Henry James est un auteur dont la plume, peu importe le sujet, me plaît beaucoup par son habillage un peu ancien et sa légèreté pourtant très moderne avec des phrases tout sauf lourdes à lire et ses critiques qu'on pourrait très bien transposer de nos jours. Cependant, en tant qu'observateur social, il est moins percutant que nombre de ses contemporains et surtout contemporaines, comme le souligne les deux nouvelles dont je vais vous parler.
Dans le second texte paru 10 ans plus tard, j'ai cru retrouver certains motifs de l'auteur et de sa plume, mais d'une manière plus nourrie, plus profonde qui m'ont enchantée quant à l'atmosphère du texte, mais peut-être avec un thématique moins revendicatrice que dans le texte ci-dessus (
Daisy Miller).
Paru en 1888 et sensiblement plus long,
Les papiers de Jeffrey Aspern n'est pas une critique sociale mais plus un roman un peu noir où un jeune homme cherche à récupérer les écrits d'un célèbre poète anglais disparu qui les aurait laissé à son grand amour de jeunesse, Miss Tina. Mais celle-ci ne compte pas s'en laisser dépouiller si facilement et va lutter vaille que vaille avec le narration, qui lui, est prêt à tout, même à tenter de la séduire pour cela.
J'ai trouvé ce texte bien plus jouissif à lire que le précédent grâce au superbe jeu de dupe que l'auteur installe entre Miss Tina et le jeune narrateur, deux fortes personnalités, derrière leur côté affable d'homme et femme du grand monde, qui ont beaucoup de mordant. Suivre leurs échanges, assister aux tours qu'ils se jouent l'un à l'autre pour résister et tenir bon sur leurs ergots, étaient prenant et jouissif, dans le sens qu'on aimait assister à cette bataille silencieuse et en compter les points.
J'ai apprécié que l'auteur imagine, à nouveau, un personnage de femme forte et encore plus qu'il lui oppose un homme avec de la répartie et moins fade que ce qu'on avait l'habitude de lire chez lui. Cependant, l'histoire en reste un peu là et il lui manque le côté social que j'aime habituellement chez lui. Il n'y a pas de réelle critique dans cette histoire, à part peut-être l'image que l'on se fait des femmes passées trente ans, qu'on considère comme des vieilles peu séduisantes, ce qui est faux bien sûr 😉
J'ai aussi trouvé la plume (ou la traduction), un poil plus lourde que d'habitude et donc la lecture moins fluide. En revanche, la longueur plus conséquente a vraiment permis à l'auteur d'être ce peintre d'atmosphère que j'aime tant, qui sait si bien poser en quelques lignes une nappe de brouillard sur la scène qu'il cherche à rendre mystérieuse. J'adore.
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A travers ces deux textes, j'ai donc apprécié une fois de plus de retrouver une belle plume qui me parle et trouve écho en moi, alors que tant de classique me semble un peu trop guindés. Ici, il y a de la modernité chez
Henry James, des thèmes piquants, des atmosphères singulières, des personnages profonds. Je regrette un peu la brièveté de
Daisy Miller qui a empêché un développement plus riche de la question de la femme libre. J'ai préféré la longueur des Papiers de Jeffrey Aspern qui a permis un joli jeu de chat et de souris fort distrayant et moderne. Quelle sera ma prochaine découverte de cet auteur ? Mystère !
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