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Alexandre Jardin (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070405916
200 pages
Gallimard (26/08/1999)
3.26/5   158 notes
Résumé :
"C'était il y a deux ans. Ma fenêtre d'alors donnait sur les toits. Au-dessus d'eux, sur fond d'été, la tôle usagée du ciel toute boulonnée d'étoiles. Mon père venait de mourir. J'essayais de tuer le temps en attendant le jour, je ne faisais que l'agacer.Je pris alors la décision d'écrire un livre sur lui. Et je me souvins qu'autrefois, bien des années plus tôt, par un mélange d'admiration, de dérision et de jalousie, certains de ses amis l'appelaient le Nain Jaune.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Pascal Jardin se livre et délivre un véritable hommage à son père : Jean Jardin surnommé le Nain Jaune.
"Et si je garde en moi, toutes les blessures du passé
C'est pour me rappeler tout ce que tu as fait pour moi
Dans mon jardin secret les mauvaises fleurs ont toutes fané
Le temps va, tout s'en va, pas l'amour que j'ai pour toi." Papa, La Fouine.

Un portrait édulcoré et cocasse, car quel enfant va raconter les défauts et les faiblesses de son père?
"Il (le père) me détestait de vouloir prendre sa place. Il m'aimait follement d'être un autre lui-même."

L'auteur va revisiter sa propre histoire, à travers les yeux de l'enfant, du jeune homme et de l'homme qu'il est devenu (grâce à son père ?)
"L'enfance sait que tout est possible, ne l'oublions pas...
Mais le charme est rompu. Les fées ont déserté...
Nous étions toujours ensemble ou toujours fâchés, mais jamais en eau calme."

