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EAN : 9782377530199
528 pages
Nimrod (03/03/2022)
3.91/5   101 notes
Résumé :
« On ne choisit pas d'entrer au KGB, c'est le KGB qui vous choisit. »
Lorsqu'il intègre à dix-sept ans l'Institut d'État des relations internationales (MGIMO) à Moscou, Sergueï Jirnov est loin d'imaginer que ses pas seront bientôt guidés par le KGB. Et pourtant, ce dernier l'a choisi pour intégrer l'élite suprême de son cheptel d'espions : les « éclaireurs ». C'est ainsi que l'on désigne les « illégaux », ceux dont la mission est d'in... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Ce n'est pas compliqué, si vous vous intéressez a l'histoire contemporaine - dont la brulante actualité de la Guerre d'Ukraine - la lecture de ce livre s'impose. C'est un pavé de plus cinq cents pages, mais si bien documenté et construit qu'on ne peut le lacher avant la derniere page. Il y a la tout pour démystifier le KGB mais aussi, au passage, le contre-espionnage francais toujours en retard d'une ou deux mesures face a des agents - anciennement soviétiques, aujourd'hui simplement russes - pouvant compter sur des réseaux locaux - notamment médiatiques et politiques - qui n'ont guere leur équivalent a l'Est. A la lecture du livre, on peut imaginer qu'il représente dans l'esprit de l'auteur une sorte d'assurance-vie...

Pour ma part, qui suis a peu pres de la génération de l'auteur et ai eu la chance (si si, c'était épatant pour les gosses meme quand on était pauvre, c'est apres que ca se gatait) comme lui de passer mon enfance dans un pays de l'Union Soviétique, l'intéret de cette lecture était aussi de retrouver au fil des pages l'ambiance et les conditions de vie particulieres de l'univers paralle soviétique.

En fin de compte, le grand intéret du livre est peut-etre de montrer "de l'intérieur" comment un systeme autoritaire qui n'était cependant plus autocratique apres Staline peut facilement (re)devenir un systeme autocratique. Beaucoup d'intellectuels démocrates refusent l'évidence que dans certaines phases de leur histoire les foules ont plus envie d'etre dirigées par un appareil d'État autoritaire ou un "homme fort" que de vivre la démocratie. On voit cela en Chine aussi en ce moment et on l'a vu en France lorsque la révolution de 1789 ne supprima l'autoritarisme monarchique que pour laisser la place a l'autocratie napoléonienne applaudie par les foules tant que la chance de Wellington ne gate définitivement la sauce. A cet égard, je ne peux m'empecher de me demander en ce moment-meme si la guerre d'Ukraine ne pourrait pas devenir le Waterloo de l'autocratisme russe et, si oui, qu'arriverait-il apres dans un pays manifestement pas rodé a la démocratie...
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J'ai découvert Serguiev Jirnov à la télévision française, lorsqu'il intervenait sur le sujet de la guerre en Ukraine.
La pertinence et les précisions de ses observations sur la Russie et le Kremlin ont piqué ma curiosité et m'ont incité à lire « L'ECLAIREUR ».
Si j'avais des connaissances parcellaires et diffuses dans le temps de l'histoire contemporaine de la Russie, ce livre a eu le mérite de les mettre à jour.

J'ai apprécié le style autobiographique de l'auteur qui nous plonge dans l'épopée du petit Serguei qui gravira avec talent, travail, obstination et allégeance au parti communiste, tous les échelons scolaires et universitaires jusqu'à son intégration à « l'école de la forêt » dirigée par le KGB.
Son oreille musicale, son désir de s'ouvrir au monde et sa passion des langues étrangères contribueront à cette réussite; les opportunités qu'il saura saisir feront le reste. Certaines de ses frasques auraient pu lui coûter très cher, on est parfois surpris qu'un tel trublion ait pu évoluer dans un système aussi verrouillé sans y laisser des plumes.

Une chose est certaine, Serguiev Jirnov qui croisera à plusieurs reprises son collègue du KGB Vladimir Poutine, le déteste! Il le décrit comme un homme médiocre, stupide mais rancunier et violent.
La plume incisive de l'auteur l'autorise à croquer avec talent les personnages croisés, certain(e)s Français(e)s s'y reconnaîtront surement.

