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(01/01/1887)
3.79/5   12 notes
Résumé :
Incipit :
"Dans la salle à manger meublée d'un poêle en faïence, des chaises cannées à pieds tors, d'un buffet en vieux chêne, fabriqué à Paris, rue du Faubourg Saint-Antoine, et contenant, derrière les vitres de ses panneaux, des récahuds en ruolz, des flûtes à champagne, tout un service de porcelaine blanche, liseré d'or, dont on ne se servait du reste jamais; sous une photographie de Monsieur Thiers, mal éclairée par une suspension qui rabattait la clarté ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une nouvelle bien triste que ce dilemme qui jusqu'à la fin devient affreusement une monstruosité. Et on arrive à penser que les lois éloignent parfois l'homme de son humanisme, certaines rigueurs qui en ressortent, au lieu de redresser l'homme à tout les niveaux, ne deviennent qu'une machination féroce qui permet à l'homme fort de marcher sur le faible, et beaucoup plus les hommes d'anéantir les femmes à l'époque, comme le dit un des personnage féminin, Mme champagne les lois ne sont faites que pour les hommes et non pour nous (les femmes)... Quel calvaire que va vivre Sophie à la mort de son compagnon Jules. Les biens de celui-ci reviennent à ses parents les plus proches, son père et son grand-père qui est notaire en même temps. Les deux hommes, en découvrant l'existence de Sophie, lui propose un contrat: qu'elle se fasse passer pour une simple bonne de Jules et on lui octroie une petite somme de reconnaissance par contre si elle persiste à se faire passer pour une maitresse de Jules, elle ne recevra rien car la loi ne prévoit rien pour des maitresses. Sophie se retrouve face à un grand dilemme malgré ses supplication tout en évoquant sa grossesse, cet enfant à naître qui sera aussi leur petit-fils...les deux vieillards bourgeois ont des oreilles colmatées comme d'ailleurs la plupart des bourgeois tous les bourgeois!!!
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Jules, fils de M. Lamblois, décède après une pénible maladie. Ni marié, ni père, ses biens reviennent à ses plus proches parents. Mais voilà que M. Lamblois et Maître le Ponsart, notaire et grand-père du jeune homme, reçoivent une lettre d'une femme qui dit être enceinte de Jules. La jeune Sophie Mouveau n'était pas la bonne du garçon, mais sa compagne. Cela est intolérable pour le père et le grand-père, bien décidés à ne pas perdre un centime des 100 000 francs que possédait Jules. Maître le Ponsart se rend auprès de Sophie et lui fait une cruelle proposition : « Ou vous êtes la bonne de Jules, auquel cas vous avez droit à une somme de trente-trois francs soixante-quinze centimes ; ou vous être sa maîtresse, auquel cas, vous n'avez droit à rien du tout ; choisissez entre ces deux situations celle qui vous semblera la plus avantageuse. Et ça s'appelle un dilemme ou je ne m'y connais pas. » Que peut une pauvre fille devant l'avarice et la mauvaise foi de deux bourgeois sans vergogne ?
C'est un féroce tableau de la bourgeoisie provinciale que Huysmans dresse ici. La commisération et la charité ne sont pas de mise dans les affaires de gros sous. Une fille-mère dérange toujours et n'a pas sa place dans les familles bien-pensantes. La pingrerie maladive du notaire explose dans ce dilemme qui place une femme devant les deux seules positions que lui offre son célibat : le rôle de la maîtresse ou celui de la servante. Pas d'amour, pas de sentiment, rien d'humain, une simple équation. Sophie est une femme que l'on congédie – pire ! – que l'on méprise avant de l'oublier, tout en se frottant le ventre devant une si bonne affaire.
Cinglante et grinçante, cette nouvelle n'est tendre ni avec les hommes ni avec les femmes. Les premiers sont des loups vulgaires, les secondes sont des idiotes sans force. La comédie humaine selon Huysmans est délicatement immonde : elle exhale un parfum putride et désabusé.

