais Poudlard est, comme vous le savez, loin d'être une école de référence sur la normalité). La lumière ne s'invitera pas non plus de manière naturelle, on le remarquera.
À quels genres de diplômes vont-ils préparer ces enfants pour satisfaire les parents qui déborderont d'impatience ?
À force, cela deviendra monstrueusement drôle, tout le monde installé dans une attitude très normale.
Trop normale (sauf David et Jill).
Comment des enfants pourraient-ils accepter de revenir l'année suivante?
Et pourtant...
On a bien aimé.