En 1991 l'URSS s'autodétruit pour devenir la nouvelle fédération de Russie et sa transition brutale à une économie de marché va laisser beaucoup de citoyens Russes sur le bord du chemin. Serguiev lui a atteint son objectif ultime, il intègre la réserve spéciale des illégaux du KGB en même temps que l'ENA. Son approche de la haute administration Française qu'il décrit comme psychorigide l'amène d'ailleurs à la comparer, à son désavantage, à l'administration soviétique.

La suite du récit nous entraine à sa démission du KGB. Serguiev Jirnov échappera à un empoisonnement aux métaux lourds à Moscou, à un guet-apens tendu par une journaliste canadienne dans les locaux Parisiens de la chaîne Sputnik financée par l'État russe........
Cela pourrait paraître rocambolesque, mais d'autres réfugiés Russes à travers le Monde n'auront pas sa chance ou son intuition. Il est difficile de survivre au FSB quand on est dans le viseur de Vladimir Poutine.

J'ai particulièrement apprécié la lecture de ce livre.
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Enfant de l'URSS, Serguei Jirnov appartient à la dernière génération formée par le KGB. Il nous raconte son chemin dans son livre : comment il a grandi, comment il a rêvé du KGB, comment le KGB l'a choisi puis formé, ses hésitations et ses choix. Il s'agit d'un témoignage précieux, unique à ma connaissance pour comprendre la psychologie d'un espion. le livre est également très éclairant sur la chute de l'URSS, l'ère Eltsine et la montée de Poutine.
Si le livre semble lourd avec ses 530 pages, ne vous y fiez pas trop, ça se lit assez facilement car le sujet est passionnant. Il y a pourtant un peu de maladresse rédactionnelle, et l'on se lasse un peu des paragraphes qui se termine comme dans les séries par un "attendez voir ce que vous allez voir au prochain épisode..."
Plus grave, Serguei Jirnov a toujours le beau rôle. Autobiographie ne doit pas rimer avec hagiographie, ni même avec autojustification. Au final, j'ai ressenti un certain malaise, me demandant comment distinguer le vrai du faux dans le récit d'un espion, expert en manipulations de tout genre.
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Cette buse de Jirnov évincé en 2022 et aujourdhui rappelé par LCI la championne de la désinformation et de l'escalade verbale du PAF qui attise la troisième guerre mondiale dans le sillage de Macron, sa caisse de résonance, d'où il tient sans doute son immunité. C'est comme un épouvantail à moineaux au milieu d'un champ funeste tel le cri du héron dans la nuit qui emploie son temps à cartonner sur Poutine. Poutine, Poutine, Poutine, responsable de tous les maux de la terre qu'il traite de clown, de personnage dérisoire qui va disparaître à la prochaine pluie, sauf que c'est lui qui avait disparu comme persona non grata de la chaîne pour avoir insulté le Président russe qui tel le revenant est remis en selle pour les besoins de la cause : vous parlez d'une réputation : traître à la nation russe qui combat désormais contre elle. Il ne peut plus y mettre les pieds en Russie, qu'a-t-il à vendre sinon du poisson pourri ? Dernier métier sur le marché après nettoyeur de chiottes.
Il n'y a que la France pour accueillir ce genre de tâche fierté de la nation ..
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Récit passionnant qui sort au moment le plus adéquat. Ce livre m'a amené la larme à l'oeil, tout comme de beaux éclats de rire. A lire absolument pour aider à comprendre ce qui se passe au nord-est.

Sporadiquement, le tsar entre et sort du récit. En marge. Juste ce qu'il faut pour cerner un peu sa personnalité et savoir d'où il vient.

Tout au long de la lecture, la machine administrative impressionne. Quel en est le sens me suis-je questionné. A ce point là, peut-on le considérer comme un jeu? Superbe réponse inattendue en dernière page: « j'ai compris et reconnu la principale leçon historique à retenir de tout cela, à savoir que notre travail était en fin de compte totalement inutile. »

Merci Sergueï, je n'oublierai pas cette géniale lecture.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Sur LCI lundi 22 avril 2024 : Jirnov déclare que les américains n’avaient pas d’autre choix que celui de débloquer ces 61 milliards en faveur de l’Ukraine, cel faisait 6 mois que ces derniers attendaient cette aubaine, et que si les américains s’étaient défaussés, on aurait pu les considérer comme des traîtres !

