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EAN : 9791022613415
352 pages
Editions Métailié (19/01/2024)
3.31/5   31 notes
Résumé :
La photo était là sur l’étagère tout en haut de la bibliothèque de son père. Un groupe d’hommes et de femmes autour d’une table de restaurant et parmi eux ses parents, l’éditorialiste lucide et la comédienne étrangère. Lorsque la CBS lui commande un documentaire revisitant les mythes de la révolution des Œillets, Ana Maria réalise que tous les acteurs du coup d’État qui renverse la dictature se trouvent sur cette photo. En compagnie de deux journalistes aussi jeunes... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Écrire l'Histoire, la réécrire, l'interpréter est toujours une tâche périlleuse. Il y a les non-dits, les faiblesses, les actes de courage, les trahisons mais doit-on tout dire, tout écrire ?
Dans ce roman, Les Mémorables, Os Memoráveis, Lídia Jorge réussit une performance littéraire impressionnante que les éditions Métailié ont bien fait d'éditer en français, grâce à la traduction de Geneviève Leibrich.
Avant de me plonger dans le Portugal, trente ans après la Révolution des Oeillets, a Revolução dos Cravos, Lídia Jorge m'emmène aux États-Unis chez l'ex-ambassadeur des USA au Portugal. Il reçoit Ana María Machado, jeune reporter qui revient des terrains de guerre du Moyen-Orient. Elle est la fille d'António Machado, un grand journaliste portugais qui n'avait pas son pareil pour deviner le futur. Ana María travaille pour CBS sous la responsabilité de Bob Peterson, filleul de l'ex-ambassadeur. Ce dernier fait l'éloge de la destitution pacifique d'une dictature que fut la révolution des Oeillets alors que l'année précédente, au Chili, on massacrait et que Victor Jara était réduit au silence de la pire des façons.
Voilà donc Ana María revenu dans la maison de son père, un fumeur de pipe séparé de Rosie Honoré, sa femme, une actrice belge repartie au pays alors que leur fille fêtait ses douze ans. António Machado possède une photo unique, prise au restaurant Memories, sur laquelle figurent les principaux acteurs des événements se retrouvant un an après ce fameux 25 avril 1974.
Autour de cette photo débute ce que l'autrice nomme la fable, me faisant voyager au coeur de celle-ci car Ana María a recruté deux anciens camarades de fac : Margarida Lota et Miguel Ângelo. Si lui assure image et son, elle s'investit à fond dans les recherches pour poser les plus pertinentes questions aux personnes que les trois enquêteurs vont tenter de rencontrer.
Comme Rosie Honoré Machado avait pour habitude d'attribuer des sobriquets à tous les gens qu'elle fréquentait, aucun des protagonistes n'apparaît sous son vrai nom. En début d'ouvrage, quelques précisions historiques sont très précieuses. Est indiqué aussi que plusieurs personnes sont la synthèse de gens ayant réellement existé.
Les rencontres se succèdent avec le chef Nunes, l'Officier de Bronze, Tiáo Dolores le photographe, le major Umbela, Ernesto Salamida, El Campeador, la veuve de Charlie 8 et les poètes Ingrid et Francisco Pontais. Rien n'est facile. Chacun donne une partie de sa vision des événements de 1974 et aussi, surtout, de ce qui s'est passé ensuite. Ces hommes ont fait preuve de courage pour renverser une dictature mais l'autrice va beaucoup plus loin dans la psychologie de chacun, permettant de mettre à jour les doutes, les tourments, les réactions, allant nettement plus loin que l'historiographie officielle.
La narratrice, Ana María Machado ne nous épargne aucune de ses interrogations et surtout se confronte au mystère d'un père avec qui elle ne parvient pas à communiquer. J'ai trouvé cela assez angoissant, espérant toujours ce fameux déclic qui permet d'apporter une fin heureuse.
Les Mémorables est un livre à la fois politique, social et familial. Lídia Jorge m'a rappelé cette Révolution des Oeillets, ainsi dénommée parce que les fleuristes de Lisbonne distribuaient ces fameuses fleurs rouges aux militaires se déployant en ville et que ceux-ci les accrochaient à leurs fusils, magnifique symbole.
Cet événement important qui avait beaucoup impressionné le monde a hélas été trop vite oublié et, comme l'autrice le fait bien sentir, les mauvaises habitudes ont ensuite repris le dessus, comme cela s'est déjà produit bien des fois après un soulèvement populaire.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Les mémorables paraît 40 ans après la révolution des oeillets qui mit fin à quatre décennies de dictature au Portugal. Lidia Jorge invente le personnage narrateur d'Ana Machado, reporter de guerre, fille d'un journaliste ayant joué un rôle dans cette révolution et les années de démocratie qui ont suivi. Au tout début des années 2000, Ana Machado est chargée d'écrire un film documentaire sur les événements de l'époque. Par le biais d'archives, -la mise en présence de lettres de citoyens antérieures à la révolution, d'une photographie emblématique retrouvée chez son père -, elle part à la recherche des protagonistes de l'époque afin de recueillir leurs témoignages et d'observer l'orientation qu'a pris leur existence. le récit donne l'occasion pour elle et les deux journalistes qui l'accompagnent d'entrer dans ce que Lidia Jorge nomme la fable, à savoir le mythe historique que le récit exhume, revisite, éclaire d'un prisme d'expériences et d'interprétations. Elle insiste sur le caractère exceptionnel de cette révolution, non violente et portée par le peuple, fédérant les idéaux d'une génération, idéaux que 25 années n'ont pas réussi à effacer. le désenchantement, ravageur, se trouve plutôt du côté d'Ana et de ses acolytes, pour qui idéal et réalité demeurent difficilement compatibles.
Les mémorables est un hommage à l'engagement politique, au courage et au désintéressement. Il interroge également le 21e siècle, marqué par le cynisme et la corruption. L'écriture est magnifique, à la fois poétique et cérébrale, réussissant à unir littérature et pensée.
Le texte est habité par cette citation du poète algérien Tahar Djaout :
"Le silence c'est la mort
Et toi si tu te tais
Tu meurs, et nous aussi
Et si tu parles
Tu meurs, et nous aussi
Alors dis et meurs. Et nous aussi."
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Portugal. La révolte des oeillets. 25 avril 1974
Un coup d'état orchestré par les militaires et soutenu par la population met fin à une quarantaine d'années de dictature Salazariste.
Ana Machado travaille pour CBS aux Etats-Unis. Elle est chargée de réaliser un documentaire sur cette révolution. Au Portugal, elle réside chez son père, une photo y trône, un groupe d'hommes et de femmes au restaurant, tous ces protagonistes ont participé à ce soulèvement.
Pas du tout adhéré au style lourd et redondant de Lidia Jorge, j'ai vite sauté des lignes puis des paragraphes enfin des pages pour arrêter ma lecture à la page 100. le style est lent, mou, soporifique.
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Quel dommage !
Il s'en est fallu de peu que "Les mémorables" me passionnent. Un peu pourtant essentiel, puisqu'il tient au style, et à tous ces moments où, pendant ma lecture, me venait une subite envie de tailler dans le texte, d'y pratiquer des coupes franches pour le rendre plus efficace, plus percutant. Je lui en voudrais presque, à Lídia Jorge, d'avoir amoindri la portée de son texte avec d'inutiles fioritures stylistiques, et sa propension au bavardage...

