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sur 674 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un jour, un jeune professeur découvre lors d'un voyage en Allemagne avec une de ces classes, la photo d'un homme qui ressemble étrangement à son père, nous sommes à Buchelwald. le jeune prof dès lors, va tenter de découvrir l'histoire de cette photo. Qui est cet homme ?, la recherche jusqu'à l'obsession du narrateur va bouleverser ces certitudes. Quand le drame se cache sous les sourires de composition. Remarquablement documenté, le roman brille par son intelligence, par sa force narrative, par ces questions sur le mal qui aura traversé ce vingtième siècle avec une telle barbarie. Fabrice Humbert nous rappelle de ne jamais taire l'innommable pour nos générations futures. Un très grand roman.
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En lisant voici deux semaines de la poussière et du vent de Cathy Borie, je me suis puissamment rappelé L'origine de la violence, de Fabrice Humbert, qui est également centré sur un représentant de la troisième génération après les camps. Je l'ai évoqué dans la chronique que j'ai écrite pour Babelio (https://www.babelio.com/livres/Borie-De-la-poussiere-et-du-vent/1008736/critiques/1485641), et je me suis demandé pourquoi je n'avais rien écrit sur L'origine de la violence. C'est un livre que j'ai tout autant aimé que celui de Cathy Borie, très brillant, avec une construction par paliers successifs qui ne lâche jamais son sujet avant de l'avoir exploré en profondeur. Il est écrit à la première personne, mais on n'a pas de raisons de penser qu'il s'agit d'une véritable autobiographie ; toutefois, c'est ce que l'auteur suggère dans Eden Utopie, un autre roman où il raconte l'histoire de sa famille maternelle (en son nom propre, cette fois). Disons donc que ce livre, comme celui de Cathy Borie, a été écrit "d'après une histoire vraie", la part d'autobiographie restant le secret de l'auteur.

Cela fait 72 ans que l'Allemagne nazie a capitulé et que les survivants des camps ont été libérés. 72 ans : le temps pour deux nouvelles générations après celle des survivants de devenir adultes. La troisième génération n'a pas été élevée directement par celle qui a vécu l'expérience des camps : elle pourrait donc voir le cauchemar s'éloigner, elle pourrait être libérée du poids qui pesait encore sur la deuxième génération, qui a grandi directement au contact de parents traumatisés. Pourtant, Fabrice Humbert, à l'instar de sa génération, éprouve le besoin de raconter la vie de son ancêtre dans un camp d'une manière réaliste. Il est encore plus frappant que cela sonne juste : pour une part parce que cela s'appuie sur de véritables témoignages, certes. Mais pour une autre part, n'est-ce pas parce que les émotions qui sont convoquées ne sont pas uniquement celles que les auteurs de cette génération ressentent indirectement, en tant que dépositaires d'une histoire dont nous sommes tous les héritiers, mais ce sont les leurs ? Celles qu'ils ressentent en écrivant, nourries de celles qu'ils portent depuis leur naissance, même sans savoir que c'était de "ça" qu'elles venaient ?

Cette génération fait donc entendre une voix singulière, qui témoigne d'une expérience spécifique, organisée autour d'une constante : une souffrance d'une nature particulière, qui a du mal à dire son nom, et qui a besoin de faire ce détour par les ancêtres pour s'exprimer.

Pourtant – et je vais me répéter partiellement, des psychologues ont analysé la transmission intergénérationnelle des traumatismes, ce qui permet de comprendre que l'injustice du sort qui a frappé les ancêtres ne s'éteint pas avec eux, mais se trouve transmise à leurs descendants. Les mécanismes de cette transmission n'ont rien de magique : quand on est élevé par des parents traumatisés, qui ne peuvent rien dire de leur traumatisme, on grandit dans des non-dits inquiétants ; puis quand ces enfants deviennent parents à leur tour, ils font grandir leurs propres enfants de nouveau dans des non-dits, mais qui sont cette fois sans forme précise, sans contenu, ou avec un contenu vague et cauchemardesque. Cette troisième génération part alors en quête de son identité avec cette idée particulière en tête : il y a quelque chose que je ne sais pas, que peut-être personne ne sait plus, mais qui pèse sur moi.

