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EAN : 9782843047107
346 pages
Zulma (03/09/2015)
4.25/5   16 notes
Résumé :
Nouvelles traduites de l’anglais (Nigeria) par Sika Fakambi

« Elle s’était laissé distraire par ce moment d’amour avec lui, illusionner par ce mirage de normalité. Elle s’était laissée aller à perdre de vue cette apparition, cette chose en noir et vert militaire qui prenait le pas dès qu’il revêtait son uniforme – et plastronnait comme ça de long en large, ivre de pouvoir. »

Dans un monde en état permanent de survoltage, le tour de for... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"LOVE MEANS YOU MAKE ME HAPPY UNTIL YOU DON'T" / "L'Amour c'est que tu me rends heureux jusqu'au moment où plus du tout ", dernière phrase de la dernière nouvelle.Aussi simple que ça? pas vraiment....
Neuf nouvelles,neuf histoires,des personnages de toutes âges,de touts niveaux sociales,toutes religions,dans le cadre d'un Nigeria en pleine mutation,coincé entre modernité, instabilité politique,misére,corruption et une violence à vous couper le souffle,des années 80 à nos jours.
Un monde où le sexe est une arme ou monnaie de change, le pouvoir, arme de corruption ou de violence, où le pire qui peut arriver peut être parfois pour le meilleur et où Love is Power ou quelque chose comme ça....
Des tranches de vie de Poteko au Lagos,avec un saut à Nairobi,la capitale kényane,qui entrevoient le bonheur,l'amour,après un long détour par la violence,le temps d'une pause , dans le chaos de la Vie.Deux vieilles femmes abondonnées à leur sort,font la paix après s'être ignorées toute une vie / un lycéen accro au cybercafé essaie d'arnaquer un vieil américain sur le web,en se faisant passer pour üne jeune et belle veuve dans le besoin/un policier tabasse sa femme et autres dés qu'il endosse l'uniforme / un couple se déchire pour l'amour de leur fille unique / un homme de trente ans s'entiche de sa cousine mineure qui se prend pour Shakira....
Un défilé de portraits et de détails minutieux qui font le sel de ces récits très riches dans le fond et la forme,ajouté à une langue pétillante(v.o.en anglais) mélangée au " broken english", le pidgin,nous donne un recueil émouvant,passionnant ,pleine de vitalité!
Je ne connaissais pas Barrett Igonie,un auteur nigérien de 36 ans,déjà récompensé par de nombreux prix.Aprés,Chimamanda Ngozi Adichie,Sefi Atta,Chibundu Onuzo,c'est mon quatrième coup de cœur pour un auteur nigérien !
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Une fois de plus, j'ai été très chanceuse. Merci à Babélio et à Zulma. J'ai reçu le roman Love is power grâce à une opération masse critique. J'ai vraiment pris mon temps pour me mettre à sa lecture. Et je ne regrette pas. Selon moi, ce recueil de nouvelles paru aux éditions Zulma mérite beaucoup plus qu'une lecture par hasard en passant. Personnellement, j'ai vraiment eu besoin de prendre des temps de respiration afin de bien intégrer, recevoir, réaliser voire même encaisser tout ce que ces nouvelles ont à nous dire certes dans les mots mais surtout en arrière-plan entre les lignes.
Chaque nouvelle est là pour révéler une des facettes de la vie contemporaine dans un Nigeria qui semble avoir connu dans les années 70 le temps de sa grandeur et qui maintenant semble n'avoir à offrir à ses habitants que solitude, misère, violence, cruauté, corruption, débrouille, alcoolisme, délinquance et mal-être en tout genre.
Dans la première nouvelle qui déjà nous relate les difficultés rencontrées par une femme âgée et seule qui perd de l'autonomie et a besoin de soins, l'espoir pointe encore le petit bout de son nez à la fin. Mais les nouvelles qui suivent vont crescendo dans le malheur, l'évocation du glauque, la description chirurgicale d'infrastructures tant routières qu'immobilières complètement délabrées en tout cas pour ce qui concerne les plus humbles.
Dans les rues qui sont décrites pour évoquer une ville, je ne me rappelle plus laquelle, on urine, on défèque, on dépose ses immondices. Mais ces détails concrets, triviaux et prosaïques ne sont malheureusement pas le pire dans les réalités quotidiennes décrites. Chacune de ces nouvelles m'a rappelé à quel point, nous, occidentaux vivons dans un confort extrême même si dans nos sociétés, il reste encore fort à faire en termes de solidarité, humanité, vie collective, partage etc.