"Je te regarde d'en haut, tu me regardes d'en bas
Je suis trop souvent absent, me le pardonneras-tu?"
Ce n'est plus du silence, c'est une sorte d'absence. Il m'a tellement rêvé, j'en rêve encore. Pascal Jardin.
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Mais qui diable est donc ce nain jaune ? Tout simplement le père de l'auteur, qui jeune homme fut affublé de ce sobriquet.
Ce livre évoque donc la figure paternelle en papillonnant d'anecdotes en anecdotes, plus ou moins enlevées, parfois vraiment drôles .... ou moins, le tout émaillé d'aphorismes amusants, ironiques et souvent faciles ! Jean jardin y apparaît comme un homme brillant et entier, jaloux, souvent envahissant, doté d'une personnalité volontiers étouffante .... mais magnifié par l'amour et l'admiration que lui voue son fils.
L'auteur, suite au récent décès du père, a voulu restituer, sous forme de puzzle dont il manque beaucoup de pièces, la personnalité de cet homme, en se gardant bien d'évoquer le sujet qui fâche, en l'occurrence, le rôle qu'il a pu jouer auprès de Laval, de sinistre mémoire, en tant que directeur de cabinet, de 1942 à octobre 1943 !
Il reste donc un portrait-hommage au père, alerte, tendre et anecdotique, Grand Prix du roman De l'Académie Française - 1978 - que l'on peut lire (ou pas) mais qui, en tout état de cause, ne mérite pas l'éloge appuyé de Jean d'Ormesson : "Il y a tant de choses derrière ce mélange de tendresse et de drôlerie. C'est un livre admirable. Un des meilleurs que j'aie lus depuis des années". !
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Il est difficile d'appréhender ce roman sans se poser au préalable une question… peut-on décemment glorifier, voire déifier, un homme en lui attribuant autant de charmes et des qualités alors que l'on connait le rôle qu'il a tenu sous le régime de Pétain ? Je ne fais ici aucun procès (le petit-fils et beaucoup d'autres plus habilités à le faire s'en sont chargés). Toutefois, si Jean Jardin n'était qu'un personnage fictif, dit de roman, se poserait-on vraiment cette question ? C'est là toute l'ambigüité de cette pseudo biographie composée par son fils Pascal Jardin. Ce dernier, a pourtant vécu et avance vers la maturité au moment où il écrit. Il accorde une dernière fois au passé et à ce père plus qu'ambigu, un regard d'enfant émerveillé et attendri. L'âge et le deuil aidant, il n'apparaît plus que comme petit homme fantasque, tantôt “ va t'en guerre ”, tantôt vulnérable, véritable trublion de la vie tant au niveau public que privé. On s'amuse souvent, tant le portrait dressé est plaisant et vivant et l'on ne peut être également que sensible à cet amour démesuré d'un fils qui ne voit, même aux travers des pires défauts, que le côté extraordinaire de ce géniteur hors du commun. Toutefois, bien s'il est très bien conçu, ce roman qui repose sur un lieu commun (la douleur que provoque la perte d'un être cher conduit à l'aveuglement à son sujet) et sur le mensonge (par omission) ne se hisse qu'au simple rang de la simple curiosité littéraire.
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J'ai beaucoup apprécié ce portrait même si Pascal Jardin a fait le choix de ne pas parler des zones d'ombre...L'écriture est légère et virevoltante et elle n'est pas sans rappeler celle d'Alexandre son fils qui ,lui a choisi de mettre les pieds dans le plat(voir Des Gens très bien).
Le portrait est un vrai parti pris,le fils admire son père qui était un grand original et par certains côtés une sorte de tyran domestique.
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Ce livre est un témoignage d'amour et d'admiration d'un fils, Pascal Jardin pour son père, Jean Jardin surnommé dès l'enfance « le Nain Jaune ». L'auteur, à la suite du récent décès du père, cherche à restituer la figure paternelle dans une profusion souvent drôle mais aussi déroutante d'anecdotes. Jean jardin y apparaît comme un homme brillant et entier, jaloux, envahissant, doté d'une forte personnalité. C'est un séducteur incontrôlable et inflexible qui dirige manipule et contrôle ceux qui l'entourent et ce à l'opposé de ce que son physique laisserait présager.
« Personne ne lui résistait, sauf moi » écrit Pascal Jardin
Pour le fils la solution a été la fuite. Dès 14 ans il quitte la maison pour réussir sa vie, faire « carrière à sa guise » et sans doute préserver leurs relations.
Une lecture moins intéressante que : La guerre à neuf ans
qui m'avait bouleversé.
L'auteur garde des yeux d'enfants aveuglé par ses sentiments filiaux
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Citations et extraits (53) Voir plus Ajouter une citation
Marcel, pour moi, est la part d’innocence que les autres n’ont plus, et sa malignité sournoise n’entame jamais sa pureté. Bien qu’il soit borgne, il est de mes miroirs, le seul vraiment intègre.

Pour conjurer le mauvais sort, qu’il ne s’en aille jamais, qu’il ne me quitte pas, qu’il ne meure jamais, je l’avais assassiné à la fin de mon dernier roman. Je m’étais dit : tuons ce que nous aimons avec des mots faits d’encre qui ne sont que des mots.

Et voilà, qu’aujourd’hui il est vraiment parti. Cinq jours et cinq nuits. Autour de moi, des milliers d’hectares de champs, de bois, de villages et de fermes à fermiers horriblement hostiles sous le ciel gelé et pour un vieux chien borgne.

Depuis que j’ai cru m’apercevoir que la femme n’était peut-être pas tout l’avenir de l’homme, mon amour pour Marcel n’a cessé de grandir.

Marcel, écho parfait de ma conscience, qui m’a toujours parlé en silence, mais sans jamais se taire. Il jappe sans malentendu, et renifle l’époque d’une truffe luisante comme Paris sous la pluie. Jamais il ne me ment. Jamais il ne me mord.

Pourquoi est-il parti pour une chienne traversière ?
Le feu au cul qui tue le cœur.