Ensuite, le parcours de chaque famille s'en mêle et chaque histoire est différente. le personnage principal de L'origine de la violence a ceci de particulier qu'il connaît son identité, depuis l'enfance. Elle n'est pas mystérieuse, il est le descendant d'une famille cohérente et unie, qui a eu son lot de souffrances, mais les a surmontées. Il connaît son identité, il connaît son histoire. Par contre, il ne se connaît pas, lui... Il constate en lui des accès de violence qu'il ne comprend pas, il vit des expériences dans des milieux violents où il ne sait pas prévoir ses propres réactions. Et finalement, ainsi qu'on le sait dès la quatrième de couverture, s'il ne se connaît pas, c'est parce qu'en fait, il ne connaissait pas sa véritable histoire non plus. Quand il part en quête de celle-ci, il doit se remettre en question, remettre en question les figures tutélaires de son enfance, et c'est à ce prix qu'il va pouvoir enfin connaître son identité.

On ne sait pas si cette quête a, aura des conséquences sur cette violence en lui, qui est finalement peu abordée dans le livre ; mais on sait, on éprouve avec le narrateur le fait que quête des origines et quête de soi sont une seule et même chose. Cette génération raconte les camps, mais malgré les apparences, son discours n'est pas un discours sur les camps, mais un discours sur l'effet que les camps font encore aujourd'hui. Il est important de l'entendre et de le lire, pour comprendre nos contemporains, mais aussi pour prendre conscience du fait que le mal que nous faisons ou tolérons aujourd'hui aura des répercussions bien longtemps après que nous aurons disparu...
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Quinze ans de ma vie à traquer tout écrit sur le sujet, à arpenter les plaines de Pologne, à ployer à Yad Vashem sous le tumulte de six millions de voix murmurantes, et je n'avais jamais croisé ce livre...
C'est la lecture, il y a quelques mois du conte "La plus précieuse des marchandises" qui a orienté mon choix et m'a fait ratisser les librairies d'occasions pour accumuler le maximum de livres de Fabrice Humbert.

Si L'origine de la violence n'est pas chronologiquement la première oeuvre de l'auteur, elle me semble être incontestablement son oeuvre fondatrice. le personnage central est un double incarné de l'auteur.
Il y a tant de critiques pour ce livre que je ne m'attarderai pas sur l'intrigue. Une photo croisée au camps de concentration de Buchenwald est le point de départ d'une longue et épuisante quête des origines.

Deux thèmes se juxtaposent dans le récit. L'un est le poids des secrets dans les aventures familiales, l'autre, plus central, dessine une longue ronde autour du Nazisme, première chute du continent européen selon l'auteur, la seconde étant le communisme.
On écrit "nazisme", et l'on s'imagine avoir tout dit. Témoignages, essais philosophiques, recherches historiques ont expurgé le sujet de tout mystère, semble t'il.
Et pourtant...
L'angle d'approche de l'auteur n'est pas tant d'appréhender l'aveugle adhésion d'une population aux thèses délirantes d'un gnome médiocre et grotesque, que de débusquer ce qu'il nomme avec une majuscule agressive le Mal absolu.
"Le Mal absolu n'était pas une idée mais un tourment ; on ressentait le Mal à l'intérieur de soi ". "Les camps sont l'homme".
Le titre de l'ouvrage n'est pas sans en appeler un autre: Les origines du totalitarisme d'Hannah Arendt. Dans mon esprit, les deux oeuvres se superposent et se complètent. Si les écrits de la philosophe ont tenté de circonscrire le nazisme dans ses dimensions sociétales et politiques, Fabrice Humbert traque les forces psychanalytiques, quasiment oecuméniques de ce Mal aux dimensions universelles. Il observe comment, débarrassés des normes et règles encadrant la société, adoubés par les discours d'un système pervers, les forces les plus obscures, sanguinaires et sadiques se sont libérées chez tant d'êtres humains. Cette consanguinité de l'homme et du Mal, il la dissèque, cherche à la neutraliser, tout en avouant que cette violence est tapie dans un "Ça " consubstantiel à l'humanité.

