Un écrivain se retire dans la maison de son enfance sur les rives du Saint-Laurent, Vieux Chagrin.
Une femme, entraperçue sur un voilier amarré à proximité, lui servira d'inspiratrice pour son roman. Cette femme est-elle rêve ou réalité ?
L'écriture est agréable. Les personnages et les situations sont originaux.
Et pourtant, c'est un livre dont je ne saurais dire en le refermant, si j'ai aimé ou pas.
Me reste juste un petit sentiment de douceur.
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Jacques Poulin fait partie des rares auteurs que je fréquente en toute confiance. Ouvrir l'un de ses romans est pour moi un plaisir sans cesse renouvelé. Ne pensez pas que ce soit toujours une lecture confortable. Loin de là mais voilà il y a un je ne sais quoi dans l'écriture de ce romancier qui me plait me séduit , bref une fois encore je me suis laissée charmée.
Les rives du Saint Laurent face à Cap-rouge. Un écrivain plus très jeune, un chat au doux nom de vieux chagrin. Un écrivain en quête de son prochain roman. Il veut écrire une histoire d'amour mais ne lui faut il pas être amoureux pour cela? C'est des moins ce que son mentor Hemingway écrivait ...
L'été arrive et avec lui une énigme. Des pas sur le sable mouillé , un livre dans la caverne , un sac de couchage au doux parfum de trèfle. Rêve, illusion, réalité? En tous cas Petite est entrée dans son univers et a brisé sa solitude. les mots vont et viennent, s'échappent le plus souvent..
Un roman doux, nostalgique, plein de tendresse où l'on retrouve les incontournables de Poulin, les chats, la nature, Hemingway et la tendresse amoureuse .
Voilà je vous laisse découvrir ce beau roman et ce merveilleux auteur. Bonne lecture .
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Qui est cette jeune femme dont le voilier a fait halte sur les berges du fleuve Saint-Laurent ? L'auteur, en mal d'inspiration, qui vit là, se met à fantasmer sur la personnalité de cette voyageuse. Mirage ? Projection de son imaginaire ?
Par contre, la rencontre avec une enfant malheureuse est bien réelle, la Petite gagnera, au fil du récit, une place de plus en plus importante. L'histoire espérée par l'auteur prendra corps lentement.
Je me suis laissée porter par ce livre, flottant au gré des mots ; emporter et noyer dans cette confusion agréable.
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Quand vous commencez à écrire une histoire, vous êtes comme un voyageur qui a vu de très loin un château. Dans l'espoir de l'atteindre, vous suivez un petit chemin qui descend au flanc d'une colline vers une vallée couverte de forêt. Le chemin se rétrécit et devient un sentier qui s'efface par endroits, et vous ne savez plus très bien où vous êtes rendus; vous avez l'impression de tourner en rond.
De temps en temps, vous traversez une clairière inondée de soleil, ou vous franchissez une rivière à la nage. Au sortir de la forêt, vous escaladez une petite montagne. Parvenu au sommet, vous apercevez le château, mais c'est sur la colline suivante qu'il se trouve, et il est moins beau que vous ne l'aviez cru: il fait penser à manoir ou à une grande villa.
Sans perdre courage, vous descendez encore une fois dans une vallée, vous traversez une forêt obscure en suivant un sentier presque invisible, puis vous grimpez au sommet de la colline et, à bout de force, vous arrivez enfin devant le château.
En réalité ce n'est pas un château, ni un manoir, ni même une villa: c'est plutôt une vieille maison délabrée et, curieusement, elle ressemble beaucoup à celle où vous avez passé votre enfance.
Ce qui compte, ce sont les liens d'affection qui relient les gens entre eux, formant une toile immense et invisible sans laquelle le monde s'écroulerait. Le reste, auquel on consacre la plus grande partie de son temps en prenant des airs très sérieux, n'a que peu d'importance.
.. il passe des heures à regarder le miroitement de la lune dans l’eau et les lumières de la ville qui, de l’autre côté du fleuve, scintillent dans la nuit pour dire aux gens qu’ils peuvent se laisser aller à la douceur de la rêverie et à la mélancolie des souvenirs.
(Babel, p. 31)
Conversation
Comment ça va sur la terre?
– Ça va, ça va, ça va bien.
Les petits chiens sont-ils prospères?
– Mon dieu oui merci bien.
Et les nuages?
– Ça flotte.
Et les volcans?
– Ça mijote.
Et les fleuves?
– Ça s'écoule.
Et le temps?
– Ça se déroule.
Et votre âme?
– Elle est malade
le printemps était trop vert
elle a mangé trop de salade.
J. Tardieu, Le Fleuve caché, Poésie Gallimard.
[Placé en épigraphe]
Ainsi, depuis le début de l'été, je me levais tous les jours à 8h30, je buvais un jus d'orange et je mangeais des corn flakes avec la moitié d'une banane, puis 2 toasts avec du miel, et à 9h je montais au grenier en emportant ma tasse de café. J'écrivais jusqu'à midi. Après un lunch et une courte sieste, je me remettais au travail et ne m'arrêtais qu'au moment où j'avais écrit une page complète. Tant que cette page n'était pas terminée, il me semblait que je n'avais pas le droit de vivre, c'est-à-dire de marcher sur la grève jusqu'à la crique sablonneuse, de me balader en Volkswagen sans but précis, de manger un morceau de gâteau au chocolat avec 2 boules de crème glacée, ou d'aller jouer au tennis avec mon frère.
« Les romans de Jacques Poulin, entre francité et américanité »