La lecture de cet ouvrage me conduit finalement à asséner un véritable lieu commun : " Tout est relatif !" . Quand Albert Einstein nous l'a prouvé très scientifiquement, L Histoire avait déjà à plusieurs reprises fait de gros caprices meurtriers et sanglants mais j'ai l'impression que ce qui est montré là en détails sordides du quotidien n'est qu'une toute petite partie émergée d'immense et immonde iceberg. En effet, les réalités décrites conduisent forcément les êtres humains lecteurs que nous sommes à se poser une myriade de questions : les vies étalées là sans complaisance sous nos yeux dépassent l'entendement, à tel point que que j'ai souhaité, par bonne conscience peut-être, que paradoxalement cette réalité soit imaginaire ; comment peut-on dans notre humanité accepter de laisser des états dans cette déliquescence ambiante ? L'auteur force-t-il à dessein le trait pour se faire entendre ? Comment un pays parvient-il, selon le portrait dressé par l'auteur, à se confondre quasiment à la corruption tant financière que psychologique et humaine ? Combien de jeunes ou d'enfants dans le monde doivent-il subir les conséquences de décisions politiques carriéristes, incompétentes, instrumentalisées et. hasardeuses, souvent plus empreintes de calculs, de profit, que de soucis humanistes et humanitaires ? Comment la violence peut-elle petit à petit s'insinuer de manière permanente dans le quotidien des gens au point de devenir presque une habitude banale en quelque sorte voire une donnée sans importance parmi d'autres ?
Surtout, je vous en supplie, surtout ne dites pas : "c'est trop dur, je ne lirai pas ce livre." Vous feriez est une véritable erreur. Bien évidemment, si vous escomptez vous distraire dans le sens trivial du terme, passez votre chemin. Mais d'un point de vue littéraire, je trouve que c'est un livre avec lequel il faut compter. En effet, les situations de départ, les personnages mis en scène, les difficultés inhérentes aux vies évoquées ont et donnent de l'épaisseur et vous iront droit au coeur, tant ils sont soit attachants, soit effrayants, soit désarmants, soit révoltants de différences et exclusions, de cruauté, de calcul etc. Je ne suis pas surprise qu'il fasse partie du catalogue des éditions Zulma qui ont coutume de prendre des risques et de publier des auteurs qui ont un autre regard, le leur, sur le monde. Je vous concède que les êtres humains lecteurs que nous sommes, ne peuvent en aucun cas sortir indemnes de cette lecture. Mais les rencontres livresques ne sont-elles pas faites aussi pour nous déranger ? Les chefs-d'oeuvre, les livres marquants ne sont-ils pas par essence faits pour nous distiller leurs secrets au fur et à mesure de leur fréquentation ?
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Ce recueil propose neuf nouvelles d'un jeune auteur nigérian, aux univers assez éloignés les unes des autres, de longueurs variables, mais décrivant toujours avec acuité des aspects particuliers de la vie nigériane. Que leur fin soit tragique, douce-amère, drôle ou optimiste, toutes sont bien construites et décrivent des personnages attachants.
Ma préférée est la première, « Ce qui était arrivé de pire » et s'il est un peu dommage d'entrer dans la nouvelle suivante en regrettant de ne pas rester plus longtemps avec les personnages du texte précédent, ce ne sera sans doute pas la même que chacun préférera.
Maa Bille, veuve de soixante-six ans ne passe pas son temps à ruminer à propos de sa vie, elle ne se plaint pas. Ses cinq enfants ont réussi, mais vivent loin d'elle, elle a de beaux petits-enfants, elle entretient ses petites habitudes qui l'empêchent de penser au passé. Se préparant à entrer encore une fois à l'hôpital pour une opération de la cataracte, elle va voir la seule de ses enfants qui ne vit pas trop loin d'elle, pour lui demander de l'accompagner le lendemain. Mais elle tombe à un mauvais moment, sa fille pourtant aimante ne pourra rien faire pour elle. Et là, les souvenirs douloureux remontent, jusqu'à une fin qui ouvre des possibilités écartées jusqu'alors…

Il faut parler du style aussi, et de la traduction, formidables tous les deux, qui impriment un rythme propre à chaque nouvelle, et qui posent décors et personnages avec une précision non dénuée d'ironie, comme le montre l'extrait ci-dessus. La jeune littérature nigériane est décidément bien traduite en français avec Chimamanda Ngozi Adichie, Chigozi Obioma et sans doute d'autres qui me restent à découvrir !
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Après le superbe roman de Chimamanda Ngozi Adichie, 'Americanah', j'ai pris grand plaisir à lire les 9 nouvelles d'un autre auteur nigérian, Igoni Barrett. Ces Neuf textes sont très différents les uns des autres, dans leur sujet bien sûr mais aussi dans le mode de narration choisi.