Livre d'une puissance inouïe, écrit d'une plume sans fioritures mais nourrie des plus belles pages de la littérature, L'origine de la violence est devenue pour moi une oeuvre centrale. le seul hic est qu'elle m'invite à relire l'immense cohorte de pages déjà lues afin de réorganiser ma pensée, et, sans doute ma propre narration.
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Le narrateur, un jeune professeur d'histoire, va visiter le camp de concentration de Buchenwald et voit la photo d'un prisonnier qui ressemble étonnament à son père. de retour à Paris, il fait des recherches sur cette photo et sur le nom des personnages, découvre que cet homme s'appelle David Wagner et qu'en effet il fait partie de sa famille. On comprend assez vite avec le narrateur que cet homme est son grand-père, son père étant le fruit des amours de sa mère avec cet homme.

Mais le roman ne s'arrête pas là, il va chercher à comprendre à quoi correspond cette photo, ce qui s'est passé avant et après, comment son grand-père est mort, fouillant inlassablement dans l'histoire de la Shoah... Cette enquête a de nombreuses conséquences dans sa vie personnelle, il quitte son travail d'enseignant pour continuer ses recherches, rencontre une jeune allemande dont le grand-père était SS, noue des liens avec son grand-père "officiel"...


Voilà un livre magnifique, d'une extrême richesse documentaire et d'une grande sensibilité. le thème de la Shoah, que j'ai trouvé artificiel dans d'autres romans, est ici traité avec beaucoup de sobriété. Et ce thème, même s'il est central, est enrichi par tout ce qu'il y a autour : les questionnements du narrateur sur lui-même, sur ses rapports avec son père et son grand-père, sur l'écriture, sur l'amour, sur sa recherche historique...Ou comment l'histoire familiale rencontre magnifiquement L Histoire. Un très gros coup de coeur pour moi.

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C'est un excellent roman signé par Fabrice Humbert. Lors d'un voyage scolaire à Buchenwald, un jeune professeur dans un lycée français en Allemagne découvre la photo d'un prisonnier qui ressemble étrangement à son père. Il va alors partir de cet élément pour retracer l'histoire de cette photo. Il remontera alors le cours de l'histoire familiale, l'histoire de l'Europe, l'histoire des juifs pendant la guerre jusqu'à parvenir à sa propre origine.

A travers cette recherche et les questions aux derniers témoins de l'holocauste, Fabrice Humbert pose les questions sur le mal qui a frappé le 20ème siècle. Très brillamment écrit, sans détails sordides sur les horreurs nazi, mais en ne cachant rien de la vie et de la mort dans un camp de concentration, ce roman est à lire absolument, ne serait-ce que pour le plaisir du texte.
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Une femme aimée par deux hommes que tout oppose, le choix de la passion, une dénonciation, une déportation au camp de Buchenwald, une immersion dans l'horreur, une mise à mort le premier jour du printemps 1942, deux familles hantées par un terrible secret, une photo troublante découverte par hasard lors d'une visite du Mémorial de Buchenwald, et un jeune professeur bien décidé à enquêter et percer le mystère de l'origine de la violence et, avant tout, de celle qui sévit en lui.

Un livre remarquablement écrit, très documenté, bardé d'émotions, inoubliable !