*****

Ana Maria, journaliste, se laisse convaincre de participer au projet d'une série de reportages commandée par la chaîne CBS. "L'Histoire réveillée" mettra en valeur des événements historiques "positifs", de ces "miracles" qui, le temps d'une pause, certes souvent fugace, interrompent le cours de l'habituelle barbarie humaine.

C'est ainsi que la jeune femme, installée depuis cinq ans à Washington, retourne dans son Portugal natal où, avec l'aide de deux de ses amis de fac devenus journalistes mondains, elle doit interviewer certains des acteurs de la Révolution des Oeillets. Trente ans auparavant, ce soulèvement populaire mit fin, sans aucune effusion de sang, à plusieurs décennies de dictature. Munis d'une photographie subtilisée par Ana Maria dans l'appartement paternel, ils partent à la rencontre des survivants qui y figurent, exception faite des parents de la reporter. C'est pourtant bien chez son père, l'éditorialiste Antonio Machado -autrefois célèbre pour sa capacité à prévoir le futur-, qu'elle réside à Lisbonne, mais ce dernier ignore tout de sa mission : tous deux cohabitent en limitant leurs échanges à des banalités, évitant tacitement tout risque de laisser s'exprimer les ressentiments et le malaise sous-jacent que l'on devine, sans en cerner dans un premier temps la nature précise. Quant à sa mère, une comédienne belge, elle a quitté le foyer pour les douze ans d'Ana Maria, qui a depuis refusé tout contact.

Du recueil des témoignages, souvent très touchants, émanent humilité et nostalgie, et bien souvent la désillusion provoquée par l'incertitude que le soulèvement qui a cristallisé tant d'espoirs, ait permis l'avènement d'un monde vraiment meilleur. Car que reste-t-il, trente ans après, de l'élan qui a présidé à la révolution, et des attentes qu'elle a générées ? le décalage entre les souvenirs de ses participants, et l'absence, dans Lisbonne, de toute trace, de tout hommage à l'événement, a une dimension cruelle, mais sans doute inévitable. En temps de paix, et sous couvert d'une certaine prospérité, n'est-il pas naturel chez l'individu d'occulter, avec insouciance et ingratitude, la réminiscence des jours difficiles ?

Les trois journalistes eux-mêmes ont parfois du mal à se situer vis-à-vis de ce pan d'Histoire qui est la leur, mais qu'ils considèrent avec une sorte de distance, comme si elle s'était déroulée dans une autre dimension. Ils posent sur leurs interlocuteurs un regard tantôt admiratif et ému, tantôt critique voire sévère face à leur difficulté à dépasser le mythe d'une société nouvelle qu'aurait dû permettre la révolution.