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Ramassé, compendieux, le très court roman de Huysmans agit comme un acide de vitriol : caustique, il décape la ladrerie morale d'une bourgeoisie phallocrate et repue, prête à toutes les ignominies pour sauvegarder son pouvoir, son argent et ses apparences.

L'écrivain, d'une plume acescente, décrit l'accul dans lequel s'est fourvoyée la désolante Sophie Mouveau. Maîtresse enceinte d'un homme dont elle pleure la mort récente, elle sera pilonnée par la morgue des seuls héritiers du défunt : un père, cupide et podagre et un odieux grand-père, pincemaille concupiscent. La débâcle des ovaires, l'apothéose des testicules ou le traité du vain combat (du moins à l'époque).

Pulvérisant avec jubilation l'eau régale de son humour outrenoir, Huysmans abîme les chairs, dissout les faux-semblants, liquéfie les dignités.

A l'instar de Flaubert, il "vomit sa haine, expectore son fiel, éjacule sa colère, déterge son indignation" et c'est d'une implacable désespérance.

Un bijou.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
De mon temps, disait-il, nous étions consciencieux et remplis de zèle : maintenant tous ces petits jeunes gens, recrutés on ne sait où, n'ont plus la foi. Ils ne creusent aucune affaire, n'étudient à fond aucun texte. Ils ne songent qu'à s'échapper du bureau, bâclent leur travail, n'ont aucun souci de cette langue administrative que les anciens maniaient avec tant d'aisance ; tous écrivent comme s'ils écrivaient leurs propres lettres ! ... 

Dans ce temps là, tout était à l'avenant, les nuances, maintenant disparues, existaient. Dans les lettres administratives, l'on écrivait en parlant des pétitionnaires : "Monsieur", pour une personne tenant dans la société un rang honorable, "le sieur", pour un homme de moindre marque, "le nommé" pour les artisans et les forçats. Et quel ingéniosité pour varier le vocabulaire, pour ne pas répéter les mêmes mots ; on désignait tour à tour le pétitionnaire : "le postulant", "le suppliant", "l'impétrant", "le requérant".  Le préfet devenait, à un autre membre de phrase, "ce haut fonctionnaire" ; la personne dont le nom motivait la lettre se changeait en "cet individu" en "le prénommé", en "le susnommé" ; parlant d'elle-même l'administration se qualifiait tantôt de "centrale" et tantôt de "supérieure", usait sans mesure des synonymes, ajoutait, pour annoncer l'envoi d'une pièce, des "ci-joints, des ci-inclus, des sous ce pli". Partout s'épandaient les protocoles ; les salutations de fins de lettres variaient à l'infini, se dosaient à de justes poids, parcouraient une gamme qui exigeait, des pianistes de bureau, un doigté rare. Ici, s'adressant au sommet des hiérarchies, c'était l'assurance " de la haute considération ", puis la considération baissait de plusieurs crans, devenait, pour les gens n'ayant pas rang de Ministre, " la plus distinguée, la très distinguée, la distinguée, la parfaite ", pour aboutir à la considération sans épithète, à celle qui se niait elle-même, car elle représentait simplement le comble du mépris.
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Incipit :

"Dans la salle à manger meublée d'un poêle en faïence, des chaises cannées à pieds tors, d'un buffet en vieux chêne, fabriqué à Paris, rue du Faubourg Saint-Antoine, eet contenant, derrière les vitres de ses panneaux, des récahuds en ruolz, des flûtes à champagne, tout un service de porcelaine blanche, liseré d'or, dont on ne se servait du reste jamais; sous une photographie de Monsieur Thiers, mal éclairée par une suspension qui rabattait la clarté sur la nappe, Me Le Ponsart et M. Lambois plièrent leur serviette, se désignèrent d'un coup d'oeil la bonne qui apportait le café et se turent."
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« Ou vous êtes la bonne de Jules, auquel cas vous avez droit à une somme de trente-trois francs soixante-quinze centimes ; ou vous être sa maîtresse, auquel cas, vous n’avez droit à rien du tout ; choisissez entre ces deux situations celle qui vous semblera la plus avantageuse. Et ça s’appelle un dilemme ou je ne m’y connais pas. »
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