L'adaptation cinématographique est elle aussi habilement menée.
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Le fil de ce livre : la découverte d'une photographie dans le camp de Buchenwald lors d'un voyage scolaire à Weimar. La photographie de son grand-père interné et mort dans ce camp. Un secret caché ; dont son père est honteux – à vrai dire il ne sait pas où il est- dans quelle famille il vit Fabre (celui qui l'a élevé) ou Wagner (celui qui l'a engendré). Un secret que ce professeur va déterrer, analyser, digérer, prendre sienne pour essayer lui aussi de se construire, d'accepter ce pan de son histoire. Digérer jusqu'à s'installer en Allemagne, et vivre avec une descendante d'un néo-nazie. Une histoire très intéressante qui s'interroge aussi à travers les tortures des camps sur la violence et son origine, avec des exemples comme des enfants qui torturent leur meilleur ami (lui en tant que professeur n'a rien vu). Il remonte à l'histoire de son aïeul dans le camp, il a été empoisonné du fait du fait de la théorie du juif. L'histoire du médecin de Buchenwald, et aussi du couple qui géra ce camp, de leur cruauté. Un livre très bien documenté, qui fait froid dans le dos, qui posent les questions de la filiation, de l'acceptation de soi et de son histoire même si on n'est pas directement concerné (c'était son grand père). Et aussi le pardon.
Un livre emprunté à la médiathèque d'Auxi le Château. Un livre que je conseille aux férus d'histoire mais aussi à ceux qui se posent question sur les secrets de famille, sur leur existence, sur leur histoire familiale et personnelle.
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Décidément les petits-enfants dans les récits sont importants pour déterrer les secrets de famille comme dans "l'art de perdre" d'Alice Zeniter où la quête commence en Algérie. Ici, c'est la déportation qui est au coeur de ce drame familial que je trouve très réaliste avec une sensibilité, une souffrance du narrateur tellement perceptible que cela paraît autobiographique. Il y a une dimension psychothérapique dans cette recherche d'identité, de l'origine de la violence dont la sienne.
L'univers concentrationnaire est très documenté et décrit avec un renvoi au magnifique récit de Primo Levi, "si c'est un homme".
En quelques mots, c'est un récit historique, philosophique et psychologique avec une belle rencontre amoureuse que j'ai lu d'un trait.
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Un professeur de français, visitant le camp de concentration de Buchenwald avec ses élèves, se trouve face à la photo d'un homme qui ressemble étrangement à son propre père. le besoin de savoir QUI est cet homme s'impose à lui. Au terme d'une enquête approfondie qui le passionne tout autant qu'elle le bouleverse, il comprend enfin d'où provient la violence qu'il contient avec peine depuis sa plus tendre enfance.

Des romans évoquant la shoah, j'en ai lu beaucoup. J'ai pourtant de plus en plus de mal à faire face à l'horreur absolue. le passage évoquant le camp de concentration de Buchenwald est extrêmement fort. Sa lecture m'a coûté, je dois l'admettre. J'ai toutefois classé le livre dans mes coups de coeur car il forme un tout passionnant. C'est un roman qui mêle la petite et la grande histoire, permettant de rendre moins abstraite cette terrible page de l'histoire. L'enquête familiale, habilement menée, humanise le récit. Il m'aurait été encore plus pénible, sans cela, de lire le passage racontant la descente aux enfers de l'homme de la photo. Passionnante aussi, l'enquête sur les nazis et le parallèle entre violence individuelle et collective.

Récemment j'ai eu un autre coup de coeur pour un livre évoquant la shoah : "le remplaçant" d'Agnès Desarthe. J'ai relevé quelques points communs entre les deux livres. Tous deux sont écrits par des membres de la troisième génération, subissant les séquelles de l'histoire familiale de façon insidieuse. Leur comportement, leur caractère, leur façon d'aborder la vie sont conditionnés par un lourd héritage. La page n'est pas tournée, ils ont besoin de trouver des réponses aux questions qu'ils se posent. Dans "L'origine de la violence", un membre de sa famille conseille au narrateur de ne pas remuer le passé pour ne pas s'y perdre, mais on comprend vite que pour lui, la démarche est vitale.


Un roman intelligent et percutant sur le sujet hélas inépuisable de la violence humaine.
Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Jeune professeur, il découvre le camp de concentration de Buchenwald avec des élèves de terminal.
La photo d'un inconnu, en guenilles de détenu, éveille son intérêt…l'homme ressemble étrangement à son père… né au début de la guerre.
De retour, en France, se basant sur une copie de cette photo, il mène l'enquête, il découvre le nom de l'homme présent sur la photo. Il questionne son père qui repousse sa curiosité, il interroge son grand père qui d'abord n'apporte aucune réponse enfin il rencontre le frère du déporté.
Vite, il apprend que celui-ci est son grand père de sang. Il découvre alors le fameux cadavre familial caché.
Il résume très bien son livre : « au lieu d'écrire un livre, peut-être devrais-je aller raconter dans les cafés d'Europe l'histoire banale et terrifiante d'un homme qui voulait épouser une femme pour de l'argent, qui en aimait une autre parce qu'il l'aimait et qui fut déporté dans un camp par son futur beau-père ».
Histoire en effet banale mais par laquelle il nous donne sa vision du « monde » de Buchenwald, nous permet de rencontrer Italo Calvino , de croiser Jorge Semprun ou de parler du vécu concentrationnaire de Primo Levi.
Bel hommage, j'ai beaucoup apprécié.
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