L'auteure invite ainsi le lecteur à une réflexion sur l'impact de l'Histoire sur les évolutions sociétales, et sur l'amnésie qui, avec l'oeuvre du temps, génère incompréhension intergénérationnelle et reniement de l'héritage idéologique des aînés.

Parce qu'il les sort de l'oubli, "Les mémorables" est pourtant bel et bien un hommage à ces hommes et ces femmes qui osèrent concrétiser leur rêve de liberté, et qui parvinrent à le faire sans violence. Et peu importe de connaître le nom des protagonistes qui jouèrent, ce jour-là, un rôle essentiel : le roman de Lídia Jorge permet d'apprehénder la dimension populaire et véritablement collective de cet épisode.

Malheureusement, comme indiqué en préambule à ce billet, la lourdeur stylistique de l'ensemble m'a empêché d'apprécier pleinement les qualités de ce titre.
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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J'étais très motivée en achetant ce roman de Lídia Jorge car je souhaitais en savoir plus sur la révolution des oeillets de 1974 avant d'aller passer un week-end à Lisbonne. Car je pense effectivement que ceux qui ont participé à cet évènement sont des êtres mémorables.
Le titre « Les mémorables » qui a une connotation historique (il fait référence à la mémoire et au temps) est donc très bien trouvé et le magazine de Transfuge a annoncé « une grande voix de la littérature portugaise ».
Malheureusement, je n'ai pas du tout accroché et je n'ai pas pu terminer ce roman. Je n'aime pas le style lourd et redondant alors qu'en temps normal j'aime les répétitions de mots. Mais là, il s'agit de redites. On trouve sur la même page « comme je vous l'ai dit. », «Comme je l'ai dit » et « je m'étais redit que » etc.
L'histoire est pourtant très intéressante. C'est celle d'une jeune journaliste portugaise vivant aux Etats-Unis, Ana Maria Machado. Elle retourne au Portugal pour interroger les fameux capitaines et généraux putschistes de la révolution des oeillets du 25 avril 1974.
Elle va être accompagnée de deux anciens amis de fac et retrouver son père. Elle lui subtilisera une photo réunissant les principaux acteurs du coup d'État pour tourner un documentaire pour la CBS, premier reportage d'une série intitulée « L'Histoire réveillée ».
Et bien, malgré cette histoire qui avait tout pour plaire, j'ai attendu ce documentaire avec impatience et je n‘ai toujours pas compris ce qui c'était passé en 1974 (à part ce que je connaissais déjà). Quand on arrive enfin à rencontrer un protagoniste (il faut plus de 100 pages) ses propos sont passionnants mais c'est déjà fini en quelques pages et il faut attendre encore 50 pages pour en rencontrer un autre. J'ai craqué avant la fin et je n'ai pu lire qu'un peu plus de la moitié de ce roman pourtant prometteur.

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critiques presse (2)
LeFigaro
30 avril 2015
Lídia Jorge revisite les péripéties de la révolution des Œillets dans un roman hypnotique.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Telerama
22 avril 2015
Un trait sensible, névralgique, remarquablement maîtrisé.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Mon père et moi nous nous aimons avec une intensité de bêtes dans la forêt et donc nous n’avons pas besoin de mots pour le dire. Nous savons tout l’un de l’autre en ce qui concerne l’essentiel. C’est pour cela que nous ne parlons pas. Entre nous, au commencement, il n’y avait pas le verbe, il y avait l’entente qui précède le verbe. (page 142)
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« Personnellement, cela ne m’a rien rapporté. Je suis un transformateur et un vrai transformateur ne gagne jamais rien, il lutte pour procurer des gains à autrui, si possible pour procurer des gains à tous. C’est seulement sur ce plan-là que j’ai gagné quelque chose. Attention. J’ai gagné quelque chose parce que je suis un parmi des milliers, dix millions et quelques, dont la vie s’est améliorée parce qu’ils avaient conquis la liberté. »
(l’officier de Bronze, page 110)
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Plus ils étaient loin de la vie mondaine, mieux ils comprenaient le monde, plus ils étaient loin de l’agitation politique, mieux ils comprenaient les chemins du pouvoir. Plus ils étaient loin de leurs anciens amis, mieux ils connaissaient l’inconstance des sentiments, et plus ils étaient éloignés des villes concrètes, mieux ils décrivaient l’amour des patries. (page 294)
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C’était irréel et incroyable. Qui l’eût dit ? J’étais entrée dans la demeure du parrain pour une rencontre au cours de laquelle je parlerais dans ma langue maternelle avec l’amphitryon, la rencontre s’était muée en une séance de persuasion pendant qu’il gelait au-dehors et elle avait fini par une immersion dans cette correspondance portugaise jusqu’au bout de la nuit et jusqu’à l’arrivée de l’aube. (page 48)
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Il s’agissait de lettres rédigées en portugais, sur le cas portugais, évoquant des noms portugais, qui avaient échoué là, dans la maison de bois et de verre au bord d’un affluent du Potomac, témoignant de la façon dont on avait vécu dans l’intimité la convulsion pacifique survenue presque trente ans auparavant. (page 39)
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