Je ne crois plus guère à l’innocence du sexe, même chez mon chien. Les ventres à ventres que l’amour m’avait fait prendre pour l’antichambre du paradis prennent avec le temps des allures de poubelles.

L’âge n’a pas fait de moi un pudibond, mais un épouvanté.

Souvent répétant la phrase de mon père, je lui disais à mi-voix, les dents serrées de tendresse :
- Le chien Marcel n’aime que son père !

Et lui, il disait toujours oui d’une sorte de mouvement de la tête où se mêlaient tendresse et baillement digestif : le menteur.

Le chien Marcel, quand il se frottait à moi, je ne ressentais pas cette singulière défiance que m’inspirent les femmes depuis déjà longtemps. Il est mon synonyme.

Mon père aimait ses chiens comme je les aime déjà, contre les femmes infidèles, le temps passé et la jeunesse enfuie. Il les aimait de passion folle déviée de son but primitif.
[……..]

J’ai parcouru avec une amie qui lisait une carte d’état-major, plus de mille kilomètres de routes de campagne. A la fin du onzième jour, j’ai retrouvé Marcel, à quarante kilomètres de notre maison, au bout d’un chemin creux, enlisé dans la boue, figé par la pluie, le froid, le vent, hérissé, la bouche toute sanglante d’une méchante querelle avec un autre chien ou du coup d’un fermier, indifférent, squelettique, à demi-mort.

Il m’a fallu cinq jours et cinq nuits de bains chauds, de bouillon, de petits pâtées, de vitamines, de tendresse, de promesses, de prières et d’amour, pour lui rendre sa nature, sa démarche et son poil.

Depuis, à la campagne, il ne franchit plus guère la porte du jardin. Même pour une belle chienne fortement disposée.
Lassitude, prudence, fidélité ??

On ne sait que rarement ce que nous pensons nous-mêmes. On ne sait pas grand-chose sur ce que pensent les autres, rien du tout de concret sur ce que pensent les femmes.
Alors qui donc déchiffrera les idées d’un vieux chien borgne avec un odorat avoisinant zéro ?

Personne, sauf moi, peut-être ….
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Je touche là le fondement du conflit passionnel, tragi-comique, qui nous opposa toute notre vie. Pour mon père, il n'y avait qu'un Jardin : lui.
Très vite, dès l'âge de dix ans, pour tenter d'exister, je décidai qu'il y en aurait au moins un second : moi.
Il me détestait de vouloir prendre sa place. Il m'aimait follement d'être un autre lui-même.
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On écrit avec la plume que l'on a, tantôt celle de l'automne, tantôt celle du printemps, Montaigne avec celle du doute raisonnable, Bossuet comme un aigle brandebourgeois, Molière comme " L'honnête Homme ", Stendhal comme l'orfèvre, Balzac comme un paysan plus gourmand que gourmet, Barrès comme un condottière, Céline comme un possédé, Pagnol comme une Provence qui aurait fait l'amour avec le petit Mozart.
On écrit comme on peut.
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Pourquoi faut-il que nous ne réussissions à nous parler d'amour que par-delà les tombes ? Seule la mort nous autorise à entrer dans notre vérité. Il y a sans doute de la pudeur dans tout cela ; j'y vois surtout une immense infirmité. Mais les grands livres ne sont-ils pas toujours des jambes de bois ?

Préface d'Alexandre Jardin
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- Un peu anxieux ?
Le Nain Jaune répondit par un saut vertical qui fit trembler toute l'armature métallique de son lit.
- Je souffre, dit-il.
- Non, répondit Sauvage, mais vous ressentez beaucoup, ce qui revient au même.
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Video de Pascal Jardin (3) Voir plusAjouter une vidéo

Pascal Jardin : Guerre après guerre
Olivier BARROT évoque le souvenir de Pascal JARDIN ( "mort trop tôt": 46 ans), dont "Guerre après guerre" reparait chez GRASSET.
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