La première nouvelle nous raconte simplement que du pire peut jaillir le bien. Ce premier texte est magnifique. Peu à peu, au travers des souvenirs égrenés par le personnage principal, une vieille dame qui doit subir une opération des yeux, se met en place l'implacable mécanique de son destin. Abandonnée par ses enfants, elle va disposer pourtant d'un secours inattendu qui va lui permettre de voir l'avenir différemment.
La nouvelle qui donne son titre au recueil 'love is power....' narre le quotidien d'un policier brutal n'hésitant pas à abuser de son pouvoir. Mais qui a le pouvoir justement ? Pour cet homme amoureux dont la personnalité va s'avérer de manière bouleversante bien plus complexe que prévu, le seul pouvoir n'est il pas dans l'amour que lui porte envers et contre tout son épouse ?
La dernière nouvelle qui se passe à Nairobi est l'histoire d'une brève passion improbable et soudaine. La chute, radicale et définitive, clôt superbement le recueil.
Chaque texte réserve son lot de surprises. L'auteur joue par ailleurs avec les noms de ses personnages que l'on retrouve d'une nouvelle à l'autre.
On rêvera sans doute encore longtemps de Perpétua qui apparaît deux fois dans le recueil (il est permis au lecteur d'imaginer qu'il n'ya qu'une seule Perpétua, l'auteur nous en donnant la licence).
Pour rester dans cette atmosphère, je me plonge dans les nouvelles d'Adichie (Autour de ton cou).
Celui qui a dit que la nouvelle est un genre littéraire mineur a droit à un gage (lire toutes les nouvelles de Cortazar par exemple).
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"Love is Power, ou quelque chose comme ça" est un recueil de nouvelles d'une écriture puissante, qui nous fait découvrir Lagos de manière rythmée et passionnante.
L'auteur est maître dans l'art de nous faire ressentir le battement de la ville au travers des histoires qu'il raconte, toujours justes et pleines d'empathie.

La qualité de l'ouvrage, comme toujours aux éditions Zulma, est sans pareille. le papier, le design de la couverture, et la traduction méritent d'être saluées.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
The engine of Nairobi is fired by cash-crop farming, oiled by tourism, and steered by NGO money. Everywhere you turn in the city you find NGO people, camouflaged by straw hats and safari boots and the skin color of the tourist, white. In the supermarkets (Indian-run), the swanky restaurants (white Kenyan–run), the bus parks, souvenir bazaars, immigration offices (black Kenyan–run), luxurious hotels and safari lodges (British-run), AIDS patients’ wards and spoken-word poetry slams (American-funded), and, in small sightseeing groups, in Kibera, the largest zoo in Africa.
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Two men in a dead car in a rainstorm in a sleeping town, chatting long into the night, until we grew drowsy from the sound of our voices, until I climbed into the backseat and curled up in sleep, and woke up the next morning to find a bright new sun staring at me through the rain-washed windshield, and Babasegun gone.
TROPHY
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Elle se creusait si fort les méninges pour trouver la bonne réponse qu'elle commençait à en avoir le tournis. Mais il n'y avait pas de bonne réponse, il n'y avait que la vérité. Elle avait baissé la garde. Elle s'était laissé distraire par ce moment d'amour avec lui, illusionné par ce mirage de normalité. Elle s'était laissé aller à perdre de vue cette apparition, cette chose en noir et vert militaire qui prenait le pas dès qu'il revêtait son uniforme -et plastronnait comme ça de long en large, ivre de pouvoir.
"Pardon Eghe." Ella baissa la tête. "J'ai cru que tu voulais porter autre chemise...
Eghomamien Adrawus expira un souffle au woosh si retentissant qu'il alla se fracasser contre les nerfs d'Estella comme un appel d'air aum oment d'une collision évitée de justesse. "C'est pourquoi même tu attends ici maintenant ? dit-il . Ou bien tu ne vas pas venir pour coudre ça ?" Il la regarda se précipiter vers la commode et s'affairer autour du meuble, cherchant frénétiquement son nécessaire de couture. Quand elle s'approcha de lui, l'aiguille à la main, il relâcha son poing serré et lui tendit le bouton." Fais vite ooo. Patrouille mobile c'est en train de venir déjà."
Elle tomba à genoux. Comme elle levait le bras pour positionner le bouton, le nœud de son pagne se défit et la pièce de tissu tomba au sol. Nue, elle se mit à coudre, et ses doigts remuaient comme les pattes d'un insecte.
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Tout le monde a sa vie à vivre, dit Maa Bille doucement. Je ne demande à personne de venir s’occuper de moi. Je ne demande à aucun d’entre vous de me donner à manger. Tout ce que je demande, c’est que tu m’accompagnes à l’hôpital demain pour mon opération.
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L’amour, c’est que tu me rends heureux jusqu’au moment où plus du tout
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Video de A. Igoni Barrett (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de A.  Igoni Barrett
Nigerian Writer A. Igoni Barrett
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