Il m’avait semblé jusque là, que le traître c’était Jirnov !..
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[ … ] En Union soviétique, on n’abandonne pas ses parents, même si le régime, lui, les oublie.
Son mari, (en parlant de sa grand-mère) Sergueï Ivanovitch, exempté de mobilisation dans l’armée régulière en raison de son âge au début de la Grande Guerre patriotique’, le 22 juin 1941, était parti à l’automne comme volontaire dans la milice populaire de défense de la ville de Moscou. En décembre, son unité fut anéantie lors des durs combats qui l’opposèrent aux panzers nazis. Un carnage ! Les morts furent ensevelis sous les obus et, comble de malheur, il n’y eut aucun survivant officiel pour certifier des décès.
Donc, au lieu d’être déclaré « mort au combat», tout le régiment fut «porté disparu» par les bureaucrates. Suivant une logique implacable, pas de corps, pas de pension pour les veuves et les orphelins. Pire l’administration stalinienne laissa entendre, jusqu’à preuve formelle du contraire, qu’ils pouvaient être des déserteurs, des prisonniers ou des traîtres passés à l’ennemi, chez les nazis.
À compter de ce jour, ma grand-mère, qui n’avait jamais cru au communisme, cessa de faire semblant et développa une haine féroce contre Staline. À la mort du tyran, le 5 mars 1953, contrairement à d’autres Soviétiques inconsolables qui le pleuraient, elle organisa une fête de famille.
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Elle aussi veut son bakchich gagné sur le désespoir des petites gens. Après tout, pourquoi les chauffeurs de taxi pourris et les flics corrompus seraient-ils les seuls prédateurs dans la jungle communiste ? Elle discerne rapidement une faille administrative facile à exploiter, du pain béni.
- Votre propiska est valable pour l’arrondissement Léninski de Moscou, dit-elle en scrutant d’un œil torve le passeport interne de ma mère. Ici, nous sommes à Frounzenski. Vous êtes en dehors de votre zone habituelle d’habitation autorisée. Je ne peux pas vous faire admettre chez nous !
[....
......] Dans ce pays de la dictature du prolétariat, un moujik mal fagoté peut se révéler appartenir au Comité central du PCUS ou être un député du Soviet suprême, le parlement central du PCUS¹ ou être un député du Soviet suprême, le parlement soviétique. Il vaut mieux accepter chez Grauerman quelqu’un qui n’a pas le droit d’y être que refuser par erreur ou mégarde la descendance d’un puissant apparatchik revanchard et au bras long.
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Je n’ai pas besoin de fermer les yeux pour revoir l’appartement communautaire où nous vivions à l’époque. Seize mètres carrés pour cinq ! Pour faire face à la crise du logement qui sévissait après la guerre, le régime n’avait rien trouvé de mieux que de fractionner les grands logements. C’est ainsi que mes parents, ma grand-mère paternelle, ma sœur et moi, nous nous étions retrouvés dans une seule pièce, avec pour unique luxe le plaisir de partager une cuisine, une salle de bains et des toilettes avec trois autres couples. Pour pimenter le tout, chaque famille avait sa cuisinière et son frigo ! Vols, disputes, crises de nerfs étaient le lot quotidien de cette vie en communauté non désirée. Communauté, commun, nous, le communisme, on le vivait à la racine du mot.
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Et ce matin-là, le milicien refuse systématiquement l’entrée au magasin à tous ceux qui n’habitent pas la ville. Rien à dire, il est dans son droit ! La planification a prévu un approvisionnement pour une ville de 16000 personnes, pas question que tous les affamé alentours viennent se ravitailler chez nous. C’est le discours que tiennent les autorités de la cité, qui ne veulent pas se mettre à dos la nomenklatura scientifique qui peuple la « Silicon Valley ». Et pour ces malheureux des villages qui bordent Zélénograd, ce qui est frustrant c’est qu’il ne s’agit pas d’un problème d’argent mais bel et bien de magasins vides. D’ailleurs, même pour nous, en dehors des produits de base, les choses sont compliquées. L’achat d’un jean suppose d’avoir des accointances avec les vendeurs, qui nous préviennent quand le pantalon tant désiré est arrivé. Moyennant un bakchich, bien sûr ! Le marché noir qui se développe autour des biens de bonne qualité est la honte de la nation. Le phénomène ne va cesser de s’amplifier au fil des années et il ne sera pas pour rien dans la chute du communisme.
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Vidéo de Serguei Jirnov
Le monde a basculé, par la force, dans une nouvelle ère. Sommes-nous désormais au bord du précipice ? Pour le découvrir : https://www.albin-michel.fr/lescalade-9782226479945
Retrouvez Sergueï Jirnov sur sa chaîne Youtube : @SergueiJirnov
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